mosquée de Paris - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/mosquee-de-paris/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Mon, 20 Jan 2025 22:04:30 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg mosquée de Paris - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/mosquee-de-paris/ 32 32 La Grande Mosquée affaiblie par la brouille entre Paris et Alger https://mondafrique.com/a-la-une/la-grande-mosquee-de-paris-dans-la-tourmente/ Fri, 17 Jan 2025 04:33:36 +0000 https://mondafrique.com/?p=125134 Accusée d’ingérence et d’être une « annexe » du gouvernement algérien, la grande mosquée subit actuellement une série d’attaques de la part de médias, figures politiques et activistes d’extrême droite. Cible collatérale de l’escalade entre Paris et Alger, Chems-Eddine Hafiz, recteur depuis 2020, est aujourd’hui sommé de s’expliquer, malgré les bonnes relations qu’il entretenait jusqu’ici […]

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Accusée d’ingérence et d’être une « annexe » du gouvernement algérien, la grande mosquée subit actuellement une série d’attaques de la part de médias, figures politiques et activistes d’extrême droite. Cible collatérale de l’escalade entre Paris et Alger, Chems-Eddine Hafiz, recteur depuis 2020, est aujourd’hui sommé de s’expliquer, malgré les bonnes relations qu’il entretenait jusqu’ici avec les autorités françaises.

Cnews, Europe 1, Le Figaro et Le Point, entre autres, accusent la mosquée de Paris de complicité dans l’affaire dite « des influenceurs algériens » sur TikTok, une série de dérapages décrits par Bruno Retailleau comme une véritable entreprise de déstabilisation de la France.

Si la couverture médiatique est à l’heure actuelle particulièrement virulente à l’encontre du lieu de culte, celui-ci était jusqu’ici régulièrement attaqué par des leaders politiques de la droite radicale, des militants assumés de la lutte contre « l’islamo-gauchisme » et même certains hauts-fonctionnaires français tels que Xavier Driencourt. Omniprésent sur les sujets qui touchent de près ou de loin l’Algérie, l’ancien ambassadeur de France à Alger évoquait dès 2023 un alignement sur les positions du gouvernement algérien, notamment à travers les actions de son recteur, Chems-Eddine Hafiz, défini comme un agent d’influence du président Tebboune en France.

Dernier reproche formulé par Xavier Driencourt : l’absence de prise de parole publique en faveur de la libération de Boualem Sansal. Toujours détenu en Algérie, l’écrivain et ancien haut fonctionnaire au ministère de l’industrie algérien pourrait voir sa situation se compliquer après la diffusion récente d’une vidéo compromettante sur les réseaux sociaux. Filmé à son insu pendant une discussion lors d’un séjour à Tel-Aviv, Boualem Sansal y révèle avoir rencontré secrètement la délégation israélienne au Forum de Davos en 1997, alors qu’il représentait les intérêts du gouvernement algérien.

La riposte de Chems-Eddine Hafiz

Soutien affiché de l’actuel président français, notamment lors de la dernière campagne présidentielle de 2022, Chems-Eddine Hafiz a été promu au rang d’officier de la Légion d’honneur par Emmanuel Macron en personne.

Quand la Mosquée de Paris soutenait Macron en 2022

Mais à son grand regret, il ne semble plus être en odeur de sainteté à l’Élysée. Dans un communiqué diffusé le 6 janvier, le recteur n’a pas manqué d’évoquer « le silence des autorités françaises » face à une « campagne sournoise » pour tenter de « déstabiliser » la Grande Mosquée de Paris.

Une campagne déclenchée principalement par un Algérien, Chawki Benzehra, ancien activiste anti-France reconverti en lanceur d’alerte spécialisé dans la traque de contenus illicites diffusés par ses compatriotes. Réfugié politique depuis seulement fin 2023, ce dernier a accusé directement Chems-Eddine Hafiz d’accueillir et de financer des influenceurs algériens, sans apporter de précisions ni de preuves supplémentaires.

