Quatre des cinq candidats de l’opposition en Mauritanie ont averti des risques de « hold-up » électoral lors de l’élection présidentielle du 22 juin
La présidentielle du 22 juin devrait marquer la première passation de pouvoir entre un président sortant et son successeur élu dans ce pays désertique d’Afrique de l’Ouest. En effet l’actuel président, Mohamed Ould Abdel Aziz, au pouvoir depuis dix ans, ne se représente pas, compte tenu du texte constitutionnels qui lui interdit un troisième mandat. Seul souci, le régime mauritanien met tout en oeuvre pour que le dauphin désigné, le général Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed, compagnon de toujours du président Aziz, puisse bénéficier de toutes sortes de passe droits dans la course électorale actuelle..
La menace d’un « hold-up électoral »
« Nous sentons les prémices de ce hold-up électoral », a déclaré l’opposant historique Mohamed Ould Moloud cité par l’AFP. Et ce dernier d’ajouter: « La confiscation du processus électoral par le régime est inadmissible et ne passera pas ».
Ce qui est nouveau aujourd’hui en Mauritanie, c’est que les principaux candidats de l’opposition sont décidés à parler d’une seule voix face aux manoeuvres du régime. Le vendredi 31 mai, Mohamed Ould Moloud s’est exprimaé aux côtés de l’ancien Premier ministre Sidi Mohamed Ould Boubacar, du militant antiesclavagiste Biram Ould Dah Ould Abeid et du journaliste Baba Hamidou Kane.
Ces quatre hommes ont appelé à la mobilisation, alors que la présidentielle de 2014 avait été boycottée par les principaux partis d’opposition. Lors de leurs meetings, ils évoquent désormais ouvertement la possibilité de descendre dans la rue avec leurs sympathisants pour dénoncer la duplicité du pouvoir. A l’exemple des mobilisations poupliares massives qui ont lieu, au Soudan en Algérie.
La multiplication des bulletins
Selon les candidats de l’opposition, le plus grave reste l’attribution du marché de l’impression des bulletins de vote à une imprimerie naissante, sans expérience, appartenant au président du patronat Zeine El-Abidine Ould Cheikh Ahmed, un des prête noms du président qui collecte actuellement des fonds pour la campagne du candidat du pouvoir.
Ces dernières années, l’homme d’affaires Zeine Abidine est devenu le principal allié du président Azizdans le pillage des ressources du pays. Protégé depuis toujours par l’ancien Premier ministre mauritanien, Yahya Hadenine, l’ancien responsable de la buvette de “Radio Mauritanie” a servi de prête-nom au chef de l’Etat au sein de la Banque Mauritanienne d’Investissement (BMI), un établissement qui a reçu son agrément le 31 mars 2016 et dont il détient officiellement 40% du capital. Cette banque chargée des basses oeuvres de l’Etat est parvenue à trouver des correspondants à l’étranger bien peu vigilants: la British Arabe Commercial Bank (BACB) à Londres et l’Union de Banques Arabes et Françaises à Paris.
Mohamed Bouamatou dans l’arène
Les hommes que le président Aziz a placé à des postes stratégiques sont tous mobilisés pour éviter toute mauvaise surprise lors du scrutin du 22 juin. Ainsi e président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), Mohamed Vall Ould Bellal, qui est un proche du président Aziz lui aussi avait défendu le 28 mai la « légalité totale » du marché des bulletins de vote.
Il n’en reste pas moins que l’opposition parait aujourd’hui unie pour contrer les manoeuvres du pouvoir. Considéré comme l’adversaire le plus sérieux du candidat du régime, Sidi Mohamed Ould Boubacar, soutenu par une coalition comprenant le parti islamiste Tewassoul, principale force d’opposition, vient par ailleurs de recevoir l’appui de l’opposant et homme d’affaires franco-mauritanien Mohamed Ould Bouamatou.
« Mon intention était de me présenter à ces élections. Je m’y étais résolument préparé, conformément à mon engagement de lutter inlassablement contre la dictature. Je constate malheureusement que le régime a usé de tous les moyens pour m’en empêcher », a affirmé M. Ould Bouamatou dans un communiqué.
« Par conséquent, j’appelle à voter pour M. Sidi Mohamed Ould Boubacar. Sa candidature est aujourd’hui en mesure de rassembler autour d’elle tous nos compatriotes qui aspirent à un réel changement démocratique », a