Ziad Rahbani, figure emblématique de la scène culturelle libanaise, compositeur engagé et fils de Fairuz et Assi, s’est éteint à l’âge de 69 ans. Son œuvre artistique et politique a profondément marqué plusieurs générations, dans un Liban traversé par des crises successives.
Un article d’Ici Beyrouth
Le Liban pleure l’un de ses plus grands artistes. Ziad Rahbani, compositeur, pianiste, dramaturge et commentateur politique, s’est éteint à l’âge de 69 ans. Né en 1956 de l’union de la légendaire chanteuse Fairuz et du compositeur Assi Rahbani, il a grandi au sein d’un foyer baigné de musique. Très tôt, il s’est démarqué en forgeant son propre style, où se croisent musique, satire et engagement politique.
Il n’avait que 17 ans lorsqu’il composa Sa’alouni el-Nas pour sa mère, alors que son père était hospitalisé. Ce moment fondateur l’introduit dans le monde musical, mais aussi dans celui du théâtre. Ses pièces, jouées dans les années les plus sombres de la guerre civile libanaise, ont offert une voix aux jeunes désabusés, à une génération perdue dans le tumulte de la violence.
Ziad Rahbani était un esprit libre. Son engagement au sein du Parti communiste libanais, son soutien aux résistances arabes et son rejet affiché des systèmes confessionnels ont fait de lui une figure à part. Dans une société où l’athéisme reste tabou, il assumait ses idées à contre-courant, s’attirant autant de critiques que d’admiration.
Son mariage avec Dalal Karam et la controverse autour de la paternité de leur fils Assi ont également alimenté le débat public. Ces épisodes intimes ont inspiré certaines de ses chansons les plus personnelles, comme Marba el-Dalal ou Bisaraha.
Ses albums Abou Ali, Halleluja, Ana Mouch Kafer, ou encore Monodose témoignent d’un génie musical polymorphe, capable de naviguer entre jazz, musique orientale et groove révolutionnaire. À travers ses chansons, il racontait ses amours brisées, ses colères politiques, ses rêveries intimes.
Ziad laisse derrière lui une œuvre monumentale et un vide immense. À l’image de ses spectacles, parfois drôles, souvent poignants, toujours engagés, il restera pour beaucoup l’artiste qui a su traduire en mots et en notes les contradictions du Liban moderne.