Maroc - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/maroc/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Sat, 06 Dec 2025 10:03:15 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg Maroc - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/maroc/ 32 32 Mustapha Idbihi, ouvrier à Billancourt et découvreur de talents https://mondafrique.com/loisirs-culture/mustapha-idbihi-lhomme-qui-fit-chanter-lusine/ https://mondafrique.com/loisirs-culture/mustapha-idbihi-lhomme-qui-fit-chanter-lusine/#respond Sat, 06 Dec 2025 07:00:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=143835 Bien avant que la « diversité » ne devienne un mot-valise, Mustapha Idbihi reliait l’atelier à la scène, la sueur à la chanson, l’exil à la fête.

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Bien avant que la « diversité » ne devienne un mot-valise, Mustapha Idbihi reliait l’atelier à la scène, la sueur à la chanson, l’exil à la fête. Ouvrier à Billancourt et découvreur de talents maghrébins, il a ouvert les grandes salles parisiennes aux familles immigrées — avant d’être effacé par une mémoire officielle pressée d’oublier ses pionniers.

Nidam Abdi, ancien journaliste à Libération


Doukkali et Mustapha Idbihi

Longtemps avant que la « diversité » ne devienne slogan, Mustapha Idbihi faisait entrer la mémoire ouvrière et les voix du Maghreb dans les temples parisiens de la musique. Ouvrier à Billancourt, tourneur par nécessité et par passion, il fut la grande passerelle entre l’usine, la scène et l’exil — avant d’être relégué au silence par des politiques culturelles et urbaines qui ont préféré ses héritiers à son œuvre. À l’heure où la France doute d’elle-même, le destin du natif de Casablanca dit peut-être ce que le pays a manqué comme stratégie d’intégration depuis l’époque Mitterrand.

Il raconte encore aux écoliers cette solidarité « indéfectible » qui régnait chez Renault Billancourt : « Quand un ouvrier arrivait pour son essai de quinze jours, ses collègues veillaient pour qu’il réussisse son intégration. Même sans parler français, on se comprenait par gestes. » Aujourd’hui, Mustapha Idbihi sillonne les établissements scolaires, invité par l’association Paroles d’hommes et de femmes fondée par Frédéric Praud, pour transmettre ce que l’usine lui a appris : la dignité des mains, la fraternité des langues. Et il rappelle que Billancourt fut aussi l’antichambre de destins d’hommes d’État — de Deng Xiaoping à Hô Chi Minh, de Sékou Touré à d’autres exilés devenus puissances d’histoire.



Mustapha Idbihi et des collègues de l’usine Renault

Il y a des vies qui ressemblent à des lignes de basse : on ne les distingue pas toujours, mais sans elles, la musique s’effondre. Celle d’Idbihi est de celles-là. Né à Casablanca en 1948, arrivé en France en 1968, il entre comme ouvrier spécialisé à l’Île Seguin. Face à lui, la chaîne et le vacarme des machines ; en lui, une autre cadence : celle des mots et des récits d’exil. Très vite, la culture devient pour lui à la fois outil et refuge. Dans l’atelier, il improvise un rôle d’écrivain public, traduit tracts et lettres, et invente à la buvette du comité d’entreprise ce qu’on n’appellera que bien plus tard « médiation culturelle ».

L’homme en bleu de travail pressent tôt une vérité simple : pour des ouvriers venus de cinquante-six nationalités, la culture n’est pas un luxe, mais une nécessité. Il organise fêtes religieuses, commémorations d’indépendance et, surtout, concerts. Il apprend à négocier, à convaincre, à remplir des salles. Bientôt, les rêves prennent la taille des mythes : le dimanche en musique, le lundi à la chaîne — comme si scène et usine n’étaient que deux étages d’un même immeuble.



Chab Mami, le poète Laabi, Mohamed Bhar, Said Maghrabi

Ainsi des artistes deviennent des collègues de nuit. Warda, Soulef, Abdelwahab Doukkali, Djamel Allam, Idir, Driassa, Ahmed Hamza chantent sous chapiteau devant l’usine à Billancourt pour y apporter l’air libre. Des écrivains passent aussi la barrière, parfois couchés à l’arrière d’une camionnette pour déjouer la sécurité : Tahar Bendjelloul, Rachid Boudjedra parlent aux ouvriers comme à des frères. La littérature descend du piédestal, les chansons prennent l’accent de l’atelier. À l’Île Seguin, on pleure l’« el ghorba », on rit d’un rire qui tient tête au métal.

Idbihi ne se contente pas de programmer à la cantine : il traverse Paris à grandes enjambées. Il ouvre la Salle Pleyel, la Mutualité, jusqu’à l’Olympia, aux ouvriers et à leurs familles. Un samedi de 1972, il fait applaudir la diva libanaise Sabah  ; le dimanche, on se retrouve ; le lundi, on tient la cadence un peu plus droit. À ceux qui lui demandent d’où lui vient une telle audace, il répond par des actes. Il n’est pas imprésario : il est pont.

Dans le Paris des années 70 et 80, quand les radios libres sont rares, Idbihi transforme chaque concert en média. La chanson devient bulletin d’information, la poésie un tract qui ne se froisse pas. Il monte des tournées depuis des cabines téléphoniques, un attaché-case fatigué à la main et une confiance têtue en bandoulière. Les artistes le suivent ; les camarades le surnomment « ministre de la Culture ». La boutade dit vrai.


Sabah et Mustapha Idbihi

Puis viennent les années Mitterrand et leur paradoxe : tandis que la « culture de l’immigration » entre dans les discours, l’homme qui l’a portée hors des statistiques disparaît des radars. Les institutions s’installent, les colloques fleurissent, les lieux s’inaugurent. Et Idbihi ? Inclassable : trop ouvrier pour les salons, trop manager pour les mémoires, trop populaire pour les théories. L’archive dort quand elle ne sert pas l’agenda.

Une nouvelle génération de responsables publics « issus de l’immigration » occupe le récit national. L’histoire devient capital symbolique ; les enfants de la cité prennent la lumière, leurs pères de l’usine restent dans l’ombre. Ce n’est pas un procès, mais un constat : à vouloir gommer les mains calleuses du roman national, on en éteint les basses. Or sans basses, pas de mélodie collective.

Même les universités ont parfois contribué à cet effacement. À force de conceptualiser le souvenir, on l’a éloigné. Des mots savants ont remplacé des noms simples ; des diagrammes, des visages. L’héritage s’est mué en musée sans guide, et les vitrines ont refroidi.

En 1985, Idbihi donne pourtant une respiration nouvelle au moussem, ces fêtes maghrébines mêlant sacré et profane, en les habillant d’une solidarité ouvrière. La même année, il participe à la programmation du Festival du Moussem de l’Association des travailleurs marocains de France : Najat Aâtabou, Raïss Bihti, Abdelkader Chaou, Karim Kacel, le Ballet Lemba, des troupes bretonnes, africaines, portugaises, espagnoles et tunisiennes, jusqu’à Carte de Séjour de Rachid Taha. Deux jours, onze mille personnes : l’Europe des ateliers se reconnaît dans une même fête.

Licencié de Renault en 1987, Idbihi ne s’arrête pas. Il fonde des structures de production, filme, archive, collectionne affiches et bandes, sauve des photos comme on sauve des visages. Ses cartons racontent une France multicolore avant l’heure ; ses tiroirs, des tournées cousues main. Il participe à des caravanes de mémoire, recueille la parole des anciens, transmet dans les écoles. Il sait qu’un pays se défait quand ses témoins se fatiguent.

On aimerait écrire que les institutions se sont enfin inclinées. Ce n’est pas encore le cas. Mais il est temps de dire son nom à voix haute. De rappeler qu’avant les labels, il y eut les ouvriers ; avant les politiques, les concerts ; avant la mémoire officielle, des mémoires portées à bout de bras.

