Liban - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/liban/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Tue, 03 Jun 2025 01:44:42 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg Liban - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/liban/ 32 32 Les vols des Émiratis vers le Liban affichent complet https://mondafrique.com/confidentiels/les-vols-des-emiratis-vers-le-liban-affichent-complet/ Mon, 02 Jun 2025 11:38:30 +0000 https://mondafrique.com/?p=134986 Les liaisons aériennes entre les Émirats et le Liban connaissent un engouement marqué à l’approche de la saison estivale, signe d’un retour attendu des touristes et investisseurs émiratis après la levée de l’interdiction de voyage. L’ambassadeur du Liban aux Émirats arabes unis, Fouad Dandan, a annoncé que «les vols à destination du Liban pour la […]

Cet article Les vols des Émiratis vers le Liban affichent complet est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Les liaisons aériennes entre les Émirats et le Liban connaissent un engouement marqué à l’approche de la saison estivale, signe d’un retour attendu des touristes et investisseurs émiratis après la levée de l’interdiction de voyage.

L’ambassadeur du Liban aux Émirats arabes unis, Fouad Dandan, a annoncé que «les vols à destination du Liban pour la saison estivale sont complets», soulignant que cette reprise des liaisons «ouvre la voie à de nouvelles perspectives dans les relations entre les deux pays».

Dans un entretien accordé à la chaîne LBCI lundi, le diplomate a salué un regain d’intérêt des Émiratis pour le Liban, tant sur le plan touristique qu’économique. «Les Émirats portent de nombreux projets susceptibles de contribuer à la relance du pays», a-t-il affirmé.

«Il est naturel que les Émiratis reviennent visiter le Liban, notamment pendant les fêtes. Oui, les avions sont pleins et je suis optimiste», a-t-il ajouté.

Cet article Les vols des Émiratis vers le Liban affichent complet est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Désarmer le Hezbollah sans l’humilier, l’équation impossible! https://mondafrique.com/libre-opinion/desarmer-le-hezbollah-sans-lhumilier-lequation-impossible/ Sat, 31 May 2025 04:52:12 +0000 https://mondafrique.com/?p=134876 Le Président de la République libanaise, Joseph Aoun, veut reconquérir la souveraineté du pays en désarmant le Hezbollah, mais sans casset « l’équilibre » du pays. Et cet équilibre, pour l’instant, repose sur une équation : le désarmement du Hezbollah, oui, mais pas jusqu’à l’humiliation. Cette logique rend aléatoire la politique courageuse du pouvoir libanais. Un Hezbollah, […]

Cet article Désarmer le Hezbollah sans l’humilier, l’équation impossible! est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Le Président de la République libanaise, Joseph Aoun, veut reconquérir la souveraineté du pays en désarmant le Hezbollah, mais sans casset « l’équilibre » du pays. Et cet équilibre, pour l’instant, repose sur une équation : le désarmement du Hezbollah, oui, mais pas jusqu’à l’humiliation. Cette logique rend aléatoire la politique courageuse du pouvoir libanais.
Un Hezbollah, affaibli, estconfronté à des dissension Le discours officiel du Hezbollah masque de plus en plus mal les fractures internes. Depuis le conflit de 2024, plusieurs voix au sein de l’environnement chiite ont commencé à questionner l’omniprésence militaire du parti. À Tyr, Nabatieh, voire dans certains quartiers de Dahieh (Banlieue Sud de Beyrouth), des critiques sourdes émergent, parfois relayées par des figures proches d’Amal, du clergé chiite modéré ou même d’ONG communautaires.Le Hezbollah, conscient de cette érosion, investit dans une campagne de remobilisation : événements commémoratifs, renforcement des écoles idéologiques, promesses de reconstruction. Mais sur le terrain, le moral des troupes est bas, les recrutements ralentissent, et la jeunesse chiite, confrontée à la crise économique, se détourne de plus en plus des engagements armés.

Désarmement contre reconstruction

Certains experts estiment que le Hezbollah aurait accepté, de facto, une forme de compromis dans le sud du pays. Une hypothèse renforcée par le fait qu’aucun incident grave n’a opposé ses forces à l’armée libanaise au cours des démantèlements post-novembre 2024.

Selon Randa Slim, analyste au Middle East Institute et citée par le Wall Street Journal : « À moins que le Hezbollah accepte de se désarmer lui-même, j’ai du mal à imaginer un scénario qui verrait le gouvernement libanais le faire par la force. » Mais elle ajoute aussitôt : « Ce que doivent faire les Libanais, c’est rendre politiquement intenable un refus du Hezbollah d’être désarmé, en liant la reconstruction des zones chiites à ce désarmement. » Autrement dit : il ne s’agit pas de vaincre le Hezbollah militairement, mais de l’amener à renoncer à ses armes par un chantage à la reconstruction et à la légitimité sociale.

Le double discours gouvernemental

La réalité, c’est que le Liban parle deux langues politiques. L’une est celle du droit international, du multilatéralisme, du monopole légitime de la violence. L’autre est celle de la « Résistance », de la légitimité révolutionnaire, du droit à l’auto-défense communautaire.

Dans les coulisses du pouvoir, cette contradiction crée un double discours permanent. À Baabda, on promet la souveraineté ; à Haret Hreik (Fief du Hezbollah) on la relativise. Le président de la République, Joseph Aoun, homme de l’armée, sait qu’il marche sur un fil. Son message aux délégations étrangères est clair : « Nous avançons, mais nous avançons sans casser l’équilibre. »

Faut-il obtenir le consentement du Hezbollah?C’est là le nœud du problème. Et à ce jour, la réponse est claire : non, pas sans son consentement. Le Hezbollah demeure de loin la force militaire non étatique la plus puissante du pays. Il dispose d’un arsenal balistique significatif, de drones armés, et de troupes d’élite aguerries par des années de combat en Syrie. Une confrontation directe avec lui exposerait l’État libanais à un risque d’implosion : guerre civile, rupture au sein de l’armée, effondrement des institutions sécuritaires.

Face à cette réalité, Beyrouth privilégie une approche graduelle et négociée. L’idée serait de troquer les armes contre une reconnaissance symbolique et politique. Plusieurs pistes sont évoquées : offrir au Hezbollah une place institutionnelle – par exemple via un poste symbolique dans un « commandement conjoint » fictif –, partager les dividendes de la reconstruction, ou encore reconnaître officiellement son rôle passé dans la libération du Sud. Autrement dit, lui permettre une sortie honorable, sans capitulation, en réduisant progressivement ses capacités de combat.

Pressions américaines

Alors que le Liban attend la visite officielle de la vice-émissaire américaine pour le Moyen-Orient, Morgan Ortagus — dont la date n’est pas encore fixée — une lettre américaine a précédé son arrivée. Elle indique que la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu reste incomplète, et que des mesures sérieuses et tangibles sont attendues. Des sources politiques ont confirmé au média libanais « Houna Loubnan » que le Liban a été averti du mécontentement américain concernant les retards dans l’application des autres clauses de l’accord de cessez-le-feu, notamment la remise des armes du Hezbollah dans le nord du Litani. Ces sources ajoutent que le pari du Hezbollah sur le facteur temps pour éviter la remise de ses armes nuit au Liban, et que des mesures efficaces et rapides sont exigées.

Les mêmes sources précisent que l’administration américaine avait évoqué un calendrier précis pour clore ce dossier, et en avait informé certains médiateurs, mais le Liban a ignoré cette échéance. Elles expliquent également que la période de tolérance accordée au Liban est désormais terminée, et que Morgan Ortagus reviendra au Liban dans les deux prochaines semaines avec un ton plus ferme. Les États-Unis estiment que le Liban ne peut plus se permettre de perdre du temps, et que Washington est déterminé à appliquer pleinement les clauses de l’accord, par tous les moyens nécessaires, sans compromis ni discussion.

Des discussions ont lieu dans les coulisses politiques concernant l’inquiétude qui règne sur la scène intérieure libanaise, en raison d’informations selon lesquelles le Hezbollah se préparerait à mobiliser la rue à travers des manifestations populaires, sous le prétexte de faire pression sur le gouvernement concernant la question de la reconstruction. 

