Manifestement, l’annonce faite la semaine passée par le président Hollande de renforcer l’opération française Sangaris avec 400 militaires supplémentaires ainsi que la promesse de l’Union européenne de déployer à Bangui la mission EUFOR RCA, forte de près de 1.000 hommes, ne suffisent pas aux yeux du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, pour rétablir l’ordre et protéger les civils en Centrafrique
Devant le Conseil de sécurité, le 20 février, Ban Ki-moon a en effet demandé, dans l’attente d’une prochaine mission de maintien de la paix des Nations unies, le déploiement “d’au moins 3.000 soldats supplémentaires” avec des moyens aériens (notamment des hélicoptères, la saison des pluies arrive…), et cela “dans les jours ou les semaines à venir” car “la population centrafricaine ne peut pas attendre des mois”. Et d’insister : “Il faut agir maintenant pour éviter une nouvelle aggravation de la situation”.
Accroitre les effectifs
“Les besoins de sécurité dépassent de loin les capacités des troupes internationales déployées actuellement. Et là où il n’y a pas de forces internationales, les civils n’ont trop souvent le choix qu’entre la mort et la fuite”, a encore fait valoir Ban Ki-moon. Aussi, s’agissant des effectifs français, africains (de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique, Misca) et européens déjà sur place ou qui y seront bientôt, il a estimé qu’il en “faut davantage”.
“L’Union africaine envisage un accroissement des effectifs de la MICA, la France et l’Union européenne ont annoncé l’envoi de renforts. Je suis reconnaissant de ces engagements. Mais il faut plus, rapidement, et le reste de la communauté internationale doit partager le fardeau”, a poursuvi M. Ban. Reste à voir les pays qui seraient prêts à agir…
Par ailleurs, le diplomate a également proposé que “toutes les forces internationales présentes en RCA soient placées sous un commandement coordonné” – ce qui ne manque pas de pertinence – ainsi que le déblocage d’une aide logistique et financière de 38 millions de dollars sur six mois en faveur de la MISCA.
« Nous avons déjà beaucoup fait pour la Centrafrique »
L’ambassadeur français auprès des Nations unies, Gérard Araud, a indiqué que le Conseil de sécurité allait examiner ces propositions de “de manière très pragmatique”. Pour autant, il n’est pas question pour Paris d’aller au-delà des renforts de 400 hommes annoncés le 14 février. “La France a fait l’effort qui lui a été demandé (…). Nous avons déjà beaucoup fait pour la Centrafrique”, a-t-il affirmé.
Cela étant, il est certain que le nombre de militaires français engagés en Centrafrique sera plus élevé que les 2.000 annoncés dans la mesure où d’autres seront déployés dans le cadre de la mission EUFOR RCA, dont la France est nation-cadre.
En attendant, le contingent français en Centrafrique sera renforcé par un module de combat en provenance du Tchad (où le commandement du Groupement Terre est assuré par le colonel Wallaert, chef de corps du 12e Régiment de Cuirassiers d’Olivet) ainsi que par des hélicoptères de manoeuvre venus de Djibouti, un module logistique et un état-major tactique (EMT). “Ces capacités vont permettre d’augmenter la mobilité de Sangaris en province et d’accélérer le déploiement de la MISCA”, assure le ministère de la Défense.
Depuis quelques jours, la force Sangaris mène des opérations en dehors de Bangui. Ainsi, le Groupement tactique interarmes (GTIA) Panthère s’est installé à Bouar, afin de couvrir le secteur allant vers l’ouest du pays, avec une mission de contrôle de zone à Beloko, à la frontière avec le Cameroun.