Les derniers affrontements du 31 décembre 2017, premier anniversaire de l’Accord de la Saint-Sylvestre, conclu sous l’égide de l’Eglise catholique, laisseront des traces dans l’Histoire de la République Démocratique du Congo (RDC).
Le 31 décembre, un Comité de coordination de laïcs de l’Eglise catholique, regroupant plusieurs centaines de paroisses, a appelé à manifester contre le pouvoir devenu sourd et aveugle de Joseph Kabila, président de la République démocratique du Congo. Résultat: des interventions musclées, en plein office religieux, de nombreuses victimes innocentes, des mises en cause de citoyens catholiques. Les réactions internationales et nationales ont été à la mesure de ces violences.
L’instrumentalisation du chaos
Coûte que coûte, en adoptant la stratégie du chaos organisé, Kabila jr, en fonction depuis maintenant 17 ans, s’est engagé dans une voie périlleuse, certains disent sans issue.
Dans son rapport du 20 décembre 2017, la FIDH relève que « les atrocités commises au Kasaï s’inscrivent dans une instrumentalisation récurrente des tensions et violences par le régime de Joseph Kabila afin de conserver le pouvoir par la diversion ».Avec le concours des groupes rebelles, des milices d’autodéfense et les forces de sécurité de l’Etat, le pouvoir congolais organise en effet le chaos. Le tout sous les yeux de la MONUSCO.
La classe politique de RDC est profondément déconsidérée par ses divisions au relent de tribalisme et par les accusations d’affairisme et de népotisme. En revanche, des mouvements citoyens comme La Lucha et Filimbi ont le courage de lutter contre la dictature de Joseph Kabila. Quant aux Eglises de Réveil, elles pullulent et ne sont pas coordonnées. La plupart de ces Eglises ont pris leur distance avec le christianisme, avec des pseudos Pasteurs autoproclamés, ayant un vernis de théologie mais un sens aigu des affaires.
Les catholiques, principaux opposants
L’Eglise est la principale force, structurée et populaire, de l’opposition à ce régime despotique, devenu illégitime, le 20 décembre 2016, par le refus d’organiser des élections. Les catholiques en RDC, ce n’est pas rien: 35 millions de paroissiens, soit environ la moitié de la population; une Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) ne pratiquant pas la langue de bois; des dizaines de diocèses et des centaines de paroisses autrement organisés et influents que le gouvernement de Kinshasa; des milliers de prêtres et diacres soumis au pouvoir hiérarchique des évêques et ne craignant pas le martyr; des associations catholiques enfin irradiant tout le territoire national. Joseph Kabila se trouve en face d’une masse de fidèles peu corruptible, déterminée à le chasser
Le Vatican et le nonce apostolique à Kinshasa, Mgr Luis Mariano Montemayor, ne s’embarrassent plus du langage diplomatique pour critiquer « l’Etat prédateur », « une classe politique corrompue abandonnant le peuple » et appelant à des élections, le plus rapidement possible. Le Pape François a déjà annulé deux projets de visite en RDC. Il a fait savoir qu’il ne viendra qu’après les élections.
Le cardinal de Kinshasa, Laurent Monsengwo Pasinya (78 ans), ose s’aventurer sur le terrain du pouvoir temporel en condamnant « la barbarie des forces de sécurité» et en déclarant « qu’il est temps que les médiocres dégagent». L’une des dernières cartouches de Joseph Kabila est d’attiser la détestation de nombreuses Eglises de Réveil envers l’Eglise catholique, accusée d’avoir renoncé à l’authenticité africaine et d’être trop occidentalisée, et de transformer le chaos actuel en guerre civile ouverte.
Joseph Kabila aurait tort de s’en prendre à l’Eglise catholique et devrait probablement avoir à l’esprit des réflexions comme celle qu’avait eu, en son temps, Joseph Staline lorsque le « Petit Père des peuples» s’interrogeait, avec moquerie, sur le nombre de divisions (militaires) du Vatican.
Une dramatique imposture
D’ores et déjà, on peut douter qu’une élection présidentielle puisse avoir lieu avant le 19 octobre 2018, deuxième anniversaire de la fin définitif du mandat présidentiel. Même si Joseph Kabila peut compter sur le soutien indéfectible de la Commission de l’Union africaine, présidée par le Tchadien Moussa Faki Mahamat, il est probable que les Etats-Unis d’Amérique, l’ONU, l’Union européenne, les ONG internationales de droits de l’Homme et humanitaires et évidemment le Vatican, au puissant réseau diplomatique, conjugueront leurs efforts pour mettre fin à cette dramatique imposture.