Iran - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/iran/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Mon, 13 Jan 2025 08:35:08 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg Iran - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/iran/ 32 32 Donald Trump et l’Iran : confrontation ouverte ou accord surprise ? https://mondafrique.com/a-la-une/donald-trump-et-liran-confrontation-ouverte-ou-accord-surprise/ Mon, 13 Jan 2025 08:34:29 +0000 https://mondafrique.com/?p=124895 Tout de sa politique – de son premier mandat à ses déclarations de campagne, en passant par les nominations dans sa future administration – semble annoncer que, dès son retour à la Maison Blanche, Donald Trump va relancer une confrontation ouverte avec l’Iran. Pourtant, avec Trump, une surprise n’est jamais à exclure. Un article du […]

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Tout de sa politique – de son premier mandat à ses déclarations de campagne, en passant par les nominations dans sa future administration – semble annoncer que, dès son retour à la Maison Blanche, Donald Trump va relancer une confrontation ouverte avec l’Iran. Pourtant, avec Trump, une surprise n’est jamais à exclure. Un article du site « The Conversation ».

Par Kevan Gafaïti, Université Paris-Panthéon-Assas

« L’Iran est l’État qui sponsorise le plus le terrorisme » et l’accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien (ou JCPOA, pour Joint Comprehensive Plan of Agreement) était « le pire accord jamais conclu », assénait le 8 mai 2018 Donald Trump, alors président des États-Unis.

Alors que Donald Trump s’apprête à revenir à la Maison Blanche le 20 janvier prochain, le Moyen-Orient constituera évidemment une des priorités de ce second mandat. En tête de proue : les activités nucléaires de l’Iran, lequel assure constamment que son programme n’a qu’un versant civil et est uniquement destiné à un usage domestique et pacifique. Washington – et bon nombre de ses partenaires – ont toujours estimé que l’Iran pourrait en réalité chercher à se doter d’une arme nucléaire, notamment en soulignant que l’enrichissement de l’uranium auquel sont parvenus les Iraniens se situe bien au-delà des seuils nécessaires pour un usage civil : autour de 60 % en décembre 2024 selon Rafael Grossi, directeur de l’Agence Internationale pour l’Énergie atomique, l’AIEA, alors qu’un programme civil ne requiert que 20 %.

Avec le retour de Donald Trump, qui intervient après quatre années durant lesquelles l’administration Biden a cherché, sans grand succès, un apaisement avec la République islamique, une nouvelle montée des tensions entre les deux États, qui aurait des conséquences régionales majeures, paraît très probable ; il ne faut cependant pas écarter complètement la possibilité qu’un nouvel accord soit conclu…

 

Le programme nucléaire iranien : un contentieux ancien et toujours brûlant

La simple évocation de l’Iran amène quasi automatiquement à aborder son programme nucléaire. Depuis les révélations d’août 2002 sur ses sites de recherche cachés à Arak et Natanz, de nombreuses chancelleries s’inquiètent d’une hypothétique dualité des activités nucléaires, c’est-à-dire du risque que celles-ci soient à but civil mais aussi militaire. Le programme nucléaire iranien remonte en réalité aux années 1950, époque où le Shah d’Iran cherche à se doter de l’énergie atomique, avec le soutien des États-Unis mais aussi de la France, alors grande exportatrice (et donc État proliférateur) de réacteurs nucléaires.

La Révolution islamique de 1979 marque un coup d’arrêt, les révolutionnaires voulant afficher une rupture complète avec l’ensemble des chantiers politiques lancés par le dernier roi d’Iran. En août 2003, une fatwa (avis juridique émis par une autorité religieuse sur un point précis) émanant du Guide suprême Ali Khamenei vient même attester que l’arme nucléaire serait haram (c’est-à-dire contraire à la religion musulmane), du fait de son caractère non discriminatoire entre civils et combattants.

Pourtant, les activités nucléaires de l’Iran dévoilées à la communauté internationale en 2002 font croire, notamment aux Américains et aux Européens, que Téhéran pourrait chercher à se doter de l’arme nucléaire, ce qui constituerait une violation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 1968, dont l’Iran est partie. L’Accord sur le nucléaire iranien, le JCPOA, était venu mettre un terme à cette crise en 2015 : dans ce cadre, les activités nucléaires iraniennes étaient réduites et strictement contrôlées, en contrepartie d’une levée progressive des sanctions économiques imposées à Téhéran par les pays occidentaux dès 1979 par Jimmy Carter et renforcées par la suite, spécialement accrues depuis les révélations sur le programme nucléaire en 2002.

