- Mondafrique https://mondafrique.com/video/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Tue, 29 Apr 2025 17:21:10 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.1 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/video/ 32 32 Une poésie arabe volcanique (volet 3), la tunisienne Imen Moussa https://mondafrique.com/loisirs-culture/une-poesie-arabe-volet-3-la-tunisienne-imen-moussa/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/une-poesie-arabe-volet-3-la-tunisienne-imen-moussa/#respond Mon, 28 Apr 2025 22:58:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=132316 Le Printemps des Poètes 2025 est une éruption de poésie à l’Institut de Monde Arabe (IMA) qui en collaboration avec les Editions l’Harmattan propose des rencontres poétiques exceptionnelles qui réunissent de poètes contemporains issus des mondes arabe et francophone ainsi que des cinq continents dans une célébration vibrante et volcanique de la poésie! Cette série […]

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Le Printemps des Poètes 2025 est une éruption de poésie à l’Institut de Monde Arabe (IMA) qui en collaboration avec les Editions l’Harmattan propose des rencontres poétiques exceptionnelles qui réunissent de poètes contemporains issus des mondes arabe et francophone ainsi que des cinq continents dans une célébration vibrante et volcanique de la poésie!

Cette série d’entretiens sur la poésie arabe signés Christophe Barreyre, réalisateur, éditeur et ancien rédacteur en chef et producteur de l’émission Affaires sensibles sur France Inter

Nous rencontrons la poétesse Imen Moussa qui nous lira un des ses poèmes à la fin de notre entretien.

Née à Bizerte en Tunisie, Imèn Moussa est docteure en Littératures française et comparée, enseignante, cofondatrice des Rencontres Sauvages de la Poésie et membre de l’association Atlas pour la promotion de la traduction littéraire au Collège International Des Traducteurs Littéraires. Directrice de la rédaction pour Trait-d’Union Magazine, elle consacre ses recherches sur l’écriture des femmes dans le Maghreb contemporain. Sa passion pour l’art visuel, ses textes et ses voyages autour du monde sont autant d’invitations à une humanité qu’elle qualifie d’« infrontiérisable ». C’est dans ce sens qu’elle collabore comme auteure et photographe avec plusieurs revues artistiques en Afrique, en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique latine, comme Débridé, Cavales, Lettres d’hivernage, Grito de Mujer, Souffles sahariens, Le Pan Poétique des muses, L’Imagineur, Les embruns.

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Une poésie arabe volcanique (volet 2), la poétesse irakienne Afyaa Al Assadi https://mondafrique.com/loisirs-culture/une-poesie-arabe-volcanique-volet-2-la-poetesse-irakienne-afyaa-al-assadi/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/une-poesie-arabe-volcanique-volet-2-la-poetesse-irakienne-afyaa-al-assadi/#respond Sun, 27 Apr 2025 17:50:47 +0000 https://mondafrique.com/?p=132313 Le Printemps des Poètes 2025 est une éruption de poésie à l’Institut de Monde Arabe qui, en collaboration avec les Editions l’Harmattan, propose des rencontres poétiques exceptionnelles qui réunissent des poètes contemporains issus des mondes arabe et francophone ainsi que des cinq continents dans une célébration vibrante et volcanique de la poésie! Nous rencontrons la […]

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Le Printemps des Poètes 2025 est une éruption de poésie à l’Institut de Monde Arabe qui, en collaboration avec les Editions l’Harmattan, propose des rencontres poétiques exceptionnelles qui réunissent des poètes contemporains issus des mondes arabe et francophone ainsi que des cinq continents dans une célébration vibrante et volcanique de la poésie!

Nous rencontrons la poétesse Afyaa AL Assadi qui, en guise d’introdiction, nous dit un poème en arabe avant de s’entretenir en français avec nous . Née en Irak, à Bagdad, Afyaa Al Assadi écrit  aussi bien la poésie classique, que la poésie libre ou la poésie en prose. Le poème est à ses yeux un être vivant, doté de parole. Le mot,selon ele, est les secret de l’univers.

Cette série d’entretiens sur la poésie arabe signés Christophe Barreyre, réalisateur, éditeur et ancien rédacteur en chef et producteur de l’émission Affaires sensibles sur France Inter

Une poésie arabe « volcanique » (volet 1), entre énergie et émerveillement !

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Une poésie arabe « volcanique » (volet 1), entre énergie et émerveillement ! https://mondafrique.com/loisirs-culture/notre-entretien-avec-fatima-guemiah-sur-la-poesie-arabe/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/notre-entretien-avec-fatima-guemiah-sur-la-poesie-arabe/#respond Sat, 26 Apr 2025 08:08:43 +0000 https://mondafrique.com/?p=132311 Notre premier entretien de cette série consacrée à la poésie arabe est avec Fatima Guémiah, directrice de collection  » Le Scribe » aux éditions l’Harmattan et organisatrice de l’événement à l’Institut du Monde Arabe sur « le printemps des poètes ». Cette femme passionnée et passionnante trace les voies propices à l’échange culturel grâce aux poètes contemporains, ces […]

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Notre premier entretien de cette série consacrée à la poésie arabe est avec Fatima Guémiah, directrice de collection  » Le Scribe » aux éditions l’Harmattan et organisatrice de l’événement à l’Institut du Monde Arabe sur « le printemps des poètes ». Cette femme passionnée et passionnante trace les voies propices à l’échange culturel grâce aux poètes contemporains, ces messagers irremplaçables entre les rives nord et sud de la Méditerranée.

Cette série d’entretiens sur la poésie arabe signés Christophe Barreyre, réalisateur, éditeur et ancien rédacteur en chef et producteur de l’émission Affaires sensibles sur France Inter

L’IMA en collaboration avec les excellentes Editions l’Harmattan propose des rencontres poétiques exceptionnelles: « Poésie volcanique, ébullition, énergie et émerveillement! » Une édition sous le signe du feu et de l’émotion. Avec un choeur poétique multilingue, avec entre autres les poétesses Afyai Al Asadi, d’Irak, Imen Moussa de Tunisie ou encore le poète Ghassan Tarabay du Liban.

Le Printemps des poètes s’affirme comme un espace où la création poétique se renouvelle sans cesse, portée par une dynamique collective et fédératrice.

 

 

 

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L’obsession française sur le voile https://mondafrique.com/video/lobsession-francaise-sur-le-voile/ https://mondafrique.com/video/lobsession-francaise-sur-le-voile/#respond Mon, 21 Apr 2025 15:06:22 +0000 https://mondafrique.com/?p=32511 L’universitaire américaine Joan Scott, auteure de « la politique du voile », revient sur la crispation du gouvernement français sur « le voile », sans commune mesure avec ce qui se passe dans la plupart des autres pays occidentaux. Dans le monde anglo-américain, même après le 11-Septembre, le voile n’est pas considéré comme l’étendard d’une insurrection. Le gommage de […]

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L’universitaire américaine Joan Scott, auteure de « la politique du voile », revient sur la crispation du gouvernement français sur « le voile », sans commune mesure avec ce qui se passe dans la plupart des autres pays occidentaux.

Dans le monde anglo-américain, même après le 11-Septembre, le voile n’est pas considéré comme l’étendard d’une insurrection. Le gommage de toute différence ethnique, raciale et religieuse n’est pas une condition nécessaire pour l’intégration dans la nation. Une phrase du poète américain Walt Whitman résume à peu près la manière dont la diversité est conçue : « Je suis grand, je contiens des multitudes ».

Ce qui ne veut pas dire qu’il n’existe pas de problèmes de discrimination terribles et persistants basés sur les différences (raciales en particulier) aux États-Unis ; simplement ces différences sont reconnues comme partie intégrante de l’héritage national. Elles sont relevées dans les recensements, décrites dans les collections de données institutionnelles, et comprises comme étant la source de notre richesse culturelle. Les appellations composées (« Africain-Américain », « Italien-Américain », « juif-Américain », « musulman-Américain ») disent assez l’acceptation du fait que les identités politiques et culturelles peuvent coexister sans porter atteinte à la nécessaire unité nationale. Si durant les primaires en cours de la prochaine élection présidentielle des failles majeures se sont révélées, elles sont plus fondées sur les disparités économiques que sur les différences ethniques ou religieuses. Ce sont les énormes inégalités de revenus et non les affiliations communautaires qui divisent l’électorat et nos hommes politiques en ce moment.

UNE « HYSTÉRIE POLITIQUE »

Pour toutes ces raisons, l’obsession française du voile islamique nous semble correspondre à ce qu’Emmanuel Terray nommait en 2004 une « hystérie politique ». La rhétorique déchaînée, les menaces et les lois punitives visant les vêtements féminins (hijab, voile intégral, abaya) semblent excessives, pour ne pas dire insensées. L’alarme lancée en 1989 par Alain Finkielkraut, Élisabeth Badinter et d’autres, prédisant que la non-interdiction du hijab dans les écoles serait le « Munich » de la République a conduit certains d’entre nous à se demander comment ces supposés intellectuels sérieux pouvaient grossir le trait à ce point. Récemment, le commentaire de Laurence Rossignol comparant le port du voile à la soumission volontaire à l’esclavage a suscité une interrogation du même ordre : avait-elle la moindre idée de l’épisode historique auquel elle faisait allusion ? Et quand Charlie Hebdo puis la rédaction de Libération ont mis en garde contre l’inévitable pente glissante conduisant du voile aux attentats terroristes et fustigé les « islamo-gauchistes » qui dénonçaient l’amalgame entre les traditions musulmanes et l’islam politique, il était difficile de ne pas lire dans leurs articles autant d’exemples de l’islamophobie qu’ils niaient si bruyamment.