Désormais dans l’œil du cyclone, le responsable religieux multiplie depuis les initiatives pour tenter de redorer son image ternie par ces accusations. Par le biais d’un courrier adressé le 9 janvier dernier aux 150 imams affiliés à la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz a demandé d’introduire à la fin de chaque prêche du vendredi une incantation pour « préserver la France ». Plus récemment, l’avocat franco-algérien a diffusé un post sur les réseaux sociaux dans lequel il pointe du doigt une « ère où règne la désinformation » et revendique son « rôle au service de la concorde entre deux pays, la France et l’Algérie ».

Règlements de comptes

En mauvaise posture, la mosquée de Paris a vu ces derniers jours plusieurs de ses détracteurs se saisir de l’occasion pour exprimer publiquement leur hostilité, souvent à des fins politiques.

Damien Rieu, influenceur d’extrême droite, a demandé sur X la fermeture définitive du lieu de culte, invoquant l’application de la loi du talion : « Œil pour œil, dent pour dent ». Condamné en 2024 à huit mois de prison avec sursis, l’éphémère candidat Reconquête aux législatives de 2022 a formulé ce vœu en s’appuyant sur un article du journal Le Figaro qui aborde une supposée persécution des chrétiens en Algérie.

Dans un registre proche, Naïma M’Faddel, invitée fétiche des émissions de Cnews, a mis en avant le dossier du magazine « Le Point » totalement à charge contre la Grande Mosquée de Paris pour suggérer à demi-mot sur X que celle-ci devrait revenir au Maroc. L’ex-élue locale à Dreux, qui soutient régulièrement les thèses de Reconquête et du Rassemblement national, a notamment évoqué la présence d’artisans marocains lors de la construction de l’édifice pour justifier un changement d’administration. Depuis le règne de Hassan II, Rabat n’a jamais caché son intention de ravir l’édifice à l’Algérie afin de posséder officiellement une deuxième grande mosquée en France après celle de Saint-Étienne, nommée « mosquée Mohammed VI » en l’honneur de l’actuel roi du Maroc.  

La Mosquée de Paris sous influence des services algériens

 

 

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La Mosquée de Paris livrée aux nuls https://mondafrique.com/video/mosquee-de-paris-livree-aux-nuls/ Tue, 03 Apr 2018 11:09:48 +0000 https://mondafrique.com/?p=18334 Abderramane Dahmane, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Elysée entre 2007 et 2011, connait mieux que personne les arcanes de la mosquée de Paris et du pouvoir algérien. Dans le vieux rade kabyle de la gare de l’Est, « le piano bar », où il possède son rond de serviette, Abderramane Dahmane est accroché à son portable […]

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Abderramane Dahmane, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Elysée entre 2007 et 2011, connait mieux que personne les arcanes de la mosquée de Paris et du pouvoir algérien.

Dans le vieux rade kabyle de la gare de l’Est, « le piano bar », où il possède son rond de serviette, Abderramane Dahmane est accroché à son portable et vissé à son face book vingt quatre heures sur vingt quatre. « Tu as lu mon dernier communiqué ?», attaque d’emblée ce communicant hors normes. Sa boulimie de réseaux et son flair politique lui ont permis de survivre à ses innombrables retournements politiques. Cet ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Elysée aura été un des premiers à vendre à la classe politique françaises ses contacts en Algérie et un hypothétique vote beur en banlieue, deux cartes maitresses dans le jeu de ce propagandiste infatigable.    

Dans son parcours fluctuant, la première touche de l’ami Dahmane aura été le patron de l’Amicale des Algériens, Ali Amar. Lors des émeutes d’octobre 1988 en Algérie, qui firent des centaines de morts, ce cacique du FLN vole au secours du pouvoir algérien qui le nourrit et évoque, d’une formule qui restera gravée dans les mémoires, un simple « chahut de gamins ». Or c’est Ali Amar qui prête un local au jeune Dahmane, rue d’Aboukir, pour loger sa première association, « Génération 2000 ».  Dès ces années là, notre lascar s’incruste aussi bien à l’Elysée qu’à la Préfecture de Police de Paris. Le conseiller franco-algérien du deuxième septennat de François Mitterrand, Olivier Zéhar, recruté à l’époque par Jean Louis Bianco, secrétaire général de l’Elysée, est un de ses contacts privilégiés. Et les fonctionnaires des défunts Renseignements Généraux de la Préfecture de Police (RGPP)  ses interlocuteurs réguliers. 

