islam - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/islam/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Sun, 01 Nov 2020 17:43:41 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.1 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg islam - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/islam/ 32 32 Jean-François Bayart : « Il y a bien une islamophobie d’Etat en France » https://mondafrique.com/decryptage/jean-francois-bayart-il-y-a-bien-une-islamophobie-detat-en-france/ Sun, 01 Nov 2020 17:43:36 +0000 https://mondafrique.com/?p=41459 Jean-François Bayart est professeur de sociologie politique à l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID, Genève). Mondafrique reprend sa tribune parue dans Le Monde du 31 octobre, où l’africaniste affirme que la véhémente dénonciation de l’islamo-gauchisme cache en réalité une remise en cause de la liberté de pensée. Au lendemain des attentats de […]

Cet article Jean-François Bayart : « Il y a bien une islamophobie d’Etat en France » est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Jean-François Bayart est professeur de sociologie politique à l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID, Genève). Mondafrique reprend sa tribune parue dans Le Monde du 31 octobre, où l’africaniste affirme que la véhémente dénonciation de l’islamo-gauchisme cache en réalité une remise en cause de la liberté de pensée.

Au lendemain des attentats de 2015, j’avais publié un petit essai, Les Fondamentalistes de l’identité (Karthala, 2016), dans lequel j’exprimais ma crainte de voir la France prise en otage par l’inimitié complémentaire entre salafistes et laïcards. Nous y voilà. L’effroi, le dégoût et la colère qu’inspirent l’assassinat de Samuel Paty et l’attentat de Nice offrent un effet d’aubaine aux idéologues qui s’arrogent le monopole de l’indignation et de la définition de la République.

La dénonciation de « l’islamo-gauchisme » trahit un manque de securitas, cette tranquillité d’esprit que les stoïciens revendiquaient face au danger, et qui est l’antipode de la panique sécuritaire.

Que le terme plaise ou non, il y a bien une islamophobie d’Etat en France, dès lors qu’un ministre de l’Intérieur déclare, à propos des « Auvergnats » bien sûr, que « quand il y en a un, ça va », et que « c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes» [phrase prononcée par Brice Hortefeux en 2009], au cours d’un quinquennat qui institue un ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale.

« Le professeur que je suis éprouve un sentiment de colère devant l’hypocrisie d’une élite politique qui, soudain, redécouvre l’enseignant »

Il y a bien une islamophobie d’Etat lorsque sa police pratique une discrimination certes illégale, mais systémique, à l’encontre d’une partie de la jeunesse assignée à ses origines supposées musulmanes. Cet Etat n’est pas « neutre entre les religions », comme le souhaitait l’écrivain Ernest Renan [1823-1892]. Il n’a cessé, ces dernières décennies, de valoriser le christianisme et le judaïsme en développant une laïcité dite « positive » à leur égard, et de vouloir subordonner politiquement l’Islam pour le contrôler sous prétexte de l’éclairer.

Il y a aussi une islamophobie capitaliste lorsque de grandes chaînes privées font preuve de tant de complaisance à l’égard de chroniqueurs dont la haine de l’Islam est le fonds de commerce.

Méconnaissance de l’histoire

Il n’est pas vrai qu’expliquer est justifier. C’est se donner les moyens d’une politique. S’en tenir à l’« Islam », c’est souvent oublier d’autres facteurs. Par exemple celui de la guerre : Al-Qaida est née de celles d’Afghanistan contre l’armée soviétique (1979-1992) et de la première guerre du Golfe (1990-
1991) ; Daech est née de l’occupation américaine de l’Irak, en 2003. S’interdire de le savoir, c’est remonter la machine du dieu Mars en ignorant, par exemple, que le djihadisme au Sahel nous parle moins de l’Islam que d’une crise agraire. Aucune opération « Barkhane » [nom de la force française anti-djihadiste au Sahel] n’apportera de solution à ce problème.