Un autre aspect troublant de la focalisation sur l’habillement des femmes musulmanes est l’idée que la « laïcité » exigerait l’interdiction du voile au nom de l’égalité entre hommes et femmes. Ceux d’entre nous qui connaissent un peu l’histoire de ce mot sont surpris de le trouver invoqué comme principe de l’égalité de genre. Cela n’était certainement pas la préoccupation des anticléricaux qui ont inventé le terme en 1871, ni celle des auteurs de la loi de 1905 qui prescrit la neutralité de l’État en matière de religion et ne dit absolument rien de la façon dont les femmes doivent être traitées. C’est plutôt la « nouvelle laïcité » (ainsi nommée par François Baroin en 2003 lorsque l’interdiction du voile était en débat) qui a fait entrer l’égalité entre les hommes et les femmes dans les principes fondateurs de la République. Elle transfère l’exigence de neutralité de l’État à ses citoyens, des institutions et des représentants de l’État à tout l’espace public et à tous ses habitants. La « nouvelle laïcité » exige des individus qu’ils comprennent que la neutralité, définie comme l’absence du plus modeste signe d’affiliation religieuse, est la condition sine qua non de l’appartenance à la nation.  

Le mot « laïcité » est polémique depuis sa création en 1871 par les militants anticléricaux. À l’époque, il servait à contrer le pouvoir de l’Église catholique ; à présent, il est utilisé pour définir une identité française qui exclut les musulmans. Dans les deux cas, les femmes sont considérées comme un danger potentiel pour la République. Au XIXe et au début du XXe siècle, on soupçonnait les Françaises d’être sous l’influence des prêtres ; au XXIe siècle, ce sont les femmes musulmanes dont les foulards sont le signe d’un « défaut d’assimilation » inacceptable, et d’un refus agressif de l’égalité soi-disant caractéristique de la République. Finkielkraut l’a dit sans détour dans un entretien au New York Times1 : « la laïcité l’a emporté. Et nous ne pouvons faire aucun compromis sur le statut des femmes. (…) Tout vient de là. »

MARIANNE DÉVÊTUE

L’assimilation culturelle est une caractéristique bien connue de l’identité française. Le souci de représenter la France comme une nation homogène est ancien ; des générations d’immigrants ont ainsi été sommés de perfectionner leur pratique de la langue, s’identifier à « nos ancêtres les Gaulois » et déclarer avant tout leur loyauté envers les fondamentaux culturels et politiques du pays. Mais les partisans de l’assimilation n’ont que très rarement ciblé les femmes comme ils le font actuellement. Pourquoi sont-elles devenues l’objet d’une telle attention ? La plupart des terroristes sont des hommes ; les armées de l’organisation de l’État islamique sont complètement masculines. Pourquoi les politiciens français, notoirement rétifs à voter des lois sur la violence domestique, le harcèlement sexuel ou l’égalité salariale, et (pour la plupart) résistant activement à la mise en œuvre de la loi sur la parité en politique, pourquoi ces hommes — avec quelques soutiens féministes — sont-ils si soucieux du statut des femmes dès lors qu’il s’agit de l’islam ? Qu’est-ce que leur obsession du vêtement des femmes musulmanes nous dit sur les angoisses des républicains français ?

Certes, ils en appellent à la vieille idée d’une identité française homogène et à une vision de la laïcité dans laquelle la religion est privatisée — une question de conscience individuelle qui n’a pas à être publiquement exposée. De ce point de vue, peut-être, l’habillement des femmes musulmanes est vu comme marquant plus visiblement leur appartenance religieuse que les vêtements des hommes musulmans. On puise aussi dans les réminiscences de la « mission civilisatrice » coloniale qui vantait le traitement supérieur des femmes françaises (bien avant qu’elles aient le droit de vote ou qu’elles soient libérées des restrictions du Code napoléonien) sur celui des femmes « indigènes », dont les voiles avaient alors un attrait érotique, et n’étaient pas comme aujourd’hui un signe de répression sexuelle. Et puis, il y a la Marianne dévêtue, symbole de la nation ; poitrine nue, elle est La Liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix et l’icône qui figure en bonne place dans les hôtels de ville d’un grand nombre de municipalités. Dans la polémique actuelle, Marianne à la gorge offerte incarne les femmes françaises émancipées par opposition aux femmes voilées qui seraient soumises à l’islam.

ÉGALITÉ DU MÊME, INÉGALITÉ DE L’AUTRE (SEXE)

Mais je pense qu’il y a plus que tout cela. Quelque chose qu’on pourrait appeler l’inconscient politique du républicanisme français, qui alimente l’hystérie autour du vêtement des femmes musulmanes. Cette hystérie dont nous sommes témoins provient d’une contradiction inavouée, mais persistante entre l’égalité politique et la différence sexuelle. Il est possible que ce ne soit pas le motif direct dans le cas de Badinter ou de Manuel Valls, mais je pense que cela va jusqu’à entacher leur défense inflexible de la République laïque et contribue à expliquer plus généralement la fixation sur les femmes musulmanes et leurs foulards.

La contradiction est évidente depuis 1789 et n’a pas disparu quand les femmes ont obtenu le droit de vote en 1944. La citoyenneté en France est basée sur un individualisme abstrait. L’individu est l’unité essentielle, indépendamment de la religion, de l’ethnie, de la position sociale ou de la profession. Une fois ôtés tous ces éléments, les individus sont tous pareils, c’est-à-dire égaux. Mais dans la longue histoire de la politique française, la différence sexuelle a constitué le principal obstacle au « même », à la ressemblance, vue comme une distinction naturelle et donc impossible à éliminer. La nature a décrété un manque de similitude (donc une inégalité de ce point de vue) que la société ne peut pas corriger. Il y a une profonde incompatibilité entre la promesse universelle d’égalité dans la théorie politique républicaine et la différenciation sexuelle créée par la nature. Cela n’entre pas dans la logique républicaine.

Quand les femmes ont obtenu le droit de vote, ce fut en tant que groupe particulier, non en tant qu’individu(e)s. Dans les débats sur la parité, l’argumentation qui a finalement permis à la loi de passer a été celle qui a remplacé l’individu par le couple hétérosexuel. Sylviane Agacinski a ainsi affirmé (pour la parité et contre le PACS en 1999) qu’il ne pouvait pas y avoir de Parlement monosexué comme il ne pouvait y avoir de familles monosexuées. La complémentarité s’est ainsi substituée à l’égalité des individus. Dans l’éloge de la séduction comme trait de caractère national, la complémentarité est asymétrique : les femmes « consentent amoureusement » à leur subordination aux hommes.

L’accent mis sur le jeu de séduction ouvert entre hommes et femmes, et en particulier l’affichage public du corps des femmes, sert à démontrer leur différence et la nécessité de les traiter autrement. En ce sens, le problème que pose le sexe à la théorie politique républicaine est nié. Paradoxalement, l’« objétisation » de la sexualité féminine sert à « voiler » une contradiction inhérente au républicanisme français : son incapacité à réconcilier la différence sexuelle « naturelle » avec la promesse d’égalité pour tous.

LE VOILE AU PIED DE LA LETTRE

Le voile des femmes musulmanes semble présenter un défi de ce point de vue, menaçant d’exposer la contradiction niée ou réprimée de la théorie républicaine. L’habillement « modeste » répond directement aux problèmes posés par le sexe et la sexualité dans les relations sociales et la politique. Il atteste que les relations sexuelles sont interdites sur la place publique. Certaines féministes musulmanes affirment que c’est ce qui les libère en fait, mais que ce soit le cas ou non, ou que chaque femme qui met un voile en comprenne le symbolisme de cette manière ou pas, le voile signale l’acceptation de la sexualité et même sa célébration, mais seulement dans des circonstances particulières — en privé, au sein de la famille. Le paradoxe ici est que le voile rend explicites — visibles pour tous — les règles de l’interaction de genre qui déclarent que les échanges sexuels se font hors de l’espace public.

C’est la reconnaissance explicite d’un problème que la politique française veut nier qui rend le voile « visible » au sens sexuel du terme. Le vêtement des femmes musulmanes est la preuve des difficultés que présente le sexe pour les échanges dans la sphère publique — difficultés que les républicains français veulent nier. Leurs pieuses déclarations sur l’égalité sont en totale contradiction avec leur profond malaise dès qu’il s’agit de partager le pouvoir avec l’autre sexe. La séduction est pour eux une alternative préférable.