Rejoignez la nouvelle chaine Whatsapp de Mondafrique

Cet article Désarmer le Hezbollah sans l’humilier, l’équation impossible! est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Le Liban pris en otage par ses seigneurs de guerre https://mondafrique.com/moyen-orient/lie-lban-pris-en-otage-par-ses-seigneurs-de-guerre/ Tue, 06 May 2025 06:31:34 +0000 https://mondafrique.com/?p=132923 La guerre civile sans fin du Liban n’est pas une relique du passé — c’est un spectacle vivant et gangrené, incarnant « le narcissisme des petites différences » au sein d’un peuple profondément fracturé et tragiquement superstitieux. Loin d’être un conflit révolu, cette guerre ne fut jamais vraiment résolue ; elle fut simplement figée, sa […]

Cet article Le Liban pris en otage par ses seigneurs de guerre est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
La guerre civile sans fin du Liban n’est pas une relique du passé — c’est un spectacle vivant et gangrené, incarnant « le narcissisme des petites différences » au sein d’un peuple profondément fracturé et tragiquement superstitieux. Loin d’être un conflit révolu, cette guerre ne fut jamais vraiment résolue ; elle fut simplement figée, sa pourriture préservée sous le vernis fragile de cessez-le-feu politiques et de compromis confessionnels. Le mal sous-jacent — le sectarisme, la cupidité et l’impunité — a continué à prospérer, ignoré et non réformé.

L’Accord de Taëf, loin d’être un échec, demeure la tentative la plus sérieuse et la plus intelligente de restructurer la gouvernance du Liban vers le pluralisme, la décentralisation, l’État de droit, la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice et un partage équitable du pouvoir. Pourtant, le potentiel de Taëf a été trahi dès le départ : la réconciliation a été tentée sans vérité, la justice sacrifiée sur l’autel de l’opportunisme, et les seigneurs de guerre, jamais jugés pour leurs crimes, ont pu se réinventer en politiciens, échappant à toute reddition de comptes. Les parrains régionaux, un temps contenus par la pression internationale, sont vite revenus à leurs habitudes de soutien aux milices par procuration, garantissant ainsi que les forces du pillage et de la division survivent aux accords censés les neutraliser.

Cet enchevêtrement de milices et de groupes confessionnels, chacun abrité par des institutions religieuses — églises, mosquées et conseils religieux — a créé un équilibre pervers d’une corruption mutuellement assurée. Les barrages armés de Beyrouth-Est et Beyrouth-Ouest pendant la guerre civile en furent l’illustration criante : des milices rivales échangeaient des informations détaillées sur les cargaisons commerciales avec la désinvolture de fonctionnaires collectant des impôts. Cette coopération grotesque devint une anecdote politique absurde, révélant la superficialité des divisions confessionnelles. Trois décennies plus tard, peu de choses ont changé dans ce système de « je gratte ton dos, tu grattes le mien ».

Cet équilibre monstrueux de la corruption s’est poursuivi avec le partage des ministères, du secteur public et des impôts des citoyens durant les quatre décennies de la « pause » imposée par Taëf. Il ne s’est même pas interrompu avec le scandale plus récent du pillage des dépôts bancaires par les banques, chacune représentant une milice et une faction religieuse. Aujourd’hui, les vautours tournent autour du dernier trésor national du Liban : ses réserves d’or, qu’ils se préparent à dérober comme des braqueurs orchestrant leur ultime coup.

L’assurance des milices, une fois que tout le reste échouera, lorsque le dernier sou aura été volé, la dernière goutte aspirée et le dernier fragment de patrimoine public confisqué, est de partitionner le pays. Elles préparent déjà ce moment où, n’ayant plus rien à piller, elles découperont le Liban en cantons, chacun dirigé par un duo de seigneurs de guerre et de leurs milices, parachevant ainsi la cannibalisation d’un pays jadis unifié.

La politique libanaise, dominée par les élites, illustre un cycle perpétuel d’envie, de suprématie éphémère et de chute inévitable. De la longue ère de monopole maronite des décennies post-indépendance — perturbée par des interférences régionales, des flirts passagers avec le panarabisme et le nassérisme, jusqu’à l’intervention catastrophique de l’OLP — à l’époque sunnite de Rafic Hariri, dont les promesses fallacieuses de prospérité masquaient une corruption endémique orchestrée avec la Syrie et d’autres protecteurs, chaque « âge d’or » n’a fait que redistribuer les privilèges entre un cercle restreint. Les acteurs sont les mêmes, sous d’autres noms ou déguisements, prospérant toujours sous l’ombrelle inébranlable d’un « système féodal » arriéré et superstitieux.

L’actuelle ascendance chiite, menée par le Hezbollah et son partenaire subalterne Amal, incarne un chapitre particulièrement dévastateur, marqué par la violence, l’impunité et un chauvinisme chiite ostentatoire. Dédaignant les tribunaux internationaux et la justice, ils poursuivent des intérêts communautaires étroits. Pourtant, la gangrène transcende les clivages confessionnels. Des Arméniens aux Kurdes, des Alaouites aux Druzes, chaque groupe participe avec zèle au pillage d’un Liban désormais vidé de sa vitalité, devenu un État zombie.

Le drame libanais n’est pas une simple stagnation : c’est une dévastation cyclique. Tous les dix ou vingt ans, le pays est ravagé — par des invasions, des conflits internes ou des désastres imposés de l’extérieur — anéantissant les maigres acquis durement obtenus. Comme si ces chapitres sanglants ne suffisaient pas, le Liban affronte désormais des cycles d’extrémisme de type Daech. Ces guerres interminables et absurdes n’ont d’autre but stratégique que de paupériser et déstabiliser le pays, laissant à chaque fois des cicatrices plus profondes. Le Liban n’est pas défini par sa résilience, mais par une ruine perpétuelle cyniquement présentée comme telle.

Même les rares tentatives de ses citoyens conscients pour avancer vers un État civique ont été écrasées. Lorsque le Centre civique pour l’initiative nationale, un groupe d’activistes laïques, a obtenu par la justice le droit de légaliser le mariage civil et de supprimer la mention confessionnelle des registres d’état civil, aucun Premier ministre ni ministre de l’Intérieur ne s’est conformé au jugement. Malgré leurs différences politiques, les chefs communautaires se sont unis ; les autorités religieuses chrétiennes et musulmanes les ont poussés à la désobéissance collective. Aujourd’hui encore, la loi est ouvertement violée, révélant la soumission totale de l’État supposé à la volonté des milices et des hiérarchies religieuses.

Pendant ce temps, la population libanaise, désillusionnée, marginalisée et largement superstitieuse dans un sens sectaire et sectarien, demeure otage des récits confessionnels entretenus par les élites cléricales et les magnats de la finance, dont les rôles sont désormais indistincts. La participation électorale, malgré les fraudes massives, reste désespérément basse, révélant le désenchantement d’une majorité silencieuse, trop fracturée et apeurée pour s’unir de manière significative. Le système éducatif, volontairement saboté dans l’enseignement de la citoyenneté et de la tolérance — même dans les écoles les plus élitistes ou celles en ruine — produit des individus techniquement compétents mais dépourvus de conscience civique. Des générations entières sont élevées pour réussir matériellement, parfois même pour s’enrichir, mais trop sectaires, inciviques et atomisées pour réformer leur patrie.

Les conversations de dîner illustrent cette pauvreté intellectuelle, où le sectarisme s’exprime par des questions absurdes : « Quel pourcentage des chiites soutient le Hezbollah ? » ou « Pourquoi les chiites n’abandonnent-ils pas le Hezbollah pour rejoindre l’État ? ». Ces interrogations, qui passent sous silence l’absence d’un véritable État au service de tous, traduisent l’incapacité d’une société à saisir sa propre réalité. Les réponses sur la complicité mutuelle des communautés tombent dans l’oreille de publics conditionnés à penser en binaires confessionnels — comme si seule la communauté chiite était prise en otage par ses seigneurs de guerre et milices brutales, armées ou non.

