Maintenant que le gouvernement marocain a choisi la manière forte pour mettre fin au « Hirak » dans le Rif, les choses les plus difficiles commencent pour lui. Après l’arrestation de plus d’une soixantaine d’activistes rifains dont le leader des protestations Nasser Zafzafi et l’activiste, des milliers de manifestants continuent de manifester chaque soir dans les rues des villages et villages de la région. Dans les autres villes marocaines, si le mouvement de la foule est assez circonscris, une vingtaine de villes ont connu des sit-in et des marches de solidarité avec le « Hirak ».
Meneurs ou martyres?
Si, en arrêtant les leaders du mouvement de protestation, l’objectif du gouvernement était de mettre fin aux manifestations dans la rue, son échec est total. Les manifestations ont redoublé d’intensité et sont devenues quotidiennes. Cantonné au début à Al Hoceima et à Imzouren, les « Hirak » s’est propagé dans tout le Rif. Et si l’autre objectif de ce tour de vis était de condamner au mutisme le mouvement et de le priver de dynamos, encore une fois l’échec est de taille. A la fois Nasser Zafzafi et les autres sont élevés au rang d’icônes de la protestions. Dans l’imaginaire collectif rifain, ils sont passés de simples meneurs à de véritables martyrs de la cause des « pauvres et des marginalisé ».
Comment alors, le gouvernement d’El Othmani, par ailleurs étrangement silencieux depuis une dizaine de jours, va-t-il faire face à cette nouvelle situation ? Comment peut-il convaincre l’opinion publique internationale que le « Hirak » est un mouvement indépendantiste et violent quand tous ses leaders appellent publiquement à des manifestations pacifiques et se disent foncièrement attachés au royaume chérifien ? Comment désamorcer cette crise quand la grande majorité des activistes sont sous les verrous et que les partis politiques et les autres institutions d’intermédiation sont en faillite ?
Aucune réponse à ces multiples questions n’est aujourd’hui disponible. Si l’Etat marocain devait réagir vite et surtout démontrer qu’il a toujours la main, il n’en demeure pas moins que sa stratégie -s’ il y en a une- manque de lisibilité. Faire taire la protestation dans le Rif, ne peut dépendre seulement et uniquement de l’action sécuritaire. A chaque fois que les revendications socio-économiques sont réprimées, elles finissent par se transformer en exigences politiques.
Le Rif ne peut faire l’exception.