Dans un entretien avec Mondafrique, Abdelhak Khiame, le patron des enquêtes anti terroristes, dresse un bilan sans complaisance de la coopération entre le Maroc et l’Europe.
Depuis 2015, la lutte antiterroriste au Maroc a été restructurée à travers la création du Bureau Central d’Investigations Judiciaires (BCIJ), un service chargé de la lutte contre le terrorisme, le blanchiment d’argent, les trafics d’armes et de stupéfiants le grand banditisme et qui dépend directement de la Direction générale de la surveillance du territoire. La DST, sous l’autorité de son patron Abdellatif Hammouchi est en train de changer de visage. Les barbouzes des années de plomb ont cédé la place aux quadras bardés de diplômes spécialisés et les moyens rudimentaires d’antan ont été remplacés par une technologie moderne.
La réflexion menée depuis quelques années par les autorités sécuritaires du royaume marocain avait abouti à un constat alarmant. Le Maroc est devenu l’une des cibles prioritaires des réseaux terroristes internationaux. Le nombre de Marocains ou d’individus européens d’origine marocaine enrôlés par la nouvelle hydre terroriste Daech est impressionnant. Il fallait donc réagir vite, d’autant plus que les réseaux terroristes se nourrissent du grand banditisme et de la contrebande d’armes. Les nouveaux officiers du BCIJ dotés de la qualité d’officiers de police judiciaire et cornaqués par Abdelhak Khiame se mettent rapidement au travail. Dès les premières semaines, les fins limiers du FBI marocain multiplient les coups d’éclat. Chaque mois, une ou plusieurs cellules terroristes sont démantelées. Et c’est Abdelhak Khiam lui-même qui tient le plus souvent à communiquer sur les opérations menées par ses troupes.
En effet ce professionnel affable féru de football -supporter du raja de Casablanca- insiste sur la communication avec l’opinion publique marocaine. Lui qui garde de très bons souvenirs de son passage à Paris rue du Château des Rentiers, siège de la Brigade financière, se montre également soucieux d’informer les médias étrangers comme le montre cet entretien avec Mondafrique.
Le BCIJ est la partie visible de la DST, mais cela n’empêche pas les émissaires de tous les services de renseignements d’être reçus désormais dans ce bâtiment moderne de 5000 mètres carrés érigé à Salé, ville jumelle de Rabat.
Une réussite qui rassure, mais qui n’exclut rien. « Le risque zéro n’existe pas », se plait à prévenir le patron du BCIJ.