L’énergie d’Abderrahmane Dahmane est légendaire. Que SOS racisme se crée, et on le voit assister aux premières réunions. Que Jacques Chirac, alors maire de Paris, rende visite à la Mosquée de Paris, et c’est Dahmane en personne qui l’accueille: « Je suis responsable, affiche-t-il,  de la communication de la Mosquée». C’est pour lui demander un cinq pièces à Belleville pour abriter « Radio Maghreb » qu’il crée en 1994 et où défilent d’innombrables personnalités politiques française, d’Edouard Balladur à Daniel Vaillant et la plupart des décideurs algériens. 

Lorsque Nicolas Sarkozy nommé ministre de l’Intérieur en 2002, Abderrahmane Dahmane devient sarkoziste. Le voici promu en 2004 secrétaire national à l’UMP. Deux ans plus tard, l’ami Abderrahmane est nommé conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, promu inspecteur général à l’Education et fort de la confiance totale de Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée. Lors de la remise de sa légion d’honneur en 2009, Nicolas Sarkozy vante « le pont sur la Méditerranée » que représente Dahmane, incontestable courroie de transmission entre le pouvoir français et les militaires algériens. « Je connais la plupart des généraux à Alger, ils ont combattu avec les miens dans les maquis contre les Français. Ce sont des relations quasi familiales, notamment feu Smain Lamari, le numéro deux des services algériens qui était un honnête homme.» Abderrahmane Dahmane aura toujours servi les intérêts de la redoutable sécurité militaire algérienne, la fameuse SM devenue DRS, avec une fidélité indéniable. Il aura été un des premiers durant les années noires entre 1992 et 1999 à organiser des manifestations de soutien pour l’armée algérienne qui luttait, sans états d’âme, contre les islamistes. Et s’il fallait faciliter pour ses réseaux algériens l’obtention de papiers auprès de la Préfecture de Police de Paris, l’ami Dahmane répondait toujours présent. 

Ecorché vif sous sa carapace de blédard, Abderrahmane Dahmane n’a jamais transigé avec ce qui ressemble au racisme et à la xénophobie. Quand en 2010 il comprend que Nicolas Sarkozy est passé sous l’emprise totale de son « mauvais génie » venu de l’extrême droite, Patrick Buisson, l’ami Abderrahmane prend sa plus belle plume pour le sommer de ne pas faire de l’islam un sujet de campagne. Buisson naturelleemtn l’emporte sur Dahmane, le divorce est consommé. 

Ce sera pour mieux se retourner, vers les socialistes grâce à son ami Daniel Vaillant, l’ancien ministre de l’Intérieur de Lionel Jospin et maire du XVIII eme arrondissement qu’il a connu lorsqu’il était conseiller d’orientation dans un collège de ce quartier. On le surprendra donc, peu avant les présidentielles de 2012, rendre une visite de courtoisie au candidat de gauche, François Hollande,  en compagnie du recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubekeur, traditionnellement lié à la droite française, soucieux de  prendre quelques assurances à gauche. 

Au début du mois de février 2016, Abderrahmane Dahmane effectue un voyage en Algérie en compagnie d’Anne Hidalgo, la maire de Paris. « Anne, explique-t-il, est une amie, je la connais depuis toujours». Avec son langage coloré et ses indignations calculées, l’ami Abderrahmane est un formidable conteur qui transforme son existence en une épopée haletante. « Ce fut un truc royal, ce voyage, tout le monde en parle à Alger. Anne a eu les télés, la presse. Elle a vu tout le monde : « Boutef », le chef de l’Etat, comme le Premier ministre Sellal, à qui j’ai conseillé d’arrêter ses conneries avec ses projets sur les binationaux ». 

Le monde selon Abderrahmane se divise entre « les connards » et les autres.

Voici quelque temps, le recteur de la Mosquée de Paris appartenait résolument à la catégorie des « connards ». A l’époque, Abderramane Dahmane ne pardonnait pas à Dallil Boubekeur d’avoir renoncé à soutenir un projet de manifestation contre le terrorisme qu’il avait imaginé, durant l’automne 2O15, devant la mairie du XVIII eme de « son ami »Vaillant. Anne Hidalgo devait être présente, Claude Bartolone aussi…Et puis voici Dalil qui, avec sa volte face, fait tout capoter. « Le nabot, commente-t-il, a du l’appeler.» « Le nabot » ? « Nicolas Sarkozy naturellement », son ancien patron. 

