Brenda Biya, fille aînée du président du Cameroun, a fait son coming out. Une annonce qui a fait l’effet d’un véritable séisme sociopolitique au Cameroun, où l’homosexualité est très sévèrement réprimée.
Contrairement à son grand frère Franck Biya, pressenti pour succéder à leur père Paul Biya (au pouvoir depuis 1982) à la tête du Cameroun, Brenda Biya est certainement, de tous les enfants de Paul Biya (et même des autres chefs d’États de la sous-région), la plus iconoclaste.
Âgée de 26 ans, la jeune femme, qui a suivi une scolarité en Suisse dans un collège prestigieux à Versoix avant de poursuivre ses études aux États-Unis, puis d’être admise à l’École nationale d’administration et de magistrature (ENAM) du Cameroun, n’a pas suivi le chemin qui semblait lui être tracé.
Jet-setteuse et rappeuse
La jeune femme est très active sur les réseaux sociaux, où elle affiche un train de vie particulièrement luxueux. Un train de vie qui peut paraître indécent au regard de la situation dans laquelle vit l’écrasante majorité de ses compatriotes au Cameroun, et qui a été très abondamment critiqué dans la presse. C’est sur ces réseaux sociaux qu’elle s’était plainte d’être victime de racisme de la part d’un chauffeur de taxi à Los Angeles, qu’elle avait pris pour une course à 400 dollars (alors que le revenu mensuel brut d’un Camerounais en 2022 était de 138 dollars). Des courses de ce montant, qu’elle affirme prendre tout le temps.
Après s’être lancée dans la mode sans grand succès, Brenda Biya s’est tournée vers la musique, particulièrement dans le rap. Si son choix n’est pas une première pour un enfant de chef d’État africain (Ali Bongo a bien tenté une carrière musicale avant elle, et plus récemment, la princesse d’Eswatini s’est lancée dans le rap), ce choix a particulièrement surpris et embarrassé le pouvoir camerounais. King Nasty, son nom de scène, n’a pas encore, pour l’heure, conquis le haut des classements musicaux.
« Je suis folle de toi et je veux que le monde le sache. »
Le 30 juin 2024, Brenda Biya publie sur son compte Instagram une photo d’elle embrassant sa compagne, la mannequin brésilienne Layyons Valença, avec en légende en anglais : « Je suis folle de toi et je veux que le monde le sache. » Si officiellement, le pouvoir camerounais n’a pas réagi, la jeune femme explique à nos confrères du Parisien : « Mon frère m’a appelée le premier. Il était en colère, surtout à cause de la manière dont je l’avais fait, parce que je l’avais annoncé sur les réseaux avant de lui en parler. » Elle explique aussi que ses parents lui ont demandé de supprimer sa publication, ce qu’elle a refusé, et que « depuis, c’est silence radio. »
À propos de la pénalisation de l’homosexualité dans le pays que gouverne son père, Brenda Biya a déclaré : « Cette loi existait avant que mon père soit au pouvoir. Je la trouve injuste et j’ai l’espoir que mon histoire la fasse changer. »