Le cas de Mohamed Ould Bouamatou, homme d’affaires, actionnaire minoritaire de « Mondafrique » et grand opposant au régime du président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, continue de faire des vagues au Maroc. Un article paru sur le site marocain « Le Desk », signé par Kenza Filali
Interdit de séjour par Rabat après une sombre histoire de diffusion d’images de faux passeports marocains attribués à l’homme fort de Nouakchott, un collectif de 12 organisations représentant l’opposition mauritanienne lui apporte son soutien dans une lettre transmise à l’ambassadeur du Maroc, Hamid Chabar
Un collectif de 12 organisations politiques, syndicales et membres de la société civile mauritanienne, représentant un large spectre de l’opposition au président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, a transmis le 26 décembre une lettre à Hamid Chabar, ambassadeur du Maroc à Nouakchott, à travers laquelle ces instances expriment leur surprise quant au traitement infligé par Rabat à Mohamed Ould Bouamatou, opposant déclaré au régime en place depuis de nombreuses années.
» Des faux grossiers »
Le 21 décembre, la diplomatie marocaine accusait le milliardaire exilé en Europe, d’avoir fait circuler sur les réseaux sociaux des images de prétendus passeports marocains, supposés appartenir à l’homme fort de Nouakchott et un membre de sa famille. Des documents déclarés de « faux grossiers » par Rabat, qui l’a immédiatement interdit de séjour, alors qu’il y a quelques années, celui-ci résidait régulièrement sur le territoire marocain.
« Nous avons été surpris du contenu de ce communiqué, d’autant que nous savons tout le respect que l’intéressé accorde aux lois et règlements du Royaume qu’il a choisi comme lieu d’exil et comme une seconde patrie, lorsqu’il fut contraint de quitter son pays. Nous tenons donc à exprimer notre étonnement de le voir objet d’accusation de falsification de documents et tout particulièrement de documents officiels marocains. D’autant que l’intéressé lui-même a réfuté, par l’intermédiaire de son avocat, toute implication dans cette affaire », peut-on lire dans la correspondance dont Le Desk détient copie.
« Il ne saurait vous échapper que M. Mohamed Ould Bouamatou est un membre de l’opposition démocratique mauritanienne et que ses positions à l’égard du régime en place se sont toujours inscrites dans le cadre permis par la Constitution et les lois à tout opposant démocrate », ajoute le texte. « Il ne vous échappe pas, par ailleurs, que le gouvernement mauritanien s’emploie à le poursuivre et à le harceler devant toutes instances internationales et auprès des pays amis et frères. Les opposants mauritaniens font en effet constamment face aux calomnies et diffamations de la part du régi », poursuit-il.
« Au vu des considérations qui précèdent, nous sollicitons auprès de Votre Excellence la prise en compte de ces données et la vérification minutieuse des informations relatives à cette question qui, dans son essence, relève des affaires internes de la Mauritanie, et ce en conformité avec l’intérêt particulier que le Royaume du Maroc accorde à la préservation des relations étroites qui lient les deux peuples frères de du Maroc et de la Mauritanie », demandent ainsi les instances de l’opposition à l’ambassadeur du Maroc.
Une requête qui fait suite à celle du célèbre avocat parisien Me William Bourdon. Connu pour son engagement pour diverses causes, celui qui représente les intérêts de Mohamed Ould Bouamatou, indiquait à travers un communiqué parvenu au Desk le 21 décembre, que « son client s’inscrit en faux contre ces prétendus agissements et assure n’avoir jamais diffusé de telles images. M. Bouamatou défie quiconque de lui démontrer le contraire. Il eut été totalement absurde et irrationnel pour lui, compte tenu des contentieux lourds qui l’opposent au régime mauritanien, d’agir de la sorte ».
A ce jour, le département de Nasser Bourita n’a pas réagi aux répliques de la défense de l’opposant mauritanien, ni à la missive transmise à l’ambassadeur Chabar.
Depuis quelques temps, et après une longue période de relations glaciales, Rabat et Nouakchott ont entamé un rapprochement perceptible suite à un ballet diplomatique entre les deux capitales sur fond de reprise, sous les auspices de l’ONU, des pourparlers, début décembre à Genève, entre les parties impliquées dans l’épineux dossier du Sahara Occidental…