Maroc - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/maroc/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Sat, 25 Jan 2025 11:23:24 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg Maroc - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/maroc/ 32 32 Sahara occidental : Rabat compte sur Trump https://mondafrique.com/confidentiels/maghreb/sahara-occidental-rabat-compte-sur-trump/ Sat, 25 Jan 2025 11:23:23 +0000 https://mondafrique.com/?p=125707 Le retour du milliardaire à la Maison-Blanche nourrit de grands espoirs au Maroc, notamment en ce qui concerne le projet d’ouverture d’un consulat américain à Dakhla. Un acte fort qui renforcerait les acquis diplomatiques du royaume sur le Sahara occidental. En décembre 2020, Trump avait reconnu la souveraineté marocaine sur ce territoire. Une décision saluée […]

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Le retour du milliardaire à la Maison-Blanche nourrit de grands espoirs au Maroc, notamment en ce qui concerne le projet d’ouverture d’un consulat américain à Dakhla. Un acte fort qui renforcerait les acquis diplomatiques du royaume sur le Sahara occidental.

En décembre 2020, Trump avait reconnu la souveraineté marocaine sur ce territoire. Une décision saluée comme une victoire diplomatique majeure pour Rabat. Cette reconnaissance devait être suivie de l’ouverture d’un consulat américain à Dakhla, projet qui n’a jamais vu le jour sous la précédente administration démocrate. Aujourd’hui, le Maroc espère que Trump donnera suite à cet engagement, confirmant ainsi son soutien initial apporté par le biais d’un post sur X.

Dans le royaume, la victoire de Trump en novembre dernier a été évidemment accueillie avec enthousiasme, renforçant l’idée que son retour pourrait accélérer les avancées diplomatiques. Cependant, cette dynamique pourrait être entravée par les pressions internationales, notamment celles de l’Algérie et des soutiens du Front Polisario, qui cherchent à contrecarrer les positions américaines.

Malgré ces défis, Rabat continue de consolider ses alliances, s’appuyant notamment sur le soutien de la France, de l’Allemagne et d’Israël, qui considèrent le plan marocain d’autonomie comme la solution « la plus crédible et réaliste » au conflit du Sahara. Plus récemment, c’est la Côte d’Ivoire qui a réitéré son appui au projet marocain. En 2020, le pays avait inauguré un Consulat Général à Laâyoune.

 

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Russie et Sahara occidental : le Maroc s’interroge https://mondafrique.com/confidentiels/maghreb/russie-et-sahara-occidental-le-maroc-sinterroge/ Mon, 20 Jan 2025 11:44:13 +0000 https://mondafrique.com/?p=125359 Les récentes déclarations de Sergueï Lavrov sur le Sahara occidental mettent en exergue l’attitude ferme de la Russie, qui parait vouloir réaffirmer ses ambitions en Afrique du Nord. Des propos que Rabat tente de tempérer, tout en assumant son rôle actif dans plusieurs parties de l’Afrique.   Lors d’une récente conférence de presse, le ministre […]

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Les récentes déclarations de Sergueï Lavrov sur le Sahara occidental mettent en exergue l’attitude ferme de la Russie, qui parait vouloir réaffirmer ses ambitions en Afrique du Nord. Des propos que Rabat tente de tempérer, tout en assumant son rôle actif dans plusieurs parties de l’Afrique.

 

Lors d’une récente conférence de presse, le ministre russe des Affaires étrangères a évoqué le dossier sensible du Sahara occidental en précisant que son pays resterait guidé par « les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU » et que cette crise « devrait être résolue sur la base du principe d’autodétermination ».

Des déclarations qui n’ont pas manqué de provoquer de nombreuses réactions au sein des observateurs de la vie politique marocaine. D’après eux, les propos de Lavrov ne marquent pas un réel changement dans la position de la Russie, historiquement opposée aux positions occidentales, mais s’inscrivent dans un contexte où Moscou cherche à compenser ses pertes d’influence au Moyen-Orient en réinvestissant l’Afrique du Nord. Ainsi, Lavrov pourrait vouloir rassurer l’Algérie, un allié historique, et réaffirmer la pérennité de leur partenariat stratégique.

La présence marocaine, qui s’intensifie dans des régions comme le Sahel et l’Afrique de l’Ouest, susciterait aussi l’inquiétude de la Russie, dont les intérêts sur le continent se heurtent à ceux des puissances occidentales.

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La Grande Mosquée affaiblie par la brouille entre Paris et Alger https://mondafrique.com/a-la-une/la-grande-mosquee-de-paris-dans-la-tourmente/ Fri, 17 Jan 2025 04:33:36 +0000 https://mondafrique.com/?p=125134 Accusée d’ingérence et d’être une « annexe » du gouvernement algérien, la grande mosquée subit actuellement une série d’attaques de la part de médias, figures politiques et activistes d’extrême droite. Cible collatérale de l’escalade entre Paris et Alger, Chems-Eddine Hafiz, recteur depuis 2020, est aujourd’hui sommé de s’expliquer, malgré les bonnes relations qu’il entretenait jusqu’ici […]

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Accusée d’ingérence et d’être une « annexe » du gouvernement algérien, la grande mosquée subit actuellement une série d’attaques de la part de médias, figures politiques et activistes d’extrême droite. Cible collatérale de l’escalade entre Paris et Alger, Chems-Eddine Hafiz, recteur depuis 2020, est aujourd’hui sommé de s’expliquer, malgré les bonnes relations qu’il entretenait jusqu’ici avec les autorités françaises.

Cnews, Europe 1, Le Figaro et Le Point, entre autres, accusent la mosquée de Paris de complicité dans l’affaire dite « des influenceurs algériens » sur TikTok, une série de dérapages décrits par Bruno Retailleau comme une véritable entreprise de déstabilisation de la France.

Si la couverture médiatique est à l’heure actuelle particulièrement virulente à l’encontre du lieu de culte, celui-ci était jusqu’ici régulièrement attaqué par des leaders politiques de la droite radicale, des militants assumés de la lutte contre « l’islamo-gauchisme » et même certains hauts-fonctionnaires français tels que Xavier Driencourt. Omniprésent sur les sujets qui touchent de près ou de loin l’Algérie, l’ancien ambassadeur de France à Alger évoquait dès 2023 un alignement sur les positions du gouvernement algérien, notamment à travers les actions de son recteur, Chems-Eddine Hafiz, défini comme un agent d’influence du président Tebboune en France.

Dernier reproche formulé par Xavier Driencourt : l’absence de prise de parole publique en faveur de la libération de Boualem Sansal. Toujours détenu en Algérie, l’écrivain et ancien haut fonctionnaire au ministère de l’industrie algérien pourrait voir sa situation se compliquer après la diffusion récente d’une vidéo compromettante sur les réseaux sociaux. Filmé à son insu pendant une discussion lors d’un séjour à Tel-Aviv, Boualem Sansal y révèle avoir rencontré secrètement la délégation israélienne au Forum de Davos en 1997, alors qu’il représentait les intérêts du gouvernement algérien.

La riposte de Chems-Eddine Hafiz

Soutien affiché de l’actuel président français, notamment lors de la dernière campagne présidentielle de 2022, Chems-Eddine Hafiz a été promu au rang d’officier de la Légion d’honneur par Emmanuel Macron en personne.

Quand la Mosquée de Paris soutenait Macron en 2022

Mais à son grand regret, il ne semble plus être en odeur de sainteté à l’Élysée. Dans un communiqué diffusé le 6 janvier, le recteur n’a pas manqué d’évoquer « le silence des autorités françaises » face à une « campagne sournoise » pour tenter de « déstabiliser » la Grande Mosquée de Paris.