Cependant, le 8 mai 2018, Donald Trump a unilatéralement quitté le JCPOA, estimant que l’accord était « inacceptable », malgré les onze rapports de l’AIEA attestant du respect par l’Iran de ses engagements. S’en est alors suivie une longue phase de déclarations, de menaces et de montée des tensions, qui a presque culminé en un conflit ouvert après l’assassinat du général iranien Ghassem Soleimani ordonné par Trump en janvier 2020. Avec l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche, les négociations sur le nucléaire iranien ont rapidement repris à Vienne, avec l’espoir d’aboutir à un « JCPOA 2.0 », en vain. Très peu d’informations tangibles ayant été révélées concernant ces négociations tenues à Vienne, différentes pistes sont évoquées : refus de Biden de lever les sanctions réimposées par Trump (préalable non négociable pour Téhéran), posture iranienne floue sur les attendus précis des négociations, changement de priorité pour Moscou depuis la guerre en Ukraine

L’élection de Massoud Pezeshkian à la présidence iranienne en juillet 2024 et sa posture ouverte au dialogue « avec l’Occident », plus souple que celle de son prédécesseur Ebrahim Raïssi (président de 2021 à sa mort dans un accident d’hélicoptère le 19 mai 2024), n’a pas fondamentalement changé la situation. C’est dans ce contexte que Donald Trump reprend le pouvoir à Washington et annonce un retour à sa politique maximaliste face à Téhéran.

 

La forte probabilité d’une confrontation exacerbée

Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche devrait entraîner une continuation des orientations politiques de son premier mandat (2017-2021) plutôt qu’une rupture avec celles-ci. La maximum pressure policy devrait donc à nouveau être à l’honneur. Trump considère toujours l’Iran comme un État déstabilisateur, voire terroriste, avec lequel la voie à privilégier n’est assurément pas la négociation, mais plutôt l’utilisation du hard power (c’est-à-dire l’usage de sanctions économiques et, le cas échéant, de la force armée).

L’analyse des nominations déjà officielles ou pressenties pour la seconde administration Trump semble confirmer la mise en place d’une stratégie offensive à l’encontre de l’Iran et particulièrement favorable à Israël, son rival régional, que l’ex-futur président soutient totalement sur tous les dossiers, y compris dans celui de la guerre actuelle à Gaza.

Lors de son premier mandat, il s’était entouré d’une administration parfaitement alignée avec ses vues et partisane d’une posture hostile envers l’Iran, sans écarter l’option militaire (à l’image de l’ambassadeur américain à l’ONU John Bolton, du secrétaire d’État Mike Pompeo ou encore d’Elliott Abrams, représentant spécial pour l’Iran entre 2019 et 2021).

La prochaine administration ne devrait pas adopter une stratégie différente, puisque les personnalités qui la composeront sont sur la même ligne concernant l’Iran. Les nominations de Marco Rubio au poste de secrétaire d’État, de Pete Hegseth au secrétariat à la Défense ou encore de Mike Huckabee comme ambassadeur américain en Israël confirment cette tendance.

Face à ce retour certain de la maximum pressure policy, l’Iran se trouve actuellement en moins bonne posture que pendant les négociations pré-JCPOA de 2015. Son économie est affaiblie par les sanctions économiques américaines, et tangue entre inflation et récession. D’un point de vue régional et stratégique, ses différents partenaires enchaînent les déconvenues : la République islamique a été attaquée à plusieurs reprises directement sur son sol par l’État hébreu ; en Palestine, le Hamas continue de fléchir sous le feu israélien ; au Liban, tous les cadres historiques du Hezbollah ont été assassinés par Tel-Aviv ; en Syrie, Bachar Al-Assad a fui le pays et s’est réfugié à Moscou. La montée en puissance des BRICS+, groupe auquel l’Iran appartient depuis début 2024, et l’approfondissement de sa relation avec la Russie et la Chine, ne sauraient contrebalancer ces éléments. Téhéran appréhende donc la future politique américaine à son encontre.

 

Un nouvel accord sur le nucléaire iranien : perspective peu probable mais pas totalement irréaliste

Alors que tout semble indiquer que le retour de Donald Trump à la présidence américaine implique automatiquement un raffermissement de la posture américaine face à l’Iran, la perspective d’un nouvel accord sur le nucléaire iranien ne doit pas être écartée a priori.

Ce scénario pourrait sembler irréaliste de prime abord, mais il n’est certainement pas impossible en pratique. Un accord sur le nucléaire où Iraniens et Américains s’entendraient, aux côtés d’autres États : voilà qui ne serait pas nouveau en soi. Le JCPOA a été proclamé en 2015 sous les présidences de Barack Obama et de Hassan Rohani, tous deux ouverts au dialogue. Aujourd’hui, le président iranien n’est plus le très rigide Ebrahim Raïssi mais Massoud Pezeshkian, plus enclin à négocier que son prédécesseur. Donald Trump n’a jamais évoqué un retour américain dans le JCPOA ou un JCPOA 2.0 ; pourtant il a envoyé des signaux en direction de Téhéran, laissant envisager qu’il n’était pas fermé à toute négociation dans l’absolu.