Les doléances sunnites résonnent souvent par cette formule : « Qui nous protégera sans notre propre milice ? » — un aveu qui capture l’ignorance enracinée, la paranoïa et la dépendance que les chefs communautaires cultivent délibérément. Armés ou non, ces chefs n’ont pas besoin d’armes pour enfreindre la loi, violer la constitution ou piller le pays ; ils prospèrent confortablement aux côtés de leurs homologues militarisés.

La vérité amère est que le Liban reste enlisé dans un conflit civil qui, en réalité, n’a jamais cessé. Il a simplement muté d’une guerre ouverte à une guerre sournoise et persistante, entretenue par des seigneurs de guerre qui ont détourné l’État, la constitution et toutes les institutions publiques. Tant que le Liban ne regardera pas en face cette réalité — en tenant ces seigneurs de guerre et leurs héritiers responsables, en rejetant l’exceptionnalisme confessionnel et en exigeant une véritable éducation civique et une gouvernance intègre — cette guerre sans fin, alimentée par des futilités narcissiques travesties en menaces existentielles, continuera d’épuiser l’âme même du Liban. En attendant, nous sommes toujours en guerre.

La reprise — ou le retour — aux principes fondamentaux du Pacte national consacré par l’Accord de Taëf ne pourra se faire sans une nouvelle loi d’amnistie fondée sur la vérité avant la réconciliation. Seul un tel processus, qui exposera les crimes et mettra fin aux cycles d’impunité, pourra garantir l’éviction définitive des seigneurs de guerre et de leurs héritiers, et purifier enfin le système de leur venin.

Cet article Le Liban pris en otage par ses seigneurs de guerre est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
« Parlons, il est temps », la pièce du libanais Philippe Aractingi le 22 avril https://mondafrique.com/loisirs-culture/parlons-il-est-temps-la-premiere-piece-du-libanais-philippe-aratingi-1-2/ Mon, 21 Apr 2025 10:09:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=129207 Acclamée au Liban et à Paris, la pièce du cinéaste Philippe Aractingi revient au théatre de l’Essaïon du 9 avril jusqu’au 29 avril, revisitant avec humour ses déboires artistiques. Entre vie et mort, rires et larmes, Philippe Aractingi revisite, avec humour et autodérision, ses souvenirs et ses déboires avec diverses langues artistiques. Une création multimédia […]

Cet article « Parlons, il est temps », la pièce du libanais Philippe Aractingi le 22 avril est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Acclamée au Liban et à Paris, la pièce du cinéaste Philippe Aractingi revient au théatre de l’Essaïon du 9 avril jusqu’au 29 avril, revisitant avec humour ses déboires artistiques. Entre vie et mort, rires et larmes, Philippe Aractingi revisite, avec humour et autodérision, ses souvenirs et ses déboires avec diverses langues artistiques. Une création multimédia singulière et poignante, au discours universel.

Les 14 et 15 avril 2025, les 21 et 22 avril 2015 • Théatre de l’Essaion, Paris (75004) 

Le premier épisode du grand entretien de Christophe Barrayre, éditeur et réalisateur de documentaires, avec l’auteur et réalisateur de cette pièce

Le deuxième épisode de notre entretien

 

Philippe Aractingi est un auteur, réalisateur, documentariste et acteur franco-libanais né à Beyrouth. Autodidacte, il réalise plus de soixante-dix documentaires et quatre longs métrages primés dans différents Festivals à travers le monde. « Parlons, il est temps » est sa première pièce de théatre.

Un jour, au Liban, une crise financière, puis une explosion au port de Beyrouth qui détruit tout. Le temps s’arrête. Cette pièceexplore le multilinguisme, la quête de soi à travers les langues et les identités d’un pays déchiré par la guerre, où la parole est souvent réprimée.

Dans cette pièce, se mêlent un récit, des films projetés sur des écrans disloqués, de la musique et parfois même de la danse. C’est l’histoire d’une recherche, celle d’un artiste qui tente de comprendre les raisons de son silence.

Cet article « Parlons, il est temps », la pièce du libanais Philippe Aractingi le 22 avril est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
L’agence d’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) interdite par Israël    https://mondafrique.com/international/lunrwa-lindispensable-et-controversee-agence-daide-aux-refugies-palestiniens/ Thu, 31 Oct 2024 07:05:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=105366  « United Nation Relief and Works Agency (UNRWA) ….for Palestine Refugiees in the Near East ». Un nom à rallonge qui désigne l’agence créée voici soixante quinze ans destinée à aider les Palestiniens. Du moins jusqu’à ce qu’ils puissent retrouver leurs habitations abandonnées en Israel. Malgré l’opposition des États-Unis et la mise en garde du Conseil de […]

Cet article L’agence d’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) interdite par Israël    est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
 « United Nation Relief and Works Agency (UNRWA) ….for Palestine Refugiees in the Near East ». Un nom à rallonge qui désigne l’agence créée voici soixante quinze ans destinée à aider les Palestiniens. Du moins jusqu’à ce qu’ils puissent retrouver leurs habitations abandonnées en Israel. Malgré l’opposition des États-Unis et la mise en garde du Conseil de sécurité de l’ONU, la Knesset a adopté lundi l’interdiction pour l’Unrwa d’exercer ses activités sur le territoire israélien. Un vote lourd de conséquences humanitaires et politiques qui oblige la communauté internationale à repenser toute l’aide aux Palestiniens. Les députés suisses ont déjà voté depuis deux mois pour couper les vivres à l’UNRWA, mais les sénateurs ont décidé… d’attendre. En fait, le gouvernement est très ennuyé car le patron de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, est suisse et c’est l’un des très rares hauts fonctionnaires internationaux helvétiques.

Très récemment, l’armée israélienne et le Shin Beth, l’agence de sécurité intérieure, auraient découvert un tunnel appartenant au Hamas, long de 700 mètres, sous une école gérée par l’UNRWA. Pour Israël, qui réclame depuis longtemps la disparition de l’agence onusienne, c’est une nouvelle preuve que l’UNRWA « est totalement infiltrée par le Hamas ».

L’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans Le Proche-Orient n’a pourtant pas besoin que l’on charge encore davantage sa barque. Douze de ses employés sont accusés d’être impliqués dans l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023. « C’est un matin glorieux inoubliable » aurait lancé l’un d’entre eux. Quant à une ancienne otage, elle assure avoir été retenue dans la maison « de quelqu’un qui travaillait pour l’UNRWA ».

Six millions de Palestiniens en charge

Cette suspicion d’implication a convaincu une douzaine de pays, dont les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Canada, l’Australie, l’Italie, la Finlande, les Pays-Bas, le Japon, de cesser leurs financements au profit de l’UNRWA. Or ce sont parmi les plus gros contributeurs. Les Palestiniens, principalement ceux de Gaza., sont les victimes d’une telle décision

A l’origine, l’UNRWA, conçue comme un agence temporaire, devait aider 726 000 personnes. Aujourd’hui, elle a la charge de presque 6 millions de Palestiniens. Car malgré la résolution de l’ONU, ce droit au retour n’a jamais été appliqué. Les enfants des réfugiés sont devenus à leur tour des réfugiés. Puis les petits-enfants, et les arrières petits-enfants, survivent dans 58 camps dans la bande de Gaza, en Cisjordanie, à Jérusalem Est, mais aussi en Jordanie, au Liban, en Syrie.

L’UNRWA, dont le quartier général est à Amman, en Jordanie, est un cas à part. Ailleurs, les réfugiés sont pris en charge par le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR). L’UNRWA s’occupe à la fois d’éducation, de santé, de protection, d’aide d’urgence, et même de microfinance. Elle compte ainsi 709 écoles réunissant 530 000 élèves (1).   

Quels liens avec le Hamas ?  

La position française est plus ambigüe. Tout en déclarant qu’elle ne suspend pas ses financements, elle affirme ne pas avoir prévu de versement au premier trimestre 2024… Catherine Colonna, l’ancien ministre des Affaires étrangères, débarquée le mois dernier, est chargée d’évaluer le fonctionnement de l’UNRWA. Pourra-t-elle seulement se rendre dans la bande de Gaza, écrasée sous les bombes ? Et comment interviewer en toute indépendance une population qui vit depuis 2007 sous le joug d’une organisation bien peu démocratique ? Le Hamas condamne systématiquement à la peine de mort toute personne soupçonnée de collaboration avec « l’ennemi sioniste ».              