Une campagne déclenchée principalement par un Algérien, Chawki Benzehra, ancien activiste anti-France reconverti en lanceur d’alerte spécialisé dans la traque de contenus illicites diffusés par ses compatriotes. Réfugié politique depuis seulement fin 2023, ce dernier a accusé directement Chems-Eddine Hafiz d’accueillir et de financer des influenceurs algériens, sans apporter de précisions ni de preuves supplémentaires.

Désormais dans l’œil du cyclone, le responsable religieux multiplie depuis les initiatives pour tenter de redorer son image ternie par ces accusations. Par le biais d’un courrier adressé le 9 janvier dernier aux 150 imams affiliés à la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz a demandé d’introduire à la fin de chaque prêche du vendredi une incantation pour « préserver la France ». Plus récemment, l’avocat franco-algérien a diffusé un post sur les réseaux sociaux dans lequel il pointe du doigt une « ère où règne la désinformation » et revendique son « rôle au service de la concorde entre deux pays, la France et l’Algérie ».

Règlements de comptes

En mauvaise posture, la mosquée de Paris a vu ces derniers jours plusieurs de ses détracteurs se saisir de l’occasion pour exprimer publiquement leur hostilité, souvent à des fins politiques.

Damien Rieu, influenceur d’extrême droite, a demandé sur X la fermeture définitive du lieu de culte, invoquant l’application de la loi du talion : « Œil pour œil, dent pour dent ». Condamné en 2024 à huit mois de prison avec sursis, l’éphémère candidat Reconquête aux législatives de 2022 a formulé ce vœu en s’appuyant sur un article du journal Le Figaro qui aborde une supposée persécution des chrétiens en Algérie.

Dans un registre proche, Naïma M’Faddel, invitée fétiche des émissions de Cnews, a mis en avant le dossier du magazine « Le Point » totalement à charge contre la Grande Mosquée de Paris pour suggérer à demi-mot sur X que celle-ci devrait revenir au Maroc. L’ex-élue locale à Dreux, qui soutient régulièrement les thèses de Reconquête et du Rassemblement national, a notamment évoqué la présence d’artisans marocains lors de la construction de l’édifice pour justifier un changement d’administration. Depuis le règne de Hassan II, Rabat n’a jamais caché son intention de ravir l’édifice à l’Algérie afin de posséder officiellement une deuxième grande mosquée en France après celle de Saint-Étienne, nommée « mosquée Mohammed VI » en l’honneur de l’actuel roi du Maroc.  

La Mosquée de Paris sous influence des services algériens

 

 

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Notre ballade réjouissante au coeur de la littérature du Maghreb https://mondafrique.com/loisirs-culture/week-end-notre-promenade-au-coeur-de-la-litterature-du-maghreb/ Thu, 17 Oct 2024 14:00:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=59276 En dénonçant l’hégémonie française et en soulignant les injustices de la colonisation, les écrivains maghrébins[1] opposent leur propre littérature et leur regard propre aux romans lénifiants des écrivains français d’Algérie. Une chronique de Philippe Pichon  La génération des années 50 -comme les Algériens Mouloud Feraoun[2], Mouloud Mammeri[3], Mohammed Dib[4], le Marocain Driss Chraïbi[5], le Tunisien […]

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En dénonçant l’hégémonie française et en soulignant les injustices de la colonisation, les écrivains maghrébins[1] opposent leur propre littérature et leur regard propre aux romans lénifiants des écrivains français d’Algérie.

Une chronique de Philippe Pichon 

Kateb Yacine, auteur de Nedjma (1956) et poète algérien aux trois langues

La génération des années 50 -comme les Algériens Mouloud Feraoun[2], Mouloud Mammeri[3], Mohammed Dib[4], le Marocain Driss Chraïbi[5], le Tunisien Albert Memmi[6], ou le très médiatique Kateb Yacine[7]– mettait en cause, dans des romans réalistes et populaires, l’impérialisme colonial, non sans critiquer aussi le passéisme et le traditionalisme islamiques, et invitait implicitement à la conquête d’une identité collective trop longtemps sacrifiée.

La génération des années 60 -comme les Algériens Malek Haddad[8] et Rachid Boudjera[9]– traitait des séquelles de la guerre d’indépendance, mais évoquait déjà les problèmes d’adaptation au monde moderne et au progrès.

À partir des années 70, des écrivains comme le Marocain Tahar Ben Jelloun[10] ou l’Algérien Nabile Farès[11], évoquent le problème de l’émancipation et de l’exil, donc de l’intégration. De jeunes femmes comme les Algériennes Yamina Mechakra[12] ou Aïcha Lemsine, dénoncent la condition de la femme dans la civilisation musulmane, et transgressent les tabous[13].

Si le théâtre était resté en retrait jusqu’en 1962 -date à laquelle Kateb Yacine peut faire jouer ses pièces en Algérie-, il se développe à partir des années 80, touchant un public fervent de plus en plus populaire. À l’inverse, la poésie, engagée au temps de la guerre d’indépendance (Anna Grebi), évolue vers des recherches esthétiques qui la réservent à un public de lettrés et partant la marginalisent. Des poètes[14] comme Hedi Bouraoui, Malek Alloula et surtout Abdellatif Laâbi cherchent à subvertir les formes classiques du vers par des rythmes syncopés et des images télescopées.

De nos jours, les préoccupations des écrivains prennent une ampleur nouvelle : dépassant le domaine politique, ils s’interrogent désormais, à partir d’une réflexion sociologique et philosophique, sur le devenir de leur civilisation.

Des écrivains comme le Marocain Tahar Ben Jelloun[10] ou l’Algérien Nabile Farès[11], évoquent le problème de l’émancipation

Indépendance politique : vers quelle autonomie linguistique et quelle identité littéraire ?

Parler de littératures francophones plutôt qu’illustrer encore une fois l’universalité de la langue française en déroulant la saga des écrivains qui, de par le vaste monde, ont choisi la langue de Racine et de Voltaire, c’est déjà manifester que la littérature dite jusque-là « d’expression française » n’est plus un phénomène qui aille de soi. Les littératures francophones, singulièrement au Maghreb, n’existent qu’à deux conditions, l’une négative -ne pas être une simple variante provinciale ou exotique de la littérature parisienne-, l’autre positive, être le lieu d’une recherche et d’une interrogation communes à tout un peuple.

Le problème linguistique n’est souvent qu’un des éléments d’une problématique plus complexe. Les rapports de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie avec la France présentent toujours une profonde ambiguïté. Après avoir rejeté politiquement la greffe d’une conquête somme toute récente, le Maghreb va-t-il se dégager définitivement de la voie du bilinguisme et assumer les traditions fondamentalistes de la culture arabe ?

Les cinquante dernières années ont vu le Maroc, la Tunisie, l’Algérie enfin, conquérir leur indépendance nationale. La colonisation française y avait pris des formes différentes : en Algérie, elle avait abouti à la création de « départements » français, et recherchait, au moins théoriquement, « l’intégration » des colonisés. En fait, malgré un siècle de cohabitation, le fossé restait profond, trop profond, entre la minorité européenne et la masse des musulmans, fort loin d’être des « Français à part entière » faute d’être des « Français de souche ». Au Maroc et en Tunisie, la France, plus tard venue, plus respectueuse des traditions nationales, exerçait un « protectorat » qui recouvrait cependant un régime colonial.