Mustapha Idbihi est le Bruno Coquatrix des solidarités immigrées : même sens du plateau, même flair pour les talents, même conviction que l’art n’est jamais hors-sol. Sauf que son Olympia commençait au vestiaire de l’usine — et que ses affiches se payaient parfois en nuits blanches. Il n’est pas trop tard pour réparer : restaurer des archives, baptiser des salles, inviter des passeurs plutôt que des porte-parole. Admettre que la culture de l’immigration n’a pas attendu les années 2000 pour exister et que, pour comprendre la France, il faut l’écouter là où elle a chanté pour tenir — au cœur de ses ateliers. À Billancourt, la chaîne n’arrêtait jamais ; Idbihi, lui, l’a fait chanter.

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«Derrière les palmiers» : un Maroc en tension sous le regard de Meryem Benm’Barek https://mondafrique.com/loisirs-culture/derriere-les-palmiers-un-maroc-en-tension-sous-le-regard-de-meryem-benmbarek/ Sun, 30 Nov 2025 09:58:55 +0000 https://mondafrique.com/?p=143596   En lice pour l’Étoile d’or du Festival de Marrakech 2025, Derrière les palmiers de Meryem Benm’Barek plonge au cœur des fractures sociales marocaines. Le film propose un récit dense, porté par une réalisatrice qui s’impose comme voix majeure du cinéma contemporain.   Tanger. Ses lumières, ses mystères. C’est ici que Meryem Benm’Barek installe l’intrigue […]

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En lice pour l’Étoile d’or du Festival de Marrakech 2025, Derrière les palmiers de Meryem Benm’Barek plonge au cœur des fractures sociales marocaines. Le film propose un récit dense, porté par une réalisatrice qui s’impose comme voix majeure du cinéma contemporain.

Screenshot

 

Tanger. Ses lumières, ses mystères. C’est ici que Meryem Benm’Barek installe l’intrigue de son second long-métrage, Derrière les palmiers. Sélectionné en compétition officielle lors de la 22e édition du Festival International du Film de Marrakech, ce film s’affirme déjà comme l’un des temps forts du cinéma marocain de l’année. Derrière la douceur trompeuse du titre, c’est toute une société qui se dévoile, entre promesses d’ascension et réalités implacables.

Meryem Benm’Barek n’en est pas à son coup d’essai. Après le succès critique de Sofia à Cannes en 2018, elle revient avec une œuvre ambitieuse, à la fois thriller et drame psychologique. Le film s’ouvre sur la rencontre de Mehdi, jeune Marocain au futur incertain, et Marie, Française d’origine aisée dont la famille vient d’acquérir une villa dans la kasbah de Tanger. À travers leur histoire, le film explore les effets de la fascination et de la distance, au sein d’une ville qui cristallise toutes les tensions du Maroc contemporain.

Le scénario, écrit par la réalisatrice elle-même, construit une tension intime. Mehdi s’éloigne de Selma, sa compagne, attiré par l’univers de Marie. Le récit s’intéresse à ce moment fragile où l’on croit pouvoir tout réinventer, sans mesurer ce que l’on perd. Benm’Barek filme la ville comme un personnage à part entière. Tanger n’est jamais qu’un décor. Ses ruelles, ses cafés, ses villas blanches surplombant la mer sont traversés par des personnages aux prises avec leur histoire et leurs contradictions.

La réussite du film tient d’abord à la justesse de ses portraits. Les personnages sont ciselés, loin des stéréotypes. Marie n’est pas une simple expatriée naïve : elle traîne derrière elle le poids d’une histoire familiale, parfois encombrante. Mehdi, quant à lui, incarne une jeunesse prise entre désir d’émancipation et loyauté envers ses origines. Le regard de Benm’Barek ne juge pas, il constate. Les héritages coloniaux sont présents, mais jamais pesants. Ils irriguent la relation entre les personnages, nourrissent les incompréhensions, mais laissent aussi la place à des moments de sincérité inattendus.

Derrière les palmiers joue sur la frontière entre l’intime et le social. Benm’Barek tisse une toile subtile : les choix des personnages résonnent avec les tensions plus larges de la société marocaine. Les villas achetées par des Européens, la gentrification rampante de certains quartiers de Tanger, les rêves de départ et la tentation de tout quitter sont autant de thèmes qui traversent le film sans jamais verser dans le didactisme. Tout passe par le regard, par les silences, par la façon dont un personnage hésite au coin d’une rue.

La mise en scène, sobre et élégante, accompagne cette ambition. Benm’Barek refuse l’esbroufe. Les plans s’étirent, donnent le temps d’entrer dans la tête des personnages. L’image, portée par une lumière blanche, fait ressortir la poussière des ruelles autant que l’éclat du soleil sur la mer. On sent l’influence d’un cinéma européen mais aussi le souci de renouveler la grammaire visuelle du film marocain, souvent cantonnée à quelques clichés exotiques.


 Meryem Benm’Barek

La première mondiale du film à Marrakech prend alors tout son sens. Dans un festival marqué par la présence d’un jury international, présidé par Bong Joon-ho, Derrière les palmiers fait figure de proue d’un cinéma marocain qui ose. Il s’ouvre au monde sans renier ses spécificités. Il interroge, mais ne donne pas de réponses toutes faites. La sélection de ce film en compétition officielle marque aussi une reconnaissance pour sa réalisatrice. Meryem Benm’Barek confirme sa capacité à inscrire des histoires locales dans des enjeux universels.

C’est justement cette ambition qui guide la réalisatrice. Elle le confie : Derrière les palmiers commence comme une romance, mais glisse rapidement vers le thriller psychologique, dévoilant la face sombre de la passion. À travers la trajectoire de Mehdi et Marie, Meryem Benm’Barek cherche à montrer comment l’amour, loin d’être un espace hors du monde, se construit sous l’influence du politique, de l’économique, du social. L’histoire d’un homme qui croit pouvoir tout donner pour l’illusion d’un bonheur parfait, mais qui, inévitablement, se heurte à la réalité : « Ce film est avant tout l’histoire de l’échec d’un homme, condamné à revenir vers les siens. »

Il faudra attendre la sortie en salles pour mesurer l’impact du film sur le public marocain. Mais déjà, la critique salue une œuvre qui parvient à capturer les doutes d’une jeunesse en quête de repères. Derrière les palmiers n’est pas seulement un portrait de Tanger : c’est aussi celui d’un pays en mouvement, d’une génération qui cherche à inventer son propre récit. Le film de Benm’Barek s’impose comme une étape essentielle dans l’évolution du cinéma marocain. Une étape faite de tensions, de ruptures, mais aussi de beauté et d’espérance.

 

Fiche technique
Titre original : Derrière les palmiers
Titre international : Behind the Palm Trees
Réalisation / Scénario : Meryem Benm’Barek
Pays de production : Maroc, France, Belgique, Royaume-Uni
Genre : Drame / Thriller psychologique
Langues : Français, Arabe
Année de production : 2022-2025
Première mondiale : Festival International du Film de Marrakech 2025

 

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Marrakech, carrefour du cinéma mondial (28 novembre-6 décembre) https://mondafrique.com/loisirs-culture/marrakech-carrefour-du-cinema-mondial-28-novembre-6-decembre/ Sat, 29 Nov 2025 11:13:49 +0000 https://mondafrique.com/?p=143509 Du 28 novembre au 6 décembre 2025, Marrakech accueille une nouvelle édition de son prestigieux Festival International du Film. Un événement culturel majeur pour le continent africain, où cinéastes confirmés et talents émergents se retrouvent autour d’œuvres venues des quatre coins du monde. Depuis le 28 novembre et jusqu’au 6 décembre 2025, Marrakech vibre au rythme du 7e art avec […]

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Du 28 novembre au 6 décembre 2025, Marrakech accueille une nouvelle édition de son prestigieux Festival International du Film. Un événement culturel majeur pour le continent africain, où cinéastes confirmés et talents émergents se retrouvent autour d’œuvres venues des quatre coins du monde.