Le patron de l’UNRWA, le Suisse Philippe Lazzarini, 60 ans, d’origine italienne, a toujours démenti tout lien avec le Hamas. Mais quand on salarie 13 000 personnes dans la bande de Gaza (sur un total de 30 000 employés régionaux), comment ne pas imaginer que quelques dizaines ou même centaines d’entre eux n’ont pas de sympathies pour cette organisation terroriste ?

Le Wall Street Journal va plus loin en écrivant que 10 % des employés de l’UNRWA auraient des liens avec les organisations islamistes. Philippe Lazzarini, ancien au CICR en Bosnie, a fermement condamné les atrocités du 7 octobre et immédiatement licenciés les 12 salariés soupçonnés d’avoir participé aux massacres. Depuis longtemps, Israël reproche à l’office de secours et de développement d’utiliser des manuels scolaires antisémites et hostiles à l’État juif.

L’impuissance de l’ONU

Israël ne cesse de répéter que l’UNRWA ne fera pas partie de l’après-guerre à Gaza. Mais qui va remplacer cet office et surtout qui va payer l’addition ? Afin de permettre à 2,3 millions de Gazaouis de garder la tête hors de l’eau. Le Monde rappelle que l’UNRWA « fournit des services vitaux et coûteux à Gaza comme à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, lesquels incomberaient en son absence à la puissance occupante » (2). Ce serait logiquement à Israël de prendre en charge ces populations.  

En attendant, les fonds bloqués par les riches donateurs représentent autour de 450 millions de dollars, soit presque la moitié des revenus de l’UNRWA (son budget étant d’environ un milliard de dollars). Les principaux contributeurs n’étant pas les pays arabes mais les États-Unis et l’Union européenne. Comment, dans ces conditions, éviter une famine ? Sans solution sérieuse de rechange, le comité indépendant animé par l’ancienne ministre française des Affaires étrangères devrait se contenter d’émettre des recommandations pour « améliorer et renforcer » les mécanismes en place. C’est-à-dire pas grand-chose. Va-t-on demander la tête de Philippe Lazzarini pour apaiser le courroux d’Israël ? Ce serait injuste et une erreur. Avant de prendre la tête de l’UNRWA en 2020, cet originaire de Neuchâtel, en Suisse, a déjà montré ses compétences en Bosnie, au Rwanda, en Angola, au Soudan du Sud.

Tout le monde en est conscient : l’ONU n’a pas les moyens de résoudre la crise. Faut-il rappeler qu’au Cachemire, la population attend depuis 75 ans un référendum pour savoir si elle souhaite être indienne, pakistanaise ou tout simplement cachemirie ? Quant au Sahara occidental… Et le HCR ? il n’en surtout pas envie et encore moins la possibilité de prendre en charge du jour au lendemain 6 millions de réfugiés palestiniens, répartis dans quatre pays.    

(1) Elsa de La Roche Saint-André, « Qu’est-ce que l’UNRWA, l’agence de l’ONU d’aide aux réfugiés palestiniens, mise en cause par Israël ? », Libération, 4 décembre 2023.

(2)Louis Imbert, Philippe Ricard, Laure Stephan, « L’UNRWA plongée dans la tourmente », 30 janvier 2024

 

 

 

     

Cet article L’agence d’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA) interdite par Israël    est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Hanane Hajj Ali : « Jogging » théatral au cœur d’un Beyrouth dévasté https://mondafrique.com/loisirs-culture/hanane-hajj-ali-un-jogging-theatral-au-coeur-des-rues-de-beyrouth/ Fri, 04 Oct 2024 07:07:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=112169 Dans Jogging iconoclaste, la libanaise Hanane Hajj Ali, vêtue de noir, allie humour et gravité en explorant les histoires de quatre femmes. Sur scène, elle court et se livre à une introspection profonde, abordant les thèmes de la maternité, des guerres au Moyen-Orient et des stéréotypes qui pèsent sur le genre dans le monde arabe. […]

Cet article Hanane Hajj Ali : « Jogging » théatral au cœur d’un Beyrouth dévasté est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Dans Jogging iconoclaste, la libanaise Hanane Hajj Ali, vêtue de noir, allie humour et gravité en explorant les histoires de quatre femmes. Sur scène, elle court et se livre à une introspection profonde, abordant les thèmes de la maternité, des guerres au Moyen-Orient et des stéréotypes qui pèsent sur le genre dans le monde arabe. Inspirée par sa propre vie dans le fracas des crises libanaises, cette performance théâtrale défie les conventions et invite à une réflexion sur la condition féminine.

Christophe et Cécile Barreyre

Lorsque les spectateurs prennent place, Hanane Hajj Ali est déjà sur scène. Habillée de noir, elle s’étire, s’échauffe et prépare sa voix pour son « seule en scène » avant de commencer à courir. Intitulée Jogging iconoclaste, cette performance se distingue par son humour et ses moments de profonde noirceur.

 Des histoires de femmes et de guerres

Le spectacle nous entraîne dans les récits de quatre femmes : Hanane elle-même, ainsi que deux versions de Médée, l’une antique et l’autre contemporaine. Médée, qu’elle soit dans l’Antiquité ou de nos jours, tue ou sacrifie ses enfants sur l’autel des guerres qui ravagent le Moyen-Orient. Tout est question de perspective.

Inspirée par sa propre vie de mère, de comédienne et de citoyenne, Hanane court chaque jour dans les ruelles de Beyrouth pour prévenir le stress, la dépression et l’ostéoporose. Elle transforme ce simple parcours de santé en une plongée dans les méandres de ses rêves et de ses craintes les plus intimes. Par ce biais, elle lance un défi radical aux stéréotypes et préjugés qui pèsent sur les femmes du monde arabe.

Cet article Hanane Hajj Ali : « Jogging » théatral au cœur d’un Beyrouth dévasté est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Le soutien constant du Hezbollah au Hamas palestinien https://mondafrique.com/decryptage/le-sotien-constant-du-hezbollah-au-hamas/ Sun, 29 Sep 2024 00:28:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=108009 Dès le lendemain de l’attaque terroriste du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier, le Liban a été entraîné dans le conflit sur sa frontière Sud contrôlée par le Hezbollah, qui a tiré des roquettes sur le territoire de l’État hébreu en solidarité avec le mouvement palestinien. Israël a répliqué par des bombardements soutenus visant les positions du […]

Cet article Le soutien constant du Hezbollah au Hamas palestinien est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Dès le lendemain de l’attaque terroriste du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier, le Liban a été entraîné dans le conflit sur sa frontière Sud contrôlée par le Hezbollah, qui a tiré des roquettes sur le territoire de l’État hébreu en solidarité avec le mouvement palestinien. Israël a répliqué par des bombardements soutenus visant les positions du Hezbollah au Liban. Depuis, les combats n’ont cessé de s’intensifier, au point qu’une escalade vers une guerre totale qui embraserait l’ensemble de la région apparaît comme un scénario crédible aux yeux de nombreux observateurs et d’une partie significative de la population libanaise.

Historienne, Université Libre de Bruxelles (ULB), du site « The Conversation »

Le Hezbollah construirait un réseau de passages souterrains en prévision d’une confrontation avec les Israéliens

Dans un discours diffusé le 16 février le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a défié Israël en annonçant qu’il ne renoncera pas au combat et en martelant :

« L’ennemi paiera le prix du sang de nos femmes et de nos enfants qui ont été tués dans le Sud. Le prix du sang sera le sang ; pas des avant-postes, des équipements de surveillance ou des véhicules militaires. »

Cette déclaration implique que la milice chiite ne ciblera plus uniquement des positions militaires, mais également des civils. La veille, une frappe de drone contre des responsables du Hezbollah à Nabatiyeh avait fauché une famille au premier étage de l’immeuble visé.