Aussi prompt à se réconcilier qu’à se brouiller, l’ami Abderrahmane a organisé à la Mosquée de Paris, à la fin du mois de juin 2006, de nombreuses ruptures de jeune en compagnie de ….Dallil Boubeker. Tous deux, redevenus amis, ont invité Anne Hidalgo, la maire de Paris, Valérie Pécresse, la présidente du Conseil régional d’Ile de France ou encore Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur. « Je suis invité partout », se félicite-t-il. En juin dernier,  notre lascar était convié comme chaque année l’Ambassade à Paris à partager une soirée de Ramadan avec quelques dizaines de VIP de la communauté musulmane française. Sur son facebook, on le découvre donnant l’accolade à l’épouse du vice président américian, présente à cette soirée.. 

Aux dernières nouvelles, la brouille ne serait pas totale avec Nicolas Sarkozy. De sa plus belle plume, il lui a envoyé, via un avocat africain, un message pour un éventuel ralliement. A ses conditions, forcément.  Pour l’instant, il ne cesse de défendre son ancien patron sur le dossier libyen. Les amis de Dahmane et ses anciens amis peuvent compter sur lui dans l’adversité.

Un peu de fidélité dans un monde politique brutal ne fait pas de mal!

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Des folles années de l’Islam de France au repli identitaire sous l’ombrelle des Frères Musulmans https://mondafrique.com/international/folles-annees-de-lislam-de-france-repli-communautaire/ Sun, 10 Apr 2016 15:25:45 +0000 http://www.mondafrique.com/?p=6456 Le premier recteur de la Mosquée, Kaddour Hadj Benghabrit, présidait à un Islam des lumières largement enterré depuis. Durant l’entre-deux guerre, le fondateur de la Mosquée de Paris, Kaddour Hadj Benghabrit, intronisé en 1926, pouvait se déplacer au Caire pour assister au fameux Congrès de musique arabe, organisé par le monarque Fouad 1er. Un de ses […]