Je ne veux pas nier les aspects patriarcaux des pratiques musulmanes, mais nous ne devons pas ignorer non plus le fait qu’il n’y a pas d’égalité de genre parfaite en France. Les femmes sont objétisées dans les deux systèmes, quoique différemment. Je veux simplement dire que l’hystérie politique sur le voile doit être comprise non pas comme une réponse simple et logique au terrorisme, ni comme la défense de l’égalité de genre. C’est plutôt une façon de nier la persistance d’inégalités à l’intérieur de la société française (inégalités qui vont du genre à la race et à l’ethnie). Ces inégalités ne sont pas accidentelles ; elles sont consubstantielles à un système politique qui fait du « même » abstrait le fondement de l’égalité, et de la différence sexuelle concrète l’exception et la justification d’une inégalité qui, parce qu’elle est « naturelle », ne peut pas être nommée.

C’est peut-être une autre manière de dire que toute l’attention portée à l’inégalité qui caractériserait le sort des seules femmes musulmanes est un moyen d’évacuer les problèmes concernant les femmes françaises en général — différents bien sûr, mais qui n’ont pas été résolus par la loi (le vote, les modifications du Code civil, la parité) ni par d’autres moyens. Une chose est sûre, si l’inégalité de genre existe également dans le monde anglo-américain, elle n’a pas pris la forme de cette obsession des femmes musulmanes et de leurs voiles dont on peut dire qu’elle est une singularité française.

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« L’Arabe dans le poste », le portrait jubilatoire d’une avant garde https://mondafrique.com/video/larabe-dans-le-poste-le-portrait-jubilatoire-dune-avant-garde/ Tue, 15 Apr 2025 05:40:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=102128 Les images d’archives des bidonvilles aux banlieues collent avec la force des témoignages dans ce documentaire où l’émotion ne tombe jamais dans le pathos. C’est une question de rythme, de ton et de zapping permanent qui donne un petit air rigolard à « L’Arabe dans le poste ».

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Ils sont comment les Arabes à la télé ? C’est la question centrale des trois volets de l’excellent documentaire réalisé pour TMC par Youcef Khemane, « L’Arabe dans le poste ». Cette galerie de portraits savoureux dessine les contours d’une avant garde talentueuse décidée à s’imposer, non sans mal, dans le monde médiatique français.

Une chronique d’Ahmed Boubeker

C’est l’histoire de millions de Français qui raconte la France d’aujourd’hui à travers un demi-siècle d’archives. Avec des bons souvenirs comme le visage de Zidane projeté sur l’arc de triomphe après la victoire des bleus lors de la coupe du monde de 1998. D’autres figures font rire, comme celle de Jamel Debbouze, ce diable de petit gnome franco-marocain qui crève l’écran depuis presque un quart de siècle. Mais la mémoire cathodique des héritiers de l’immigration maghrébine est d’abord empreinte de tristes clichés publics made in France, comme en témoignent quelques écoliers en 1975 : « sale Arabe ! » « retourne dans ton pays ! » « Sidi bouffe tout même la gamelle ! »

Medhi Charef n’a quant à lui pas connu de pire insulte que celle de « crouille » qui dériverait pourtant du mot « frère » en Arabe. L’écrivain-réalisateur ajoute que c’est pour crever ces stéréotypes « qu’il fallait montrer qu’on pouvait faire autre chose et s’exprimer culturellement. » Et c’est précisément cette créativité des franco-arabes qui a transformé le paysage artistique hexagonal, l’ouvrant à d’autres héritages culturels, d’autres modes d’expression. « Ces cultures-là sont des patrimoines de France » résume l’historienne NaïmaYahi.

« C’est dur d’être Français d’origine… » dit un des protagonistes du documentaire. Français d’origine arabe bien-sûr !

À une exception près, ils font pourtant tous partie de l’élite les interlocuteurs de Youcef Khemane, pour ne pas dire de la France des paillettes showbiz – la Tchi-tchi comme on surnommait jadis en Algérie la jeunesse dorée. A la différence près qu’ils ne sont pas nés du bon côté de la bourgeoisie, les Medhi Charef, Rachida Dati, Ramzy Bedia, Mohamed Cheikh et autre comte de Bouderbala. Les images d’archives des bidonvilles aux banlieues collent avec la force des témoignages dans ce documentaire où l’émotion ne tombe jamais dans le pathos. C’est une question de rythme, de ton et de zapping permanent qui donne un petit air rigolard à « L’Arabe dans le poste ».

D’ailleurs la question « peut-on rire de tout avec les Arabes et sur les Arabes ? » est elle-même posée par le réalisateur qui n’hésite pas à se mettre en scène. Samy Ameziane, dit « Le comte de Bouderbala », qui a redonné vie au célèbre « Caveau de la République » où des milliers de spectateurs peuvent apprécier son « one-man show », élude la question.

L’acteur-humoriste Ramzy Beda garde quant-à-lui son ton enjoué lorsqu’il évoque le temps des beaufs flingueurs « en marcel avec des gros ventres ». C’était pourtant parfois tragique. Triste le plus souvent, comme la misère des travailleurs immigrés, balayeurs, maçons, cantonniers, pour la plupart illettrés et même sans nom patronymique et sans date de naissance comme le paternel de Rachida Dati. Triste même sous des allures comiques, comme La Zoubida de Vincent Lagaf – « et le scooter Moktar l’avait volé… » – resté durant onze semaines à la première place du top 50.

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Le rire, l’arme anti préjugés

« L’Arabe dans le poste » souligne que c’est précisément pour échapper à ces stéréotypes cathodiquement égrenés dans les foyers français que des figures de la diversité vont « retourner le stigmate ». Pionnier dans le genre one-man show qui détourne les codes du racisme en s’armant d’humour, Smaïn monte son premier spectacle en 1986, « A star is beur ». C’est un sens de la tchatche, une capacité d’improviser, de mêler les langages et d’interagir avec le public qui va permettre à l’esprit blagueur des cités de franchir les portes des grands cafés théâtres. Et d’être invité au programme de certaines émissions de divertissement.

Petit gaillard handicapé n’ayant que sa gouaille et son culot pour réussir, Jamel Debbouze s’inspire de l’exemple des grands humoristes noirs américains pour inventer un stand-up de banlieue qui chamboule la scène comique parisienne. Tout l’art est dans le retournement du stigmate et dans l’autodérision. Smaïn avait ouvert la voie, mais Jamel Debbouze a la culture des banlieues du hip-hop en plus. Repéré par radio Nova, il fait ses débuts télé en 1996 sur Paris-Première avant de lancer sa chronique Le cinéma de Jamel sur Canal + en 1998. Et il participe peu après à la série H qui confirmera ses premiers succès aux côtés d’un autre monstre sacré de l’humour des banlieues : Ramzy Bedia. La réalisatrice Melha Bédia peut ainsi évoquer « un humour maghrébin en France sous Label AOC ».

Le rire comme arme contre les préjugés ? Il y aurait mieux encore : la France black-blanc-beur de 1998 qui gagne comme « arme de dissuasion massive ». L’autrice Nesrine Slaoui confie à « L’Arabe dans le poste » qu’elle aurait appris la Marseillaise grâce à Zidane. Et Melha Bédia de préciser à propos du dieu du stade : « Il a mis deux buts et on n’était plus des rebeus. 6-7 ans plus tard, il remet un coup de tête et on redevient des rebeus… » Ramzy Bedia évoque quant à lui l’éphémère âge d’or d’un patrimoine franco-arabe en phase avec la société qui aurait duré de 1998 au 11 septembre 2001 – date des attentats islamistes aux USA. « La peur nous a désunis » confit une protagoniste du docu.

Plus critique, l’historienne Naïma Yahi dénonce la fragilité et les paradoxes de cette France « Black-blanc-beur » qui ne tenait que sur quelques symboles d’intégration ou de réussite.

Sans « la Marche » de 1983, l’acte fondateur, ni Karim Kacel, ni Rachid Arhab, ni Smaïn, ni Azouz Begag, ni même Rachida Dati ou Najat Vallaud-Belkacem n’auraient été possibles.

Des Beur-geois aux Arabes de France

C’est pourtant la réserve qu’on pourrait fémettre sur « L’Arabe dans le poste ». L’émission ne repose-t-elle pas sur une galerie de portraits de l’élite artistique franco-maghrébine ? Il y a une quarantaine d’années, on les aurait appelé des « beur-geois ». A l’époque, dans la foulée de la Marche pour l’égalité et contre le racisme (dite « marche des beurs ») le triomphe médiatique des beurs apparaît comme l’illustration d’un avenir multiculturel de la société française. On peut alors croire que l’héxagone ouvre ses portes à ces nouveaux acteurs. Quinze ans avant la France black blanc beur de 1998, la « mode beur » connaît un véritable succès public. Un look ouvert sur la diversité s’impose comme une voie d’accès à des carrières dans le spectacle, le journalisme, la culture ou la politique. Sans « la Marche » de 1983, l’acte fondateur, ni Karim Kacel, ni Rachid Arhab, ni Smaïn, ni Azouz Begag, ni même Rachida Dati ou Najat Vallaud-Belkacem n’auraient été possibles.