La dénonciation de « l’islamo-gauchisme » repose sur une méconnaissance confondante de l’histoire. En ce sens, ceux qui le pourfendent sont bien la symétrie idéologique des fondamentalistes musulmans. Les uns s’inventent la Médine du Prophète de leurs rêves, les autres la IIIe République de leur passion. Outre qu’il est amusant de voir invoquer, pour « protéger les femmes de l’Islam », une République qui leur a refusé le droit de vote, la conception « intransigeante » de la laïcité est un contresens. Les Pères fondateurs de la IIIe République s’en faisaient une idée « transactionnelle », récusaient l’« intransigeance », voulaient le « consensus », à l’instar de Gambetta [1838-1882]. (Re)lisez vos classiques, Manuel Valls !

Colère devant l’hypocrisie de l’élite politique

Et notamment la Lettre aux instituteurs (1883) de Jules Ferry, dans le respect que nous devons à Samuel Paty et la répugnance que nous inspire son assassin. « Avant de proposer à vos élèves un précepte, une maxime quelconque, demandez-vous s’il se trouve, à votre connaissance, un seul honnête homme qui puisse être froissé de ce que vous allez dire. Demandez-vous si un père de famille, je dis un seul, présent à votre classe et vous écoutant, pourrait de bonne foi refuser son assentiment à ce qu’il vous entendrait dire. Si oui, abstenez-vous de le dire », écrivait le fondateur de l’école publique.

Mais écoutons aussi son contradicteur, non moins républicain, Jules Simon [1814-1896], qui préférait à l’école publique l’instruction publique, éventuellement confiée aux familles ou à l’Eglise : « Nous croyons qu’une école est assez neutre si elle permet à un athée qui s’y trouvera par hasard, sur cent élèves croyants, de sortir pendant qu’on explique leur croyance aux quatre-vingt-dix-neuf autres ». Les hommes politiques de la IIIe République avaient une pensée autrement plus subtile et profonde que celle de ces fondamentalistes contemporains. La IIIe République était la République des professeurs, et non celle des managers.

Remise en cause de la liberté de pensée

L’affliction qu’éprouve le professeur que je suis, devant tant d’ignorance, s’accompagne d’un sentiment de colère. Colère devant l’hypocrisie d’une élite politique qui, soudain, redécouvre l’enseignant et le met au cœur de son dispositif, comme elle l’a fait il y a six mois avec les infirmières, mais n’a cessé depuis quarante ans de malmener financièrement et idéologiquement l’hôpital et l’école. Colère devant le viol de la loi du 26 janvier 1984 – qui garantit aux enseignants et aux chercheurs, dans son article 57, « une entière liberté d’expression dans l’exercice de leurs fonctions» – par Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, quand il s’en prend aux « ravages » de l’islamo-gauchisme « à l’université ».

Colère encore devant le vote par le Sénat, dans la nuit du 28 octobre, d’un amendement au projet de loi de programmation de la recherche (LPR) qui conditionne l’exercice des libertés académiques au « respect des valeurs de la République ». Cette dernière notion n’a jamais fait l’objet d’une définition juridique ou réglementaire. La rendre opposable à l’exercice des libertés académiques reviendrait à subordonner celles-ci aux pressions de l’opinion ou du gouvernement. L’amendement contrevient d’ailleurs au principe d’indépendance des universitaires, intégré au bloc de constitutionnalité après la décision 93-322 DC rendue par le Conseil constitutionnel, le 28 juillet 1993.

La dénonciation de l’islamo-gauchisme n’est que la remise en cause de la liberté de pensée. Elle révèle la consolidation d’un républicano-maccarthysme au cœur même de l’Etat et des médias. Elle signale un mouvement de fond, une sorte d’« apéro pastis » qui, tout comme le mouvement du Tea Party aux Etats-Unis, pave la voie à un avatar hexagonal du trumpisme.

Dernier ouvrage paru : « L’Illusion identitaire » (Fayard, 2018).