Depuis le 28 novembre et jusqu’au 6 décembre 2025, Marrakech vibre au rythme du 7e art avec la 22e édition de son Festival international du film. Année après année, ce rendez-vous s’impose comme une célébration des talents, des cultures et des regards venus du monde entier. Pour cette édition, le festival déploie une sélection exceptionnelle de 82 films issus de 31 pays, réunissant de jeunes cinéastes audacieux, des figures confirmées et des histoires qui dialoguent à travers les frontières.

Dès l’ouverture, la ville ocre battra au rythme d’une programmation exigeante et diversifiée, où le cinéma marocain tiendra une place toute particulière avec quinze films à l’honneur, répartis dans les différentes sections du festival. La Compétition officielle, présidée cette année par le réalisateur coréen Bong Joon-ho, incarne la vitalité d’un cinéma mondial en pleine mutation. Quatorze premiers ou seconds longs métrages y seront présentés, explorant à la fois la mémoire, la lutte contre l’injustice et la quête d’émancipation, comme le souligne le thriller psychologique « Derrière les palmiers » de Meryem Benm’Barek, projeté en première mondiale.

L’audace et la diversité à l’honneur

À travers les différentes sections – Compétition officielle, Horizons, 11e Continent, Panorama du cinéma marocain, Séances Jeune Public & Famille, et Séances de Gala – le FIFM 2025 multiplie les regards et s’ouvre aux nouveaux récits. En compétition, les films sélectionnés abordent des thèmes puissants : la corruption et la foi dans « First Light » du photographe australien James J. Robinson ; la jeunesse taïwanaise hantée par la guerre dans « Before the Bright Day » de Shih-Han Tsao ; la crise électorale nigériane vue à travers le prisme familial dans « My Father’s Shadow » d’Akinola Davies Jr. ou encore la quête de liberté sous l’apartheid sud-africain dans « Laundry » de Zamo Mkhwanazi.

Le festival fait la part belle aux figures féminines et à la transmission : « Promis le Ciel » d’Erige Sehiri célèbre la solidarité féminine en Tunisie, tandis que « Aisha Can’t Fly Away » de Morad Mostafa suit la lutte d’une Soudanaise au Caire. Les documentaires « Memory » de Vladlena Sandu et « My Father and Qaddafi » de Jihane K offrent deux plongées intimes dans l’enfance et la mémoire collective, entre la Tchétchénie et la Libye. Entre innovation formelle et émotion universelle, « Straight Circle » d’Oscar Hudson, satire sur l’absurdité des conflits, et « Forastera » de Lucía Aleñar Iglesias, lumineux conte d’été sur le deuil, illustrent la vitalité du jeune cinéma contemporain.

Côté Séances de Gala, le public découvrira, dès le 29 novembre, le très attendu « Rue Málaga » de Maryam Touzani, portrait d’une femme de la communauté espagnole de Tanger interprétée par Carmen Maura. Le festival accueillera également « Frankenstein » revisité par Guillermo del Toro, projeté en avant-première le 1er décembre, et « Vie Privée », comédie policière savoureuse portée par Jodie Foster et réalisée par Rebecca Zlotowski, le 30 novembre. Parmi les autres événements, le biopic « El Sett » sur Oum Kalthoum réalisé par Marwan Hamed sera présenté le 2 décembre, suivi de « Sophia », thriller de Dhafer L’Abidine le 3 décembre, puis de « Hamnet » de Chloé Zhao le 4 décembre, et du mélodrame « Homebound » de Neeraj Ghaywan le 5 décembre.

Un festival ancré dans son époque

Le 11e Continent réunira, du 30 novembre au 5 décembre, une sélection de fictions et documentaires libres et inventifs, avec des cinéastes tels que Massoud Bakhshi, Lucrecia Martel, Oliver Laxe ou Hlynur Pálmason, mais aussi des voix émergentes comme Kamal Aljafari ou Tamara Stepanyan. Le festival proposera également la projection, le 2 décembre, du chef-d’œuvre restauré « Mirage » d’Ahmed Bouanani, joyau du cinéma arabe.

Le Panorama du cinéma marocain, du 1er au 5 décembre, mettra à l’honneur sept films, dont « Cinq Regards » de Karim Debbagh en première mondiale le 2 décembre, et « Porte Bagage » d’Abdelkarim El-Fassi en première internationale le 3 décembre. Treize séances Jeune Public & Famille, organisées du 29 novembre au 6 décembre, éveilleront la curiosité des plus jeunes, de 4 à 18 ans, à la magie du cinéma.

À ces rendez-vous s’ajoutent des hommages exceptionnels : Jodie Foster, Guillermo del Toro, Raouya et Hussein Fahmi, dont les œuvres emblématiques seront projetées au Palais des Congrès, au Cinéma Le Colisée ou au Musée Yves Saint Laurent, pour célébrer l’héritage et la créativité du cinéma mondial. Professionnels et passionnés pourront également participer à des ateliers et débats, notamment autour de la coproduction africaine ou de l’innovation dans le cinéma du continent.

Le public pourra retrouver l’ensemble du programme et les horaires détaillés sur le site officiel du festival : www.festivalmarrakech.info. Certaines projections seront gratuites, d’autres accessibles sur réservation ou accréditation, selon les lieux et les catégories.

Moments forts de la semaine 

– Vendredi 28 novembre : ouverture officielle et projections en gala, dont « Dead Man’s Wire ».
– Samedi 29 novembre : premières séances pour jeune public et familles, présentation d’« Ish » en compétition, focus sur « Promised Sky ».
– Dimanche 30 novembre : Panorama du cinéma marocain avec « Cinq Regards », compétition avec « Derrière les palmiers », projection de « Un Poète ».
– Lundi 1er décembre : séances Horizons et compétition, hommage à la diversité des voix féminines, atelier sur la coproduction africaine.
– Mardi 2 décembre : projection de « La Maison des femmes », focus sur la création maghrébine.
– Mercredi 3 décembre : compétition avec « Aisha Can’t Fly Away », gala autour de « El Sett », focus sur la transmission culturelle.
– Jeudi 4 décembre : « Divine Comedy » (Horizons), projections jeunesse, hommage à l’innovation dans le cinéma africain.
– Vendredi 5 décembre : avant-première de « Frankenstein », compétition, clôture de la semaine avec une sélection d’œuvres coups de cœur.

Informations pratiques

Dates : du 28 novembre au 6 décembre 2025
Lieu : différents sites et salles de Marrakech, projections en plein air sur la place  Jemaa El-Fna
Billetterie : sur le site officiel marrakech-festival.com ou aux guichets sur place
Langues : la majorité des films sont sous-titrés en français et anglais
Public : ouvert à tous, programme spécifique pour enfants et familles
Programme complet : disponible sur le site du festival, actualisé quotidiennement
Réseaux sociaux : @MarrakechFilmFestival (FB/X/Instagram) pour suivre l’actualité en direct
Conseil : certaines séances très prisées nécessitent une réservation préalable

 

 

 

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Kehinde Wiley à Rabat des portraits monumentaux de chefs d’État  https://mondafrique.com/loisirs-culture/kehinde-wiley-a-rabat-des-portraits-monumentaux-de-chefs-detat/ Sun, 20 Apr 2025 07:35:37 +0000 https://mondafrique.com/?p=132110 Cet ’extraordinaire transgresseur des règles du monde de l’art, se saisit de la portraiture classique à l’ancienne et lui donnee une transformation ultra-moderne super cool.