Du côté israélien, le ministre de la Défense Yoav Gallant avait averti le 11 novembre : « Le Hezbollah entraîne le Liban dans une guerre qui pourrait avoir lieu. […] Ce que nous pouvons faire à Gaza, nous pouvons aussi le faire à Beyrouth ». L’armée israélienne a déployé des troupes supplémentaires sur sa frontière Nord, évacuant les civils résidant dans les localités frontalières. S’achemine-t-on inéluctablement vers une nouvelle guerre ouverte entre Israël et le Hezbollah ?

État des lieux au Liban

Depuis le 8 octobre, plus de 90 villages ont été visés par des tirs israéliens, et plus de 83 000 habitants du Sud Liban ont quitté leur foyer pour des endroits plus sûrs.

Selon l’Organisation internationale pour les migrations, la majorité des déplacés sont accueillis par des parents tandis que d’autres louent ou sont installés dans des centres et dans des écoles réquisitionnées pour les héberger. L’organisation de l’aide pour les déplacés est ainsi gérée en grande partie par la solidarité familiale et des institutions humanitaires civiles et partisanes ; le rôle du gouvernement libanais reste limité et, souvent, les plans d’urgence sont inadéquats.

Le bilan humain s’alourdit de jour en jour. Il s’élève actuellement à plus de 200 morts, dont la plupart sont des combattants du Hezbollah. Parmi les victimes civiles, on compte notamment des journalistes délibérément visés par les frappes israéliennes, une stratégie adoptée dans cette guerre par Israël dont les frappes à Gaza ont tué plus de 84 journalistes depuis le début des hostilités.

On ne saurait trop insister sur le fardeau financier qui pèse sur l’État libanais et, surtout, sur les personnes déplacées, dont une grande partie sont des agriculteurs et des travailleurs journaliers. Ainsi, de nombreux villageois n’ont pu récolter et vendre leurs produits (notamment les olives), et l’utilisation par Israël de bombes au phosphore blanc dans les champs du Sud-Liban a durablement endommagé la terre.

[Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du mondeAbonnez-vous aujourd’hui]

Outre l’impact économique et environnemental, la plupart des écoles ont dû fermer leurs portes dans la région et plus de 5 000 enfants ont été déscolarisés. Il ne faut pas perdre de vue que le Liban souffre depuis 2020 d’une grave crise économique qui se manifeste par un effondrement de sa monnaie et un des ratios dette/PIB les plus élevés au monde (283,2 %). Le déclenchement d’un conflit avec Israël anéantirait pour de bon les espérances des Libanais de sortir de l’impasse et réduirait en cendres le peu d’infrastructures qui restent encore en état de fonctionnement.

Israël et le Hezbollah, les meilleurs ennemis

Ce n’est pas la première fois que le Liban est confronté à de tels scénarios. Depuis la guerre civile (1975-1989), jusqu’à la période qui a suivi l’évacuation de l’occupation israélienne du Sud-Liban (2000) et la guerre de juillet 2006, les forces israéliennes ont plusieurs fois attaqué le Liban et conservent une forte présence militaire le long de la frontière.

 

Israël et le Hezbollah sont les meilleurs ennemis : les attaques israéliennes répétées consacrent le rôle du Hezbollah comme gardien de la résistance, adversaire résolu d’Israël et défenseur de la souveraineté libanaise et de la libération de la Palestine, alors qu’une paix avec Israël contraindrait le mouvement à se désarmer et, in fine, à disparaître. Pour l’État israélien, l’existence de la milice et le danger qu’elle représente justifient sa politique de sécurité et de guerre continue.

Il reste que si le conflit actuel a redoré le blason du Hezbollah auprès de la majorité des Arabes qui applaudissent son effort de guerre auprès du Hamas contre Israël, au Liban le soutien reste mitigé. Pour beaucoup, les affrontements en cours représentent une menace sérieuse pour l’avenir du pays.

Divisions politiques

L’opinion publique et la classe politique libanaises sont divisées entre, d’une part, ceux qui adhèrent au projet politique du Hezbollah et de ses alliés de « l’axe de la résistance » soutenus par l’Iran – qui comprend le Hamas, les milices chiites en Irak et les Houthis yéménites – et, d’autre part, ceux qui le rejettent et réclament son désarmement, l’accusant d’être un contre-pouvoir bloquant la vie politique et la reprise économique.

Dans les premiers jours du conflit, l’engagement du Hezbollah sur le front Sud a réussi à transcender, un temps, les clivages sectaires, notamment entre sunnites, druzes et chiites par solidarité avec Gaza ; mais avec l’enlisement et l’installation de la guerre dans la durée, les alliances se fissurent.

Pour la communauté chrétienne, hostile à cette guerre, le Hezbollah prend une fois de plus les Libanais en otage et met en danger la souveraineté du pays. Par ailleurs, la promesse faite par le secrétaire général Hassan Nasrallah d’engager de manière limitée son organisation dans la création « d’un front de soutien et de solidarité » au début du conflit, ne tient plus. Le bilan élevé des combattants morts lors des opérations et les cadres (Hamas et Hezbollah) assassinés par drone, le déplacement des populations du Sud fuyant les combats et l’installation dans le conflit rendent le risque d’embrasement plus plausible que jamais. Mais ce danger n’est pas perçu de la même manière par tous au Liban, où plusieurs réalités coexistent.

Réalités parallèles

Malgré la crise et la guerre qui menace au Sud, la vie à Beyrouth et dans ses environs est quasi normale. Les restaurants et les bars ne désemplissent pas, les stations de ski sont toujours fréquentées, les centres commerciaux et les cinémas aussi.

Quand on se promène du côté de Gemmayzé, Mar Mikhael, Verdun ou Rabieh, on ressent l’insouciance d’une partie de la population qui vit dans le déni de la guerre et dans une réalité parallèle. Ces Libanais qui ne souhaitent pas quitter leur pays pour des endroits plus sûrs et dont les revenus sont perçus pour une grande partie en devises étrangères ne parlent ni de conflit ni de crise, termes vulgaires et obscènes qui enlaidissent leur projection d’une vie idéale à la libanaise.

Ils vivent dans une bulle qui préserve du présent, est détachée du passé douloureux et ne se projette pas dans un avenir incertain. Une bulle flottant hors temps et hors sol, qui protège de l’autre réalité, plus dure : celle de la majorité des Libanais qui vivent sous le seuil de pauvreté, qui ne peuvent se chauffer en hiver, se soigner ou payer la scolarité de leurs enfants. Différente aussi de celle des habitants du Sud Liban, obligés de fuir leur foyer. Les réalités libanaises cohabitent mais ne se croisent pas ; elles sont le reflet d’un pays déchiré par des années de guerre, avec une société fragmentée et un État en faillite, incapable d’empêcher que la guerre à Gaza ne s’invite à Beyrouth.

Cet article Le soutien constant du Hezbollah au Hamas palestinien est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Notre série Hezbollah (4), l’infiltration de l’appareil sécuritaire libanais https://mondafrique.com/a-la-une/linfiltration-de-lappareil-libanais-par-le-hezbollah/ Fri, 06 Sep 2024 20:00:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=82286 Le Hezbollah s’est imposé face à la population libanaise en incarnant « l’armée, le peuple et la Résistance ». L’expression est née dans la bouche d’Hassan Nasrallah, le chef du mouvement pro iranien, au lendemain de la guerre de 2006, qui opposa l’armée israélienne aux miliciens chiites.

Cet article Notre série Hezbollah (4), l’infiltration de l’appareil sécuritaire libanais est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Le Hezbollah s’est imposé face à la population libanaise en incarnant « l’armée, le peuple et la Résistance ». L’expression est née dans la bouche d’Hassan Nasrallah, le chef du mouvement pro iranien, au lendemain de la guerre de 2006, qui opposa l’armée israélienne aux miliciens chiites. La branche armée du Hezbollah avait émergé dans les années 1980 en pleine guerre civile avec pour objectif la libération des terres libanaises de l’occupation israélienne. Ce mouvement inféodé à l’Iran, qui a infiltré peu à peu l’État libanais, est devenu le principal obstacle à une vie politique apaisée dans un pays qui, depuis un an, ne parvientpas à élire un Président de la République. 