Cet article Jean-François Bayart : « Il y a bien une islamophobie d’Etat en France » est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
Campagne anti-France dans le monde musulman https://mondafrique.com/international/campagne-anti-france-dans-le-monde-musulman/ Tue, 27 Oct 2020 14:26:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=41337 D’ Istanbul à Koweït-City en passant par Doha et la bande de Gaza, les appels au boycott des produits français se sont multipliés dans plusieurs pays musulmans après que le Président français, Emmanuel Macron, a promis de ne pas « renoncer aux caricatures » de Mahomet lors d’un hommage rendu au professeur assassiné Samuel Paty. Excédée, […]

Cet article Campagne anti-France dans le monde musulman est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
D’ Istanbul à Koweït-City en passant par Doha et la bande de Gaza, les appels au boycott des produits français se sont multipliés dans plusieurs pays musulmans après que le Président français, Emmanuel Macron, a promis de ne pas « renoncer aux caricatures » de Mahomet lors d’un hommage rendu au professeur assassiné Samuel Paty.

Excédée, la France a appelé  les gouvernements des pays concernés à faire cesser les appels au boycott de produits français émanant d’une « minorité radicale » et elle leur a également demandé d’« assurer la sécurité » des Français vivant sur leur sol. « Les appels au boycott sont sans aucun objet et doivent cesser immédiatement, de même que toutes les attaques dirigées contre notre pays, instrumentalisées par une minorité radicale », a déclaré dimanche 25 octobre le ministère des Affaires étrangères. 

En Algérie, à l’inverse, les relations avec la France se réchauffent. Dans un entretien accordé au journal algérien Le Quotidien d’Oran, l’ambassadeur de France à Alger, M. François Gouyette, a loué l’exception algérienne et la qualité des rapports entre l’Algérie et la France. Le nouveau représentant de la diplomatie française en Algérie a estimé que « les rapports au plus haut niveau qu’ont pu établir les deux chefs d’Etat sont effectivement bons. » Rappelant qu’ils se sont parlé quatre fois au cours des derniers mois, M. Gouyette y voit « un signal qui ne trompe pas. » Toujours d’après lui, « les rapports entre Sabri Boukadoum et Jean-Yves Le Drian sont également excellents. » Jean-Yves Le Drian « apprécie beaucoup son homologue algérien», affirme le diplomate, qui se félicite également de la «très bonne relation» au niveau des services de sécurité et de renseignement. L’ambassadeur estime que les défis sont communs face à la menace terroriste. « C’est un phénomène dont vous avez souffert et qui nous menace aujourd’hui, voyez ce qui s’est passé en France dernièrement. Nous avons au Sahel et en Libye des foyers de terrorisme extrêmement préoccupants face auxquels nos deux pays ont intérêt à coopérer », a-t-il dit au Quotidien d’Oran.

A propos de la crise libyenne, M. Gouyette a déclaré « En Libye, nous avons, comme vous, la conviction qu’il n’y pas de solution militaire. La solution ne peut être que politique. Cette convergence de vues doit permettre aux deux pays de travailler ensemble sur ce dossier » a noté l’ambassadeur. Le message est que la France a besoin de l’Algérie autant que l’inverse, ce qui doit sans doute plaire aux militaires algériens. Dommage que Mr Tebboune soit en quarantaine à cause du Covid19, sinon nul doute que les militaires algériens l’aurait envoyé chez le grand frère Turc pour faire baisser la tension entre Paris et Ankara.

« En Algérie, on n’a pas seulement du pétrole, on a des amis » rient sous masques les responsables algériens. http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5294923

Cet article Campagne anti-France dans le monde musulman est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
La mainmise de l’ex DRS sur l’Islam de France https://mondafrique.com/confidentiels/la-mainmise-de-lex-drs-sur-lislam-de-france/ Mon, 08 Apr 2019 06:22:18 +0000 https://mondafrique.com/?p=28040 La nomination du général Bendaoud à la tète des relations extérieures des services algériens, lui qui avait été en fonction à Paris pendant neuf ans, a redonné des couleurs à ses anciens protégés au sein de l’Islam de France. Le précédent article sur les abus de pouvoir de Maitre Chems-Eddinne Hafiz sur l’émission islamique de […]

Cet article La mainmise de l’ex DRS sur l’Islam de France est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>
La nomination du général Bendaoud à la tète des relations extérieures des services algériens, lui qui avait été en fonction à Paris pendant neuf ans, a redonné des couleurs à ses anciens protégés au sein de l’Islam de France.