Le Maroc, la Tunisie, l’Algérie qui ont conservé après l’indépendance des rapports étroits de coopération tumultueuse avec la France n’ont rejeté brutalement ni sa langue, ni sa culture.

Dans ces trois pays, dès 1945, la vigueur des revendications, la violence des troubles annoncent le début d’une décolonisation, rendue plus difficile que partout ailleurs par la présence de deux millions de Français installés dans le Maghreb et attachés à cette terre de soleil. Le Maroc et la Tunisie, après des conflits dramatiques, obtiennent l’indépendance en 1956.

L’Algérie n’y accède qu’en 1962, avec les accords d’Évian qui mettent fin à huit ans « d’événements », de guerre et de souffrances. Par de Gaulle, l’empire français (re)devient hexagonal. L’âpreté du conflit qui a opposé le Maghreb à la France durant ces années tragiques n’a pourtant jamais rompu les liens qui les unissent.

Certes, le Maghreb trouve son unité dans la langue arabe, dans la religion musulmane et dans la civilisation islamique. Il se tourne donc naturellement / culturellement vers l’ensemble du monde arabe dont il s’est toujours senti solidaire ; mais il renoue de la sorte les traditions d’amitié qui unissent ce monde arabe à la France, comme on le voit au Liban et en Égypte. Après les déceptions de l’époque coloniale, les révoltes de la décolonisation, l’Afrique du Nord a établi avec la France, aux printemps comme aux automnes, sur un pied d’égalité, des rapports durables et fructueux, malgré les crises inévitables qui les traversent, sur fond de terrorisme.

La littérature maghrébine « d’expression française » n’est pas séparable de cette histoire douloureuse : elle en a reflété toutes les phases, exprimant aussi bien l’attachement profond à la culture française que le refus d’une domination étrangère.

La première génération d’écrivains arabes ou berbères a voulu s’intégrer à la littérature française, comme le citoyen algérien était invité à s’intégrer à la nation française.

La première génération a mis tous ses espoirs dans cet effort d’assimilation et en a vécu l’échec – inévitable. Jusqu’en 1945, les écoles françaises et les missions chrétiennes n’ont touché qu’une fraction très marginale de la population musulmane : elles ont dégagé ce qu’on appelait alors des « élites », mais elles les ont aussi profondément séparées de leurs compatriotes. La vie de Jean Amrouche manifeste bien ce drame : ce Kabyle de religion chrétienne, après de brillantes études, s’est d’abord considéré comme un « écrivain français ». Nul ne s’est mieux que lui inséré dans la vie littéraire française : poète, directeur de revue, essayiste, il dialogue avec Claudel et Gide dans de remarquables entretiens radiodiffusés, jouant auprès d’eux le rôle tenu par Eckermann auprès de Goethe.
Rien ne le distingue, dans ses débuts, de ces écrivains d’origine européenne, nés en Algérie, qu’on a parfois hâtivement regroupés dans une « École d’Alger » : passionnément attachés à l’Afrique du Nord, respectueux du monde musulman, ils cherchaient à définir un univers « méditerranéen » qui concilierait les valeurs de l’Europe et celles de l’Afrique du Nord. À travers le lyrisme du soleil et de la mer, les premières œuvres de Camus et de Jules Roy, celles de Gabriel Audisio et d’Emmanuel Roblès allaient dans ce même sens. Mais Amrouche ne pouvait se satisfaire longtemps d’un accord aussi vague. Quand il cherche à définir le « héros méditerranéen », il choisit une figure de la révolte et de la résistance, Jugurtha, l’ennemi des Romains. Le ton est donné. Peu à peu, il se découvre, à la manière d’un irréductible Algérien comme d’autres furent Gaulois, magrébin. Alors qu’il est nommé directeur des informations à la radiodiffusion française, il prend parti avec éclat pour l’insurrection algérienne en 1958, et dénonce dans ses derniers poèmes – des « chants de guerre » – le mirage d’une « intégration » impossible, qui l’a exilé de sa seule patrie : l’Algérie.
Albert Memmi, le sioniste contrarié

La deuxième génération qui apparaît en force aux alentours de 1952 revendiquent leur nationalité ou tout au moins leur singularité magrébine.

Solidaires du combat de leur peuple pour l’indépendance, ils engagent avec la France, adversaire et partenaire à la fois, l’indispensable dialogue. Ils décrivent, avec la précision de l’étude sociologique, les injustices du système colonial, mais aussi les problèmes complexes d’une société musulmane traditionaliste.

Composant un tableau du Maghreb, ils présentent à la France, sans ménagement, l’addition d’années de dédoublement, « le double portrait du colonisé et du colonisateur », pour reprendre le titre de l’essai d’Albert Memmi paru en 1956. Cet écrivain tunisien décrit dans La Statue de sel (1952) la condition particulière de l’israélite. Le marocain Driss Chraïbi, dans Les Boucs (1955) dont il se fait l’émissaire, présente la situation des travailleurs nord-africains en France. L’Algérie, elle, apparaît à travers les romans de Mohammed Dib, Mouloud Mammeri, Mouloud Feraoun enfin (singulièrement La Terre et le Sang, 1953), qui devait trouver la mort dans les massacres commis par l’O.A.S. en 1962. Toutes ces œuvres, d’une facture classique, solide, visent surtout à mettre en lumière des problèmes sociaux et politiques. Chez Kateb Yacine, en revanche, on découvre l’ambition d’exprimer sous la forme du mythe la tragédie de l’Algérie. Emprisonné dès l’âge de seize ans pour avoir participé en 1945 à des manifestations nationales, le romancier de Nedjma (1956) et le dramaturge du Cercle des représailles, a donné les œuvres les plus vertigineuses et rigoureuses qu’ait inspirées l’insurrection algérienne.

Avec la conquête de l’indépendance, cette littérature militante qui s’adressait aussi bien au public français qu’au public arabe perdait sa raison d’être. Dès lors l’écrivain du Maghreb semble ne pas pouvoir éluder un choix difficile : s’il s’exprime en langue française, il tend à se détacher de son pays, et à devenir un Français d’adoption ; s’il veut s’adresser à ses compatriotes, il doit cesser d’écrire dans une langue qui leur est étrangère.

Avant même la fin de la guerre d’Algérie, des écrivains exprimaient leurs doutes sur l’avenir d’une littérature nationale d’expression française. Le poète Malek Haddad estimait que, « même s’exprimant en français, les écrivains d’origine arabo-berbère traduisent une pensée spécifiquement algérienne, une pensée qui aurait trouvé la plénitude de son expression si elle avait été véhiculée par un langage et une écriture arabes ». Albert Memmi, dès 1956, après avoir analysé son « drame linguistique », affirmait : « la littérature colonisée de langue européenne semble condamnée à mourir jeune », et il annonçait la venue de nouvelles générations d’écrivains abandonnant le français pour l’arabe.

Mehdi Charef: « L’artiste préférée de tous les algériens, c’est sa mère »

Ainsi, la littérature maghrébine d’expression française tend de plus en plus à distinguer ses trois domaines, algérien, marocain et tunisien.

Une importante pléiade de poètes et de romanciers ont ainsi illustré les lettres algériennes depuis l’indépendance, on l’a dit, autour de Mohammed Dib, Kateb Yacine. Le roman se montre particulièrement novateur au niveau de la forme. Violent, iconoclaste, le texte adopte volontiers une esthétique torturée, provocatrice – avec Rachid Boudjedra et Nabile Farès. Après le succès rencontré en 1967 par la romancière Assia Djebar avec les Alouettes naïves, s’amorce un nouveau mouvement parmi les jeunes écrivains, qui ne craignent plus d’analyser, à Alger même, les contradictions nationales.[15] L’histoire des années 80 sert de cadre aux Bandits de l’Atlas (1983) d’Azzedine Bounemeur. Enfin naît en France, dans le milieu des « beurs », une jeune littérature de l’émigration à l’instar de Nacer Kattane, Leïla Sebaar et Medhi Charef.