Fin septembre 2024, Trump affirme ainsi que « nous devons négocier un accord » avec l’Iran, sans expliciter les modalités de ce projet. Le 16 novembre 2024, c’est Elon Musk, proche de Trump, qui aurait rencontré Amir Saeid Iravani, ambassadeur iranien à l’ONU (une rencontre formellement démentie par le ministère iranien des Affaires étrangères). En outre, dès août 2024, le Guide suprême Ali Khamenei affirmait qu’il pouvait envisager une négociation avec les Américains.

Autant d’éléments qui invitent à envisager toutes les possibilités, de la confrontation à la négociation voire à un nouvel accord irano-américain. De la même façon qu’il a signé un accord avec la Corée du Nord le 12 juin 2018 (texte certes sans grande portée pratique par la suite), Trump pourrait chercher à obtenir un deal avec un État paraissant irréconciliable avec Washington. Cela constituerait alors un prolongement de son leitmotiv de 2017-2021 : ne pas commencer de nouvelle guerre au Moyen-Orient et se désengager de la région pour faire face au vrai adversaire des États-Unis : la Chine.

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Notre entretien avec un transfuge iranien réfugié en Grèce, le diplomate Milad Rabbani https://mondafrique.com/a-la-une/nos-entretien-avec-un-transfuge-iranien-le-diplomate-milad-rabbani/ Sat, 21 Sep 2024 07:12:44 +0000 https://mondafrique.com/?p=118749 Milad Rabbani est un ancien diplomate iranien intégré aux Affaires Étrangères en 2018, mais qui a fait défection il y a un peu plus de trois ans. Le jeune homme âgé de 37 ans a contacté Mondafrique sur un réseau social dans le but de raconter son parcours de transfuge vers la Turquie puis vers […]

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Milad Rabbani est un ancien diplomate iranien intégré aux Affaires Étrangères en 2018, mais qui a fait défection il y a un peu plus de trois ans. Le jeune homme âgé de 37 ans a contacté Mondafrique sur un réseau social dans le but de raconter son parcours de transfuge vers la Turquie puis vers la Grèce

Milad Rabbani

Mondafrique : Vous avez fait des études prestigieuses. Qu’est-ce-qui vous a conduit à la diplomatie? 

Milad Rabbani: J’ai étudié les sciences politiques à l’université et j’ai été admis à l’Ecole des Relations Internationales de Téhéran en 2014. C’était difficile. Nous devions passer des examens,  beaucoup d’entretiens. Je voulais devenir diplomate pour servir le pays, aider le peuple du pays. Etudiant, j’étais pro-Moussavi, comme presque tous mes camarades.

Pour être recruté au ministère des Affaires Etrangères, j’ai dû réussir plusieurs examens, portant y compris sur l’attitude et le niveau de langues. L’arabe et l’anglais étaient les plus importantes, puis venaient le français et l’allemand. J’ai été diplômé en 2017 et j’ai intégré le ministère en 2019. Je crois que mon niveau d’anglais et mes compétences informatiques ont beaucoup pesé dans mon admission. J’étais expert politique et économique. Ma mission précise était la supervision des commissions mixtes entre l’Iran et les autres pays.

Mondafrique : Comment avez-vous connu les services de renseignement iraniens?

M.R. : Le ministère des Affaires étrangères interagit beaucoup avec le ministère du Renseignement (Vezsrate Ettelaat). Ils fonctionnent ensemble. Quand vous travaillez pour le ministère des Affaires étrangères, vous êtes observé par le ministère du Renseignement. Ils valident toutes les nominations de diplomates et ils tirent parti, au-delà de leurs tâches normales, des formations reçues par le personnel diplomatique en affaires internationales et en renseignement. J’ai été contacté, au-dessus de ma hiérarchie. La personne qui m’a contactée était le représentant en titre du ministère du Renseignement au ministère des Affaires étrangères. Son nom de code est Chabbani mais son vrai nom est Zabihollah Naderi. C’est l’éléphant dans la pièce.

 

Avec l’actuel ministre iranien des Affaires étrangères

Ils avaient décidé de m’envoyer en Albanie. Je crois qu’ils voulaient me confier cette mission à cause de mes compétences informatiques. Quand je les ai rencontrés, ils ne m’ont pas dit quels étaient leurs projets pour moi. Ils m’ont juste dit que qu’ils avaient décidé de m’envoyer en Albanie. Je devais rencontrer un officier de liaison à Belgrade qui allait m’expliquer ma future mission.

Mondafrique : Comment avez-vous réagi à cette proposition?

M.R. : J’avais peur de devenir un espion. Je ne voulais pas. Je leur ai dit que je ne voulais pas être envoyé en Europe. Que je voulais rester un simple expert, un chercheur. Donc j’ai refusé. Mais quand vous dites non, ils considèrent que vous leur êtes hostile. Et les problèmes ont commencé.

Ils ont mis une grosse pression sur moi. J’ai été suspendu de mon emploi et ils ont monté une fausse affaire contre moi pour des cybercrimes supposés. J’ai dû écrire une lettre de démission. J’ai quitté mon boulot. Je me suis occupé de mes affaires en Iran mais aussitôt que j’ai découvert les poursuites contre moi, j’ai quitté mon pays.  