En l’an 2000, le retrait de Tsahal a assuré au mouvement chiite une aura nationale. Six ans plus tard, les miliciens du Hezbollah, en enlevant deux soldats israéliens, confortent cette image de « Résistance » auprès des Libanais et obtiennent un cessez le feu, soutenu par la communauté internationale, qui fait figure d’un nouveau bulletin de victoire.
Fort de cette confusion entre une capacité militaire entretenue à fonds perdus par le Qatar, l’Iran et la Syrie et l’incontestable fibre patriotique des Libanais, le Hezbollah a adopté une posture guerrière nourrie par un antisémitisme grossier. À l’extérieur de l’État, les amis d’Hassan Nasrallah ont été les seuls des partis politiques, lors des accords de Taëf de1989, à conserver une milice armée. Depuis, les armes du Hezbollah nourrissent un débat houleux et clivant au sein de la vie politique libanaise. À l’intérieur de l’État et de façon plus insidieuse, le Hezbollah a réussi à mettre la main sur de solides leviers au sein des services sécuritaires

.
L’armée condamnée à la cohabitation

Courtois, consensuel et légitimiste, le patron de l’armée libanaise, le général Joseph Aoun, a réussi la performance d’être soutenu discrètement par les Américains, tout en cohabitant, au prix de beaucoup de diplomatie, avec le Hezbollah. Ce militaire apprécié par l’ensemble des forces politiques dirige une armée composée  d’une bonne moitié d’officiers chrétiens. Encore que ces dernières années, le Président Aoun, allié du Hezbollah, a fait pression pour que des militants de son mouvement, le Courant Patriotique Libre (CPL), grossissent les rangs de ses sympathisants au sein de l’institution militaire.
Le général Joseph Aoun doit compter également avec des sous-officiers  sunnites pour 35% et chrétiens pour 28%. Un quart seulement de la hiérarchie militaire intermédiaire est chiite, mais pas nécessairement sous l’influence du Hezbollah. « Ces dernières années, observe un officier, l’accent mis par l’armée sur le recrutement des femmes a été certainement un moyen habile d’éviter la venue de militaires qui soient des musulmans fondamentalistes ».
Au Liban, tout est affaire de dosage. Des gradés au sein de l’armée sont connus pour leur proximité avec le Hezbollah comme le général Malek Chamas, membre du conseil militaire et directeur général de l’administration. Ses fonctions précédentes comme commandant adjoint du secteur du Sud du Litani, directeur adjoint des Renseignements et coordinateur du gouvernement Libanais près de la FINU, montrent à quel point les équilibres communautaires sont respectés au sein de l’institution militaire.

Les Forces de Sécurité Intérieur (FSI)
Les FSI regroupent quelque 30000 policiers et un service de renseignement sophistiqué, sont présentées comme une citadelle sunnite. Ses chefs, effectivement, appartiennent à cette communauté. C’est l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, soucieux de construire sa propre police politique, qui a donné aux FSI des moyens considérables d’intervention, notamment au niveau des systèmes d’écoute les plus performants au Liban. Les cadres étaient formés par le FBI, la France et l’Italie, les financements étaient américains.
Le service de renseignement, baptisé « service d’information », a été longtemps dans une opposition frontale avec le mouvement chiite. Du moins quand il avait à sa tête le général Wissam Al-Hassan, un grand professionnel. Les enquêteurs des FSI ont ainsi mis en cause la responsabilité du Hezbollah et de son allié syrien dans l’attentat meurtrier de 2005 contre Rafic Hariri.
Plus tard durant l’été 2012, le général Al-Hassan avait été également été à l’origine de l’arrestation d’un député pro syrien Michel Samaha, condamné à treize ans de prison pour avoir planifié, avec les services syriens, un transport d’explosifs de Damas à Beyrouth pour planifier des assassinats. Or deux mois plus tard, le patron du renseignement était assassiné de retour d’Allemagne. « Tout indique, confie un proche du général assassiné, de la voiture piégée au timing parfait de l’explosion, que les Syriens n’ont pu agir qu’avec l’aide des petites mains du Hezhollah ».
Depuis dix ans, les relations entre les FSI et le Hezbollah ont évolué. Hassan Nasrallah et ses amis préfèrent désormais l’infiltration à la confrontation. Certes, le patron actuel des FSI, Imad Osman, est proche du « courant du Futur » de l’ancien Premier ministre et fils de Rafic, Saad Hariri. Le service de renseignement est dirigé par Khaled Hamoud, un sunnite proche du clan Hariri. Mais la lutte cotre les réseaux israéliens au Liban ou la lutte contre les groupes liés à l’État Islamique sont souvent le résultat d’une collaboration étroite entre les FSI et les services dominés par le Hezbollah. Au nom de l’efficacité ! « Aussi étonnant que cela paraisse, explique-t-on à Tripoli, la capitale du sunnisme libanais, les rencontres et les échanges d’informations sont nombreux entre les adversaires d’hier. Nous sommes au Liban ! »

La justice militaire sous influence

La justice militaire est une sorte de champ de mines où il est juste impossible de rendre la justice.Le Général Hussein Abdallah, un chiite qui n’a jamais fait allégeance au Hezbollah, présida longtemps le tribunal militaire avec un grand souci de neutralité. Jusqu’à ce jour de 2020 où Armer Fakhouri, l’ex-responsable de la prison de Khiam, située au Sud Liban alors sous occupation israélienne, est interpellé. Ce mercenaire qui a sévi entre 1985 et 2000 est suspecté de meurtres et de tortures. Mais les Américains exigent sa libération immédiate ; le pouvoir libanais, dont le Hezbollah est partie prenante, s’incline. La justice militaire libère le suspect.
Le Hezbollah, qui a trempé dans cet arrangement, se dédouane en alimentant une campagne contre le général Hussein Abdallah qui serait « à la solde d’Israël ». Ce qui oblige ce dernier à démissionner.

Le service de renseignement militaire 

Le renseignement militaire est dirigé depuis 2020 par le général Tony Kahwagi, un maronite dont la grand-mère a été assassinée par les Palestiniens pro syriens,. Le nouveau promu travaille pourtant en bonne intelligence avec le Hezbollah. Comment faire autrement ? « Le Président libanais, Michel Aoun, qui le nomme, est l’allié des forces chiites, explique un officier supérieur, le général Kahwagi exécute les ordres comme tout bon militaire ». Et d’ajouter : « Il est en plus cornaqué par deux adjoints, dont un est chiite et très lié au Hezbollah».
Autant de réseaux souterrains qui poussèrent au départ en 1999 le Procureur du Tribunal militaire, Pierre Germanos, accusé sans preuves de corruption alors qu’il se heurtait aux coups fourrés du Hezbollah. « Quand des officiers liés au Hezbollah étaient pris la main dans un trafic quelconque, explique un de ses amis avocat, ils étaient immédiatement relâchés. Ce que Pierre Germanos ne supportait plus »

