Entretien avec Hervé Mahicka, énarque et diplômé de sciences politiques, qui prend en 2016 la direction de la campagne du général Jean-Marie Michel Mokoko, principal opposant à Denis Sassou-Nguesso. À la suite des élections, face aux arrestations arbitraires et à l’emprisonnement de Mokoko, il quitte le Congo, contraint de s’exiler à Paris où il est consultant en gouvernance.
Il est l’auteur du livre « L’Afrique une promesse, comment l’Afrique s’éveillera »: L’Afrique est riche, mais ses habitants sont pauvres. La récente tragédie de la vente d’esclaves en Libye illustre l’échec des États de l’Afrique subsaharienne à se développer, tant sur un plan économique que social. Comment l’expliquer ? Les traumatismes et complexes historiques mal évacués empêcheraient-ils toute cohésion dans l’action ?
Développer l’Afrique n’est plus une question de mimétisme, mais de survie, qui exige de se risquer dans des méandres inexplorés, de violer des tabous irrationnels, de vaincre les groupes d’intérêt et surmonter les idées reçues autant que les susceptibilités. Le sous-continent souffre d’amalgames où se juxtaposent des processus de constructions nationales inachevées, des mécanismes juridiques incomplets, concurrencés par des droits coutumiers encore trop vivaces et l’émergence d’une culture de survie elle-même contre-productive.
En s’appuyant sur des travaux d’économistes ainsi que sur son expérience de haut fonctionnaire, Hervé Mahicka préconise une transition systémique d’envergure, notamment par la modernisation du jeu politique, la refonte des attributions de l’État africain, la distribution des richesses réelles aux populations pour une économie de marché privée intérieure ou encore la révolution culturelle.
Un essai original et innovant, dont l’objectif est d’aider à réaliser la prémonition de Jacques Attali – faire que la seconde moitié du XXIe siècle soit africaine.