Le travail idéologique autant que littéraire d’Abdellatif Laâbi, au Maroc, lui vaut la prison[16], mais aussi une autorité considérable sur sa génération. Des talents volcaniques en font partie, comme le poète Mostafa Nissaboury[17], le « romancier » Mohammed Khaïr-Eddine, [18]le sociologue Adbelkébir Khatibi[19]. Enfin, Tahar Ben Jelloun est devenu un « classique » de la francophonie internationale, touchant aux angoisses humaines les plus stables à travers une mythologie subtile[20], récoltant le Prix Goncourt 1987 avec La nuit sacrée. Le roman marocain est sorti d’une longue période de révolte textuelle pour chercher de la profondeur dans le récit de vie et le constat social[21].

Le roman tunisien -dominé on l’a vu jusque-là par Albert Memmi- a trouvé sa voie dans les années 70 : Mustapha Tlili traite de l’aliénation[22] ; Abdelwahab Meddeb veut bousculer tous les interdits[23]. Cette inspiration emportée laisse toutefois place, comme en Algérie et en Tunisie, à des évocations plus intimes, plus apaisées, chez Souad Guellouz[24] ou Hélé Béji[25].

Les États du Maghreb se sont en effet engagés dans une politique d’arabisation : modérée en Tunisie, elle se concilie avec le bilinguisme et l’attachement à la « francophonie » ; beaucoup plus nette en Algérie et au Maroc, elle fait du français une langue étrangère privilégiée. Il est évident que l’écrivain maghrébin n’a pas cessé brusquement d’écrire en français. Jacques Nantet, l’intellectuel et journaliste, dans une enquête sur le roman algérien, constatait que sur dix romans d’auteurs algériens, huit sont écrits directement en français.

Cinquante ans après » la Répudiation », Rachid Boudjedra reste une voix libre, résolument réfractaire aux conservatismes, à l’ordre existant.

Un roman comme La Répudiation de Rachid Boudjedra montre avec force que l’écrivain algérien peut donner, en français, une image critique du monde musulman, mais il semble bien que cette littérature francophone, écrite le plus souvent par des auteurs maghrébins qui ont choisi de résider en France et de fréquenter la rue Sébastien-Bottin ou d’être publiés par le consortium Gallimard-Grasset-Le Seuil[26], n’ait plus la même portée ; elle témoigne moins de la volonté d’exprimer les problèmes et les espoirs d’une nation que de l’ascendant qu’exercent la langue et la culture françaises au-delà de ses frontières sur les écrivains étrangers. Elle se rapproche ainsi de la littérature française, très vivante au Liban[27], ou en Egypte[28] : la langue française traduit plus alors les révoltes et les conflits communs à l’écrivain et à son peuple, elle est l’objet d’un choix et d’une prédilection.

[1] Marie-Louise Taos Amrouche (Algérie), Jacinthe noire (1947).

[2] Mouloud Feraoun, Le Fils du pauvre (1950), L’Anniversaire (1959).

[3] Mouloud Mammeri, La Colline oubliée (1952), La Traversée (1982).

[4] Mohammed Dib, La Grande Maison (1952), L’Incendie (1954).

[5] Driss Chraïbi, Le Passé simple (1954), Succession ouverte (1962), La Civilisation, ma mère !… (1972).

[6] Albert Memmi, La Statue de sel (1953).

[7] Kateb Yacine, Nedjma (1956), Le Polygone étoile (1966).

[8] Malek Haddad, Je t’offrirai une gazelle (1959).

[9] Rachid Boudjera, La Répudiation (1969), Les Mille et unes années de la nostalgie (1977).

[10] Tahar Ben Jelloun, Cicatrices du soleil, poèmes (1972), A l’insu du souvenir (1980) et le fameux La Nuit sacrée (1987).

[11] Nabile Farès, Yahia, pas de chance (1970).

[12] Yamina Méchakra, La Grotte éclatée (1979).

[13] Voir également Femmes d’Alger dans leur appartement de Assia Djebar.

[14] L’auteur de cette chronique recommande particulièrement le recueil de poèmes de l’Algérien Henri Kréa, Tombeau de Jugurtha (1968).

[15] Tahar Djaout, Les Chercheurs d’or, 1984 ; Rachid Mimouni, Le Printemps n’en sera que plus beau, 1978.

[16] Sous le bâillon, le poème, 1981.

[17] La Mille et deuxième nuit, 1975.

[18] Le Déterreur, 1973.

[19] La Mémoire tatouée, 1971

[20] L’Enfant de sable, 1985.

[21] Driss Chraïbi, Une Enquête au pays, 1981.

[22] La Rage aux tripes, 1975.

[23] Talismano, 1979.

[24] La Vie simple, 1975.

[25] L’Œil du jour, 1985.

[26] Six grands jurys littéraires, dont le fonctionnement et les décisions sont mis en question tous les ans sans que le système en souffre le moins du monde, jouent un rôle décisif pour la sélection des « valeurs » romanesques, la régulation du public, et, partant, la santé financière des éditeurs. Des esprits chagrins voire acerbes observent que trois grandes maisons d’édition (Gallimard, Grasset, Le Seuil) se partagent la (grande) majorité des (grands) prix [Grand prix du roman de l’Académie française ; Prix Goncourt ; Prix Renaudot ; Prix Femina ; Prix Interallié ; Prix Médicis], et par conséquent des grands tirages, et ceci en raison de la solidarité littéraire, mais aussi économique, qui unirait ces éditeurs et les jurés.

[27] Pays martyrisé qui se dévore lui-même, le Liban célèbre d’une voix douloureuse et forte ses morts et ses plaies. Poète et romancière, Vénus Khoury-Ghâta chante Les Ombres et leurs cris (1980) ; Salah Stetié (Fragments : Poèmes, 1981) et Andrée Chédid (L’Epreuve du vivant, 1982) disent le désenchantement de leur âme à l’image de leur peuple. Ces écrivains intègrent la culture orientale dans une forme résolument contemporaine à l’image de leur prestigieux prédécesseur, poète et dramaturge Georges Schéhadé l’un des maîtres du nouveau théâtre… en France. Une voie à suivre par les voix maghrébines ?

[28] Avec Albert Cossery et Joyce Mansour.

Portrait d’Albert Memmi, le sioniste contrarié

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Présidentielle Tunisie (4), les yeux doux de Kais Saied au Polisario https://mondafrique.com/politique/kais-saied-fait-les-yeux-doux-au-patron-du-polisario-contre-200-millions/ https://mondafrique.com/politique/kais-saied-fait-les-yeux-doux-au-patron-du-polisario-contre-200-millions/#comments Mon, 30 Sep 2024 06:53:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=73850 Alors que la Présidentielle doit avoir lieu en Tunisie ce dimanche, Mondafrique revient dans une série de papiers sur les faits marquants de son mandat. Ainsi en août 2022, le chef du Polisario, Brahim Ghali, a été accueilli à sa descente d’avion par le président tunisien Kaïs Saïed, au même titre que les présidents et […]

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Alors que la Présidentielle doit avoir lieu en Tunisie ce dimanche, Mondafrique revient dans une série de papiers sur les faits marquants de son mandat. Ainsi en août 2022, le chef du Polisario, Brahim Ghali, a été accueilli à sa descente d’avion par le président tunisien Kaïs Saïed, au même titre que les présidents et chefs de gouvernement venus assister au sommet Japon-Afrique. Autant d’égards qui s’expliquant par les promesses du régime algérien de combler les fins de mois d’une Tunisie exsangue qui refuse tout accord avec le FMI

Les deux hommes se sont ensuite entretenus dans le salon présidentiel de l’aéroport. Ce geste politique surprenant au regard de sa grande hostilité au Maroc n’est pas fortuit car il a été malicieusement bien calculé par le président tunisien. Et pour cause, Tunis a déployé le tapis rouge à Brahim Ghali au moment où Kaïs Saied négocie secrètement avec Alger les termes d’un nouveau prêt financier de 200 millions de dollars USD, a-t-on pu apprendre de plusieurs sources concordantes.