Au total, j’ai eu plusieurs rendez-vous avec eux. Deux avant d’être suspendu puis quatre ou cinq autres, à travers différents canaux, dont deux fois avec des agents du ministère du Renseignement. Je leur ai assuré que je voulais coopérer. Ils me mettaient la pression mais, en même temps, ils m’encourageaient à devenir l’homme qu’ils voulaient. Donc je les ai rassurés.

J’ai récupéré mon passeport, je suis allé à l’aéroport et j’ai fui en Turquie, le 18 juillet 2021. Heureusement, personne ne m’a arrêté à l’aéroport.

Mondafrique : Que s’est-il passé une fois que vous étiez en Turquie?

M.R. :Au début, ils ne m’ont pas considéré comme un opposant. Ils m’ont recontacté, cette fois via le ministère des Affaires étrangères. Ils m’ont demandé de rentrer en Iran. J’ai dit: ‘d’accord, je vais rentrer bientôt’. Puis je me suis déconnecté, j’ai changé de numéro de téléphone et je n’ai plus jamais eu aucun contact avec eux. J’ai travaillé en Turquie comme gardien de nuit dans des hôtels. Mais la Turquie n’est plus sûre pour les réfugiés iraniens.

Le nouveau ministre turc des Affaires étrangères a été le patron des services de renseignement pendant dix ans et il veut de bonnes relations avec l’Iran. Je ne pouvais plus rester là-bas. La dernière année a été difficile. Je devais changer d’adresse tout le temps.

Le 21 juillet 2024, j’ai rejoint la Grèce à la nage. Je ne pouvais faire confiance à aucun passeur turc. Donc j’ai traversé par mes propres moyens, à partir de la ville turque de Kush Adasi. Et je me suis présenté à la police grecque. J’ai nagé cinq kilomètres pour atteindre l’île de Samos.

Mondafrique : Pourquoi voulez-vous rendre ces informations publiques?

M.R. : A cause des menaces qui pèsent sur moi et pour me protéger des services de renseignement iraniens. J’encours les mêmes risques que je parle ou pas, mais au moins, j’aurais fait quelque chose pour la liberté du peuple iranien. Même si je vis en exil désormais, il compte vraiment pour moi.  

Mondafrique : Que pouvez-vous dire sur les services de renseignement iraniens?

M.R. : Je peux vous parler de leurs obsessions. Il y a des débats dans l’opposition iranienne. Je pense qu’elle se méprend parfois sur les services de renseignement iraniens et qu’elle n’en connait presque rien.

La première phobie des services de renseignement iraniens est le Mouvement Vert, né de la protestation monstre des partisans de Mir-Hossein Moussavi après l’élection présidentielle de Mahmoud Ahmadinejad, en 2009. Ils en ont très peur. Ils ont craint ces cinq millions de personnes dans les rues de Téhéran et ils ont eu raison. Il y a des gens qui reprochent à Mir-Hossein Moussavi de n’avoir pas utilisé le peuple pour renverser Khamenei. Mais je pense qu’il a bien fait. Si le Mouvement Vert avait utilisé la violence à ce moment-là, cela l’aurait délégitimé et le régime en aurait profité pour unir ses forces et exercer encore plus de violence contre le peuple. Le Mouvement Vert a été le prologue de ceux qui ont suivi, en particulier le mouvement des femmes de 2022. Celui-ci continue et ceux qui croient qu’il est terminé sont des naïfs.

La deuxième bête noire des services est Amad News et son fondateur défunt, le journaliste Roholla Zam, condamné à mort et exécuté le 12 juillet 2020, après avoir été réfugié en France pendant huit ans. Il faisait partie de ceux qu’on appelle les Angal Zadeh, ou parasites en farsi , ceux qui sucent le sang du peuple, les enfants des dignitaires iraniens qui ont détruit le pays mais lui, c’était un vrai héros. Vous pouvez voir la peur dans leurs yeux à la mention de son nom. 

La troisième phobie des services de renseignement sont les Kurdes iraniens, privés, comme d’autres minorités, de leurs droits fondamentaux et interdits d’exercer de hautes fonctions administratives. Ils sont bien armés. C’est une minorité qui défie le gouvernement. Les services veulent les anéantir car ils ne peuvent pas négocier avec eux. Beaucoup d’entre eux sont exécutés en prison.

Les services se concentrent aussi sur toute organisation ou leader susceptible de fournir de l’information au peuple iranien, particulièrement aux jeunes. Le contrôle des flux d’information est crucial et vital pour eux. Et finalement, ils suivent aussi de près les mouvements de gauche, qui sont bien organisés et peuvent devenir une menace.

Carte professionnelle de Milad Rabbani

Mondafrique : Qu’en est-il de leur vision d’Israël?  