La Sureté générale, le fief du Hezbollah

Les responsables du Hezbollah ont très tôt compris tout le profit qu’ils pourraient tirer de la maitrise des aéroports, des ports et des frontières. Or c’est le service de « la Sureté générale » qui gère les grandes infrastructures libanaises. Longtemps il a été dirigé par un chrétien maronite avant de passer sous la coupe du Hezbollah. En 1998, le président Emile Lahoud nomme en effet le général Jamel Sayyed, proche à la fois du régime Syrien et du Hezbollah, qui occupera. « Au nom de la lutte contre le terrorisme, explique un député libanais, la sureté générale peut se mêler d’à peu près de tout ». Fort de 3000 hommes, ce service en roue libre est susceptible à la fois de mettre les politiques sur écoute, de mobiliser des forces spéciales, de lancer des enquêtes judiciaires ou d’infiltrer des associations ou des ONG.
Depuis une douzaine d’années, le général Ibrahim Abbas, courroie de transmission du Hezbollah, est le patron tout puissant de la Sureté générale.
– « Que pensez-vous, a demandé l’AFP au général Ibrahim Abbas,, de sa qualification d’«homme du Hezbollah»?
– « Cela ne me dérange absolument pas», a-t-il répondu.
Médiateur entre les barons de la politique au Liban, libérateur d’otages en Syrie, interlocuteur des services étrangers à Washington et à Paris, ce gradé entretient des relations excellentes avec le patron de la DGSE française, Bernard Emié. « Il faut bien préserver des passerelles avec le mouvement pro iranoien, explique un gradé de l’armée, c’est la France qui joue ce rôle d’interlocuteur du mouvement chiite, en accord avec le reste du monde et en oubliant les enlèvements d’otages français des années 1980 », explique l’expert « Sécurité » d’un des principaux partis politiques libanais.
Le contrôle de l’aéroport de Beyrouth est partagé par le Hezbollah et certains fonctionnaires nommés par ses alliés politiques, le mouvement chiite Amal et le Courant Patriotique Libre (CPL. Ainsi le directeur des douanes Badri Daher, un proche du CPL, est actuellement incarcéré dans le cadre de l’enquête sur la double explosion au port de Beyrouth du 4 août 2020 où le Hezbollah est mis en cause pour ne pas avoir fait preuve de suffisamment de vigilance sur les tonnes de nitrate conservées dans les hangars.
Pour autant, la Sureté générale a montré un talent indéniable pour lutter contre l’État Islamique, dont l’influence a été miraculeusement limitée au Liban malgré la proximité de la Syrie. Issu de la communauté chiite, le patron libanais de la lutte anti-terroriste n’a jamais montré la moindre indulgence pour combattre les sunnites qui avaient rejoint les rangs de l’État Islamique.


L’État libanais pris en tenaille

L’expression convenue qui présente le Hezbollah comme « un État dans l’État » n’est que partiellement juste. La formation chiite a lancé une véritable OPA sur un pouvoir désormais pris en tenaille dehors par les miliciens armés et dedans par les complicités sécuritaires. « Il n’y a pas une seule région au Liban où la loi soit appliquée parfaitement, tout est affaire de compromis entre les diverses communautés qui sont toutes représentées au sein de l’appareil sécuritaire », estime un général libanais qui a occupé des fonctions opérationnelles sensibles au sein de l’appareil sécuritaire. Et de poursuivre : « les grands patrons de l’armée et des services libanais sont contraints de cohabiter avec les hommes du Hezbollah, qui se sont imposé en profitant des faiblesses de leurs adversaires
Dans le climat actuel, il est difficile d’imaginer une bonne sortie de crise. Certains veulent faire le pari d’un recentrage libanais du Hezbollah qui s’éloignerait de sa tutelle iranienne. Hélas, le scénario le plus probable est de voir le mouvement chiite poursuivre son OPA sur un État libanais miné par une crise sans précédent.

 

Cet article Notre série Hezbollah (4), l’infiltration de l’appareil sécuritaire libanais est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Le Hezbolah bombarde le Nord d’Israël https://mondafrique.com/moyen-orient/le-hezbolah-bombarde-le-nord-disrael/ Wed, 17 Jul 2024 13:16:01 +0000 https://mondafrique.com/?p=114902   Le lundi 15 juillet, une frappe israélienne a touché une école dans la ville de Gaza. Des tirs d’artillerie ont également été signalés dans plusieurs quartiers. En réponse, le Hezbollah libanais a annoncé avoir bombardé le nord d’Israël, en représailles aux frappes israéliennes qui ont causé deux morts dans le sud du Liban.  « Au […]

Cet article Le Hezbolah bombarde le Nord d’Israël est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
 

Le lundi 15 juillet, une frappe israélienne a touché une école dans la ville de Gaza. Des tirs d’artillerie ont également été signalés dans plusieurs quartiers. En réponse, le Hezbollah libanais a annoncé avoir bombardé le nord d’Israël, en représailles aux frappes israéliennes qui ont causé deux morts dans le sud du Liban.

 « Au cours des dernières heures seulement, le Hezbollah a tiré plus de 50 projectiles vers Israël » a déclaré le porte parole de Tsahal Olivier Rafowicz.

 

 

Cet article Le Hezbolah bombarde le Nord d’Israël est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
« Beyrouth entre parenthèses », un roman du libanais Sabyl Ghossoub https://mondafrique.com/loisirs-culture/beyrouth-entre-parentheses-sabyl-ghossoub/ Tue, 18 Jun 2024 16:00:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=76927 Il est défendu à un citoyen libanais de se rendre en Israël. Mais dans « Beyrouth entre parenthèses », le livre de  Sabyl Ghoussoub, le narrateur, un jeune photographe franco-libanais, décide d’enfreindre la loi de son pays et de ne pas suivre l’avis de sa famille. Arrivé à l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv, il subit un interrogatoire […]

Cet article « Beyrouth entre parenthèses », un roman du libanais Sabyl Ghossoub est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Il est défendu à un citoyen libanais de se rendre en Israël. Mais dans « Beyrouth entre parenthèses », le livre de  Sabyl Ghoussoub, le narrateur, un jeune photographe franco-libanais, décide d’enfreindre la loi de son pays et de ne pas suivre l’avis de sa famille.
Arrivé à l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv, il subit un interrogatoire de plusieurs heures. Les questions fusent et se répètent. « Comment s’appelle votre mère ? Comment s’appelle votre père ? Comment s’appelle votre grand-père ? Comment vous appelez-vous ? » Des questions qui reviennent comme une berceuse et qui voudraient obliger le narrateur à se définir de manière définitive. Lui qui avait pensé faire ce voyage pour mettre de côté sa part libanaise, mettre Beyrouth entre parenthèses…

Nous serions tous morts
Depuis longtemps si nous n’avions pas
Notre sens de l’humour.
Waguih Ghali.

Voilà un livre comme on aimerait en écrire. Une longue phrase qui coule, et qui ne recherche jamais un effet de style. Un livre qui vous transporte dans la peau d’un autre : artiste, mi-Libanais mi-Parisien, et qui soudainement rend lumineux tout ce qui vous paraissait compliqué. Beyrouth entre parenthèses est une vraie réussite. On l’ouvre, on le lit, et on ne le referme qu’à la dernière page. Sabyl Ghoussoub vous fait goûter au bonheur d’errer, à la liberté d’aller là où vous ne devez pas aller.

Les deux côtés de la table

Dans l’édition de poche, ce long interrogatoire, à l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv occupe 100 pages exactement. 100 pages dans une petite pièce vétuste.  Le photographe y est interrogé pendant un temps infini par une soldate de Tsahal qui désire débusquer « l’arabe » qui est en lui. Cet échange est savoureux. Deux mondes s’affrontent: celui du noir et blanc, de l’ordre et de la peur, et celui de la couleur, du désordre et du plaisir de vivre. Le réel et la fiction. D’un côté de la table, une femme réduit les choses à ce qu’elles sont extérieurement, face à elle, un bonimenteur transforme ce qu’il vit en une pièce de théâtre à sketches, pour rire de ce qui devrait le faire pleurer.

J’erre dans les rues de Haïfa. Je me prends pour l’écrivain Émile Habibi, à marcher les mains derrière le dos en attendant une paix qui ne viendra jamais. Je me transforme en Sa’îd le Peptimiste, l’un de ses personnages de roman, avec cette philosophie que tout va pour le mieux, parce que tout pourrait aller plus mal. Je suis, moi aussi, peptimiste. À la question : « Quand Israéliens et Palestiniens accepteront finalement de s’asseoir à la table des négociations, choisirez-vous de vous asseoir avec les Israéliens ou avec les Palestiniens ? », Émile Habibi avait répondu : Je choisirai d’être la table.

Un roman endiablé, composé de saynètes qui s’enchaînent comme autant de claps

Le roman de Sabyl Ghoussoub est composé de chapitres courts, pareils à des saynètes. Cela m’a rappelé les 1200 claps tournés jadis par Marc-Henri Wajnberg (vous pouvez visionner sur son site internet quelques uns de ses claps). Les chapitres (comme les claps) se succèdent à la vitesse de l’éclair, et se bousculent l’un l’autre, sans fin ni début. Ainsi en va-t-il de nos vies. Nous essayons bien maladroitement de les transformer en récit, alors que tout est sauts et syncopes. Il y a dans ce roman la saveur absurde d’un monde vaste, si vaste, qui permet de voyager, de jouir avec insouciance, avec en arrière-plan, le spectacle d’un pays, le Liban, que plusieurs cousins déchiquettent.

