Doit-on accorder des droits aux homosexuels? Cette question est réductrice,. Qu’ils soient hétéros ou homos, les couples amoureux non mariés peuvent faire l’objet de poursuites au Maro. Une chronique de Nouhad Fathi
Trois mois après avoir qualifié les homosexuels d’“ordures”, le délicat Mustapha Ramid, ministre marocain des droits de l’homme et dirigeant islamiste, enrage une nouvelle fois les associations pro LGBT après avoir qualifié les gays de « sodomites », dans le sens biblique du terme. Plus précisément, on lui reproche l’emploi, dans une publication sur sa page Facebook, du mot “Al lawat“ qu’on retrouve dans le Coran. Le Coran est le livre saint de l’islam. L’islam punit de mort l’homosexualité masculine. Mustapha Ramid est ministre PJD. Le PJD est un parti islamiste. Pourquoi donc tout le monde semble découvrir la vraie nature des islamistes?
Ses déclarations, jugées inconstitutionnelles par les militants LGBT, choquent parce qu’émis en sa qualité de ministre chargé des Droits de l’homme. Parce qu’il se fiche de ce qu’ils pensent, Mustapha Ramid a réitéré sa position en partageant, sur sa page Facebook, un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme affirmant la possibilité des États à réserver le mariage aux couples hétéros, sans que cela soit considéré comme une discrimination.Hors sujet! Il s’agit d’un arrêt concernant une requête bien précise d’un couple d’homosexuels contre l’État français (qui avait annulé leur mariage). Ce n’est pas cela notre sujet.
Une législation répressive
Au Maroc, toute personne, quelle que soit son orientation sexuelle, risque la prison si elle pratique le sexe en dehors des liens sacrés du mariage. Les peines diffèrent selon la situation matrimoniale, mais sur papier, personne n’a le droit de faire l’amour sans âdoul. On brandit l’article 489 du Code pénal à tout va, comme si les articles 490 et 491 n’existaient pas.
Je suis pour qu’on fiche la paix une bonne fois pour toutes aux homosexuels, plus par indifférence que par altruisme. Je me fiche de ce que font deux individus consentants dans leur chambre à coucher. Ne serait-il pas plus logique de militer pour une liberté sexuelle pour tout le monde? L’Histoire prouve que les Marocains sont des êtres fragiles dont il faut ménager la sensibilité. Le célèbre pique-nique des déjeûneurs a eu lieu en 2009, et ce n’est que l’année dernière que McDo a recommencé à servir sur place pendant les journées du ramadan.
Après, on parle de persécution… N’exagérons rien non plus. Un couple d’homosexuels peut tranquillement partager une chambre dans n’importe quel hôtel touristique du royaume, c’est aux couples hétéros qu’on ramène les flics. Quid du couple de Béni Mellal tabassé en 2016? Leur malheur c’est que justement ils vivent à Béni Mellal. Au Maroc, le sexe est plus une affaire d’argent et de statut social qu’une question d’intégrité religieuse.