Le prédicateur télé islamiste Youssef Al Qaradawi prononcera le prêche ce vendredi 21 Février à Doha, à la Mosquée Omar Ben Khattab, après trois semaines d’interruption due à une grippe, rapporte jeudi 20 Février le Journal «Al Qods Al Arabi» se référant à un communiqué de son secrétariat.
Agé de 87 ans, Youssef Al Qaradawi est président de l’Union Internationale des Savants Musulmans (Oulémas), membre de la confrérie de Frères Musulmans et du Conseil européen pour la recherche et la Fatwa. Il est en outre consultant religieux sur Al Jazira. L’heure d ela retraite est-il venu?
Le 7 Février dernier le secrétariat du cheikh Al Qaradawi avait annoncé que le saint homme allait officier le vendredi, avant de se rétracter invoquant un «refroidissement» de l’orateur. Or aujourd’hui, le prédicateur le plus connu du monde musulman devrait reprendre le turbin. Si cette information était confirmée, il s’agira de la première prise de parole du Cheikh depuis le 24 janvier dernier, date à laquelle il s’était attaqué aux Emirats Arabes Unis, déclenchant une crise diplomatique entre Abou Dhabi et Doha.«Les Emirats se dressent contre tout régime islamique. Ils sanctionnent ses partisans et les emprisonnent», avait-il notamment dit, accusant Abou Dhabi d’ «abriter un homme du régime Moubarak en la personne de l’ancien premier ministre Ahmad Chafik», ancien candidat à la présidentielle égyptienne face à Mohamad Morsi.
Tentative de coup d’Etat des Frérots aux Emirats
Les Emirats ont annoncé en novembre dernier avoir déjoué une tentative de coup d’état de la part des Frères Musulmans, procédant à arrestation de 76 membres de la confrérie. Les propos de Cheikh Qaradawi ont entrainé une convocation de l’ambassadeur du Qatar à Abou Dhabi, Farès al Nouaimy, pour lui signifier une protestation diplomatique des Emirats.
Le ministre qatariote des Affaires étrangères, Khaled Attyah avait désavoué publiquement le 2 Février, le prédicateur considérant que «ses propos ne reflétaient pas la ligne du Qatar».
La chaine qatari Al Jazira en berne en Egypte
Mardi 18 Février le site en ligne «Ar Rai Al Youm» du journaliste Abdel Bari Atwane, ancien directeur du journal transarabe «Al Qods Al Arabi » avait annoncé que le Cheikh avait été privé des lucarnes et qu’un responsable de la confrérie Mahmoud Hussein avait demandé l’asile politique au Royaume Uni, une demande portant le numéro 01 768 36 90. En cas d’agrément des autorités britanniques, Mahmoud Hussein quitterait Doha pour se réfugier à Londres, ajoute le site. En parallèle, la chaine qatariote Al Jazira, dont trois membres sont détenus en Egypte pour manipulation de l’information et incitation à la haine, a réduit sa couverture des évènements d’Egypte, alors que le journal égyptien «Al-Watan» lançait une virulente attaque contre le prédicateur, d’origine égyptienne, le qualifiant de «meurtrier».
Qaradawi, dénommé par dérision le Mufti de l’Otan pour son empressement à cautionner toutes les interventions militaires contre les pays arabes de la Libye à la Syrie, avait vivement critiqué le renversement du président égyptien Mohamad Morsi qu’il avait dépeinte comem une opération menée avec l’appui discret de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes Unis. En deux ans, au plus fort du «printemps arabe», Les Emirats Arabes Unis avaient démantelé un réseau de la confrérie qu’elle accusait de menées subversives et ne cachait pas son agacement devant de Mufti millionnaire.
Coup de semonce ou coup de grace?
Maladie pathologique ou diplomatique, la privation de lucarne du Mufti de l’OTAN constitue-t-elle un coup de semonce, prélude à un coup de grâce? Des acteurs de premier plan du «printemps arabe» ont été relégués dans l’ombre, conséquence du déferlement djihadiste en Syrie. En tout état de cause, la valse-hésitation le concernant témoigne de l’embarras croissant du Qatar dans sa duplicité démasquée dans sa gestion du «printemps arabe».
PAR RENÉ NABA