Comment se délester du poids de l’histoire ? Comment affronter les silences qui règnent dans les familles ? L’histoire de la guerre du Liban entre 1975 et 1980 n’a pas encore été écrite, et sans ce récit, comment imaginer autre chose? Il y a un trou noir. C’est de ces silences qu’est né le besoin de mettre Beyrouth « entre parenthèses », d’enfreindre la loi, pour aller rencontrer des hommes et des femmes de l’autre côté. Découvrir un peuple et non un concept haï, qui permet seulement de structurer son dépit.

Comment échapper à son identité

Le narrateur veut partir en sa qualité de Français, de  « citoyen du monde ». Mais, dès le vol dans l’avion, puis dans le long interrogatoire, il est ramené à son pays d’origine. Pareil à une mouche sur son ruban, il est englué, contraint de revenir à son nom, à sa langue maternelle, étouffé par sa famille, par la politique ; sommé d’expliquer ses œuvres photographiques, de les réduire à ce qu’elles montrent et non à ce qu’elles sont, comme on peut le voir dans la série de photos reproduites dans le roman, de personnages la tête recouverte de Keffiehs palestiniens.

Sabyl Ghossoub, Rêve imaginaire, série photographique, 2013.

Le jeune photographe, après avoir été démasqué par l’interrogatrice (sa faiblesse c’est sa mère), est relaxé, mais il demeure happé par l’identité à laquelle on l’assigne. La deuxième partie du livre se déroule dans le Fairouz café, jardin clos libanais à Tel Aviv.

Comment peut-on bombarder les lieux de son enfance

La saynète finale est bouleversante. Sabyl Ghoussoub nous parle de l’œuvre de l’artiste israélien Dor Zlekha Levy à propos de la synagogue de Beyrouth et du témoignage d’un soldat israélien né à Beyrouth, puis venu la bombarder en 1982. Ce soldat, « Isaac Balaila, israélien, juif d’origine libanaise se rappelle ses souvenirs d’enfance à Beyrouth et son retour dans sa ville de naissance en tant que soldat ».

Sabyl Ghoussoub écrit :

Je m’étais toujours demandé ce qu’un soldat israélien, né à Beyrouth, avait ressenti en pénétrant au Liban dans son char en 1982. Ce que ça faisait de venir bombarder les lieux de son enfance. On en avait souvent parlé avec Rose. […]. Isaac apparaît à l’écran. Chauve, trapu, la chemise ouverte, la chaîne en argent qui brille, il est l’archétype du soldat israélien. Je clique sur play : « Je suis né à Beyrouth en 1960, je suis parti quand j’étais un petit garçon. Mes souvenirs de la ville sont très clairs. Je me souviens très bien de Wadi Abou Jmil, le quartier juif de Beyrouth, et de la synagogue Maghen Abraham. » Il poursuit l’entretien et décrit ces lieux avec détails. Fier de son drapeau, de son uniforme, de son armée, il raconte ensuite combien Tsahal a fait du bien au Liban, il parle des siens comme des libérateurs. Cela dure cinq minutes, cinq minutes interminables où j’ai envie de jeter mon iPhone au sol et de voir la tête d’Isaac se fracasser en mille morceaux. Puis un plan de coupe vient arrêter Isaac. Il réapparaît, pensif. Il lève les yeux au ciel et confesse à l’artiste : « Écoute. Pour moi la guerre, c’était presque un rêve. C’était même impossible que ce soit la guerre. Je ne pouvais voir cette ville détruite, en ruines. J’ai vu mon enfance face à moi. Je me suis senti à la maison. La vérité, c’est que je n’ai jamais pensé que le Liban était un pays ennemi. Le Liban, cette terre, je l’aime de tout mon cœur. Jusqu’à aujourd’hui, dit-il alors qu’il éclate en sanglots, je désire cette patrie. Tu sais, cela peut sonner étrange pour moi, Beyrouth est ma patrie, non pas Israël.

Rédigé « avant que le cœur des Libanais n’explose » le 4 août, ce livre tente de faire de ce pays une promesse, et non plus une division.

Renseignements

Le livre de Sabyl Ghoussoub est paru en 2020, peu après le « mouvement du 17 octobre ». Dans un premier temps, après ce soulèvement, l’auteur avait pensé renoncer à publier son ouvrage face à l’inconnue dans laquelle était plongé le Liban. Il paraîtra finalement peu avant la catastrophe du 4 août. Il ressort aujourd’hui dans la collection L’antilopoche.

Biographie

Sabyl Ghossoub. Photo: Olivier Roller

Né à Paris dans une famille libanaise, Sabyl Ghoussoub a publié trois romans (Beyrouth-Sur-SeineLe Nez juif, Beyrouth entre parenthèses). Chroniqueur, il a correspondu pendant deux ans avec la commissaire d’exposition franco-israélienne Laura Schwartz sur le blog « En attendant la guerre » hébergé par le site du quotidien Libération. Depuis février 2021, il tient la chronique littéraire intitulée « Quoi qu’on en lise » dans le quotidien francophone libanais L’Orient-Le Jour. Journaliste, il collabore avec différents médias (Konbini Arts, Blind Magazine, Libération, L’Orient-Le Jour, L’oeil de la Photographie, Historia, L’Officiel Levant, Remue, Mashallah News, Agenda Culturel…). Photographe, il a publié ses images dans divers journaux (The Guardian, Fotografia Magazine…) et expose à Paris, Beyrouth ou New-York. Commissaire d’exposition et programmateur, il a été entre 2012 et 2015 directeur du festival du film Libanais de Beyrouth.  

Un entretien entre Sabyl Ghossoub et Diane Mazloum dans La Grande table des idées, le jeudi 27 août 2020

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-grande-table-idees/beyrouth-ville-memoire-l-identite-libanaise-en-ruine-7163845

L’interview de Sabyl Ghossoub dans Magreb Orient Express sur TV5 Monde le 11 septembre 2020

https://www.youtube.com/watch?v=DnoXu-LybC8

L’installation Shomer de l’artiste Dor Zlekha Levy

L’artiste présente cette série comme suit : « Shomer (2019) est une installation multimédia qui comprend des œuvres vidéo, des pièces de projection, des affiches imprimées et des sculptures imprimées en 3d. L’œuvre démonte et réassemble la structure et l’histoire de la synagogue Magen Abraham à Beyrouth pour explorer des concepts tels que l’authenticité et la préservation, et leur relation avec la mémoire humaine. Le mouvement du spectateur dans l’espace de la galerie révèle différentes couches de l’installation, présentant des moments de l’histoire complexe de la synagogue. Les visiteurs se promènent sur les deux étages tout en écoutant une bande sonore grâce à des écouteurs sans fil. Cette bande sonore est basée sur une interview d’un Israélien d’origine libanaise, qui évoque ses souvenirs d’enfant ayant grandi à Beyrouth et de soldat israélien retournant dans sa ville natale pendant la guerre. »

On trouvera des images de l’installation Shomer sur le site de l’artiste.

L’installation Rêve imaginaire de Sabyl Ghossoub

L’artiste présente cette série comme suit : « Dès leur plus jeune âge, les enfants issus du monde arabo-musulman sont très vite confrontés au problème palestinien. Le sujet est omniprésent. Lors des repas de famille mais aussi à la télévision, dans les journaux. Couvrir d’un keffieh tous les membres d’une ascendance, c’était exprimer mes étouffements familial et politique. Comme dans un rite initiatique, le foulard se passe de main en main. Ici, le grand le donne au petit, et ainsi de suite. Un jeu qui mène parfois à la mort ou à l’étourdissement : le jeu du foulard appelé aussi rêve bleu, ou rêve imaginaire. » On trouvera des images de la série photographique sur le site de l’artiste.

Sabyl Ghossoub. Photo: Olivier Roller.

https://mondafrique.com/rejoignez-le-groupe-whatsapp-de-mondafrique/

 

 

 

Cet article « Beyrouth entre parenthèses », un roman du libanais Sabyl Ghossoub est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>