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Jusqu’à fin avril, le Musée Mohammed VI à Rabat accueille « A Maze of Power », une exposition magistrale de Kehinde Wiley. Cet ’extraordinaire transgresseur des règles du monde de l’art, se saisit de la portraiture classique à l’ancienne et lui donnee une transformation ultra-moderne super cool. Nous parlons de portraits énormes, audacieux et percutants comme ceux de chefs d’État africains qui interrogent, détournent et réinventent les codes de la représentation politique.

Au cœur du Musée Mohammed VI d’Art Moderne et Contemporain, à Rabat, les murs semblent vibrer sous le poids d’une présence singulière : celle des chefs d’État africains, figés dans une majesté troublante, regard fixe, port altier, costumes taillés sur mesure, trônant au sein de compositions baroques éclatantes. L’exposition « A Maze of Power » de Kehinde Wiley, en cours jusqu’à la fin avril 2025, offre bien plus qu’un face-à-face avec le pouvoir. Elle met en scène une galerie d’images où se croisent histoire coloniale, iconographie royale européenne et identité africaine contemporaine, dans un ballet visuel aussi somptueux qu’inconfortable.

Kehinde Wiley, artiste américain de renom international, est surtout connu pour avoir réalisé le portrait officiel de Barack Obama en 2018. Mais son œuvre va bien au-delà. Depuis plus de vingt ans, il interroge les formes de représentation du pouvoir, en particulier celles qui ont longtemps exclu les corps noirs des récits dominants. Son geste artistique, profondément politique, consiste à réinvestir les codes visuels de la peinture occidentale — portraits d’apparat, décors floraux, poses théâtrales, drapés opulents — pour y inscrire des figures noires, anonymes ou célèbres, qui revendiquent une place dans l’histoire de l’art et dans l’imaginaire collectif.

Avec « A Maze of Power », Wiley pousse encore plus loin cette entreprise de renversement symbolique. Il y présente une série inédite de portraits de dirigeants africains contemporains, réalisés au terme d’un long travail de recherche, de rencontres et de mises en scène. Chaque chef d’État a été invité à choisir sa posture, son cadre, sa symbolique. Le résultat : des images à la fois grandioses et ambiguës, qui interrogent notre rapport au pouvoir, à la représentation, à la masculinité et à l’autorité. Car si les portraits impressionnent par leur facture et leur éclat, ils dérangent aussi par ce qu’ils révèlent – ou dissimulent.

La transfression du pouvoir

À Rabat, ces toiles monumentales prennent une résonance particulière. Dans une institution dédiée à l’art moderne et contemporain du Maroc, elles viennent perturber le regard, poser des questions sans réponses faciles. Qui décide de ce qu’est un « bon » portrait politique ? Que signifie représenter le pouvoir aujourd’hui, dans un monde saturé d’images mais avide de symboles ? Quelle est la place de l’Afrique dans l’imaginaire global du pouvoir ? Wiley ne propose pas de verdict, mais tend un miroir, déformant parfois, révélateur toujours.

L’exposition frappe également par son ambition esthétique. Chaque toile déborde de détails minutieux, de couleurs vives, de motifs ornementaux inspirés aussi bien de la peinture flamande que de l’art décoratif islamique. Les arrière-plans se détachent parfois du réalisme pour entrer dans une abstraction luxuriante, qui vient encadrer – ou engloutir – les figures représentées. Le contraste entre la solennité des poses et la profusion visuelle crée une tension permanente, un vertige presque baroque, fidèle à l’univers de Wiley.

L’exposition est traversée par une question plus vaste : celle de l’image et de son pouvoir. En redonnant aux chefs d’État africains ou autres, comme le portrait de Napoléon ci dessus,les outils de leur propre représentation, Wiley brouille les pistes. Sont-ils mis en scène ou maîtres de leur image ? Sont-ils sujets ou objets d’un regard critique ? L’artiste joue avec cette ambiguïté, s’en nourrit, l’exacerbe. Et le spectateur, lui, oscille entre fascination et méfiance.

Jusqu’à la fin du mois, « A Maze of Power » offre ainsi aux visiteurs une expérience à la fois esthétique, historique et politique. Une plongée dans un labyrinthe d’images, de symboles et de récits où rien n’est figé, où tout se joue dans l’ambivalence.

Ces présidents africains qui se font tirer le portrait

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Sahara occidental : Rabat compte sur Trump https://mondafrique.com/confidentiels/maghreb/sahara-occidental-rabat-compte-sur-trump/ Sat, 25 Jan 2025 11:23:23 +0000 https://mondafrique.com/?p=125707 Le retour du milliardaire à la Maison-Blanche nourrit de grands espoirs au Maroc, notamment en ce qui concerne le projet d’ouverture d’un consulat américain à Dakhla. Un acte fort qui renforcerait les acquis diplomatiques du royaume sur le Sahara occidental. En décembre 2020, Trump avait reconnu la souveraineté marocaine sur ce territoire. Une décision saluée […]

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Le retour du milliardaire à la Maison-Blanche nourrit de grands espoirs au Maroc, notamment en ce qui concerne le projet d’ouverture d’un consulat américain à Dakhla. Un acte fort qui renforcerait les acquis diplomatiques du royaume sur le Sahara occidental.

En décembre 2020, Trump avait reconnu la souveraineté marocaine sur ce territoire. Une décision saluée comme une victoire diplomatique majeure pour Rabat. Cette reconnaissance devait être suivie de l’ouverture d’un consulat américain à Dakhla, projet qui n’a jamais vu le jour sous la précédente administration démocrate. Aujourd’hui, le Maroc espère que Trump donnera suite à cet engagement, confirmant ainsi son soutien initial apporté par le biais d’un post sur X.

Dans le royaume, la victoire de Trump en novembre dernier a été évidemment accueillie avec enthousiasme, renforçant l’idée que son retour pourrait accélérer les avancées diplomatiques. Cependant, cette dynamique pourrait être entravée par les pressions internationales, notamment celles de l’Algérie et des soutiens du Front Polisario, qui cherchent à contrecarrer les positions américaines.

Malgré ces défis, Rabat continue de consolider ses alliances, s’appuyant notamment sur le soutien de la France, de l’Allemagne et d’Israël, qui considèrent le plan marocain d’autonomie comme la solution « la plus crédible et réaliste » au conflit du Sahara. Plus récemment, c’est la Côte d’Ivoire qui a réitéré son appui au projet marocain. En 2020, le pays avait inauguré un Consulat Général à Laâyoune.

 

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Russie et Sahara occidental : le Maroc s’interroge https://mondafrique.com/confidentiels/maghreb/russie-et-sahara-occidental-le-maroc-sinterroge/ Mon, 20 Jan 2025 11:44:13 +0000 https://mondafrique.com/?p=125359 Les récentes déclarations de Sergueï Lavrov sur le Sahara occidental mettent en exergue l’attitude ferme de la Russie, qui parait vouloir réaffirmer ses ambitions en Afrique du Nord. Des propos que Rabat tente de tempérer, tout en assumant son rôle actif dans plusieurs parties de l’Afrique.   Lors d’une récente conférence de presse, le ministre […]

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Les récentes déclarations de Sergueï Lavrov sur le Sahara occidental mettent en exergue l’attitude ferme de la Russie, qui parait vouloir réaffirmer ses ambitions en Afrique du Nord. Des propos que Rabat tente de tempérer, tout en assumant son rôle actif dans plusieurs parties de l’Afrique.

 

Lors d’une récente conférence de presse, le ministre russe des Affaires étrangères a évoqué le dossier sensible du Sahara occidental en précisant que son pays resterait guidé par « les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU » et que cette crise « devrait être résolue sur la base du principe d’autodétermination ».