C’est malheureusement ce que néglige le documentaire de Youcef Khemane qui gomme toute dimension politique. Jusqu’à faire l’impasse sur la Marche de 1983 ! Néanmoins, si la reconnaissance de la génération beur a pu introduire de la diversité dans le domaine public, cet espace de publication s’est refermé au tournant des années 1980. Les beurs sont victimes de leurs succès médiatiques. Ainsi, alors qu’ils doivent tant à leurs origines et aux luttes des banlieues, les premiers de cordée de la culture beur revendiquent une coupure avec l’immigration et les quartiers au nom de leur statut d’artiste. Ainsi proclamait à l’époque le cinéaste Medhi Charef : « je ne parlerai plus des banlieues, les jeunes comme moi doivent d’abord exorciser leurs origines passées ». « Tout ce qu’on veut, c’est travailler et devenir riche et célèbre.»[1] ajoutait le scénariste de BD, Farid Boudjellad.

Cependant, l’appellation beur (Arabe en verlan arabisé) qui avait donné aux héritiers de l’immigration le sentiment d’une appartenance sociale valorisée prend très vite une connotation négative. Galvaudé par les médias, le terme ne désigne plus bientôt qu’une « beur-geoisie » du centre-ville, loin des cités périphériques. Et c’est alors en réaction, en 1985, qu’émergent des mouvements comme les Jeunes Arabes de Lyon et banlieue (JALB) qui revendiquent une arabité française qui prend une dimension culturelle et militante. 

Un patrimoine arabe de France

Naïma Yahi confie que son héros arabe de France à elle, c’est le chanteur compositeur Rachid Taha : « Il était beau, charismatique et comme nous. Lui, il nous a enlevé la honte et rendu fiers de notre patrimoine et de nos parents. » Dès le début des années 1980, Rachid Taha et les musiciens de Carte de Séjour ont su marier rock et musique orientale. Le groupe a été porté par la vague du mouvement beur : chacune de ses chansons renvoie à un aspect du vécu des jeunes de banlieue (crimes racistes, discriminations, contrôles au faciès…) et en 1987 le Bus d’Acier, oscar du rock, semble consacrer sa réussite. Le 15 juin 1985 sur la place de la Concorde, devant un public de 200 000 personnes, le groupe s’apprête à chanter sa version de « Douce France » : « quoi ? demande Rachid Taha, il y a des gens qui ne sont pas d’accord ? … c’est aussi notre patrimoine ! Qui c’est qui siffle ? Les Français racistes ou les Arabes racistes ? »

Pourtant malgré un succès d’estime, le morceau le plus connu de Carte de Séjour a du mal à se vendre, boycotté qu’il est par les radios-télés au même titre que ses albums en Arabe. Des années plus tard, toujours boudé par les prescripteurs médiatiques du public français, malgré les échos dithyrambiques du concert « Un, deux, trois soleils » (Avec Cheb Khaled et Faudel), Rachid Taha trouve une vraie consécration de sa musique à l’étranger, notamment avec le succès planétaire de sa reprise du titre Ya Rayah de Dahmane El Harrachi. Le Raï est resté une musique du Maghreb malgré l’accueil enthousiaste des familles immigrées et quelques rares vedettes qui accèdent au PAF. « En 2023, on ne veut toujours pas entendre ces chants dans le poste, même si une nouvelle scène arabe émerge » déplore Naïma Yahi.

Mais le Raï n’a jamais été vraiment la source d’inspiration de Rachid Taha et ses deux albums Dîwan (1998, 2006) compilent plutôt des compositions Chaâbi qui ont été les ritournelles du travailleur immigré. Taha le visionnaire a compris le premier la richesse du patrimoine des chanteurs de l’immigration. Il est suivi par d’autres artistes comme Mouss et Hakim de Zebda (du mot beurre en Arabe). Dans la dynamique du groupe toulousain et des Motivé-e-s (mouvement citoyen les Motivé-e-s qui obtiendra 12,38% des voix aux Municipales de 2001 à Toulouse) le festival « origines contrôlées » produit en 2007 un album « Chansons de l’immigration algérienne » : « Nous voulons être les passeurs concernés du patrimoine culturel de l’immigration dans son ampleur et sa diversité. Ce travail de réappropriation n’entend pas bercer les nouvelles générations dans la seule nostalgie, il ne se limite pas à souligner l’actualité de certaines chansons engagées. Il s’agit de construire une véritable conscience de soi comme acteur historique. »[2]

Une mémoire politique des banlieues

Dès les années 2000, cette réhabilitation de la mémoire immigrée est aussi à l’œuvre dans d’autres domaines de la création artistique comme le cinéma et ses échos TV. Ainsi le film de Rachid Bouchareb (2006), « Indigènes » qui a reçu de multiples récompenses rend hommage aux soldats maghrébins qui ont payé un lourd tribut pour libérer la France occupée. Le long métrage est coproduit par Jamel Debbouze et il y joue aussi le rôle principal. Après Indigènes, de nouveaux longs métrages historiques poursuivent le mouvement d’inscription de l’immigration dans l’histoire nationale : la guerre d’Algérie (Hors la loi Bouchareb-2010) le monde ouvrier (Chroniques d’une cour de récrée, Brahim Fritah-2012)

Car le pays des droits de l’homme a de plus en plus de mal à se situer relativement à une différence qui lui est devenue intérieure. Même si des comédiens comme Jamel Debbouze comptent désormais parmi les personnalités préférées des Français. Même si le Rap des banlieues s’impose comme la locomotive de notre industrie du disque. Même si le cinéma d’Abdallatif Kechiche obtient la palme d’or au festival de Cannes 2013. Même si Slimane chantera « Mon amour » au nom de la France pour L’eurovision 2024. Même si La création culturelle hexagonale apparaît de plus en plus produite par les minorités.

Naïma Yahi tient le fil conducteur du documentaire. L’historienne s’est en effet distinguée récemment par un appel publié dans le Monde cosigné avec Salah Amokrane (figure des Motivé-e-S toulousains) pour l’ouverture d’États Généraux de l’histoire et de la mémoire politique, culturelle et sociale des quartiers populaires. Invités à L’Elysée avec des acteurs associatifs le 3 décembre dernier dans le cadre du quarantième anniversaire de la Marche des beurs, Yahi et Amokrane ont été pris au mot par Emmanuel Macron. Il aurait déclaré : « On en fait dès janvier un chantier présidentiel ! » Loin de toute référence communautaire ou arabe bien-sûr, mais comme l’a souligné l’historienne, « On ne peut pas célébrer l’universalisme si on continue à ne pas voir et à ne pas transmettre l’histoire des quartiers populaires. »[3]

Encore s’agit-il de ne pas sacrifier la dimension militante et politique sur l’autel  de la culture et de ses premiers de cordée. 

[1] Boubeker Ahmed, Beau Nicolas, Chroniques Métissées, l’histoire de France des jeunes arabes, Alain Moreau, 1986

[2]Revues Origines contrôlées, n°3, automne 2007

[3] Libération, 9 décembre 2023

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Notre entretien video avec Jojo Sk, pionnier de l’Afrobeats https://mondafrique.com/video/notre-entreien-video-avec-jojo-sk-pionnier-de-lafrobeats/ Sat, 12 Apr 2025 12:33:01 +0000 https://mondafrique.com/?p=125564 Jordan, alias Jojo Sk, est dj et producteur, un des initiateurs de l’Afrobeats, un terme décrivant la fusion des sons provenant du Ghana et du Nigeria. Il est membre fondateur du collectif Sixtion qui organise des événements et participe à des dj set partout à travers le monde Un entretien avec Christophe Barrayre, journaliste et […]

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Jordan, alias Jojo Sk, est dj et producteur, un des initiateurs de l’Afrobeats, un terme décrivant la fusion des sons provenant du Ghana et du Nigeria. Il est membre fondateur du collectif Sixtion qui organise des événements et participe à des dj set partout à travers le monde

Un entretien avec Christophe Barrayre, journaliste et éditeur, ancien créateur et producteur à France Inter de l’émission « Affaires Sensibles »

Aujourd’hui, l’afrobeats est partout. Comment expliquer que ce son né au Nigéria, si spécifique et original, ait réussi à conquérir le monde en à peine dix ans ? Afrobeats : phénomène mondial part à la recherche de la recette magique derrière ce nouveau genre musical. Un documentaire et une enquête où se dessine le portrait d’une musique et d’une jeunesse globalisée propre à notre époque. Passionnant!