Et pour faire les yeux doux aux dirigeants algériens, Kaïs Saied s’est emparée du délicat dossier du Sahara Occidental qui alimente la brouille algéro-marocaine. La question du Sahara est un enjeu fondamental et précieux pour la diplomatie algérienne. Les dirigeants tunisiens le savent parfaitement et ont décidé ainsi d’instrumentaliser cette question sensible pour gagner encore davantage la confiance et l’appui d’Alger.

Fins de mois difficiles

La Tunisie aurait sollicité en urgence un nouveau prêt de 200 millions dollars USD pour pouvoir terminer l’année 2022 sans craindre la banqueroute. Cet argent servira de dépôt de garantie pour permettre à la Tunisie de rassurer les bailleurs de fonds internationaux auprès desquels elle s’est endettée.

Endettée depuis fin 2021 à hauteur de 41 milliards de dollars (102% du PIB), la Tunisie est régulièrement en négociation avec le Fond monétaire international pour renouveler les prêts. Pour sortir de l’ornière, malgré les aides massives reçues de l’Union européenne, Tunis s’est tourné au moins à 4 reprises en dix ans vers le FMI, mais aussi vers les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite, la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, etc.

Depuis 2020, l’Algérie avait consenti à octroyer à la Tunisie pas moins de 450 millions de dollars USD de prêts. En février 2020, un premier prêt de 150 millions de dollars USD ont été débloqués par Alger au profit de la Banque Centrale Tunisienne. Et en décembre 2021, pas moins de 300 millions de dollars US ont été rajoutés par Alger à Tunis.

Présidentielle Tunisie (volet 1), Kaïs Saied, un étrangleur ottoman

Présidentielle Tunisie (volet 2), la dictature douce de Kaïs Saïed

Best of (volet 3), Kaïs Saïed anti islamiste, pro Charia

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Une délégation de la République sahraouie à Tokyo https://mondafrique.com/video/une-delegation-de-la-republique-sahraouie-a-tokyo/ Fri, 23 Aug 2024 16:12:18 +0000 https://mondafrique.com/?p=116935 La République Sahraouie participe aux travaux préparatoires de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), qui se tient au Japon. Cette présence coïncide avec les récentes déclarations de l’ambassadeur sahraoui en Algérie, Abdelkader Taleb Omar, qui a réaffirmé la détermination de son peuple à récupérer ses territoires occupés, tout en critiquant […]

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La République Sahraouie participe aux travaux préparatoires de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), qui se tient au Japon. Cette présence coïncide avec les récentes déclarations de l’ambassadeur sahraoui en Algérie, Abdelkader Taleb Omar, qui a réaffirmé la détermination de son peuple à récupérer ses territoires occupés, tout en critiquant le soutien de la France au plan d’autonomie marocain.

Une délégation de République Sahraouie prend part aux travaux préparatoires de la  Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (en anglais Tokyo International Conference on African Development – TICAD) qui se déroulent au Japon. La réunion des ministres  à proprement parler se tient du 24 au 25 aout 2024. 

Rappelons que lundi dernier l’ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en Algérie, Abdelkader Taleb Omar, a réaffirmé à Alger la détermination du peuple sahraoui à poursuivre sa lutte pour recouvrer la souveraineté sur ses territoires occupés, soulignant que les tentatives du Maroc pour consolider son occupation du Sahara occidental sont vouées à l’échec et que le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination est fermement ancré dans la légalité internationale. Lors d’une conférence de solidarité organisée en partenariat avec des organisations algériennes et internationales, il a dénoncé la récente prise de position de la France en faveur du « plan d’autonomie pour le Sahara occidental », rappelant que le soutien français, y compris militaire, n’a jamais eu d’incidence juridique sur cette question, toujours considérée par l’ONU comme une affaire de décolonisation.

À cette occasion, diverses personnalités, dont Abdelaziz Medjahed, Directeur général de l’Institut national d’études de stratégie globale (INESG), et Boudjemaa Souilah, membre du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS), ont exprimé leur soutien à la cause sahraouie.

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Le 25ème anniversaire du règne de Mohammed VI célébré avec éclat à Paris https://mondafrique.com/video/la-france-reaffirme-son-soutien-au-maroc-concernant-le-sahara-occidental/ Wed, 31 Jul 2024 15:28:55 +0000 https://mondafrique.com/?p=115557 À Paris, une réception grandiose a marqué les 25 ans de règne du roi Mohammed VI, réunissant des personnalités éminentes et des membres de la communauté marocaine en France. Cet événement a célébré les réalisations du roi et la solidité des relations maroco-françaises, mettant en lumière un quart de siècle de progrès et de partenariats […]

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À Paris, une réception grandiose a marqué les 25 ans de règne du roi Mohammed VI, réunissant des personnalités éminentes et des membres de la communauté marocaine en France. Cet événement a célébré les réalisations du roi et la solidité des relations maroco-françaises, mettant en lumière un quart de siècle de progrès et de partenariats renforcés.

Le mardi 30 juillet, Paris a été le cadre d’une somptueuse réception pour commémorer les 25 ans de règne du roi Mohammed VI. L’événement, organisé par Samira Sitaïl, ambassadrice du Roi à Paris, et Samir Addahre, ambassadeur et délégué permanent du Royaume auprès de l’Unesco, a attiré de nombreuses personnalités influentes dont le ministre français des affaires étrangères Stéphane Séjourné et de l’intérieur Gérald Darmanin mais aussi des députés, des sénateurs, des hauts fonctionnaires, des diplomates, des chefs d’entreprises françaises, ainsi que des figures majeures des milieux politique, économique, culturel et sportif, et des membres de la communauté marocaine en France. Lors de son discours, Samira Sitaïl a exprimé sa fierté d’accueillir cette illustre assemblée pour célébrer la Fête du Trône, qualifiant cet événement de « moment exceptionnel » pour le peuple marocain et le Royaume. La cérémonie a débuté par le salut des couleurs et les hymnes nationaux des deux pays, interprétés par Françoise Atlan, Fadwa Taddist et Marie-Claude Patout, illustrant ainsi les valeurs de stabilité, de diversité, de paix et de coexistence chères au Maroc.

Un quart de siècle de progrès et de partenariats renforcés

Samira Sitaïl a mis en lumière les réalisations marquantes des 25 années de règne de Mohammed VI, soulignant les avancées en matière de développement socio-économique, les grands projets d’infrastructure, les réformes sociales et la promotion des droits humains, notamment ceux des femmes. Elle a également souligné l’engagement du Maroc à diversifier et renforcer ses partenariats internationaux, en particulier avec la France. Citant une lettre du président français Emmanuel Macron, qui réaffirme le soutien de la France à la souveraineté du Maroc sur le Sahara et considère le plan d’autonomie comme « la seule base pour une solution politique », Samira Sitaïl a déclaré que cette position marque une étape historique dans les relations maroco-françaises. Selon elle, ces 25 années illustrent l’évolution et la consolidation des liens entre les deux nations, renforçant ainsi une amitié durable et fructueuse.