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Le premier recteur de la Mosquée, Kaddour Hadj Benghabrit, présidait à un Islam des lumières largement enterré depuis.
Durant l’entre-deux guerre, le fondateur de la Mosquée de Paris, Kaddour Hadj Benghabrit, intronisé en 1926, pouvait se déplacer au Caire pour assister au fameux Congrès de musique arabe, organisé par le monarque Fouad 1er. Un de ses frères dirigeait l’orchestre de Fès, qui représentait le Royaume Chérifien à cet évènement musical.
Folles années
Sur des photos de l’époque, on pouvait voir le Recteur de la mosquée de Paris aux côtés d’éminents musiciens et d’orientalistes, tels le Syrien Ali Derouiche, le Français Bernard Carra de Vaux, l’Irlandais Henri-Georges Farmer et l’Irakien Mohammed Al-Qubanchi… L’art, la musique comme la peinture et la poésie, n’étaient pas des univers étrangers au premier notable de l’islam de France, bâtisseur de la première grande mosquée européenne voulue, après la guerre de 1914-1918, par les maréchaux de France.
Les années 20 étaient celles où l’on pouvait assister indifféremment à Paris à une représentation théâtrale de Sacha Guitry ou à une pièce écrite par le Recteur de la mosquée. A chaque fois, le président de la République, Gaston Doumergue, un chef d’Etat anticolonialiste trop méconnu, assistait à la première.
Dans l’imaginaire de l’immigré musulman de cette belle époque, il existait une modernité, celle des comédies musicales égyptiennes, qui façonnaient son goût pour l’Orient. Il lui arrivait de donner à ses enfants les prénoms de ses idoles du cinéma nilotique, sans savoir que Leila Mourad était juive, fille de rabbin, et Naghib Rihani, assyrien, d’un père, membre de l’Eglise catholique chaldéenne d’Irak
Coup de force
Le premier coup de force contre l’islam des lumières eut lieu en 1957, en pleine Guerre d’Algérie. Un escadron de CRS pénètre un matin dans la Mosquée de Paris pour expulser la famille Benghabrit. Le recteur mélomane, décédé en 1954, avait laissé les lieux à son frère. Lequel, tout aussi indépendant que le fondateur de la Mosquée, avait refusé de se positionner sur la question algérienne. Ce qui avait mécontenté le gouvernement du socialiste Guy Mollet.
Hamza Boubakeur, le père du recteur actuel, qui avait fait allégeance à la France, est alors installé dans la mosquée avec l’appui de la force publique française. Toute la mémoire du fondateur des lieux fut effacée, même son action de Juste, pendant l’occupation allemande, où il avait caché des juifs.
Repli dans les mosquées
Dans les années 70, l’islam de France change de visage. Le centre de gravité des communautés immigrées se déplace vers les mosquées. Dans une circulaire qui surprend aujourd’hui, le gouvernement de Raymond Barre appelle à la création de lieux de culte dans les endroits à forte densité de population musulmane, « la vie culturelle étant traditionnellement indissoluble, pour les musulmans, du respect des prescriptions religieuses ». L’islam prend pied alors dans les usines et les cités de banlieue.
La révolution iranienne de 1979 change radicalement la donne. Un vent islamiste va souffler sur les mosquées qui ont essaimé. Inquiets de voir le chiisme prendre, sur le terrain politique, de l’ampleur, les pays du Golfe cherchent une parade de dimension internationale. A majorité sunnite, la population musulmane de France, la plus importante d’Europe, est arrosée de pétrodollars. Des étudiants et des lettrés de plus en plus nombreux rejoignent les mouvements islamiques.
L’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF), proche des Frères Musulmans, s’impose comme l’interlocuteur des pouvoirs publics. Entre les islamistes et les orientalistes, c’est la guerre. Les premiers passent à l’offensive. Le 15 décembre 1980, le professeur indien Muhammad Hamidullah, formé par la fine fleur des savants français de l’islam, écrit au directeur de France-Culture, pour protester au sujet d’une émission consacrée au voile. Ce maître de recherche (honoraire) au CNRS affirme rapporter « …des doléances et des réactions de vos auditeurs musulmans… ». Versets du Coran à l’appui, il remet en cause les propos tenus sur la place du voile dans l’islam durant l’émission.  Muhammad Hamidullah qui avait fondé, dans les années 60, le Centre Islamique de Genève avec le père de Tariq Ramadan mettait en cause, sur la question du voile, les deux éminents savants qui avaient participé à l’émission de France-Culture. A savoir Jacques Berque, islamologue émérite dont la traduction du Coran, qu’il livrera à la toute fin de sa vie, fera date. Et Najm Oud-din Bammate, franco-afghan,  linguiste, écrivain et théologien d’un islam qu’il voulait inscrit dans la modernité de la Nahda (renaissance) au XIXème siècle.
Nostalgie, nostalgie
Les théologiens rigoristes venus du Golfe vont gagner la bataille de l’Islam de France. Najm Oud-d’In Bammate décèdera en 1985. Cet érudit, capable de disserter des heures sur les mosaïques d’Ispahan, sur l’activité de la tapisserie à Fès au Maroc et du genre musical Wasla d’Alep, n’aura pas véritablement de successeur.
En juin 1992, un des plus grands maîtres des sciences de l’islam, devenu un orientaliste mondialement reconnu, grâce aux mérites de l’école de la République, décède lui aussi dans l’indifférence. Charles Pellat est né, à l’est de l’Algérie, dans une famille ouvrière originaire du Dauphinois. C’est au Maroc que le futur professeur du Collège de France découvrira l’apprentissage de la langue arabe et du berbère. Il faut lire ses mémoires « L’arabisant », pour comprendre comment, en mai 1968, cet éminent spécialiste du Voltaire irakien El Gahiz, a été conspué par les étudiants-soixante-huitards en révolte. Triste fin….
Dans les années 90, la décennie noire en Algérie, l’avènement des chaines TV satellitaires des pays du Golfe, via les paraboles et de l’Internet américain, vont accentuer l’emprise de l’islam politique sur les communautés musulmanes en Europe. En France, seul Abdelwahab Meddeb perpétuait, dans les médias, la tradition française d’une érudition rafraichissante sur les cultures d’islam. Là encore, une confrontation télévisuelle entre lui et  Tariq Ramadan en 2008  finit à l’avantage de ce dernier. Elle tourne à l’avantage du Frère Musulman, dont la dialectique simplificatrice balaie les arabesques de l’intellectuel tunisien.
Des orientalistes à l’abandon
Les passeurs des lumières de l’islam de France sont abandonnés par les pouvoirs publics et ignorés par les musulmans du pays. Les spécialistes de l’islam politique deviennent alors la référence et occupent, durant les Printemps arabes, les « talk-shows » des chaînes de TV. Sur les écrans des ordinateurs, tablettes et autres smartphones, une autre histoire débute. A la requête « islam », le moteur de recherche le plus utilisé en France, apparaît dans les premiers résultats, le site web «islam-guide.com». Ce dernier a été développé, en 1998, à partir de Ryad en Arabie Saoudite, avec le wahhabisme comme référence.
Un de ses rédacteurs n’est autre qu’Ali Al-Tamimi, désigné comme théologien-biologiste-salafiste américain, mais qui fut emprisonné aux Etats-Unis à vie, en 2005, pour incitation au terrorisme.
Ce prosélytisme offensif, sans références culturelles, est un véritable tsunami. Comme si, on avait installé, rue des Écoles, dans le Vème arrondissement, près du Collège de France, et rue des Grands-Moulins dans le XIIIème, en face de l’Institut national des langues et civilisations orientales, une fultitude de librairies islamiques importées directement d’Arabie Saoudite.
Sur Internet aujourd’hui, nous sommes très loin des conférences de la mosquée de Paris, organisées par son fondateur Si Kaddour Ben Gabarit, qui, le 18 juin 1954, organisait une rencontre sur « la Primauté de la civilisation Arabe dans le domaine des sciences et la médecine ». Le conférencier, l’orientaliste Jacques Risler, va marquer les esprits par une éloquence qui fera date. A ses côtés, le recteur est déjà fragilisé par la maladie. Celui qu’on désignait par « le plus musulman des Parisiens » décédera deux semaines plus tard, le 30 juin 1954. Lui qui a assisté aux frémissements des mouvements nationalistes, ne verra pas s’accomplir la décolonisation. Et l’islam de France ne retrouvera jamais de guide éclairé.