Des déclarations qui n’ont pas manqué de provoquer de nombreuses réactions au sein des observateurs de la vie politique marocaine. D’après eux, les propos de Lavrov ne marquent pas un réel changement dans la position de la Russie, historiquement opposée aux positions occidentales, mais s’inscrivent dans un contexte où Moscou cherche à compenser ses pertes d’influence au Moyen-Orient en réinvestissant l’Afrique du Nord. Ainsi, Lavrov pourrait vouloir rassurer l’Algérie, un allié historique, et réaffirmer la pérennité de leur partenariat stratégique.

La présence marocaine, qui s’intensifie dans des régions comme le Sahel et l’Afrique de l’Ouest, susciterait aussi l’inquiétude de la Russie, dont les intérêts sur le continent se heurtent à ceux des puissances occidentales.

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La Grande Mosquée affaiblie par la brouille entre Paris et Alger https://mondafrique.com/a-la-une/la-grande-mosquee-de-paris-dans-la-tourmente/ Fri, 17 Jan 2025 04:33:36 +0000 https://mondafrique.com/?p=125134 Accusée d’ingérence et d’être une « annexe » du gouvernement algérien, la grande mosquée subit actuellement une série d’attaques de la part de médias, figures politiques et activistes d’extrême droite. Cible collatérale de l’escalade entre Paris et Alger, Chems-Eddine Hafiz, recteur depuis 2020, est aujourd’hui sommé de s’expliquer, malgré les bonnes relations qu’il entretenait jusqu’ici […]

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Accusée d’ingérence et d’être une « annexe » du gouvernement algérien, la grande mosquée subit actuellement une série d’attaques de la part de médias, figures politiques et activistes d’extrême droite. Cible collatérale de l’escalade entre Paris et Alger, Chems-Eddine Hafiz, recteur depuis 2020, est aujourd’hui sommé de s’expliquer, malgré les bonnes relations qu’il entretenait jusqu’ici avec les autorités françaises.

Cnews, Europe 1, Le Figaro et Le Point, entre autres, accusent la mosquée de Paris de complicité dans l’affaire dite « des influenceurs algériens » sur TikTok, une série de dérapages décrits par Bruno Retailleau comme une véritable entreprise de déstabilisation de la France.

Si la couverture médiatique est à l’heure actuelle particulièrement virulente à l’encontre du lieu de culte, celui-ci était jusqu’ici régulièrement attaqué par des leaders politiques de la droite radicale, des militants assumés de la lutte contre « l’islamo-gauchisme » et même certains hauts-fonctionnaires français tels que Xavier Driencourt. Omniprésent sur les sujets qui touchent de près ou de loin l’Algérie, l’ancien ambassadeur de France à Alger évoquait dès 2023 un alignement sur les positions du gouvernement algérien, notamment à travers les actions de son recteur, Chems-Eddine Hafiz, défini comme un agent d’influence du président Tebboune en France.

Dernier reproche formulé par Xavier Driencourt : l’absence de prise de parole publique en faveur de la libération de Boualem Sansal. Toujours détenu en Algérie, l’écrivain et ancien haut fonctionnaire au ministère de l’industrie algérien pourrait voir sa situation se compliquer après la diffusion récente d’une vidéo compromettante sur les réseaux sociaux. Filmé à son insu pendant une discussion lors d’un séjour à Tel-Aviv, Boualem Sansal y révèle avoir rencontré secrètement la délégation israélienne au Forum de Davos en 1997, alors qu’il représentait les intérêts du gouvernement algérien.

La riposte de Chems-Eddine Hafiz

Soutien affiché de l’actuel président français, notamment lors de la dernière campagne présidentielle de 2022, Chems-Eddine Hafiz a été promu au rang d’officier de la Légion d’honneur par Emmanuel Macron en personne.

Quand la Mosquée de Paris soutenait Macron en 2022

Mais à son grand regret, il ne semble plus être en odeur de sainteté à l’Élysée. Dans un communiqué diffusé le 6 janvier, le recteur n’a pas manqué d’évoquer « le silence des autorités françaises » face à une « campagne sournoise » pour tenter de « déstabiliser » la Grande Mosquée de Paris.

Une campagne déclenchée principalement par un Algérien, Chawki Benzehra, ancien activiste anti-France reconverti en lanceur d’alerte spécialisé dans la traque de contenus illicites diffusés par ses compatriotes. Réfugié politique depuis seulement fin 2023, ce dernier a accusé directement Chems-Eddine Hafiz d’accueillir et de financer des influenceurs algériens, sans apporter de précisions ni de preuves supplémentaires.

Désormais dans l’œil du cyclone, le responsable religieux multiplie depuis les initiatives pour tenter de redorer son image ternie par ces accusations. Par le biais d’un courrier adressé le 9 janvier dernier aux 150 imams affiliés à la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz a demandé d’introduire à la fin de chaque prêche du vendredi une incantation pour « préserver la France ». Plus récemment, l’avocat franco-algérien a diffusé un post sur les réseaux sociaux dans lequel il pointe du doigt une « ère où règne la désinformation » et revendique son « rôle au service de la concorde entre deux pays, la France et l’Algérie ».

Règlements de comptes

En mauvaise posture, la mosquée de Paris a vu ces derniers jours plusieurs de ses détracteurs se saisir de l’occasion pour exprimer publiquement leur hostilité, souvent à des fins politiques.

Damien Rieu, influenceur d’extrême droite, a demandé sur X la fermeture définitive du lieu de culte, invoquant l’application de la loi du talion : « Œil pour œil, dent pour dent ». Condamné en 2024 à huit mois de prison avec sursis, l’éphémère candidat Reconquête aux législatives de 2022 a formulé ce vœu en s’appuyant sur un article du journal Le Figaro qui aborde une supposée persécution des chrétiens en Algérie.

Dans un registre proche, Naïma M’Faddel, invitée fétiche des émissions de Cnews, a mis en avant le dossier du magazine « Le Point » totalement à charge contre la Grande Mosquée de Paris pour suggérer à demi-mot sur X que celle-ci devrait revenir au Maroc. L’ex-élue locale à Dreux, qui soutient régulièrement les thèses de Reconquête et du Rassemblement national, a notamment évoqué la présence d’artisans marocains lors de la construction de l’édifice pour justifier un changement d’administration. Depuis le règne de Hassan II, Rabat n’a jamais caché son intention de ravir l’édifice à l’Algérie afin de posséder officiellement une deuxième grande mosquée en France après celle de Saint-Étienne, nommée « mosquée Mohammed VI » en l’honneur de l’actuel roi du Maroc.  

La Mosquée de Paris sous influence des services algériens

 

 

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Notre ballade réjouissante au coeur de la littérature du Maghreb https://mondafrique.com/loisirs-culture/week-end-notre-promenade-au-coeur-de-la-litterature-du-maghreb/ Thu, 17 Oct 2024 14:00:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=59276 En dénonçant l’hégémonie française et en soulignant les injustices de la colonisation, les écrivains maghrébins[1] opposent leur propre littérature et leur regard propre aux romans lénifiants des écrivains français d’Algérie. Une chronique de Philippe Pichon  La génération des années 50 -comme les Algériens Mouloud Feraoun[2], Mouloud Mammeri[3], Mohammed Dib[4], le Marocain Driss Chraïbi[5], le Tunisien […]

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En dénonçant l’hégémonie française et en soulignant les injustices de la colonisation, les écrivains maghrébins[1] opposent leur propre littérature et leur regard propre aux romans lénifiants des écrivains français d’Algérie.

Une chronique de Philippe Pichon 

Kateb Yacine, auteur de Nedjma (1956) et poète algérien aux trois langues

La génération des années 50 -comme les Algériens Mouloud Feraoun[2], Mouloud Mammeri[3], Mohammed Dib[4], le Marocain Driss Chraïbi[5], le Tunisien Albert Memmi[6], ou le très médiatique Kateb Yacine[7]– mettait en cause, dans des romans réalistes et populaires, l’impérialisme colonial, non sans critiquer aussi le passéisme et le traditionalisme islamiques, et invitait implicitement à la conquête d’une identité collective trop longtemps sacrifiée.

