Ce général algérien Nacer El Djinn dont Paris souhaite le départ

Le chef du contre espionnage algérien (DCSI), le général Abdelkader Haddad, dit « Nacer El Djinn », un compagnon de route du fameux général Toufik, l’ex chef des services algériens pendant un quart de siècle qui jusqu’à son renvoi en 2015 était devenu le vrai patron de l’Algérie, est considéré par les services français comme l’instigateur de la violente campagne menée par des activistes algériens en France. Ces derniers s’en prennent non seulement aux opposants au régime, mais aussi aux deux hommes forts du pays, le Président Tebboune et le général Chengriha. Ces mercenaires de la désinformation s’attaquent à la vie privée des deux hommes, à leurs familles ainsi qu’à leurs alliés au sein du pouvoir. Or les liens entre ces activistes et le patron du contre espionnage sont désormais avérés et connus aussi bien à Paris qu’à Alger.

Des négociations discrètes, suivies de près par l’Élysée, sont engagées entre Paris et Alger pour une libération de l’écrivain Boualem Sansal

Dans les discrets pourparlers qui se sont engagés entre la Présidence française et la Présidence algérienne sur l’éventuelle libération de Boualem Sansal, la négociation s’est élargie à un certain nombre de dossiers sensibles, chaque partie posant ses conditions avant un dénouement mettant un terme aux relations devenues très  conflictuelles entre les deux pays après l’arrestation arbitraire de l’écrivain.

Le patron du contre espionnage algérien, le général Nacer ElDjinn, soupçonné par la France d’être au coeur du conflit entre les deux pays, voit sa situation fragilisée et son départ rendu possible dans les semaines à venir en raison des multiples initiatives intempestives qu’il a pu prendre pour attiser les braises entre Paris et Alger. Sans compter les Scuds que, par influenceurs interposés, ce reddoutable militaire a envoyés vers la Présidence et l’État Major.

Le double jeu de Nacer ElDjinn

À la tète du « Centre Principal militaire d’investigation » (CPMI), chargé d’interroger sans ménagement les suspects soupçonnés d’ »activité subversive » après une courte disgrâce où il s’était installé en Espagne, Nacer ElDjinn était connu comme un proche de l’ex DRS de Toufik -« l’État profond », aux cotés de qui il a oeuvré pendant les années noires (1992 à 1998) avec une brutalité connue de tous. Cette forte personnalité aurait été à même de limiter la marge d’action du Président Tebboune réélu. Mieux valait l’avoir avec soi que contre soi. Une longue période de tractations s’en est suivi qui a conduit finalement et contre toute attente à la nomination du général Haddad à la tète du contre espionnage, mais, nous dit-on, après qu’il ait fait mine de rallier le clan présidentiel.

Or cet homme fort des services algériens pourrait bien être écarté dans les semaines à venir au nom du vaste compromis qui est en train de se nouer péniblement entre Paris et Alger. En effet, les services français voient en lui le véritable instigateur de la campagne déclenchée en France sur les réseaux sociaux par quelques seconds couteaux au profil douteux qui semblent décider à s’en prendre aussi bien à la diaspora algérienne en France qui abrite de nombreux opposants au régime algérien.

Le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, en tentant d’expulser certains de ces agitateurs, sans succès pour l’instant, tente de mettre fin à cette volonté d’exporter sur le territoire français les affrontements algéro-algériens entre le pouvoir et une partie du peuple algérien qui depuis la mobilisation populaire du Hirak, conteste la nature même du régime algérien dominé par l’institution militaire. Aux yeux des conseillers des président Tebboune et Macron, seul le départ du patron du contre espionnage algérien serait susceptible d’ouvrir une nouvelle page des relations franco-algérienne qui permettrait, au passage, d’en terminer avec l’inutile abcès de fixation que représente l’incarcération d’un écrivain provocateur, il est vrai souvent  hostile à son pays, pour simple délit d’opinion. Sous réserve qu’une partie de la classe politique française restée profondément hostile à l’Algérie cesse de lancer des oukases contre productifs contre un État algérien accusé de tous les maux.  

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)