M.R.: Israel est très important. Ils ne veulent pas détruire Israël. Israël est le prétexte qui permet de réunir certains groupes islamiques radicaux, de mobiliser le peuple iranien et d’autres partisans dans les pays arabes. Dans la perspective de la sécurité iranienne, Netanyaou est une bénédiction. Si Israël était plus intelligent, il n’aurait pas engagé une guerre qui a fait 43000 morts à présent, surtout des femmes et des enfants. La meilleure politique pour Israël serait de faire la paix avec les Arabes et d’engager des relations diplomatiques avec les pays islamiques, particulièrement l’Arabie saoudite, la Turquie et les voisins de l’Iran. C’est intéressant de se souvenir aussi que les deux seuls pays opposés à la solution à deux Etats sont Israël et l’Iran.

Mondafrique : Comment est organisé le service de renseignement à l’intérieur de l’administration des Affaires étrangères?

M.R. : Il y a un département de la sécurité dans tous les ministères et organisations d’Iran. Le directeur général du département de la sécurité n’est pas un agent du ministère concerné mais un membre des services de renseignement. Leurs missions habituelles sont de valider toutes les nominations. Mais ils ont aussi d’autres tâches. Par exemple, les ambassadeurs d’Iran dans certains pays, le Venezuela, certains pays arabes, sont des membres du service de renseignement. Le responsable de la commission mixte Iran-Venezuela, un pays très important pour l’Iran, est le ministère de la Défense. Et l’ancien ambassadeur d’Iran dans ce pays a été M. Chabbani, un membre du ministère du Renseignement. Ils sont répertoriés, au ministère des Affaires étrangères, sous les numéros de code 220 et 110.

Tous ceux qui sont transférés au ministère des Affaires étrangères à partir d’une autre administration, par exemple Divan Mohasebat (la Cour des Comptes), le ministère de l’Education ou celui de l’Industrie, des Mines et du Commerce (Vezarate sanat), appartiennent au ministère du Renseignement. C’est très difficile d’être transféré aux Affaires étrangères si vous n’appartenez pas au ministère du Renseignement.

Mondafrique : Quelles sont leurs méthodes ?

M.R. : Ils utilisent les bonnes vieilles méthodes traditionnelles à la soviétique, le contrôle en face à face. Ils envoient des agents sonder les idées et les croyances des agents de l’administration. Aux affaires étrangères, ils se concentrent sur deux groupes : les nouveaux arrivants de l’école des relations internationales et de l’Université de l’Imam Sadegh et les personnes apparentées à des membres du ministère. Par exemple, le fils d’un ambassadeur aux Nations unies travaillant pour le renseignement sera très facilement transféré au ministère des Affaires étrangères.  

Le département Bakhsh Noskheh (dit de la Prescription) fait des études psychologiques pour monter des manipulations, de fausses affaires pour salir l’honneur des gens et des mouvements d’opposition. C’est le nom qu’ils se donnent entre eux : département de la prescription. Ce sont eux, par exemple, qui brûlent des Coran pour qu’on accuse l’opposition d’être diabolique et ennemie de l’Islam. Ca leur permet de mobiliser les gens ordinaires contre l’opposition. Lors des réunions de sécurité nationale, ils discutent de ces rapports. Ils ont aussi pour mission d’infiltrer l’opposition en exil, la diaspora et les réfugiés, particulièrement les groupes LGBTQ, les étudiants et les commerçants.  

Mondafrique : Que peut faire le peuple iranien ?

M.R. : Je crois que tous ceux qui veulent un changement positif pour l’Iran doivent mettre le paquet sur la nouvelle génération, qui doit avoir accès à un internet libre de la surveillance du régime, ce que permet l’accès satellite. Il faut que la nouvelle génération voit les autres pays. C’est la meilleure façon de leur montrer les mensonges du régime islamique. Je n’ai aucun doute que ce régime s’effondrera. C’est déjà un cadavre. 

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Des milices au service de l’Iran dans tout le Moyen Orient https://mondafrique.com/international/les-milices-armees-de-liran-au-moyen-orient-font-obstacle-a-la-paix/ Tue, 06 Aug 2024 16:59:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=89459 Le think tank Rasanah, un organisme de recherche saoudien, a publié une étude sur les milices que l’Iran entretient un peu partout au Moyen Orient et qui pourraient participer à la riposte annoncée contre Israel par Téhéran L’Iran a déstabilisé ou conquis des pays comme la Syrie, l’Irak, le Yémen, le Liban par l’intermédiaire de […]

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Le think tank Rasanah, un organisme de recherche saoudien, a publié une étude sur les milices que l’Iran entretient un peu partout au Moyen Orient et qui pourraient participer à la riposte annoncée contre Israel par Téhéran

L’Iran a déstabilisé ou conquis des pays comme la Syrie, l’Irak, le Yémen, le Liban par l’intermédiaire de milices chiites (ou apparentées) qu’il a armées et financées. Qu’il s’agisse du Hezbollah au Liban, d’Asa’ib Ahl al-Haq et d’Ahl al-Kahf en Irak et en Syrie, des Unités de défense du peuple en Syrie et les Houthis au Yémen.