La génération des années 60 -comme les Algériens Malek Haddad[8] et Rachid Boudjera[9]– traitait des séquelles de la guerre d’indépendance, mais évoquait déjà les problèmes d’adaptation au monde moderne et au progrès.

À partir des années 70, des écrivains comme le Marocain Tahar Ben Jelloun[10] ou l’Algérien Nabile Farès[11], évoquent le problème de l’émancipation et de l’exil, donc de l’intégration. De jeunes femmes comme les Algériennes Yamina Mechakra[12] ou Aïcha Lemsine, dénoncent la condition de la femme dans la civilisation musulmane, et transgressent les tabous[13].

Si le théâtre était resté en retrait jusqu’en 1962 -date à laquelle Kateb Yacine peut faire jouer ses pièces en Algérie-, il se développe à partir des années 80, touchant un public fervent de plus en plus populaire. À l’inverse, la poésie, engagée au temps de la guerre d’indépendance (Anna Grebi), évolue vers des recherches esthétiques qui la réservent à un public de lettrés et partant la marginalisent. Des poètes[14] comme Hedi Bouraoui, Malek Alloula et surtout Abdellatif Laâbi cherchent à subvertir les formes classiques du vers par des rythmes syncopés et des images télescopées.

De nos jours, les préoccupations des écrivains prennent une ampleur nouvelle : dépassant le domaine politique, ils s’interrogent désormais, à partir d’une réflexion sociologique et philosophique, sur le devenir de leur civilisation.

Des écrivains comme le Marocain Tahar Ben Jelloun[10] ou l’Algérien Nabile Farès[11], évoquent le problème de l’émancipation

Indépendance politique : vers quelle autonomie linguistique et quelle identité littéraire ?

Parler de littératures francophones plutôt qu’illustrer encore une fois l’universalité de la langue française en déroulant la saga des écrivains qui, de par le vaste monde, ont choisi la langue de Racine et de Voltaire, c’est déjà manifester que la littérature dite jusque-là « d’expression française » n’est plus un phénomène qui aille de soi. Les littératures francophones, singulièrement au Maghreb, n’existent qu’à deux conditions, l’une négative -ne pas être une simple variante provinciale ou exotique de la littérature parisienne-, l’autre positive, être le lieu d’une recherche et d’une interrogation communes à tout un peuple.

Le problème linguistique n’est souvent qu’un des éléments d’une problématique plus complexe. Les rapports de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie avec la France présentent toujours une profonde ambiguïté. Après avoir rejeté politiquement la greffe d’une conquête somme toute récente, le Maghreb va-t-il se dégager définitivement de la voie du bilinguisme et assumer les traditions fondamentalistes de la culture arabe ?

Les cinquante dernières années ont vu le Maroc, la Tunisie, l’Algérie enfin, conquérir leur indépendance nationale. La colonisation française y avait pris des formes différentes : en Algérie, elle avait abouti à la création de « départements » français, et recherchait, au moins théoriquement, « l’intégration » des colonisés. En fait, malgré un siècle de cohabitation, le fossé restait profond, trop profond, entre la minorité européenne et la masse des musulmans, fort loin d’être des « Français à part entière » faute d’être des « Français de souche ». Au Maroc et en Tunisie, la France, plus tard venue, plus respectueuse des traditions nationales, exerçait un « protectorat » qui recouvrait cependant un régime colonial.

Le Maroc, la Tunisie, l’Algérie qui ont conservé après l’indépendance des rapports étroits de coopération tumultueuse avec la France n’ont rejeté brutalement ni sa langue, ni sa culture.

Dans ces trois pays, dès 1945, la vigueur des revendications, la violence des troubles annoncent le début d’une décolonisation, rendue plus difficile que partout ailleurs par la présence de deux millions de Français installés dans le Maghreb et attachés à cette terre de soleil. Le Maroc et la Tunisie, après des conflits dramatiques, obtiennent l’indépendance en 1956.

L’Algérie n’y accède qu’en 1962, avec les accords d’Évian qui mettent fin à huit ans « d’événements », de guerre et de souffrances. Par de Gaulle, l’empire français (re)devient hexagonal. L’âpreté du conflit qui a opposé le Maghreb à la France durant ces années tragiques n’a pourtant jamais rompu les liens qui les unissent.

Certes, le Maghreb trouve son unité dans la langue arabe, dans la religion musulmane et dans la civilisation islamique. Il se tourne donc naturellement / culturellement vers l’ensemble du monde arabe dont il s’est toujours senti solidaire ; mais il renoue de la sorte les traditions d’amitié qui unissent ce monde arabe à la France, comme on le voit au Liban et en Égypte. Après les déceptions de l’époque coloniale, les révoltes de la décolonisation, l’Afrique du Nord a établi avec la France, aux printemps comme aux automnes, sur un pied d’égalité, des rapports durables et fructueux, malgré les crises inévitables qui les traversent, sur fond de terrorisme.

La littérature maghrébine « d’expression française » n’est pas séparable de cette histoire douloureuse : elle en a reflété toutes les phases, exprimant aussi bien l’attachement profond à la culture française que le refus d’une domination étrangère.

La première génération d’écrivains arabes ou berbères a voulu s’intégrer à la littérature française, comme le citoyen algérien était invité à s’intégrer à la nation française.

La première génération a mis tous ses espoirs dans cet effort d’assimilation et en a vécu l’échec – inévitable. Jusqu’en 1945, les écoles françaises et les missions chrétiennes n’ont touché qu’une fraction très marginale de la population musulmane : elles ont dégagé ce qu’on appelait alors des « élites », mais elles les ont aussi profondément séparées de leurs compatriotes. La vie de Jean Amrouche manifeste bien ce drame : ce Kabyle de religion chrétienne, après de brillantes études, s’est d’abord considéré comme un « écrivain français ». Nul ne s’est mieux que lui inséré dans la vie littéraire française : poète, directeur de revue, essayiste, il dialogue avec Claudel et Gide dans de remarquables entretiens radiodiffusés, jouant auprès d’eux le rôle tenu par Eckermann auprès de Goethe.
Rien ne le distingue, dans ses débuts, de ces écrivains d’origine européenne, nés en Algérie, qu’on a parfois hâtivement regroupés dans une « École d’Alger » : passionnément attachés à l’Afrique du Nord, respectueux du monde musulman, ils cherchaient à définir un univers « méditerranéen » qui concilierait les valeurs de l’Europe et celles de l’Afrique du Nord. À travers le lyrisme du soleil et de la mer, les premières œuvres de Camus et de Jules Roy, celles de Gabriel Audisio et d’Emmanuel Roblès allaient dans ce même sens. Mais Amrouche ne pouvait se satisfaire longtemps d’un accord aussi vague. Quand il cherche à définir le « héros méditerranéen », il choisit une figure de la révolte et de la résistance, Jugurtha, l’ennemi des Romains. Le ton est donné. Peu à peu, il se découvre, à la manière d’un irréductible Algérien comme d’autres furent Gaulois, magrébin. Alors qu’il est nommé directeur des informations à la radiodiffusion française, il prend parti avec éclat pour l’insurrection algérienne en 1958, et dénonce dans ses derniers poèmes – des « chants de guerre » – le mirage d’une « intégration » impossible, qui l’a exilé de sa seule patrie : l’Algérie.
Albert Memmi, le sioniste contrarié

La deuxième génération qui apparaît en force aux alentours de 1952 revendiquent leur nationalité ou tout au moins leur singularité magrébine.

Solidaires du combat de leur peuple pour l’indépendance, ils engagent avec la France, adversaire et partenaire à la fois, l’indispensable dialogue. Ils décrivent, avec la précision de l’étude sociologique, les injustices du système colonial, mais aussi les problèmes complexes d’une société musulmane traditionaliste.

