Face au coronavirus, le président algérien Tebboune s’est adressé, le mardi 17 mars, au peuple algérien dans une allocution que beaucoup jugent tardive et convenue, alors que la société cherche à s’organiser.
Le président algérien n’est pas semblé très à l’aise dans cette intervention attendue. L’ancien wali (préfet) qu’il reste comptabilise les moyens mis à sa disposition, mais sans définir de plan stratégique, comme on l’attendrait d’un chef de l’état. On l’a vu, les yeux rivés à un support écrit, lire son exposé dans un arabe classique, sans faire face à la caméra et avec une intonation saccadée.
Tebboune privilégie le rôle de l’Etat en énumérant les mesures d’urgence et préventives prises face à la pandémie. Dans un classicisme sans surprise, il a précisé que des moyens seront mis à la disposition de l’ armée algérienne lorsque la situation l’exigera.
« Le peuple algérien est un peuple rompu aux défis, un peuple qui ne lésine pas sur ce qu’il possède pour sauver son pays. Nous allons sortir vainqueurs, avec l’aide de Dieu, de cette épreuve par la solidarité. Comme nous avons vaincu, dans le passé d’autres épreuves, par le Jihad mineur ». Ainsi, le président algérien termine son discours suivi d’une prière invoquant Dieu d’épargner le pays de cette pandémie ravageuse, sans évoque un possible « confinement », qui n’est pas encore appliqué ni de près di de loin.
Un plan sans audace
Le président algérien a exposé, point par point, les douze mesures prises après son gouvernement. Les quatre premières concernent la protection du territoire par la fermeture des frontières terrestres et la suppression des vols aériens et maritimes à l’exception des Cargos nécessaires pour un pays qui ne vit que grace aux importations.
Lorsque Tebboune évoque la cinquième mesure -l’interdiction des marches, de manifestations et regroupement-. le ton devient sentencieux. Le destinataire du message est le Hirak qui avait déjà annoncé le report des marches hebdomadaires. Tebboune va au delà et annonce la fermeture des mosquées, des cinémas, et lieux de loisirs.
Le reste des mesures relève de la prévention technique telle que la lutte contre le marché noir du matériel sanitaire, de la lutte contre les fakes news. Tebboune évoque une stratégie pour combattre la pandémie sans définir ses contours ni les moyens affectés alors qu’en 20 ans de pouvoir dans l’équipe de Bouteflika, les hôpitaux algériens ressemblent plus à des hospices dépourvus de moyens matériels en dépit des compétences reconnues du corps médical.
Derrière le discours, des pénuries
Le discours présidentiel a du être reporté de trois jours, alors quil était prévu pour le samedi 14 mars. La présidence préféra s’assurer de l’arrivée du matériel en cours d’importation pour donner le sentiment de la maitrise totale de la situation. Il fallut attendre le premier avion contenant du matériel, essentiellement chinois, en provenance des Emirats Arabes Unies, ainsi que d’autres vols de Danemark et Norvège.
Le discours de Tebboune met sur un pied d’égalité sécurité sanitaire et sécurité nationale, qui seront assurés par un Etat d’urgence le 19 mars. Mais la population reste sceptique sur le dispositif, les hôpitaux disposant peu de moyen.
Des espaces de confinement obligatoire et de mise en quarantaine seront disponibles pour parer aux situations d’urgence. Tebboune expose l’inventaire du matériel disponible mais pas encore mis en place. Il parle de 15 500 000 masques et 15 000 000 supplémentaires, 6000 machines tests, 2500 lits de réanimation, 5000 appareils respiratoires.
Cette panoplie exposée demeure théorique. Le personnel médical tarde à voir ce dispositif en pratique. Derrière l’abondance du matériel pour parer à la vague pandémique, il y a une pénurie sans nom.
Du baume, pas de remède
« La situation est sous contrôle » clamait Tebboune. L’indifférence des algériens au discours officiel est palpable, la population tend à s’organiser elle même. Des masques sont fabriqués clandestinement et distribués gratuitement. Il en est de même du gel hydro alcoolique.
Place à la solidarité, voire à la débrouillarde, loin des structures étatiques.