Le chef islamiste du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, a accusé certains au sein de l’Etat « d’orchestrer des campagnes » contre son parti. Un vrai complot? Ou la volonté de ce politique madré de créer un rapport de force en sa faveur ?
Le mardi dernier, sur un ton amer mais déterminé, le patron du PJD, Abdelilah Benkirane, a déclaré qu’il était prêt à en découdre coûte que coûte avec ceux qui veulent mettre la main sur les rouages de l’Etat et opérer un retour vers « l’autoritarisme et la dictature ». Le chef du gouvernement marocain, ragaillardi par une écrasante victoire de son parti lors des élections communales, notamment dans les grandes villes, a fait feu de tout bois. Il n’a pas caché sentir des complots se tramer contre son gouvernement un peu partout. Il faut dire que depuis plus d’un mois, la tension sociale a augmenté d’un cran. Aussi bien les mécontents de la gestion déléguée dans les villes que les étudiants en médecine se sont retrouvés dans la rue, mettant un peu plus de pression sur le gouvernement.
Noms d’oiseau
D’autre part, deux ministres du gouvernement et non des moindres, celui des Finances et son compère de l’Agriculture, ont quasiment qualifié leur Chef hiérarchique de « menteur » à l’occasion d’une polémique d’un fonds transversal de développement des régions rurales que les deux ministres complices ont fait tomber dans l’escarcelle du ministre de l’Agriculture au nez et à la barbe d’Abdelilah Benkirane. Une tour de passe-passe que le chef de l’exécutif à peu apprécié, allant jusqu’à provoquer une mini-crise ministérielle.
Il est clair aujourd’hui que plusieurs cercles du Makhzen voient d’un mauvais œil la montée en puissance irréversible depuis 2011 du PJD. Le fait que les islamistes remportent plus de 200 communes, dont 98 à la majorité absolue a certainement mis le feu aux poudres, parce que cela veut tout simplement dire que le PJD reportera facilement les élections législatives de 2016. Une perspective peu réjouissante pour de nombreux lobbies qui ne supportent pas l’idée de revoir Abdelilah Benkirane à la tête du gouvernement pour les cinq années à venir.
C’est dans ce cadre-là que s’inscrit la dernière sortie « guerrière » du patron des islamistes, qui procède à un véritable tir de sommation, prévenant qu’il n’épargnera personne si la situation s’envenime encore plus.
Benkirane n’a-t-il toujours pas été un adepte de la « guerre totale »?