L’appel à la grève illimitée lancée au Tchad par les principaux syndicats des services publics a été massivement suivie lundi, bloquant hôpitaux, écoles et ministères, tandis que les fonctionnaires réclament le paiement de leurs primes et indemnités.
Les fonctionnaires tchadiens exigent le paiement de leur « salaire intégral », diminué depuis janvier des primes et indemnités. Pour des raisons budgétaires, le président Idriss Déby leur a demandé d’attendre jusqu’à la fin de l’année la régularisation de leurs salaires.
Mais, samedi, ils ont refusé cette demande, et ont décidé de lancer un nouvel appel à la grève illimitée, après celle de janvier-février.
Lundi, les établissements scolaires primaires et secondaires ainsi que l’Université de N’Djamena étaient fermés, a constaté un correspondant de l’AFP.
« Cette grève compromet l’avenir de nos enfants qui sont en classe d’examen », a réagi Joseph Issa, parent d’élèves.
De sources concordantes, les établissements scolaires d’autres villes du Tchad étaient à l’arrêt: à Moundou (deuxième ville du pays), à Sarh, à Abeche, à Doba…
A l’hôpital général de N’Djamena, le mot d’ordre était aussi respecté: « nous assurons un service minimum à la chirurgie, à la réanimation et dans d’autres services sensibles », a indiqué à l’AFP l’infirmier-major Ali Soumaine.
Enfin, le fonctionnement des principaux ministères était à N’Djamena au ralenti lundi, beaucoup de bureaux étant restés fermés à l’exception de ceux de responsables.
« Nous nous interrogeons sur la fuite en avant des syndicats qui n’honore ni notre pays, ni les travailleurs et travailleuses », a réagi Madeleine Alingue, porte-parole du gouvernement, dans un communiqué, se disant « surprise » de l’appel à la grève.
« Le gouvernement invite tous les travailleurs à vaquer normalement à leurs occupations quotidiennes. Des efforts sont en cours pour un redressement durable de la situation sociale », a-t-elle encore déclaré.
Le Tchad, pays de près de 15 millions d’habitants, compte environ 92.000 fonctionnaires civils.
En janvier, le gouvernement avait réduit de 50% les primes et indemnités des fonctionnaires – déjà réduites de 50% en 2016. Cette mesure d’austérité avait entraîné pendant deux mois une forte grogne sociale.
Mi-mars, gouvernement et syndicats du Tchad étaient parvenus à un accord pour mettre fin à la paralysie du secteur public. Il proposait de mettre fin aux coupes des primes et indemnités fin mai.
N’Djamena doit réduire la masse salariale à la charge de l’Etat dans le cadre du programme avec le Fonds monétaire international (FMI), dont le Tchad a obtenu deux tranches de financement de 99,8 millions de dollars, sur un total de 312,1 millions de dollars sur trois ans.
avec l’AFP