Composant un tableau du Maghreb, ils présentent à la France, sans ménagement, l’addition d’années de dédoublement, « le double portrait du colonisé et du colonisateur », pour reprendre le titre de l’essai d’Albert Memmi paru en 1956. Cet écrivain tunisien décrit dans La Statue de sel (1952) la condition particulière de l’israélite. Le marocain Driss Chraïbi, dans Les Boucs (1955) dont il se fait l’émissaire, présente la situation des travailleurs nord-africains en France. L’Algérie, elle, apparaît à travers les romans de Mohammed Dib, Mouloud Mammeri, Mouloud Feraoun enfin (singulièrement La Terre et le Sang, 1953), qui devait trouver la mort dans les massacres commis par l’O.A.S. en 1962. Toutes ces œuvres, d’une facture classique, solide, visent surtout à mettre en lumière des problèmes sociaux et politiques. Chez Kateb Yacine, en revanche, on découvre l’ambition d’exprimer sous la forme du mythe la tragédie de l’Algérie. Emprisonné dès l’âge de seize ans pour avoir participé en 1945 à des manifestations nationales, le romancier de Nedjma (1956) et le dramaturge du Cercle des représailles, a donné les œuvres les plus vertigineuses et rigoureuses qu’ait inspirées l’insurrection algérienne.

Avec la conquête de l’indépendance, cette littérature militante qui s’adressait aussi bien au public français qu’au public arabe perdait sa raison d’être. Dès lors l’écrivain du Maghreb semble ne pas pouvoir éluder un choix difficile : s’il s’exprime en langue française, il tend à se détacher de son pays, et à devenir un Français d’adoption ; s’il veut s’adresser à ses compatriotes, il doit cesser d’écrire dans une langue qui leur est étrangère.

Avant même la fin de la guerre d’Algérie, des écrivains exprimaient leurs doutes sur l’avenir d’une littérature nationale d’expression française. Le poète Malek Haddad estimait que, « même s’exprimant en français, les écrivains d’origine arabo-berbère traduisent une pensée spécifiquement algérienne, une pensée qui aurait trouvé la plénitude de son expression si elle avait été véhiculée par un langage et une écriture arabes ». Albert Memmi, dès 1956, après avoir analysé son « drame linguistique », affirmait : « la littérature colonisée de langue européenne semble condamnée à mourir jeune », et il annonçait la venue de nouvelles générations d’écrivains abandonnant le français pour l’arabe.

Mehdi Charef: « L’artiste préférée de tous les algériens, c’est sa mère »

Ainsi, la littérature maghrébine d’expression française tend de plus en plus à distinguer ses trois domaines, algérien, marocain et tunisien.

Une importante pléiade de poètes et de romanciers ont ainsi illustré les lettres algériennes depuis l’indépendance, on l’a dit, autour de Mohammed Dib, Kateb Yacine. Le roman se montre particulièrement novateur au niveau de la forme. Violent, iconoclaste, le texte adopte volontiers une esthétique torturée, provocatrice – avec Rachid Boudjedra et Nabile Farès. Après le succès rencontré en 1967 par la romancière Assia Djebar avec les Alouettes naïves, s’amorce un nouveau mouvement parmi les jeunes écrivains, qui ne craignent plus d’analyser, à Alger même, les contradictions nationales.[15] L’histoire des années 80 sert de cadre aux Bandits de l’Atlas (1983) d’Azzedine Bounemeur. Enfin naît en France, dans le milieu des « beurs », une jeune littérature de l’émigration à l’instar de Nacer Kattane, Leïla Sebaar et Medhi Charef.

Le travail idéologique autant que littéraire d’Abdellatif Laâbi, au Maroc, lui vaut la prison[16], mais aussi une autorité considérable sur sa génération. Des talents volcaniques en font partie, comme le poète Mostafa Nissaboury[17], le « romancier » Mohammed Khaïr-Eddine, [18]le sociologue Adbelkébir Khatibi[19]. Enfin, Tahar Ben Jelloun est devenu un « classique » de la francophonie internationale, touchant aux angoisses humaines les plus stables à travers une mythologie subtile[20], récoltant le Prix Goncourt 1987 avec La nuit sacrée. Le roman marocain est sorti d’une longue période de révolte textuelle pour chercher de la profondeur dans le récit de vie et le constat social[21].

Le roman tunisien -dominé on l’a vu jusque-là par Albert Memmi- a trouvé sa voie dans les années 70 : Mustapha Tlili traite de l’aliénation[22] ; Abdelwahab Meddeb veut bousculer tous les interdits[23]. Cette inspiration emportée laisse toutefois place, comme en Algérie et en Tunisie, à des évocations plus intimes, plus apaisées, chez Souad Guellouz[24] ou Hélé Béji[25].

Les États du Maghreb se sont en effet engagés dans une politique d’arabisation : modérée en Tunisie, elle se concilie avec le bilinguisme et l’attachement à la « francophonie » ; beaucoup plus nette en Algérie et au Maroc, elle fait du français une langue étrangère privilégiée. Il est évident que l’écrivain maghrébin n’a pas cessé brusquement d’écrire en français. Jacques Nantet, l’intellectuel et journaliste, dans une enquête sur le roman algérien, constatait que sur dix romans d’auteurs algériens, huit sont écrits directement en français.

Cinquante ans après » la Répudiation », Rachid Boudjedra reste une voix libre, résolument réfractaire aux conservatismes, à l’ordre existant.

Un roman comme La Répudiation de Rachid Boudjedra montre avec force que l’écrivain algérien peut donner, en français, une image critique du monde musulman, mais il semble bien que cette littérature francophone, écrite le plus souvent par des auteurs maghrébins qui ont choisi de résider en France et de fréquenter la rue Sébastien-Bottin ou d’être publiés par le consortium Gallimard-Grasset-Le Seuil[26], n’ait plus la même portée ; elle témoigne moins de la volonté d’exprimer les problèmes et les espoirs d’une nation que de l’ascendant qu’exercent la langue et la culture françaises au-delà de ses frontières sur les écrivains étrangers. Elle se rapproche ainsi de la littérature française, très vivante au Liban[27], ou en Egypte[28] : la langue française traduit plus alors les révoltes et les conflits communs à l’écrivain et à son peuple, elle est l’objet d’un choix et d’une prédilection.

[1] Marie-Louise Taos Amrouche (Algérie), Jacinthe noire (1947).

[2] Mouloud Feraoun, Le Fils du pauvre (1950), L’Anniversaire (1959).

[3] Mouloud Mammeri, La Colline oubliée (1952), La Traversée (1982).

[4] Mohammed Dib, La Grande Maison (1952), L’Incendie (1954).

[5] Driss Chraïbi, Le Passé simple (1954), Succession ouverte (1962), La Civilisation, ma mère !… (1972).

[6] Albert Memmi, La Statue de sel (1953).

[7] Kateb Yacine, Nedjma (1956), Le Polygone étoile (1966).

[8] Malek Haddad, Je t’offrirai une gazelle (1959).

[9] Rachid Boudjera, La Répudiation (1969), Les Mille et unes années de la nostalgie (1977).

[10] Tahar Ben Jelloun, Cicatrices du soleil, poèmes (1972), A l’insu du souvenir (1980) et le fameux La Nuit sacrée (1987).

[11] Nabile Farès, Yahia, pas de chance (1970).

[12] Yamina Méchakra, La Grotte éclatée (1979).

[13] Voir également Femmes d’Alger dans leur appartement de Assia Djebar.

[14] L’auteur de cette chronique recommande particulièrement le recueil de poèmes de l’Algérien Henri Kréa, Tombeau de Jugurtha (1968).

[15] Tahar Djaout, Les Chercheurs d’or, 1984 ; Rachid Mimouni, Le Printemps n’en sera que plus beau, 1978.

