Encore une disparition mystérieuse d’un évêque camerounais

Le cadavre flottant de l’évêque de Bafia, Mgr Jean-Marie Benoît Balla, a été retrouvé, vendredi 2 juin, dans le fleuve Sangara, à quelques km du pont d’Ebebda, sur lequel se trouvait encore son véhicule.
« je suis dans l’eau »
Parti de Bafia, en pleine nuit du mardi 30 mai au mercredi 31mai, pour semble-t-il se rendre à Yaoundé, seulement distante de 130 km, le prélat ne s’était pas confié avant son départ de Bafia. Avant de disparaître, il aurait laissé, dans son véhicule, un message assez laconique voire énigmatique  : « je suis dans l’eau », sans donner d’autres précisions sur les causes de cette présence dans l’eau.
Évidemment une enquête judiciaire a été immédiatement ordonnée par les autorités judiciaires compétentes afin d’éclaircir les circonstances de ce décès qui cause une grande émotion au-delà du diocèse de Bafia. A ce stade, aucune hypothèse n’est à privilégier.
Des décès inexpliqués
Cette tragique disparition de l’évêque de Bafia vient juste après celle, également brutale, de l’un de ses proches, le Recteur du petit séminaire Saint André de Bafia, dont les obsèques ont été célébrées par Mgr Mballa, quelques jours avant sa propre disparition.
L’ enquête judiciaire sur le décès de Mgr Mballa sera probablement très longue et risque d’être peu conclusive, comme le furent celles conduites à la suite de crimes et de décès suspects de religieux catholiques.
Le vol est rarement le mobile de ces crimes odieux. Les auteurs et les commanditaires de ces assassinats ne sont, à quelques exceptions près, jamais inquiétés.
La liste est longue
La disparition suspecte des deux responsables du diocèse de Bafia prend place sur une longue liste qui s’apparente à une martyrologie pour l’Église catholique.
L’ assassinat le plus marquant fut celui de Mgr Engelbert Mveng, l’un des plus grands intellectuels camerounais qui avait une indépendance d’esprit et des jugements sans concession. Cette éminente personnalité aurait certainement beaucoup plu au Pape François qui est également jésuite. L’ assassinat horrible de Mgr Mveng, le 21 avril 1995, n’a jamais été élucidé. Une béatification de ce martyr n’est pas à exclure.
 Le décès énigmatique de Mgr Mballa va alimenter toutes les spéculations sur les réseaux sociaux et soulever des hypothèses qui ne seront pas neutres surtout celles émises dans la perspective des futures élections présidentielles qui risquent d’être particulièrement agitées.
D’AUTRES ASSASSINATS RETENTISSANTS
– Le 30 novembre 1983, à Mbalmayo, le vicaire général Mgr Jean Kounou et l’abbé Materne Bikoua sont sauvagement assassinés. Un cuisinier finira par avouer le double crime sans que le mobile du crime soit exactement connu.
– Le 25 octobre 1988,  Joseph Mbassi,  prêtre mais également directeur du célèbre quotidien catholique « L’ Effort camerounais » est assassiné et mutilé. Ce religieux, homme de presse, enquêtait sur des trafiquants d’armes.
 – Le 3 septembre 1991, l’évêque émérite de Garoua , Mgr Yves Plumey, était assassiné dans sa maison de retraite à Ngaoudéré.
–  Le 2 août 1992, deux religieuses francaises, Germaine Marie Husband et Marie Leonne Bordy furent violées et assassinées près de Djoum. La même année, le Père Amougou est assassiné dans la même région, à Sangmelima.
– Les assassinats de curés et vicaires, non élucidés, et qui ont eu un grand retentissement dans leur paroisse furent ceux de Joseph Yamb tué à Mandoumba en 1983,  Barnabé Zambo empoisonné à Mbang en 1989, Anthony Fongtegh tué à Bamenda en 1990, de Appolinaire Ndi, tué près de Yaoundé en 2001, Francois-Xavier Mekong tué à Loum en 2008.
Le 20 mars 1998, Mgr Zoa, alors archevêque de Yaoundé, décédait brutalement en plein office religieux. Une mort naturelle? Sans doute. Mais des observateurs avaient remarqué que Mgr Zoa avait violement critiqué la gestion de la crise de Nsam, du 14 février 1998, qui avait fait 250 victimes.