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Ces armes chimiques qui tuèrent les maquisards algériens https://mondafrique.com/video/ces-armes-chimiques-qui-tuerent-les-maquisards-algeriens/ Fri, 11 Apr 2025 05:54:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=131573 Le récent film documentaire de Claire Billet Algérie, sections armes spéciales, disponible sur la plateforme France TV, vient jeter une lumière crue sur l’utilisation massive de gaz asphyxiants par la France durant la guerre d’Algérie – des faits largement méconnus qui, du fait de l’amnistie générale incorporée dans les accords d’Évian, ne peuvent être jugés. L’historien Christophe […]

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Le récent film documentaire de Claire Billet Algérie, sections armes spéciales, disponible sur la plateforme France TV, vient jeter une lumière crue sur l’utilisation massive de gaz asphyxiants par la France durant la guerre d’Algérie – des faits largement méconnus qui, du fait de l’amnistie générale incorporée dans les accords d’Évian, ne peuvent être jugés. L’historien Christophe Lafaye, dont les travaux se trouvent à l’origine du documentaire, revient ici en détail sur ces années de guerre chimique.

Chercheur associé au laboratoire LIR3S de l’université de Bourgogne-Europe, Université de Rouen Normandie


Rappelons les faits : entre 1956 et 1962, en Algérie, la France a expérimenté, autorisé puis utilisé des armes chimiques pour capturer ou tuer les soldats de l’Armée de libération nationale (ALN) s’étant abrités dans des grottes, casemates ou silos à grains. Elle a aussi, systématiquement, traité par ces moyens chimiques les grottes trop vastes pour être détruites, afin d’empêcher leur réutilisation. Plus de soixante ans plus tard, certaines de ces grottes restent extrêmement dangereuses pour qui s’y aventurerait.

La batterie armes spéciales (BAS), créée au sein du 411e régiment d’artillerie antiaérienne, le 1er décembre 1956, a formé près de 119 « équipes de grottes » dans toute l’Algérie, jusqu’à la mi-1959.

 
 
Insignes de la BAS du 411ᵉ régiment d’artillerie antiaérienne. Fourni par l’auteur

À la faveur de la réorganisation des forces françaises et de la mise en œuvre du plan Challe, ces équipes furent ensuite regroupées en « sections armes spéciales de zones ».

Une guerre chimique orchestrée depuis les hautes sphères militaires

En 1956, à la demande de l’état-major de la 10ᵉ Région militaire (RM), le commandement des armes spéciales (CAS), dirigé par le général Charles Ailleret, réalise une étude visant à déterminer si les armes chimiques peuvent répondre à un certain nombre de problèmes tactiques rencontrés par l’armée française sur le terrain – notamment la difficulté à neutraliser les grottes et caches souterraines utilisées par les indépendantistes algériens.

Algérie sections armes spéciales, réalisé par Claire Billet/Image Olivier Jobard
 
Extrait du film Algérie, sections armes spéciales. Cliquer pour zoomer. France TV/Solent Production/Crédits Olivier JobardFourni par l’auteur

Une lettre signée du ministre de la défense Maurice Bourgès-Maunoury, retrouvée aux Archives militaires de Vincennes, indique que le ministère a voulu encadrer l’usage de ces armes chimiques (rappelons qu’une arme chimique est une arme utilisant au moins un produit chimique toxique pour les êtres humains) :

« Sur les propositions du Commandement des Armes Spéciales faites pour répondre à des demandes du Général commandant la 10e région militaire le général Henri Lorillot […], certains procédés chimiques pourront être employés au cours des opérations en Algérie. […] Ces procédés ne devront mettre en œuvre que des produits normalement utilisés dans les différents pays pour le maintien de l’ordre souligné. »

Le ministre conclut prudemment :« Ils ne devront être employés qu’à des concentrations telles qu’elles ne puissent entraîner aucune conséquence grave pour des individus soumis momentanément à leurs effets. »

Le général Lorillot accuse réception de cette lettre le 21 mai 1956, en y ajoutant cette précision :« Ces corps chimiques ne devraient être employés qu’à des doses qui ne soient pas susceptibles d’entraîner de conséquences physiologiques […], sauf si les individus s’obstinaient volontairement à y séjourner pendant de longs délais. » Les essais en cours durant l’année 1956 ont très certainement laissé transparaître la létalité des gaz…

Des armes spéciales pour une guerre souterraine

Cette utilisation des moyens chimiques rappelle la pratique des enfumades de 1844-1845, pendant la conquête coloniale de l’Algérie. Toutefois, les enfumades – comme celle du Dahra en juin 1845 où périt la tribu des Ouled Riah – répondaient à une logique de conquête. Les colonnes infernales du général Bugeaud voulaient soumettre le pays par la terreur. Le crime de masse – environ 900 personnes, hommes, femmes, enfants tués à Ghar el-Frechih – était considéré comme un moyen d’assujettir les populations par la terreur. Cette logique accompagnait celle de la terre brûlée.

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Mais lors de la guerre d’indépendance, l’utilisation des sections armes spéciales répondait avant tout à un besoin tactique. Comment vaincre l’ALN retranchée dans des refuges souterrains sans trop de pertes ?

Les armes chimiques devaient conférer un avantage à l’armée française. Si les maquisards sortaient des grottes, ils pouvaient être interrogés par les officiers du renseignement. S’ils restaient dans les refuges souterrains, ils mouraient. Beaucoup de combattants préféraient se battre jusqu’à la mort, plutôt que de risquer la torture et l’exécution sommaire qui suivait souvent.

Par ailleurs, dans certaines régions, ces cavités souterraines servaient aussi d’abris pour les populations lors des opérations de l’armée française. C’est dans ce cadre-là que se sont produits des crimes de guerre, comme celui de Ghar Ouchettouh, les 22 et 23 mars 1959. Pour la survenue ou non de ces crimes, tout semble dépendre du commandement français sur le terrain et de la considération portée aux populations civiles.

Contraire au protocole de Genève, pourtant signé par la France en 1925, cette utilisation des gaz toxiques donne donc l’avantage à l’armée française en cas d’assaut. Nous estimons de 5 000 à 10 000 le nombre de combattants algériens tués par armes chimiques.

Les armes chimiques employées en Algérie ne sont pas particulièrement innovantes. À la base du cocktail ? Des produits utilisés pour les opérations de maintien de l’ordre : le CN est un composé de gaz CN (chloroacétophénone), le DM (adamsite) un dérivé de l’arsenic et le Kieselguhr une terre siliceuse très fine qui servait à transporter les particules de gaz très profondément dans l’organisme. C’est la combinaison de ces trois éléments fortement dosés qui aboutit à la création d’un gaz (le CN2D) lequel peut rapidement se révéler mortel en milieu clos en provoquant une asphyxie ou des œdèmes pulmonaires.

Certaines archives laissent aussi apparaître la possible utilisation d’autres gaz toxiques. Mais en l’état actuel des sources accessibles, en France et en Algérie, il est difficile de confirmer ces soupçons.i« Pourquoi les armes chimiques choquent-elles plus que les autres ? », Le Monde (201

Nous avons construit cette base de données d’environ 450 opérations sur toute l’Algérie, à partir de l’exploitation des archives françaises ouvertes. Mais il y en a beaucoup plus. Dans les archives du ministère des armées, un seul document laisse entrevoir, pour l’année 1961, 903 grottes « traitées » par les différentes unités spécialisées, ce qui a permis de mettre 317 Algériens hors de combat (tués ou prisonniers). Nous sommes donc face à une guerre chimique beaucoup plus vaste entre 1956 et 1962. Seule l’ouverture en France des archives du ministère des armées permettrait d’avoir un aperçu plus complet.

Pour autant, les révélations sur la guerre chimique française en Algérie sont-elles réellement une surprise ?

On le savait : les témoins avaient parlé

Très tôt, les récits publiés par certains anciens combattants font sortir cette histoire de l’ombre.

« L’odeur du gaz, je la sens encore, et la mort aussi. À l’intérieur de la grotte, en 15 minutes, on mourait asphyxié ! », affirme-t-il dans le récent documentaire Algérie, sections armes spéciales.

  • La même année, Georges Salins témoigne de la création et des premières opérations de la BAS du 411e RAA dans l’ouvrage collectif dirigé par Claude Herbiet Nous n’étions pas des guerriers : 50 témoignages d’anciens d’Afrique du Nord (1952-1962).

  • En 2010, un autre ouvrage collectif d’anciens combattants de la section de grottes de la 75e compagnie de génie aéroporté (CGAP) détaille leurs opérations, ainsi que les techniques, tactiques et procédures de combat.

  • En 2013, Jean B. publie à compte d’auteur le récit de son passage dans la section armes spéciales de la 52e compagnie de génie de zone (CGZ).

  • En 2015, Jean Vidalenc retranscrit son expérience d’appelé de la section armes spéciales de la 71e CGZ.« La grotte, on savait qu’on devait la fouiller. Plus vite on la fouillait, plus vite on en finirait : fouiller, gazer et, si possible, faire sauter l’entrée ! », témoigne l’ancien combattant dans le film de Claire Billet.

  • En avril 2022, la documentariste Claire Billet reprend une partie de ces témoignages pour rédiger une enquête sur la « Guerre des Grottes » pour la revue XXI.

  • Plus récemment, en mars 2025, Claire Billet réalise à ce sujet Algérie, sections armes spéciales, diffusé pour la première fois sur la chaîne de télévision RTS 2 en Suisse. Prévu sur France 5, il a été déprogrammé une semaine plus tard avant d’être mis en ligne sur la plateforme France  TV.