Ces milices sont devenues – comme le Hezbollah au Liban – des États dans les États, mais aussi des mafias. Pour pallier l’irrégularité du soutien financier iranien elles se sont tournées vers le racket, le marché noir, le blanchiment d’argent, le trafic de drogues et d’armes. C’est grâce aux immenses recettes de ces trafics qu’elles ont couvert les salaires de leurs combattants, leurs achats d’armes et de véhicules, les soins de santé offerts aux combattants et les aides dispensées aux familles des combattants décédés.

Le racket des populations passe par des innovations technologiques : en janvier 2023, Kataeb Hezbollah, une milice pro-iranienne en Irak, a utilisé Instagram pour lever une taxe « volontaire » dans le but de financer la construction de drones pour les Houthis du Yémen. 

L’infiltration économique

En Syrie et en Irak, ces milices possèdent également des entreprises touristiques, commerciales et immobilières. Certaines possèdent également des compagnies maritimes qui jouent un rôle dans la contrebande d’armes en provenance d’Iran mais aussi bien dans la circulation de marchandises « civiles ». En Irak, les milices pro-iraniennes ont investi l’appareil judiciaire, l’administration et le secteur bancaire qu’ils font tourner à leur profit. Toutes les institutions « démocratiques » mises en place par les Etats Unis avant leur départ, font l’objet d’une politique d’entrisme polito-ethnique. On ne voit pas qu’un accord au somment entre Ryadh et Téhéran puisse changer le « style » de la politique locale.

De plus, ces milices contrôlent d’énormes étendues de terres agricoles, des champs pétroliers et surtout les frontières. Ils prélèvent de taxes à l’entrée des marchandises – ou bien créent des octrois artificiels sur des axes de circulation principaux. Ainsi, les forces du régime syrien et les milices pro-iraniennes stoppent la circulation des camions entre les villes de Deir ez-Zor et al-Bukamal et prélèvent d’énormes taxes qui rendent la vie des populations civiles très difficiles dans la mesure ou ces « impôts » sont ensuite répercutées sur les prix à la consommation aux points de destination des marchandises.  Aucun civil, aucun commerçant ne peut faire transiter ses marchandises sauf à s’acquitter de redevances importantes. De nombreux commerçants ont fui le racket vers les zones contrôlées par les Forces démocratiques syriennes (FDS) (Kurdes, arabes chrétien…) dans les villes de Raqqa, Hasakah, Tabqa et autres.

Les craintes de la milice Houthi

Au moment même où l’Arabie saoudite et l’Iran coordonnaient la réouverture de leurs ambassades respectives, Mohammed Ali al-Houthi, leader de la révolte Houthi, a déclaré que « la question yéménite était indépendante (de tout règlement régional) et (que) l’accord entre Riyad et Téhéran ne concernait que les deux pays ».  

Cette déclaration montre que la milice Houthie a pris brusquement conscience qu’elle était devenue une monnaie d’échange entre l’Iran et l’Arabie Saoudite.

L’Iran a-t-il les moyens de calmer les ardeur de la milice Houthi pour la persuader d’accepter une résolution de la crise yéménite ? La réponse à cette question sera  éminemment financière. Au Yémen, dans les zones qu’ils contrôlent, les Houthis empochent les recettes fiscales de l’État sans s’acquitter d’aucune des obligations de l’Etat (paiement des fonctionnaires par exemple, ou entretien des services publics).

Selon certains témoignages, l’impôt que les Houthis perçoivent sur le territoire qu’ils contrôlent est le double de celui que le gouvernement percevait avant la guerre. Sur la base d’estimations prudentes recueillies par le média Almasdar Online et sur la base du rapport 2021 du groupe d’experts des Nations Unies sur le Yémen, les Houthis auraient perçu environ 1,8 milliard de dollars en taxes et en douanes en 2019. Ces sommes extravagantes n’ont servi qu’à entretenir et enrichir le mouvement Houthi.

L’argent n’a pas d’odeur

Les événements passés démontrent que certaines milices auront tendance à privilégier leurs gains privés quand ces gains entrent en contradiction avec les diktats de l’Iran. En 2020, Asa’ib Ahl al-Haq en Irak a continué à bombarder les positions américaines malgré les demandes iraniennes de mettre une sourdine à ces attaques. Le chef d’Asa’ib Ahl al-Haq, Qais al-Khazali, a considéré la résistance contre les forces américaines comme conforme aux intérêts irakiens, peu lui importaient les exigences iraniennes. Au Liban, on imagine mal le Hezbollah consentir à alléger son poids dans la vie politique ou militaire du pays au profit de forces favorables aux Saoud.