Un soutien qui a été réaffirmé par Stéphane Séjourné qui a déclaré :  « Le présent et l’avenir du Sahara s’inscrit dans le cadre de la souveraineté marocaine »

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Colère au Maroc après l’escale d’un navire de guerre israélien https://mondafrique.com/video/colere-au-maroc-apres-lescale-dun-navire-de-guerre-israelien/ Sat, 29 Jun 2024 13:55:33 +0000 https://mondafrique.com/?p=114323 L’escale de l’INS Komemiyut, navire de la marine israélienne de 2500 tonnes construit aux Etats Unis, à Tanger Med les 6 et 7 juin a déclenché une vague d’indignation au Maroc. Le Front marocain de soutien à la Palestine a dénoncé la « complicité » des autorités marocaines, les accusant de ne pas avoir imité […]

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L’escale de l’INS Komemiyut, navire de la marine israélienne de 2500 tonnes construit aux Etats Unis, à Tanger Med les 6 et 7 juin a déclenché une vague d’indignation au Maroc. Le Front marocain de soutien à la Palestine a dénoncé la « complicité » des autorités marocaines, les accusant de ne pas avoir imité l’Espagne, qui avait refusé une escale similaire en mai. Selon le Baromètre arabe de juin 2024, le soutien à la normalisation des relations avec Israël a chuté de 31 % en 2022 à 13 % en 2024. Malgré des liens renforcés depuis les accords d’Abraham en 2020, les relations diplomatiques et le tourisme ont été affectés par les tensions récentes.

En 2023, Israël est devenu le troisième fournisseur d’armes du Maroc, derrière les États-Unis et la France.

 

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Ces héros maghrébins de 1939-45 (volet 4), des innocents exécutés https://mondafrique.com/decryptage/ces-heros-maghrebins-de-1939-45-volet-4-des-innocents-executes/ Sun, 09 Jun 2024 04:35:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=72462 Parmi les 12 à 15000 morts sous les balles allemandes en France pendant l’Occupation, les immigrés originaires du Maghreb, pas tous des combattants, ont eux aussi payé un lourd tribut à la répression aveugle des nazis à la fin de la guerre Un article d’Olivier Toscer Le 8 mars 1944, Tahar Ben Belkacem et Mohamed […]

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Parmi les 12 à 15000 morts sous les balles allemandes en France pendant l’Occupation, les immigrés originaires du Maghreb, pas tous des combattants, ont eux aussi payé un lourd tribut à la répression aveugle des nazis à la fin de la guerre

Un article d’Olivier Toscer

Le barrage de Génissat dans l’Ain, un haut lieu de la Résistance

Le 8 mars 1944, Tahar Ben Belkacem et Mohamed Ben Ahmed deux ouvriers algériens, accompagnés de Djellil Taïeb, un tunisien natif de Sousse, tous trois affectés au barrage de Génissat dans l’Ain, se rendent consciencieusement à leur travail. La région est alors en pleine ébullition. Un groupe de résistants emmenés par un de leur ancien collègue de travail au barrage, le FFI François Bovagne, est engagé dans un combat avec les forces allemandes, assistées de gendarmes français.

Bovagne alias « Michel », ancien délégué CGT, est une figure de la Résistance dans la région. Il a recruté un groupe de partisans dans les rangs de son syndicat; mais les trois ouvriers n’en font pas partie. Ils se préparent simplement à embaucher. Un destin funeste les attend pourtant. Les trois hommes sont arrêtés sur le bord de la route et torturés à mort. Ils rendent l’âme sans avoir jamais parlé. Et pour cause : ils n’avaient rien à voir ni de près, ni de loin, avec la Résistance.

Larbi Ben Lahyien, un marocain de 56 ans, lui non plus ne faisait pas partie de l’Armée secrète. Il était juste curieux. Le 29 juin 1944 à Saint-Manvieu, dans le Calvados, les SS le surprennent examinant les papiers d’un soldat britannique tué après le débarquement. Soupçonné de faire partie d’un réseau de soutien logistique aux partisans, Ben Lahyen est battu et torturé pendant plusieurs jours avant d’être achevé d’une balle dans la tête.

Massacres de masse

Ces civils nord-africains font parties d’une longue cohorte de victimes d’exécutions sommaires et massacres de masse qui vont endeuiller la France vers la fin de la guerre. Une politique de la terreur mise au point au début de l’année 1944 par les autorités allemandes pour faire face à la stratégie de harcèlement qu’avaient adopté les hommes de la Résistance plus nombreux et mieux armés.

Le Haut Commandant des Forces Allemandes à L’Ouest, Hogo Sperrie

Le plus haut responsable militaire allemand en France, Hugo Sperrie, avait en effet promulgué un ordre général en février 1944. Cette instruction dite « Sperrle-Erlass » prescrivait à la troupe de répondre immédiatement par le feu quand elle serait attaquée par la résistance française. Cette note prescrivait: « Dans la situation actuelle, il n’y a pas de raison de sanctionner le chef d’une unité qui imposerait des mesures trop sévères. Au contraire, il faudra punir un chef trop souple, car il met la sécurité de ses hommes en danger. » Difficile de ne pas y voir un permis de tuer sans condition n’importe qui, même les civils. Une carte blanche qui explique en partie les grands  massacres de la fin de la guerre en France comme Oradour-sur-Glane (643 morts) ou Asq (86 morts) par exemple.

La communauté nord-africaine immigrée en France, en paiera elle aussi un lourd tribut, rarement mis en évidence par les historiens depuis. Les exemples d’exécutions sommaires purement gratuites ou par représailles ne manquent pourtant pas. Comme celui par exemple de Mohamed Ben Ahmed, né à Fès au Maroc et installé à Cheylas (Isère) depuis 1920. A 44 ans, il travaille comme manœuvre à l’usine des Hauts Fourneaux et Forges d’Allevard (Isère). Cet ancien soldat de 1ère classe du 5ème régiment de tirailleurs marocains fait prisonnier en 1940 et libéré trois ans plus tard, avait, depuis, repris le cours de sa vie de labeur, tranquillement, sans faire d’histoires. Célibataire, il occupe un petit logement aménagé dans la cité de son usine, en compagnie notamment d’Abdelkader Ben Haouri Ben Ali, un manœuvre âgé de 35 ans, lui aussi marocain.

Le 11 août 1944, le hameau du Villard est le lieu d’une attaque d’une colonne allemande par un groupe de maquisards.

« Morts pour la France »

Le 11 août 1944, un groupe de la résistance s’accroche avec une colonne allemande de six à sept cents hommes dans le hameau du Villard. Mais les résistants se sont montrés trop présomptueux. Ils doivent se replier.

Les Allemands investissent l’usine et fouillent les bâtiments. Ils tombent sur Ben Ahmed et Ben Haouri Ben Ali. Le premier est conduit au bord d’une route, jeté dans le fossé et exécuté d’une rafale de mitraillette dans le dos. Son compagnon abattu de trois balles dans la tête, sans autre forme de procès.