Un secret qui n’en est donc pas un

Comment se fait-il que la recherche historique se soit si peu intéressée à ce sujet ? Pourquoi une vérité aussi bien documentée reste si peu audible ? L’éditeur Nils Andersson se souvient en 2024 : « Il y avait des informations sur l’usage de moyens chimiques, notamment du napalm, toujours démenties, pour autant certaines. Contrairement aux sources d’information sur la répression s’appuyant sur des témoignages de victimes, des témoins des exactions, des avocats ou des fuites au niveau de l’administration, assurant la vérité des faits, s’agissant des actions militaires et des moyens utilisés par l’armée, les sources d’information étaient rares et difficiles à confirmer. »

Tous les débats politiques et sociétaux se concentraient sur la dénonciation de la torture, des exécutions sommaires, des viols et des disparitions orientant le regard des historiens des années 1990 travaillant sur les violences coloniales.

En réalité, le secret autour de la guerre chimique n’était pas absolu pour qui souhaitait enquêter. Dès 1960, dans l’ouvrage la Pacification, d’Hafid Keramane, on pouvait lire cette description de la BAS du 411e RAA : « Il existe dans la banlieue d’Alger une compagnie Z formée en majorité de sous-officiers appelés ou de carrière. Leur instruction sur l’utilisation des gaz est assurée à Bourges (école d’armes spéciales). […] Leur rôle : participer aux opérations au cours desquelles les hors-la-loi sont surpris dans les grottes. L’équipe des techniciens est envoyée avec des grenades à gaz et un matériel protecteur. Les grenades sont projetées par dizaines dans l’ouverture de la grotte. Après une attente plus ou moins longue, un suspect est envoyé à l’intérieur. Si l’on tire dessus, c’est que les hors-la-loi sont encore vivants. On jette de nouvelles grenades… L’attente peut être très longue suivant l’état et la profondeur de la grotte. Enfin, les hommes revêtus de leurs vêtements protecteurs iront “inventorier” l’intérieur. Officiellement […], on utilise des gaz lacrymogènes “renforcés”, autorisés par les conventions de Genève. Or, la composition chimique de ces gaz comme les brûlures relevées sur les victimes [l’attestent] permettent d’affirmer qu’il ne s’agit pas de lacrymogène, mais d’aminodichloroarsines (gaz très lourd, brûlant les tissus intérieurs et extérieurs, théoriquement interdits entre belligérants). »

Dans le livre Nuremberg pour l’Algérie !, d’Abdessamad Benabdallah, Mourad Oussedik et Jacques Vergès, paru en 1961, on pouvait lire la description d’une opération sous la plume du sergent Claude Capenol : « Il y a quatre jours, les soldats du 2/43 nous ont amené un fell [fellaga] qu’ils avaient capturé en patrouille. Nous l’avons fait parler et il en est résulté qu’il nous a fourni l’endroit d’une cache d’Ain-Roua. Aussitôt opération et bouclage, c’est fini à midi. Bilan de l’opé : d’abord les militaires ont gazé la grotte qui fait 180 mètres de profondeur […]. Ils sont entrés dedans et ont sorti 12 fells dont 2 sous-chefs et 1 aspi (qui est mort suite aux gaz). Toutes les armes ont été récupérées. »

Plus surprenant, la confirmation de l’existence de ces sections armes spéciales est donnée par l’armée elle-même.

La France exposait ses propres crimes

Dans son édition du 23 février 1961, le journal le Bled, hebdomadaire des Forces armées, met même à l’honneur l’action des « hommes-grotte du génie » de la section armes spéciales de la 62e CGZ.

Les « hommes-grotte » du génie (reportage) »
 
Journal « le Bled », hebdomadaire des Forces armées, 23 février 1961.Fourni par l’auteur

La couverture présente deux soldats en combinaison butyl et en masque à gaz, portant chacun une lampe et un pistolet automatique. Et on peut y lire :

« Aujourd’hui, une section “armes spéciales” […] se livre aux joies de la spéléologie. Lorsque des fellaghas ont cherché refuge à l’intérieur d’une grotte, il faut les en déloger et c’est à cette équipe spécialisée que l’on fait appel. Deux cents caches et grottes ont été visitées. Des documents et des armes furent récupérés à la suite de ces visites, et une véritable “carte d’identité” de chaque grotte est établie. Mais pour éviter qu’elles servent encore de refuges à des rebelles, elles sont souvent détruites, et un gaz, l’arsine, en rend l’air irrespirable. La section grottes revêt un caractère opérationnel : à son bilan, quarante rebelles mis hors de combat. »

L’essentiel est dit.

Les « hommes-grotte » du génie (reportage) »
 
Journal « le Bled », hebdomadaire des Forces armées, 23 février 1961.Fourni par l’auteur

Regarder la guerre en face peut être difficile, pour qui ne veut surtout pas la voir dans toute l’étendue de ses violences, de ses atrocités et de ses pratiques de cruauté. « Nous préférons regarder la guerre de biais plutôt que de face, à tel point qu’avant de nous tromper sur la guerre, nous nous trompons sans doute sur notre propre société et sur nous-mêmes », rappelait l’historien et directeur d’études émérite de l’EHESS Stéphane Audoin-Rouzeau dans une allocution à l’Université de Bordeaux en 2023.

Les responsables des violences coloniales n’ont pas été jugés, ce qui aurait pu édifier les consciences. À défaut, ces violences peinent encore à s’imposer au récit médiatique et politique sur la guerre d’Algérie. Malgré les mémoires douloureuses avivées par leur instrumentalisation politique, il est plus que temps, 63 ans après la fin de la guerre, d’avoir le courage de se confronter à toute la réalité de ce que fut l’action de l’armée française durant le conflit.

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Le pouvoir turc victime d’une sévère crise économique https://mondafrique.com/video/le-pouvoir-turc-victime-dune-severe-crise-economique/ Tue, 08 Apr 2025 01:55:56 +0000 https://mondafrique.com/?p=131156 L’arrestation du maire d’Istanbul, qui devait affronter Recep Tayyip Erdogan à la prochaine présidentielle, a mis le feu aux poudres en Turquie, constatent nos vonfrères de « The Conversation ». . Une large partie de la population est en effet excédée par le durcissement politique constant du pouvoir, qui se déploie sur fond de graves difficultés économiques […]

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L’arrestation du maire d’Istanbul, qui devait affronter Recep Tayyip Erdogan à la prochaine présidentielle, a mis le feu aux poudres en Turquie, constatent nos vonfrères de « The Conversation ». . Une large partie de la population est en effet excédée par le durcissement politique constant du pouvoir, qui se déploie sur fond de graves difficultés économiques et de déréliction du système éducatif.

Directrice de recherche au CNRS, en affectation à l’Institut français d’études anatoliennes (IFEA) à Istanbul, Université de Tours


Les mobilisations récentes en Turquie, qui ont débuté à Istanbul le 19 mars, sont les plus vastes depuis le mouvement de Gezi en 2013, qui avait profondément ébranlé le pouvoir de l’AKP (le Parti de la justice et du développement, islamo-nationaliste, de Recep Tayyip Erdogan). Cette contestation trouve son origine dans l’arrestation, le 19 mars dernier d’Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul et candidat du CHP (Parti républicain du peuple, kémaliste, laïque et social-démocrate) à l’élection présidentielle prévue pour 2028, ainsi que d’une centaine d’autres personnes, dont deux maires d’arrondissement d’Istanbul (Beylikdüzü et Sisli).

Imamoglu, accusé par le pouvoir de corruption dans le secteur immobilier et de soutien au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme une organisation terroriste, a remporté les élections municipales à trois reprises face à l’AKP. Sa dernière victoire, en mars 2024, est liée, d’une part, à sa capacité à unir différents courants politiques de gauche, dont le Parti de l’égalité et de la démocratie des peuples (DEM Parti), issu du mouvement politique kurde, et d’autre part à mettre en œuvre des projets sociaux, tels que l’ouverture de crèches, de cantines populaires et de résidences étudiantes, ainsi que des programmes de rénovation d’ampleur. Sous sa férule, des bâtiments et des sites industriels, mais aussi des édifices historiques en mauvais état ont été réhabilités.


 

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Ces projets, conçus pour servir la population d’Istanbul – avec par exemple l’installation de bibliothèques et de cafétérias à faible coût au sein des bâtiments restaurés – ont significativement contribué à la popularité d’Imamoglu, lui assurant un soutien considérable de l’électorat, à Istanbul mais aussi ailleurs dans le pays. D’où la profonde indignation que les poursuites judiciaires le visant ont suscitée au sein de la société turque.

Un ras-le-bol politique, économique et social de longue durée

Depuis le début de la pandémie de Covid-19, la Turquie est confrontée à de graves problèmes économiques qui se sont encore accentués depuis deux ans. L’inflation persiste, le taux de change du nouveau lira turc s’érode, la dette publique du pays s’accroît, le secteur industriel est en déclin et le coût de la vie pèse sur une large part de la population, dont les revenus sont érodés par l’inflation, malgré une croissance actuellement proche de 3,8 %.

