« Le chef du gouvernement marocain pense avec insistance en ce moment, nous assure un ministre du cabinet sortant, à une démission ». Abdelilah Benkirane, le patron des islamistes marocains, était pourtant sorti vainqueur des élections législatives du 7 octobre dernier. Son mouvement, le Parti de la Justice et du développement (PJD), obtenait le plus grand nombre d’élus, mais sans atteindre pour autant une majorité au sein du nouveau parlement. Comme le prévoit la constitution marocaine amendée en 2011, le patron du PJD à la tète du groupe parlementaire le plus important était chargé par le Palais royal de former le gouvernement. Il lui restait à trouver des alliés.
L’introuvable majorité
Mais vollà, Benkirane peine depuis trois mois à rassembler une majorité de députés pour former son gouvernement. Les palabres se sont multipliées, les petites phrases et les grosses colères aussi, dans une atmosphère délétère qui n’est pas sans rappeler la IV eme République française. Voici le Maroc condamné au « régime des partis », enfermés dans leurs logiques clientélistes et incapables d’entendre pour définir une majorité gouvernementale.
Abdelilah Benkirane ne dispose aujourd’hui que du soutien de deux partis politiques sur les huit représenté à la Chambre des Représentants: les conservateurs de l’Istiqlal, le parti historique né de l’Indépendance, qui très mal vus par le Palais royal: les anciens communistes du PPS qui ne pèsent pas trop lourd dans la balance.
Du temps au temps
Une certitude, Abdelilah Benkirane ne dispose d’aucun joker pour rallier d’autres mouvements politiques. Le régime marocain fait face ç une situation inédite. S’il est prévu dans la constitution que le Premier ministre doit être issu du parti dominant, aucune disposition n’existe prévoyant le cas où ce même parti ne dispose pas d’une majorité parlementaire.
D’après des sources bien informées, le chef du gouvernement désigné se serait fixé une échéance à savoir le lundi prochain si jamais le président de la Chambre des représentants qui doit être élu ce dimanche appartienne aux socialistes de l’USFP, ennemis jurés des islamistes confinés dans l’opposition par Abdelilah Benkirane.
Mais d’autres sources affirment quant à elle que si démission du chef du gouvernement il y a, elle n’interviendrait que vers la fin du mois de janvier, après le retour du Maroc au sein de l’Union Africaine qui doit avoir lieu à Addis-Abeba.
En rencontrant Mondafrique en octobre 2016, Abdelilah Benkirane avait déja évoqué l’hypothèse où il n’arriverait pas à former une majorité. Il admettait dans cet entretien qu’il ne lui revenait pas de trouver une solution institutionnelle dans une telle hypothèse et que seul le souverain, Mohamed VI, aurait à arbitrer pour mettre fin au blocage des institutions (Voir la vidéo ci dessus).
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