Le maire de Cheylas, dans un rapport daté de juillet 1945 écrira : « leur attitude a tous les deux a été magnifique de simplicité, de grandeur et de résignation ». Les deux hommes ont obtenu, depuis la mention, « morts pour la France ». Comme également, les Algériens Tahar Bendemagh, son cousin Saad et trois autres ouvriers cuvistes de l’usine Péchiney de Saint-Michel de Maurienne en Savoie. Eux ont été fusillés sans raison le 23 août 1944. Ils avaient eu la malchance de se trouver dans les parages d’une embuscade organisée par la Résistance contre une autre colonne allemande battant en retraite après la campagne d’Italie.

Quelques jours plus tôt, le 16 août, Nourredine Rhachide, un cafetier algérien de Lyon, avait déjà succombé. Il avait été raflé par hasard, avec deux autres hommes, par la Gestapo et un groupe de collabos, après l’attaque d’une caserne de la Milice par la Résistance.

En cet été 44, la défaite allemande qui se profilait après le débarquement avait fait sauter les derniers verrous moraux de l’armée nazie. En Côte d’Armor par exemple sur 700 victimes recensées dans le département après le 6 juin 1944, la moitié étaient de simples quidams abattus par colère et frustration, sans le moindre motif, comme Abdelkader Bensaïd par exemple. Natif de Constantine, il buvait un café au Brezellec sur le port de Paimpol, le 5 août 1944 quand des Allemands font irruption dans l’établissement, font sortir tous les consommateurs et tirent dans le tas. Bilan : trois morts dont Bensaïd, 38 ans

 

Le monument à mort du village de Saint Yan

Quelques jours plus tard, c’est au tour d’Ali Lakrout de tomber. Né au douar Ennalou à Fort-National, marchand forain, sans domicile fixe, Lakrou est arrêté en représailles après le largage de parachutistes britanniques dans la région, qui avait rendu folles les autorités allemandes. Cet immigré est d’abord détenu dans une école catholique de Callacavec trente autres malheureux, dont ses associés Amokrane Lassaoui et Hocine Ouareski ainsi que quatre autres compatriotes. Le lendemain tout le monde est conduit dans une forêt de Plestan et sauvagement assassiné. Les meurtriers sont parfaitement identifiés. Ils sont dirigés par le chef de la Gestapo et de Rennes, assistés d’autonomistes bretons. A la Libération pourtant, les coupables réussiront à passer entre les mailles du filet de la justice.

La communauté des forains qui comptaient à l’époque nombre d’Algériens déplorera deux mois plus tard une autre victime des représailles aveugles allemandes, en la personne de Mohamed Yanes. De passage à Saint-Yan, en Saône-et-Loire, le 31 août, Yanes se retrouve pris en otage avec tous les habitants de ce petit bourg occupés par les Allemands mais assiégés par les FFI.

Les nazis, plus lourdement armés, parviennent à faire fuir les résistants. Mais ils tiennent à faire un exemple. Cinq hommes, dont Yanes, choisis au hasard sont torturés et abattus. Pour essayer de masquer leurs forfaits, les nazis brûleront vêtements et papiers d’identités des otages. Mais à leur départ, les habitants exhumeront les corps, avant de leur donner une sépulture décente.

Leurs noms figurent toujours sur le monument aux morts du village.

https://mondafrique.com/ces-heros-maghrebins-oublies-1939-1945-volet-3-le-clan-des-fusilles/

 

 

 

 

 

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Ces héros maghrébins oubliés 1939-1945 (volet 3), le clan des fusillés https://mondafrique.com/decryptage/ces-heros-maghrebins-oublies-1939-1945-volet-3-le-clan-des-fusilles/ Fri, 07 Jun 2024 11:39:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=72047 Résistants officiellement reconnus ou simplement présumés, des dizaines de ceux que l’on appelaient alors les Nord-Africains ont été passés par les armes par les Nazis. Parfois après avoir été livrés par la police française. Voici le troisième volet de notre série sur « ces héros maghrébins de la guerre de 1939-1945 ». Un article d’Olivier Toscer Environ […]

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Résistants officiellement reconnus ou simplement présumés, des dizaines de ceux que l’on appelaient alors les Nord-Africains ont été passés par les armes par les Nazis. Parfois après avoir été livrés par la police française. Voici le troisième volet de notre série sur « ces héros maghrébins de la guerre de 1939-1945 ».

Un article d’Olivier Toscer

Le 70 eme anniversaire au Mont Valérien du maquis de l’Oisans

Environ 4 500 personnes sont tombées, les mains attachées dans le dos, devant le poteau d’exécution, en France métropolitaine pendant l’Occupation. Parmi deux, à partir de la fin 1941, figuraient des dizaines de travailleurs immigrés originaires du Maghreb.

Selon les archives officielles, les premiers à tomber sous les balles nazies n’étaient pas forcément membres de l’Armée secrète. Ainsi Mohamed Moali, né à Constantine et vivant dans le XIXème arrondissement de Paris, est arrêté, porteur d’un revolver, par les hommes de la préfecture de police de Paris. Etait-il résistant ou simple malfrat, l’histoire n’a pas permis de l’établir. Et les autorités allemandes n’ont que faire de ce détail : il est condamné à mort et passé par les armes le 27 septembre 1941.

Rien ne prouve que Mohamed Bounaceur soit impliqué dans quelque acte de résistance que ce soit, mais il est pourtant jugé comme tel

Deux mois plus tard, c’est au tour de Mohamed Bounaceur de tomber sous les balles allemandes. Ce terrassier de 41 ans également, natif de Mekla, près de Tizi-Ouzou, se fait arrêter, lui aussi par la police française, en décembre 1941 en essayant de négocier de faux tickets de pain. La police française perquisitionne chez lui et tombe sur une arme de poing. L’Algérien est immédiatement livré aux Allemands. Rien ne prouve que Bounaceur soit impliqué dans quelque acte de résistance que ce soit mais il est pourtant jugé comme tel par les Allemands et tombe au Mont Valérien, le lieu habituel des exécutions de Résistants. Au lendemain de la guerre, la municipalité d’Ivry-sur-Seine donnera d’ailleurs son nom à un sentier sur les berges du fleuve.

Est-ce quil s’agit de délinquants ou de sympathisants anti-nazis? Il est difficile de trancher sur le véritable statut des Nord-Africains fusillés à une époque où la Résistance française n’est pas encore réellement organisée. Un temps également où les Algériens coincés en région parisienne, la plupart ouvriers, baignent dans un univers prolétaire, proche du Parti Communiste, entré en clandestinité. Dans le doute, les nazis ne sont pas très enclins à séparer le bon grain de l’ivraie.

C’est ce qui sera fatal, un mois plus tard, en janvier 1942 à Essaïd Ben Mohand Haddad. Lui aussi ouvrier, né dans la région de Tamassit en Kabylie et domicilié dans le XIXème arrondissement de Paris. Il est arrêté porteur d’un revolver, toujours par la police française. Chez lui, on retrouve de la littérature crypto-communiste sous forme de tracts syndicaux.  Il sera pourtant condamné par un tribunal allemand pour la seule infraction de « détention d’armes » et passé par les armes. Dans les semaines qui suivent, Amar Zerboudi et Mohammed Aït Abderrahmane, deux autres ouvriers algériens de 39 et 38 ans, subiront le même sort, pour les mêmes raisons.

Mohamed Ben Slimane, figure de la Résistance

A partir du printemps 1942 par contre, des agents assermentés de la résistance commencent à trouver la mort devant le poteau d’exécution. La figure la plus emblématique de cette résistance maghrébine, tombé au champ d’honneur est sans doute Mohamed Ben Slimane.