Cette conjoncture économique est associée à un niveau de vie précaire, à une flexibilité accrue du marché du travail et à un taux de chômage élevé, notamment parmi la population des jeunes adultes âgés de 18 à 25 ans. Un nombre significatif de jeunes diplômés éprouve des difficultés à trouver un emploi qui correspond à leurs compétences, nous y reviendrons.

On observe un fort sentiment d’insécurité professionnelle et une paupérisation croissante affectant tant les actifs, spécialement les jeunes, que les retraités, dont les pensions ne couvrent plus les dépenses élémentaires telles que le loyer. Des difficultés exacerbées par l’affaiblissement des syndicats de travailleurs, un cadre législatif favorisant les intérêts des employeurs et diverses réglementations qui restreignent le droit de grève. La sécurité de l’emploi est globalement faible.

Malgré ce contexte économique pénible pour la population, les dispositifs d’aide sociale de l’État sont limités ou inexistants. L’assurance chômage, qui correspond à 40 % du salaire des quatre derniers mois, est soumise à des conditions d’accès rigoureuses et la durée de son octroi est limitée à dix mois au maximum. En outre, l’absence de politiques de logement social et d’aides spécifiques à l’accès au logement constitue un défi majeur pour les travailleurs, spécialement les précaires.

Par ailleurs, les Turcs sont nombreux à estimer qu’il existe une corrélation nette entre l’accès à l’emploi et la proximité avec l’AKP. L’opacité du déroulement des concours publics et les cas de clientélisme favorisant les proches des membres de l’AKP contribuent à la baisse du soutien des Turcs au gouvernement.

À ces difficultés s’ajoute une conjoncture politique particulièrement tendue. Depuis la tentative de coup d’État avortée de 2016, on observe un durcissement du caractère autoritaire du régime, qui instille délibérément un climat de peur, n’hésitant pas à engager des procès à l’encontre d’hommes politiques, de médias d’opposition, de journalistes, d’écrivains, de représentants syndicaux, d’étudiants et de citoyens ordinaires s’exprimant dans les médias télévisuels, pour « incitation à la haine et à l’hostilité à l’égard du président », ainsi que pour « injures publiques » et « propagande terroriste ».

À la suite d’événements majeurs tels que le séisme dévastateur de février 2023, les autorités ont régulièrement recours à des mesures de restriction des réseaux sociaux et de fermeture de sites d’information et de comptes de citoyens, souvent accusés de propagande terroriste quand ils critiquent le pouvoir.

Parallèlement à ce climat d’intimidation, les droits des femmes sont de plus en plus foulés aux pieds, et les féminicides atteignent des niveaux alarmants. Cette conjonction de facteurs a des répercussions sur le bien-être social en Turquie : le pays se situe entre la 112e et la 98e place sur l’indice mondial du bonheur.


À lire aussi : Violences faites aux femmes : l’inquiétante évolution de la Turquie


Le désarroi de la jeunesse éduquée

C’est dans ce climat de tension croissante que les mobilisations ont commencé, initiées par les étudiants de l’Université d’Istanbul, laquelle venait d’annoncer l’annulation du diplôme qu’Imamoglu y avait obtenu en 1994 – or la détention d’un diplôme universitaire est une condition sine qua non pour être candidat à l’élection présidentielle. S’estimant victimes d’une atteinte à la réputation de leur diplôme et de leur université, puisque celle-ci donnait l’image d’être au service du gouvernement, les étudiants se sont rassemblés devant le campus de leur université, situé à proximité du bâtiment de la mairie d’Istanbul, et ont réussi à surmonter le dispositif policier pour y accéder.

Le mécontentement couvait depuis longtemps chez ces jeunes nés dans les années 2000, ayant grandi dans un système éducatif qui, ces dernières années, a subi des réformes visant à promouvoir une éducation conservatrice et prosélyte, où l’enseignement de matières telles que la sociologie, les sciences physiques ou encore les mathématiques a été nettement réduit.

Depuis le milieu des années 2000, l’accès à une éducation de qualité devient un enjeu financier majeur pour les familles qui souhaitent inscrire leurs enfants dans des établissements scolaires privés, leur permettant de se soustraire à l’endoctrinement politique de l’État. Ces établissements privés pratiquent des frais de scolarité souvent exorbitants, ce qui contribue à l’aggravation des inégalités sociales. Par conséquent, de nombreux jeunes se trouvent dans l’incapacité de s’imaginer un avenir au sein de leur pays et se tournent souvent vers l’émigration.

Ceux qui obtiennent un diplôme universitaire ne sont pas nécessairement en mesure de trouver un emploi à la fois gratifiant sur le plan personnel et financièrement avantageux. En outre, l’accès à un emploi stable, ne suffit pas à garantir un épanouissement et un confort dans une économie incertaine qui empêche de faire des projets à moyen terme et dans un pays où la dégradation des libertés individuelles ne permet pas aux gens de vivre et d’organiser leur vie comme ils le souhaitent, même lorsqu’ils disposent d’un bon salaire.

Des étudiants manifestent sur la place Besiktas à Istanbul, le 24 mars 2025. Sadik Gulec/Shutterstock

Par ailleurs, la crise économique actuelle contribue à limiter la réalisation des projets personnels de vie, tels que le mariage, l’accession à la propriété ou l’achat d’une voiture. Ces facteurs cumulés peuvent conduire à un sentiment de désespoir et un mal-être accru chez les jeunes, qui se trouvent privés des rêves et des aspirations qu’ils avaient construits. Cette situation est exacerbée par une tendance croissante au clientélisme dans divers secteurs de la société, ce qui tend à renforcer les inégalités et l’insatisfaction.

Tout cela a explosé après l’arrestation d’Imamoglu, que la majorité des citoyens turcs perçoivent comme une tentative du pouvoir, lequel contrôle de plus en plus étroitement la justice, d’éliminer le seul candidat susceptible de contester la suprématie d’Erdogan lors des prochains scrutins. Le poids politique d’Imamoglu a en effet été étayé par la primaire symbolique qu’a organisée le CHP, après son arrestation, pour l’investir comme candidat officiel du parti face à Erdogan en vue de la prochaine présidentielle, à laquelle ont participé pas moins de 15 millions de citoyens.

Dans un second article qui sera tout publié tout prochainement, nous analyserons plus en détail la mobilisation actuelle, ses mécanismes et ses perspectives.

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Caroline Nourry
Directrice générale The Conversation France
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Jean Noel Barrot à Alger, l’espoir d’un rapprochement https://mondafrique.com/video/jean-noel-barrot-a-alger-lespoir-dun-rapprochement/ Sun, 06 Apr 2025 07:20:39 +0000 https://mondafrique.com/?p=131205 Après six mois de tensions, le 26 février, François Bayrou a annoncé le renforcement des contrôles migratoires et la possible remise en cause des accords bilatéraux de 1968. Et si la situation semble aujourd’hui s’apaiser avec la visite de Jean-Noël Barrot à Alger, qui acte un réchauffement, la mobilité entre les deux pays reste l’un des […]

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Après six mois de tensions, le 26 février, François Bayrou a annoncé le renforcement des contrôles migratoires et la possible remise en cause des accords bilatéraux de 1968. Et si la situation semble aujourd’hui s’apaiser avec la visite de Jean-Noël Barrot à Alger, qui acte un réchauffement, la mobilité entre les deux pays reste l’un des leviers de pression utilisés par les deux parties dans tout conflit les opposant.


Les relations franco-algériennes traversent une crise diplomatique dont les épisodes se multiplient depuis le ralliement officiel de la France à la position marocaine sur le Sahara occidental en juillet 2024. Ces tensions sont de nouveau montées d’un cran après l’attentat de Mulhouse, la France accusant l’Algérie d’avoir refusé à plusieurs reprises de reprendre sur son territoire le suspect, de nationalité algérienne, sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

Lors d’une conférence de presse le 26 février 2025, le premier ministre François Bayrou a donné à l’Algérie six semaines pour accepter une liste prioritaire de ses ressortissants sous OQTF, tout en menaçant de dénoncer l’accord migratoire franco-algérien de 1968, dont il a exigé le réexamen.

Que ce soit par la remise en cause des accords de 1968 ou par la restriction des visas, la mobilité entre les deux pays est régulièrement évoquée comme un des leviers que la France peut utiliser pour exercer une pression sur l’Algérie. Ce fut le cas début janvier, lorsque les autorités algériennes ont interdit à l’influenceur Doualemn, expulsé de France, d’entrer sur leur territoire.

Ce fut également le cas en 2021, lorsque Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, avait été le fer de lance de la réduction drastique du nombre de visas accordés aux Algériens, Marocains et Tunisiens. Pour l’Algérie, la France avait fixé la consigne de refuser un visa sur deux. Le gouvernement français justifiait, déjà, ces mesures par le refus de ces trois pays, dont l’Algérie, de délivrer les fameux laissez-passer consulaires pour exécuter les OQTF de leurs ressortissants en situation irrégulière en France. Les restrictions avaient pris fin en décembre 2022 après des négociations bilatérales lors d’une visite de Gérald Darmanin à Alger, marquant la fin de 16 mois de ce qui avait été qualifié par les médias français de « crise des visas ».