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Les dégats collatéraux à Paris du démantèlement du DRS https://mondafrique.com/international/degats-collateraux-a-paris-demantelement-drs/ Sat, 12 Mar 2016 18:34:46 +0000 http://www.mondafrique.com/?p=5874 L’émission islamique du dimanche sur France 2, « Vivre l’Islam », a été longtemps sous la tutelle ses services algériens. Le poste de recteur de la Mosquée de Paris est occupé depuis des lustres  par l’inamovible Dalil Boubekeur, ce moine patelin qui n’a pas son pareil pour servir à la classe politique française des discours modérés qu’elle […]

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L’émission islamique du dimanche sur France 2, « Vivre l’Islam », a été longtemps sous la tutelle ses services algériens.

Le poste de recteur de la Mosquée de Paris est occupé depuis des lustres  par l’inamovible Dalil Boubekeur, ce moine patelin qui n’a pas son pareil pour servir à la classe politique française des discours modérés qu’elle attend. Mais les prétendants au trône sont nombreux. Deux d’entre eux occupent des fonctions importantes à l’émission musulmane du dimanche sur France 2, « Vivre l’islam », plus un fromage pour pseudo spécialistes de l’Islam qu’un vivier de figures religieuses: maitre Chemdeddine Hafiz, avocat, et Ghaleb Bencheikh, présentateur. Ces deux là attendent leur heure. Avec les nouveaux équilibres de pouvoir à Alger, il n’est pas certain qu’ils voient leurs espoirs comblés

Marigot algérien

Dès la campagne pour le quatrième mandant de Bouteflika, les deux Rastignac affutent leurs armes. En avril 2014, Ghaleb Bencheikh s’en est pris durement à maitre Chemseddine Hafiz qui venait de participer à une émission sur LCP en tant que «  coordonnateur des comités de soutien à Boutéflika en France  ». Bencheikh protesta au nom de la «  laïcité  », en soulignant que les engagements politiques de Hafiz le disqualifiaient à régenter une émission religieuse sur une chaîne de service public dans un Etat laïque.