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Les mines d’uranium du Niger sous intense surveillance satellitaire https://mondafrique.com/economie/les-mines-duranium-du-niger-sous-intense-surveillance-satellitaire/ Tue, 21 May 2024 02:59:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=110846 Selon nos confrères d’Intelligence Online, les mines d’uranium du Niger font actuellement l’objet d’une frénésie de surveillance de la part de Washington et Paris alors que le pays passe sous influence russe.  « Disposer d’images des activités en cours sur les sites des mines d’uranium du Niger est en passe de devenir le must have des […]

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Selon nos confrères d’Intelligence Online, les mines d’uranium du Niger font actuellement l’objet d’une frénésie de surveillance de la part de Washington et Paris alors que le pays passe sous influence russe. 

« Disposer d’images des activités en cours sur les sites des mines d’uranium du Niger est en passe de devenir le must have des centres dédiés à l’Afrique des agences de renseignement américaines et françaises. Depuis quelques semaines, en plus des moyens de l’agence dédiée au renseignement depuis l’espace, le National Reconnaissance Office (NRO), Washington mobilise ses prestataires commerciaux pour effectuer une surveillance permanente du site de la mine d’Arlit », écrit Afrique Intelligence.

« Côté européen, les satellites d’observation français et les satellites Pleiades Neo d’Airbus Group ont également reçu des commandes à la recherche du moindre signe de visite du site. »

Les mines d’uranium d’Arlit, dans le nord du Niger, sont exploitées depuis toujours par les Français d’Orano, ex-Areva, mais le coup d’État de juillet 2023 a abouti à l’arrêt de l’activité, officiellement faute d’intrants à la suite du blocage des frontières. Le stock de yellow cake prêt à l’export est resté sur place. 

Les Occidentaux craignent que le Niger ne fournisse en uranium ses nouveaux alliés, en particulier l’Iran. Une fausse accusation en ce sens avait d’ailleurs servi de prétexte aux Etats-Unis dans leur guerre contre l’Irak au début des années 2000. 

Afrique Intelligence précise toutefois qu’à la surveillance occidentale s’ajoute celle de la Chine, à travers des satellites de très haute définition de Changguang Satellite Technology. En effet, selon le même média, « China National Nuclear Corps (CNNC) s’est vu proposer par le pouvoir de Niamey de reprendre les opérations de la mine d’Imouraren, à quelques encablures d’Arlit. »

Le site d’Imouraren, situé non loin des deux anciennes mines franco-nigériennes en fin de vie, avait été présenté comme le plus ambitieux projet minier du continent. Mais si Orano n’y a jamais renoncé officiellement, il a été mis sous cocon en 2014 et le matériel revendu.

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Le décès accidentel d’Ebrahim Raïssi: une enquête sur le crash https://mondafrique.com/video/mort-de-ebrahim-raissi-president-de-liran-annonce-de-lenquete-sur-le-crash/ Mon, 20 May 2024 17:16:59 +0000 https://mondafrique.com/?p=110865 Le chef d’état-major des forces armées a annoncé avoir ordonné une enquête sur l’accident ayant coûté la vie au président Ebrahim Raïssi et à son entourage. Lundi, l’hélicoptère transportant le président iranien Ebrahim Raïssi a été localisé après s’être écrasé contre une montagne dans le nord-ouest de l’Iran, dimanche. Le chef d’état-major des forces armées […]

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Le chef d’état-major des forces armées a annoncé avoir ordonné une enquête sur l’accident ayant coûté la vie au président Ebrahim Raïssi et à son entourage.

Lundi, l’hélicoptère transportant le président iranien Ebrahim Raïssi a été localisé après s’être écrasé contre une montagne dans le nord-ouest de l’Iran, dimanche.

Le chef d’état-major des forces armées iraniennes, Mohammad Bagheri, a ordonné ce lundi 20 mai « une enquête sur la cause du crash » qui a tué le président et ses accompagnateurs, rapporte l’agence de presse iranienne Isna. Un « comité de haut rang » a été constitué pour mener cette investigation approfondie.

Cinq jours de deuil national

L’Iran observera cinq jours de deuil national en mémoire du président défunt. L’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême iranien, a décrété « cinq jours de deuil public » et a désigné le vice-président Mohammad Mokhber comme président par intérim. Ce dernier est chargé d’organiser une nouvelle élection présidentielle dans un délai de 50 jours.

Le gouvernement iranien a rendu hommage à Ebrahim Raïssi, le décrivant comme un président « travailleur et infatigable » qui « a sacrifié sa vie pour la nation ». Il a également assuré que l’administration du pays se poursuivra sans perturbation grâce à l’aide divine et au soutien du peuple. Élu en 2021, Raïssi était vu comme un successeur potentiel de l’ayatollah Ali Khamenei, âgé de 85 ans.

Condoléances internationales

La France a exprimé ses condoléances à l’Iran et aux familles des victimes par le biais d’un communiqué du ministère des Affaires étrangères. L’Otan a également adressé ses « condoléances au peuple iranien ».