Le précédent article sur les abus de pouvoir de Maitre Chems-Eddinne Hafiz sur l’émission islamique de France 2 a valu à Mondafrique d’intéressants témoignages émanant surtout de membres de l’association « Vivre l’Islam ». Lesquels souhaitent rester dans l’anonymat. Ce qui en dit long sur l’intimidation exercée par Maitre Hafiz sur les acterus de l’islam de France, lui qui longtemps cumulait le soutien de Nicolas Sarkozy et une incontestable proximité avec le représentant de l’ex DRS (services algériens), le général Ali Ben Daoud. Ce dernier fut, durant les neufs années qu’il a passées à l’Ambassade d’Algérie à Paris, le parrain discret mais omniprésent du fameux « Islam de France ».

Ben Daoud, le retour

Ces temps ci, Maitre Hafiz retrouve des couleurs. Son mentor, le général Bendaoud, a été nommé à Alger en Mars 2019 à la tête de la Direction générale de la sécurité extérieure, l’équivalent de la DGSE française. A ce titre, c’est ce militaire dont il n’existe aucune photo officielle qui gère aujourd’hui l’essentiel de la relation franco-algérienne. Son retour inattendu aux affaires doit tout à Saïd Boutéflika, le frère d’Abdelaziz, qui vivait ses derniers jours à la Présidence lorsqu’il procéda à cette nomination.

Il reste que maitre Hafiz partage la responsabilité des échecs de l’émission sur l’Islam avec son principal associé, Djelloul Béghoura. Le parcours de ce dernier est emblématique du monde de l’Islam de France dominé par la guerre des égos, le partage des gâteries financières et le manque de compétences.

L’ombre du DRS

L’ancien technicien de l’émission « Mosaïques » qui rendait compte du folklore de l’immigration sur France 3, créa sa propre société de production. C’est sous l’égide des services algériens que fut négociée la cession à Béghoura de tous les avantages cumulés par le regretté Ahmed Baba-Miské, un activiste mauritanien qui, via ses réseaux à alger, était passé au service du front Polisario. Malgré son éloignement des questions de l’Islam, ce sympathisant maoïste avait bénéficié du soutien des conseillers des ministres socialistes de l’Intérieur, Pierre Joxe et Paul Quilès.

Ahmed Baba-Miské accepta de céder son carnet d’adresses à Djelloul Béghoura, sans aucune consultation des membres de l’association « Vivre l’Islam » et sous réserve de faire travailler son fils, Karim, comme réalisateur.

Grandeur et décadence

L’héritage n’a pas fructifié. Après quelques tentatives, dont un documentaire excellent sur les descendants de l’émir Abdelkader à Damas, Béghoura mit fin à sa société parisienne.

Les nouveaux responsables du Bureau central des Cultes au ministère de l’Intérieur ignorent-ils ces précédents? Il est temps en tout cas que l’Islam de France » trouve d’autres parrainages que celui des redoutables services algériens. Lesquels ont perdu de leur superbe à Alger.

Or le numéro deux de la Mosquée de Paris reste un ancien militaire algérien en ligne directe avec les services d’Alger. Pourquoi ces réseaux restent encore si forts à Paris?

Nous reviendrons dans un prochain article sur les méthodes du général Ben Daoud lors de ses années parisiennes,

RépondreTransférer

Cet article La mainmise de l’ex DRS sur l’Islam de France est apparu en premier sur Mondafrique.

]]>