Mohamed Ben Slimane

Lui était né dans le Grand Sud algérien, dans le département de Laghouat, 43 ans plus tôt. Après quatre ans de service militaire dans le 27ème régiment du train, il s’était installé en France métropolitaine et s’était fait embaucher comme infirmier à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre en 1931. Deux ans plus tard, il se mariait avec la bretonne Marie-Louise Corbel. Cinq enfants avaient suivis.

Mohamed Ben Slimane était un père comblé, encarté au Parti Communiste, ultra-dominant dans cette ceinture rouge de Paris. L’infirmier algérien militait ouvertement dans la section communiste de Villejuif, jusqu’en septembre 1939 date à laquelle le Parti Communiste fut interdit. Mais il continua à oeuvrer secrètement dans l’appareil clandestin. Début 1942, il adhère même à l’Organisation spéciale, la branche militaire du PCF. Mais suite à un attentat raté, un militant imprudent de son groupe se fait arrêter. Dans ses papiers figurent une liste de noms.

Ben Slimane est arrêté le 23 juin 1942 par la Brigade spéciale des RG de la Préfecture de Police, de redoutables collabos, chasseurs de juifs et de résistants. Dans ses affaires, la police française retrouve un pistolet, un coup de poing américain et une matraque. Cela suffit pour le faire transférer illico à la Gestapo. Les Nazis le soupçonnent d’avoir participé à un attentat à la bombe dans un café proche du palais de justice où deux collabos avaient été tués. Mais même sous la torture, Ben Slimane ne desserre pas les mâchoires. Les Allemands s’interrogent mais en plein mois d’août un nouvel attentat sanglant à lieu contre des soldats de la Luftwaffe près du stade Jean-Bouin à Paris. Huit soldats allemands perdent la vie. Les Nazis décident, en représailles, la condamnation à mort de 88 détenus. Ben Slimane en fait partie. Il tombe sous les balles allemandes au Mont Valérien, le 11 août. La mention « mort pour la France », lui sera décernée à la Libération.

Des Marseillaises fusent, des « Vive la France, l’Angleterre et la Russie » sont scandés.

Quelques semaines plus tard, c’est au tour d’Omar Ammar d’être passé par les armes. Né en 1895 à Mirabaud, près de Tizi-Ouzou en Algérie, Omar Ammar travaille alors comme un manœuvre sur le terrain d’aviation de Saint-André (Eure). Il est marié, père de cinq enfants, ne fait parti d’aucun mouvement de Résistance mais, baignant dans une ambiance ouvrière proche du parti communiste, cultive des sentiments anti-allemands prononcés. Aussi, le 5 octobre 1941, quand des miliciens arrivent sur le chantier pour tenter de recruter des candidats pour le compte de la Légion des volontaires français contre le Bolchevisme (LVF), une organisation ultra-collaborationniste qui entend combattre aux côtés de l’armée nazie sur le front de l’Est, Omar Ammar voit rouge. Des coups sont échangés entre l’ouvrier immigré, ses collègues de travail et deux hommes de la LVF. Des Marseillaises fusent, des « Vive la France, l’Angleterre et la Russie » sont scandés. Le patriote Omar Ammar est arrêté, condamné à mort par le tribunal militaire d’Evreux et fusillé, en fin d’après-midi, le 5 juin 1942.

Mais c’est durant l’année 1944, celle où la confrontation armée entre les Nazis et la Résistance atteint son apogée que le rythme des exécutions s’accélère. Elles concernent d’abord les Nord-Africains évadés des camps de prisonniers allemands comme Ahmed Yahia par exemple. Né dans la région de Constantine, engagé dans l’armée française et fait prisonnier dès le début de la guerre, Ahmed Yahia se trouve affecté dans une colonne de travail agricole à Moulins-en-Tonnerrois dans l’Yonne.

A l’été 1943, le camp est attaqué par les hommes du maquis Horteur, un groupe de résistants FTP (d’obédience communiste). Yahia parvient à prendre la fuite en compagnie de quatre de ces co-détenus indigènes, le marocain Ali Ben Hamed et trois algériens, Djelloul Ouaheb, Saïd Barich et Arsène Zamouchi.

Fait rare, le secrétaire d’Etat du régime de Vichy,Fernand de Brinon, pourtant connu pour ses sentiments ultra-collaborationniste, intervient en faveur des cinnq travailleurs immigrés condamnés à mort

Ensemble, ces hommes acceptent de s’engager dans le maquis très actif dans l’Yonne.  Mais dès septembre, le groupe de résistants est démantelé par les Nazis. Arrêtés et incarcérés à Auxerre, les cinq hommes sont condamnés à mort par un tribunal militaire allemand. Fait suffisamment rare pour être signalé, les autorités de Vichy vont néanmoins tenter d’intervenir pour faire commuer leurs peines. Le secrétaire d’Etat Fernand de Brinon, pourtant connu pour ses sentiments ultra-collaborationniste, intervient : « Ces prisonniers Nord-Africains semblent avoir obéi aux suggestions d’un meneur et facilement influençables, en raison de leurs origines, désorientés par ailleurs, ils ont eu surtout en vue le désir d’une évasion et non pas celui d’une activité anti-allemande, écrit-il aux autorités nazies. Ils n’ont en effet pris aucune part active à l’exécution des attentats perpétrés par les dissidents et n’ont été trouvés porteur d’aucune arme, quoiqu’en ayant à leur disposition ». Et le responsable de Vichy de plaider l’indulgence…en pure perte. Les cinq hommes seront fusillés à Dijon, le 22 avril 1944.

Dans cette période, les autorités d’occupation semblent particulièrement s’acharner sur les Nord-Africains, notamment en les exécutant comme « otage ». Hammouche Slimi, originaire de la commune mixte de Maillot (aujourd’hui M’Chedallah) près de Bouira en Algérie, et marié avec Alexandrine Bas, la veuve d’un soldat mort pour la France en 14-18, se fait rafler à Chatillon-la-Palud dans l’Ain où il réside, trois jours après le débarquement en Normandie. Les Allemands sont furieux, et l’Algérien fait office de victime expiatoire, en compagnie de deux autres hommes du village. Tous les trois sont fusillés, sans procès, ni raison. 

Les fusillés du Mont Vélérien

Morts pour la France

Youssef Ben Larbi, 24 ans, originaire de Ouled Saïd dans la région de Timimoun en Algérie et ancien soldat de l’Armée française lui aussi trouve la mort sous les balles de ses exécuteurs allemands à Moulin (Allier) en septembre 1944. Il avait été raflé par hasard dans les rues et assassiné en tant que simple otage. La Gestapo ne savait pas que Ben Larbi était en réalité un authentique résistant enrôlé dans la 3éme Compagnie du 1er Bataillon FFI de l’Allier plus connue sous le nom de Compagnie Forgette…

Après le Débarquement, de toutes, façons, l’armée d’Hitler ne fait plus beaucoup de prisonniers. Les Résistants qui tombent entre leurs griffes ont peu de chance d’échapper à la peine capitale ou pire, comme Saïd Yahi, à l’exécution sommaire. Ce manœuvre, originaire de Dal El Mizan avait rejoint l’Armée Secrète dans le maquis de l’Oisan en Isère en compagnie d’un camarade algérien Azouz Mehedine Ben Mohamed, quand ils sont tous les deux arrêtés, et après un bref interrogatoire par la Gestapo locale, exécutés d’une balle dans la nuque.

Tous deux morts pour la France, eux aussi.

Ces héros maghrébins oubliés (volet 2), les secrètes filières d’évasion algériennes

 

 

 

 

 

 

 

 

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