Ce dimanche, le Qatar affrontera la France en finale du Mondial de handball. Oui, vous avez bien lu! Mais de quoi ce Qatar-là est-il le nom ? Comment a-t-on pu en arriver là ? Décryptage
En battant la Pologne en demi-finale, le Qatar est devenu la première nation arabe (et asiatique) à atteindre la finale du Mondial de handball. Un véritable exploit même si les handballeurs qataris jouaient dans leur pays. L’émirat fait mieux que la Tunisie et l’Egypte, les deux seuls pays arabes qui avaient atteint par le passé le dernier carré d’un Mondial, la première en 2005 à domicile et la seconde en 2001 en France. D’ores et déjà qualifié pour le tournoi de qualification préolympique, le Qatar recueille ainsi les fruits d’une politique de promotion par le sport.
Dès 1988, l’émirat organisait la Coupe d’Asie des Nations de football. L’émir Tamim ben Hamad Al Thani investira par la suite le tennis (1993), l’athlétisme (1997), le golf (Masters, 1998), le tennis de table et le cyclisme (premier Tour en 2002) ou encore la moto (2004).
Cinq qataris sur seize joueurs
Mais ce Mondial de handball est le premier qui voit le pays du Golfe obtenir d’aussi probants résultats. Comment un pays peuplé de 300 000 habitants ( plus un million de travailleurs esclavagisés) a-t-il réussi pareille prouesse ? Pas grâce aux « forces vives » de la nation, mais grâce aux pétro-dollars… qui lui ont aussi permis de faire venir dans les tribunes des supporters « recrutés » en Espagne !
Sur les seize joueurs qui composent l’équipe du Qatar, cinq seulement sont qataris (Kamalaldin Mallash, Abdulla Al-Karbi, Hamad Madadi, Hadi Hamdoon et Ameen Zakkar). Les onze autres sont des mercenaires débauchés à coups de chéquier, qui viennent de Bosnie-Herzégovine, du Monténégro, d’Egypte, de Tunisie, d’Espagne, de Cuba, d’Iran, de Syrie et même de France, comme Bertrand Roiné.
Du sonnant et trébuchant
La méthode du Qatar est simple : aller démarcher des joueurs de bon niveau, tout juste aux portes de leur équipe nationale, et leur faire miroiter la possibilité de participer à une aventure collective, sous la houlette d’une pointure : l’Espagnol Valero Rivera, coach de l’Espagne, championne du monde 2013. Avec des arguments sonnants et trébuchants (les primes de victoires seraient de 100.000 dollars par joueur, avec un « super bonus » de 1,5 million de dollars en cas de titre mondial). Mais que fait la police ? Rien. Le règlement de la Fédération internationale de handball (IHF) est très souple : après trois ans sans porter le maillot d’une équipe nationale, un joueur peut changer de sélection.
Le Qatar, qui a de la suite dans les idées, voit dans ce Mondial de handball une répétition en vue de la Coupe du monde de football que le pays organisera sauf coup de théâtre en 2022. Alors, risque-t-on de voir là aussi le onze qatari atteindre la finale ? On peut en douter. Les règles de naturalisation posées par la FIFA sont beaucoup plus sévères que celles de l’IHF, la Fédération internationale de handball. Un changement de nationalité sportive suppose soit d’être né sur le territoire du nouveau pays, soit d’y avoir une ascendance familiale (parents ou grands-parents biologiques), soit d’y avoir vécu cinq ans consécutivement. Avec la contrainte suivante : ne jamais avoir joué pour une autre sélection en match officiel.
Dans l’état actuel des règlements de la FIFA, pareil exploit que celui de la sélection qatarie de handball paraît hautement improbable.