Mais cette protestation ne convainquit personne. L’ami Bencheikh lui même s’était exprimé lors d’une réunion électorale organisée à Paris par les partisans d’Ali Benflis, le principal rival de Bouteflika dans la dernière élection présidentielle qu’a connue l’Algérie. Ce qui en limita la portée, notamment auprès des autres membres de l’association «  Vivre l’Islam  »/

Pourtant depuis le limogeage, le 13 septembre 2015, du géénral Toufik, le tout puissant patron du DRS (services secrets algériens) les langues se délient au sein de «  Vivre l’islam  ». On déplore la maigreur des contenus religieux de l’émission. Abderrahim Hafidi, présentateur de l’émission, est, et Ghaleb Bencheikh, pour une fois d’accord, dénoncent ouvertement les dérives de l’émission. « De très nombreux responsables, explique l’un d’eux, ne doivent leur présence qu’à l’alliance objective entre Nicolas Sarkozy et le DRS algérien.

Le DRS aux commandes

Il est vrai que maitre Hafiz, qui a longtemps fait la pluie et le beau temps à l’émission religieuse de France 2, a toujours bénéficié de la protection de celui qui fut le puissant monsieur DRS à Paris jusqu’en 2010, l’ex-colonel Bendaoud. Protecteur des intérêts financiers de la promre mçre de Bouteflika en Suuisse avant d’être nommé à Paris, ce militaire a tenté depuis l’ambassade d’Algérie à Paris, de régenter tout l’Islam algérien en France. Bendaoud avait réussi à faire admettre son protégé, maitre Hafiz, au sein de la Société des Habbous de la mosquée de Paris. Le tout pour mieux contrôler Dalil Boubakeur, qui était déja cornaqué, disons le, par ule numéro deux de la Mosquée qui appartient, lui aussi, aux services algériens.

Longtemps Nicolas Sarkozy, alors actif ministre de l’Intérieur, qu’on appelait dans les milieux musulmans “le ministre des “affaires” islamiques”, fit entrer son «  ami  » Hafiz à l’émission religieuse. Il le recommanda en effet à Christophe Baldelli, directeur de France 2, qui avait été son  collaborateur  au ministère du Budget durant les années Balladur.

Par cette nomination sans réelle procédure de consultation, Sarkozy entendait compenser l’échec de sa tentative de le nommer recteur de la Mosquée à la place de Dalil Boubakeur qui, après avoir été coopté (à défaut d’être élu) président du premier Conseil Français du Culte Musulmans en avril 2003, refusa tout net la proposition ministérielle de s’occuper du nouveau Conseil à plein temps.

Secret de polichinelle

Le parachutage de Hafiz à l’émission fut suivi de marchandages qui aboutirent au recrutement de Djelloul Béghoura, qui était à la recherche d’un point de chute depuis la suppression de « Mosaïques », l’émission de FR3 pour immigrés, où il était réalisateur. Touies ces négociations marécageuses  eurent lieu sous l’égide du DRS algérien. Les liens de Béghoura avec les généraux-majors Mohamed Touati et Mohamed Médiène, dit Toufik, relèvent maintenant du secret de Polichinelle.

La Tunisie n’avait pas été oubiée. Le recrutement de Faouzia Zouari, sœur d’un certain Abderrahim, qui fut plusieurs fois ministre de Ben Ali, avait pour but de mettre à profit les bonnes relations qu’entretenait cette journaliste avec Leïla Trabelsi, dans l’espoir d’obtenir des financements via les plus généreux parmi les frères de la «  régente de Carthage  ». Un projet de chaîne satellitaire fut porté, sans succès, par Hafiz et Béghoura. Lesquels estimaient que la petite émission islamique n’était pas à leur mesure, ni surtout du gout de leurs puissants protecteurs.

Il s’agissait alors de convaincre les pouvoirs autoritaires irrités par le ton d’El Djazira d’aider à lui faire pièce par le lancement d’une chaîne franco-maghrébine, plus «  laïque  » et, surtout, moins critique.

Tous ces calculs médiocres ont été balayés par le printemps arabe, puis par le démantèlement du DRS algérien. Avec l’espoir d’une nouvelle donne au sein des intitututions représentatives de l’Islam en France.

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