Le 14 mail, le président tchadien Idriss Déby est ressorti de son entretien à Paris avec son homologue français, François Hollande, avec l’assurance que la France voterait deux semaines plus tard pour le candidat du Tchad à la présidence de la Banque africaine de développement. Mieux, la France s’ était engagée à intercéder pour lui auprès de ses alliés non-Africains et Africains membres de la BAD. Et pourtant, jeudi 28 mai, la France n’a voté à aucun des six tours pour le candidat tchadien, le ministre de l’Economie et des Finances, Kordjé Bedoumra. Seuls l’Italie et les Etats-Unis ont accordé leur suffrage au Tchadien, qui n’a finalement pas été retenu. Dans les rangs de la délégation tchadienne, la déception de l’échec s’ajoute à l’amertume de la « trahison » française. Engagé aux côtés de la France dans l’opération Serval au Mali, en première ligne dans la ligne contre la menace terroriste dans la bande sahélo-saharienne, le Tchad, qui abrite le quartier général de l’opération Barkhane, s’attendait, dit-on, à tout lors de cette élection. Sauf au faux bon de Paris. C’est finalement pour le candidat du Nigeria Akinwumi Adesina que la France a voté lors du sixième et dernier tour. Avec 58,10% des voix, le Nigeria l’a emporté haut la main face au Tchadien qui n’a totalisé que 31,62%, des suffrages, essentiellement africains. A entendre ce que disent les Tchadiens sous le coup de la colère : soit Hollande a menti à Idriss Déby, soit le représentant français à Abidjan n’a pas suivi la consigne de vote de l’Elysée.