En Algérie, le leadership du constructeur automobile français Renault est sérieusement mi en cause. La menace s’appelle Saïpa, une marque iranienne quasiment méconnue. Elle fera bientôt une entrée fracassante en Algérie et compte bien casser les prix du marché longtemps dominé par les français Renault et Peugeot. Ce qui ne plait guère aux lobbyistes favorables aux deux marques françaises.
En juin prochain, à Frenda, dans la wilaya de Tiaret, à 320 Km au sud-ouest d’Alger, La marque iranienne lancera une usine de montage de véhicules dont le prix de vente, moins d’un million de dinars Algériens, défie toute concurrence. A partir de l’été 2017, elle sera la voiture la moins chère commercialisée en Algérie. Bien en dessous de la Symbol, le véhicule économique monté par Renault à Oran. L’usine de Frenda, qui sera supervisée par des ingénieurs iraniens, sera financée et construite par le goupe Tahkout du milliardaire algérien Mahieddine Tahkout. La livraison annuelle annoncée sur le marché algérien est estimée à 20 000 véhicules.
Pressions françaises
Pour Renault la menace est réelle. D’importantes parts de marchés risquent d’être perdues. Dans les milieux d’affaires algériens, la polémique fait rage car les lobbyistes français ont lancé une violente campagne pour faire pression sur les autorités. « Renault est le premier qui a fait confiance à l’Algérie en montant sur place un projet industriel. Nous craignons une concurrence déloyale car rien ne nous permet de garantir que l’usine sera conforme aux normes internationales du montage de véhicules », confie une source proche de Renault Algérie.
Selon nos informations, Abdesslam Bouchouareb, le ministre algérien de l’industrie, subit des pressions pour renforcer les mesures de contrôle autour de ce projet iranien. D’ailleurs, le courant ne passe plus entre le milliardaire algérien Tahkout et Bouchouareb. Ce dernier est accusé de défendre les intérêts français au détriment des enjeux de l’industrie algérienne. De leur côté, les iraniens refusent de céder à la polémique et renouvellent leur confiance à leur partenaire algérien qui s’active pour réussir l’inauguration de l’usine. Les iraniens promettent un meilleur taux d’intégration et un véritable transfert de technologie. Un argument qui met les français dans une posture très délicate. Mais la guerre des constructeurs ne fait que commencer en Algérie. Et Renault pourrait bien perdre sa couronne.