L’octroi et le refus de visas reflètent-ils les heurs et les malheurs des relations bilatérales entre les deux pays ? Les mesures de rétention des visas sont-elles efficaces comme instrument de pression diplomatique, et à quel prix ?

Les visas, reflet ou levier des relations bilatérales franco-algériennes ?

La question des mobilités est un point de crispation récurrent des relations franco-algériennes, en particulier depuis l’instauration, en 1986, d’une obligation pour tout Algérien ou Algérienne se rendant en France de se voir délivrer un visa par les autorités consulaires françaises.

 

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Annoncée comme temporaire, cette mesure n’a jamais été levée, et a même été renforcée lors de l’entrée en vigueur de la convention Schengen en 1995. Depuis cette date, la politique de visa court séjour (moins de trois mois) est commune aux pays membres de l’espace Schengen. Partout à l’étranger là où les ressortissants sont ciblés par cette obligation de visa, les consulats européens traitent les dossiers selon des procédures harmonisées dont l’objectif affiché est de lutter contre tout risque en matière de sécurité ainsi que les migrations « irrégulières ». L’examen des demandes vise à évaluer le « risque migratoire », soit l’éventualité qu’une personne ne retourne pas dans son pays d’origine une fois son visa expiré.

Si les règles sont fixées à Bruxelles, chaque État dispose de marges de manœuvre importantes pour les mettre en œuvre et évaluer chaque demande en fonction de ses sensibilités politiques et diplomatiques. Les statistiques de visas octroyés et refusés par les consulats français en Algérie, rendues publiques par la Commission européenne depuis 2009, mettent en évidence une délivrance singulièrement restrictive. Les Algériens et les Algériennes subissent des taux de refus largement supérieurs aux autres nationalités (33 % de demandes refusées contre 16 % pour la moyenne globale en 2023).

 
Fourni par l’auteur

À ces refus s’ajoute un ensemble de vexations moins visibles, comme les conditions d’accueil du public, longtemps médiocres, ou encore les difficultés d’accès au simple dépôt d’une demande au consulat ou au centre prestataire. Pour décrocher un rendez-vous, il faut parfois attendre plusieurs mois. Face à cette pénurie, cybercafés et intermédiaires à Alger réservent et bloquent les créneaux disponibles, pour les revendre sur le marché parallèle à des prix parfois exorbitants.

Ce verrouillage général de l’accès au visa est ponctuellement compensé par des « gestes diplomatiques » concédés par les autorités françaises pour apaiser les tensions bilatérales : facilités accordées à certaines professions, généralisation des visas à entrées multiples, traitement « bienveillant » des dossiers de conjoints de citoyens français… Ces mesures, exceptionnelles et symboliques, renforcent la conception de l’octroi du visa comme une faveur, réservée à des profils triés socialement.

Les limites et les revers de l’instrumentalisation de la mobilité

Les restrictions de visas, comme celles mises en place entre 2021 et 2022, s’inscrivent dans un contexte où les démarches administratives peuvent déjà constituer un véritable parcours du combattant pour les Algériens souhaitant se rendre en France. Destinée à forcer la coopération des autorités algériennes afin qu’elles réadmettent « leurs » ressortissants en situation irrégulière, cette mesure de rétorsion n’a montré qu’une efficacité « en demi-teinte », d’après un rapport de la Cour des comptes paru début 2024.

Tout comme la délivrance des visas, la réadmission relève d’une décision souveraine : rien n’oblige un État à reprendre sur son territoire un individu dont la nationalité n’a pas été identifiée, comme c’est le cas de nombreux sans-papiers interpellés en France.

De plus, même s’il existe depuis 2020 un mécanisme européen qui conditionne l’octroi des visas à la coopération de pays tiers en matière de réadmission, le gouvernement français a fait cavalier seul, sans se coordonner avec les partenaires Schengen. Enfin, cette diplomatie « de la carotte et du bâton » a pris de court les administrations consulaires. Certes, les agents visas sont socialisés à la « culture du soupçon » qui les pousse à écarter les profils présentant le moins de garanties de retour, mais ils n’étaient pas préparés à mettre en œuvre des consignes chiffrées, à rebours de l’évaluation au cas par cas des dossiers.

En 2023 et 2024, l’Algérie a délivré plusieurs milliers de laissez-passer consulaires, faisant des Algériens la première nationalité reconduite à la frontière française pour la deuxième année consécutive. Cependant, la Cour des comptes n’attribue pas ce résultat à la politique des quotas, et l’explique surtout par la relance d’autres initiatives diplomatiques ainsi qu’une meilleure coordination des services administratifs français (la procédure de demande de laissez-passer étant éclatée entre plusieurs ministères).

Cette approche coercitive en matière de visas s’avère même contre-productive, dégradant l’image de la France à l’étranger. Car s’il ne permet pas d’atteindre les résultats escomptés en matière d’expulsions, ce levier a en revanche des effets délétères sur la dimension humaine de la relation franco-algérienne, affectant la circulation des familles transnationales, les coopérations culturelles et universitaires… En Algérie, de nombreuses personnes qui se rendaient régulièrement en France « n’osent plus » demander de visa, par crainte de se voir opposer un refus arbitraire.

Interrogé dans le cadre de nos recherches, Wassim (le prénom a été modifié), la trentaine, entrepreneur à Alger, porte un regard particulièrement désabusé sur les possibilités de voyager en France : « dans mon entourage, il n’y a que des refus complètement irrationnels. Ce sont des gens qui ont souvent eu des visas, qui sont mariés, avec des enfants, des situations stables… je ne vois aucune raison objective de refuser un visa à une personne comme ça ». Pour sa prochaine demande de visa, Wassim tentera sa chance avec le Canada.

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Video, le président libanais Aoun en visite en France https://mondafrique.com/video/video-le-president-aoun-en-visite-en-france/ Fri, 28 Mar 2025 18:04:49 +0000 https://mondafrique.com/?p=130603 Au milieu du chaos libanais survit, comme un radeau dans la tempête, la petite armée libanaise, respectée par le peuple. La dernière, toute dernière institution qui tient encore debout. Et à sa tète, se trouvait le commandant en chef de l’armée libanaise désigné le 8 mars 2017, le général Joseph Aoun devenu le Président du […]

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Au milieu du chaos libanais survit, comme un radeau dans la tempête, la petite armée libanaise, respectée par le peuple. La dernière, toute dernière institution qui tient encore debout. Et à sa tète, se trouvait le commandant en chef de l’armée libanaise désigné le 8 mars 2017, le général Joseph Aoun devenu le Président du pays et aujourdhui à la tète du pays

Ce militaire consensuel, 58 ans, a la réputation d’un homme intègre et honnête, une denrée rare au Liban. Pas de fortune personnelle, ni de propriétés hollywoodiennes, aucune affaire de corruption. Un homme simple, qui collectionne les couteaux et poignards en souvenir de sa formation dans les forces spéciales, qui ne sort pas et vit très modestement.

Joseph Aoun qui vient de la communauté maronite d’où le Président de la République doit être originaire a toujours été apprécié par l’ensemble des forces politiques. Ce haut gradé dirige une armée composée  d’une bonne moitié d’officiers chrétiens. Encore que ces dernières années, le Président Michel Aoun, allié du Hezbollah, qui a quitté le pouvoir en octobre 2022, a fait pression pour que des militants de son mouvement, le Courant Patriotique Libre (CPL), grossissent les rangs de ses sympathisants au sein de l’institution militaire.
Le général Joseph Aoun doit compter également avec des sous-officiers  sunnites pour 35% et chrétiens pour 28%. Un quart seulement de la hiérarchie militaire intermédiaire est chiite, mais pas nécessairement sous l’influence du Hezbollah. « Ces dernières années, observe un officier, l’accent mis par l’armée sur le recrutement des femmes a été certainement un moyen habile d’éviter la venue de militaires qui soient des musulmans fondamentalistes ».
Au Liban, tout a été ces dernières années affaire de dosage. Des gradés au sein de l’armée sont connus pour leur proximité avec le Hezbollah comme le général Malek Chamas, qui fut longtemps membre du conseil militaire et directeur général de l’administration. Ses fonctions précédentes comme commandant adjoint du secteur du Sud du Litani, directeur adjoint des Renseignements et coordinateur du gouvernement Libanais près de la FINU, montrent à quel point les équilibres communautaires sont respectés au sein de l’institution militaire.

Lorsque le Hezbollah, ces deux dernières années, s’employait à imposer son propre candidat cà la Présidence libanaise, les forces chrétiennes n’étaient pas loin de se rallier au général Aoun. Depuis la décapitation du mouvement chiite par l’armée israélienne, les chefs de clans, Samir Geagea à la tète des Forces Libanaises et d’autres, se sont ralliés à son panache

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