[16] Sous le bâillon, le poème, 1981.

[17] La Mille et deuxième nuit, 1975.

[18] Le Déterreur, 1973.

[19] La Mémoire tatouée, 1971

[20] L’Enfant de sable, 1985.

[21] Driss Chraïbi, Une Enquête au pays, 1981.

[22] La Rage aux tripes, 1975.

[23] Talismano, 1979.

[24] La Vie simple, 1975.

[25] L’Œil du jour, 1985.

[26] Six grands jurys littéraires, dont le fonctionnement et les décisions sont mis en question tous les ans sans que le système en souffre le moins du monde, jouent un rôle décisif pour la sélection des « valeurs » romanesques, la régulation du public, et, partant, la santé financière des éditeurs. Des esprits chagrins voire acerbes observent que trois grandes maisons d’édition (Gallimard, Grasset, Le Seuil) se partagent la (grande) majorité des (grands) prix [Grand prix du roman de l’Académie française ; Prix Goncourt ; Prix Renaudot ; Prix Femina ; Prix Interallié ; Prix Médicis], et par conséquent des grands tirages, et ceci en raison de la solidarité littéraire, mais aussi économique, qui unirait ces éditeurs et les jurés.

[27] Pays martyrisé qui se dévore lui-même, le Liban célèbre d’une voix douloureuse et forte ses morts et ses plaies. Poète et romancière, Vénus Khoury-Ghâta chante Les Ombres et leurs cris (1980) ; Salah Stetié (Fragments : Poèmes, 1981) et Andrée Chédid (L’Epreuve du vivant, 1982) disent le désenchantement de leur âme à l’image de leur peuple. Ces écrivains intègrent la culture orientale dans une forme résolument contemporaine à l’image de leur prestigieux prédécesseur, poète et dramaturge Georges Schéhadé l’un des maîtres du nouveau théâtre… en France. Une voie à suivre par les voix maghrébines ?

[28] Avec Albert Cossery et Joyce Mansour.

Portrait d’Albert Memmi, le sioniste contrarié

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Présidentielle Tunisie (4), les yeux doux de Kais Saied au Polisario https://mondafrique.com/politique/kais-saied-fait-les-yeux-doux-au-patron-du-polisario-contre-200-millions/ https://mondafrique.com/politique/kais-saied-fait-les-yeux-doux-au-patron-du-polisario-contre-200-millions/#comments Mon, 30 Sep 2024 06:53:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=73850 Alors que la Présidentielle doit avoir lieu en Tunisie ce dimanche, Mondafrique revient dans une série de papiers sur les faits marquants de son mandat. Ainsi en août 2022, le chef du Polisario, Brahim Ghali, a été accueilli à sa descente d’avion par le président tunisien Kaïs Saïed, au même titre que les présidents et […]

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Alors que la Présidentielle doit avoir lieu en Tunisie ce dimanche, Mondafrique revient dans une série de papiers sur les faits marquants de son mandat. Ainsi en août 2022, le chef du Polisario, Brahim Ghali, a été accueilli à sa descente d’avion par le président tunisien Kaïs Saïed, au même titre que les présidents et chefs de gouvernement venus assister au sommet Japon-Afrique. Autant d’égards qui s’expliquant par les promesses du régime algérien de combler les fins de mois d’une Tunisie exsangue qui refuse tout accord avec le FMI

Les deux hommes se sont ensuite entretenus dans le salon présidentiel de l’aéroport. Ce geste politique surprenant au regard de sa grande hostilité au Maroc n’est pas fortuit car il a été malicieusement bien calculé par le président tunisien. Et pour cause, Tunis a déployé le tapis rouge à Brahim Ghali au moment où Kaïs Saied négocie secrètement avec Alger les termes d’un nouveau prêt financier de 200 millions de dollars USD, a-t-on pu apprendre de plusieurs sources concordantes.

Et pour faire les yeux doux aux dirigeants algériens, Kaïs Saied s’est emparée du délicat dossier du Sahara Occidental qui alimente la brouille algéro-marocaine. La question du Sahara est un enjeu fondamental et précieux pour la diplomatie algérienne. Les dirigeants tunisiens le savent parfaitement et ont décidé ainsi d’instrumentaliser cette question sensible pour gagner encore davantage la confiance et l’appui d’Alger.

Fins de mois difficiles

La Tunisie aurait sollicité en urgence un nouveau prêt de 200 millions dollars USD pour pouvoir terminer l’année 2022 sans craindre la banqueroute. Cet argent servira de dépôt de garantie pour permettre à la Tunisie de rassurer les bailleurs de fonds internationaux auprès desquels elle s’est endettée.

Endettée depuis fin 2021 à hauteur de 41 milliards de dollars (102% du PIB), la Tunisie est régulièrement en négociation avec le Fond monétaire international pour renouveler les prêts. Pour sortir de l’ornière, malgré les aides massives reçues de l’Union européenne, Tunis s’est tourné au moins à 4 reprises en dix ans vers le FMI, mais aussi vers les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, etc.

Depuis 2020, l’Algérie avait consenti à octroyer à la Tunisie pas moins de 450 millions de dollars USD de prêts. En février 2020, un premier prêt de 150 millions de dollars USD ont été débloqués par Alger au profit de la Banque Centrale Tunisienne. Et en décembre 2021, pas moins de 300 millions de dollars US ont été rajoutés par Alger à Tunis.

Présidentielle Tunisie (volet 1), Kaïs Saied, un étrangleur ottoman

Présidentielle Tunisie (volet 2), la dictature douce de Kaïs Saïed

Best of (volet 3), Kaïs Saïed anti islamiste, pro Charia

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Une délégation de la République sahraouie à Tokyo https://mondafrique.com/video/une-delegation-de-la-republique-sahraouie-a-tokyo/ Fri, 23 Aug 2024 16:12:18 +0000 https://mondafrique.com/?p=116935 La République Sahraouie participe aux travaux préparatoires de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), qui se tient au Japon. Cette présence coïncide avec les récentes déclarations de l’ambassadeur sahraoui en Algérie, Abdelkader Taleb Omar, qui a réaffirmé la détermination de son peuple à récupérer ses territoires occupés, tout en critiquant […]

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La République Sahraouie participe aux travaux préparatoires de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), qui se tient au Japon. Cette présence coïncide avec les récentes déclarations de l’ambassadeur sahraoui en Algérie, Abdelkader Taleb Omar, qui a réaffirmé la détermination de son peuple à récupérer ses territoires occupés, tout en critiquant le soutien de la France au plan d’autonomie marocain.

Une délégation de République Sahraouie prend part aux travaux préparatoires de la  Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (en anglais Tokyo International Conference on African Development – TICAD) qui se déroulent au Japon. La réunion des ministres  à proprement parler se tient du 24 au 25 aout 2024. 

Rappelons que lundi dernier l’ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en Algérie, Abdelkader Taleb Omar, a réaffirmé à Alger la détermination du peuple sahraoui à poursuivre sa lutte pour recouvrer la souveraineté sur ses territoires occupés, soulignant que les tentatives du Maroc pour consolider son occupation du Sahara occidental sont vouées à l’échec et que le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination est fermement ancré dans la légalité internationale. Lors d’une conférence de solidarité organisée en partenariat avec des organisations algériennes et internationales, il a dénoncé la récente prise de position de la France en faveur du « plan d’autonomie pour le Sahara occidental », rappelant que le soutien français, y compris militaire, n’a jamais eu d’incidence juridique sur cette question, toujours considérée par l’ONU comme une affaire de décolonisation.

À cette occasion, diverses personnalités, dont Abdelaziz Medjahed, Directeur général de l’Institut national d’études de stratégie globale (INESG), et Boudjemaa Souilah, membre du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS), ont exprimé leur soutien à la cause sahraouie.

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