Les alliés de l’Iran ont salué la mémoire du président. Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères russe, a qualifié Raïssi et le ministre des Affaires étrangères Amir-Abdollahian d’amis véritables et fiables. Le président syrien, Bachar Al-Assad, a exprimé sa solidarité avec Téhéran. La Turquie, par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a partagé la douleur du peuple iranien. Le Pakistan a décrété une journée de deuil en signe de solidarité, tandis que le Hamas a salué Raïssi comme un soutien indéfectible à la résistance palestinienne.

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Le discret réseau occidental des dirigeants iraniens https://mondafrique.com/decryptage/le-discret-reseau-occidental-des-dirigeants-iraniens/ Mon, 26 Feb 2024 10:03:27 +0000 https://mondafrique.com/?p=105811 Le régime iranien tente d’influencer la politique internationale dans des médias et des institutions en Europe et aux États Unis, via des agents d’influence. Une chronique d’Hamid Enayat, un opposant iranien en exil  Récemment, dans une interview avec le journal français Le Monde, Ali Vaez, un « expert » de l’Iran, a déclaré que si […]

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Le régime iranien tente d’influencer la politique internationale dans des médias et des institutions en Europe et aux États Unis, via des agents d’influence. Une chronique d’Hamid Enayat, un opposant iranien en exil

 Récemment, dans une interview avec le journal français Le Monde, Ali Vaez, un « expert » de l’Iran, a déclaré que si nous mettons trop de pression sur le régime iranien à cause de la guerre dévastatrice au Moyen-Orient, ce régime se dirigerait davantage vers la construction d’une bombe nucléaire. Ali Vaez fait partie du Groupe de Crise basé à Bruxelles qui est l’un des rares think tanks ayant des relations étroites avec le ministère des Affaires étrangères iranien.

Un grand nombre de courriels découverts par deux médias, Semafor American et la chaine TV Iran internationale en langue persan, montrent que la coopération de Téhéran avec le think tank Groupe de Crise a été formée à travers le Centre d’études iraniennes affilié au ministère des Affaires étrangères iranien. Ces courriels montrent qu’en 2013 et 2014, les analystes du Groupe de Crise faisaient la promotion des positions du gouvernement iranien, même lorsqu’elles contredisaient celles de l’administration Obama. Ces courriels révèlent que les deux avaient signé un accord qui n’a jamais été rendu public. Ces documents démontrent bien que le Groupe de Crise a joué un rôle significatif dans les négociations nucléaires et la levée des sanctions contre l’Iran pendant près d’une décennie, faisant constamment des recommandations aux administrations Obama, Biden et Trump.

« Le plan des experts iraniens »

Sémafor et Iran International, dans leur rapport d’enquête publié en septembre 2023, ont clarifié qu’Ali Vaez et sa collègue Dina Esfandiary faisaient partie d’un réseau d’influence formé et dirigé par Téhéran. Les rapports montrent qu’en 2013, un réseau d’analystes hors d’Iran a été formé sous le titre « Plan des experts iraniens » pour augmenter l’influence de l’Iran sur la scène politique. Bien que Vaez ait défendu sa présence dans ce réseau, le qualifiant de groupe informel, les mémoires de Zarif et les documents du ministère des Affaires étrangères iranien montrent comment Téhéran a bénéficié des membres de ce réseau et du Groupe de Crise pour faire avancer sa diplomatie nucléaire.

Selon les documents obtenus, les négociations initiales entre le Groupe de Crise et le Centre d’études politiques ont commencé en 2013. À cette époque, Robert Malley était responsable du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord au Groupe de Crise. Les courriels montrent que Malley a pu se rendre en Iran pour la première fois grâce aux connexions de ce réseau. En 2014, Malley a rejoint l’administration Obama pour faire avancer les négociations nucléaires avec l’Iran. Les documents montrent que, alors qu’il était dans l’administration Obama, il continuait d’utiliser Ali Vaez pour envoyer des messages à l’Iran.

« L’envoyé spécial » de Biden

Malley est devenu président et PDG du Groupe de Crise en 2017 et a été nommé « envoyé spécial » de Biden sur l’Iran en 2020. Cependant, à la suite d’enquêtes récentes le concernant, son accréditation de sécurité a été révoquée. La raison n’a pas encore été annoncée, mais ses relations avec l’Iran ont-elles dépassé le cadre officiel et l’ont-elles transformé en pion du régime iranien ? Personne ne sait, mais l’arrêt soudain de ses fonctions alimente de telles spéculations.

Malgré ces révélations, Vaez se présente toujours comme un défenseur du politique iranien du régime iranien sur la crise au Moyen-Orient et le programme nucléaire. Il s’est rendu à la Maison Blanche au moins neuf fois l’année dernière pour discuter des problèmes du Moyen-Orient et de l’Iran avec les responsables concernés.

Le moment est venu pour l’Europe et l’Amérique de prêter attention au peuple iranien et à sa demande sans équivoque de renversement de ce régime, au lieu d’investir dans l’équation illusoire que, en concédant des concessions, le régime reviendra à la raison et cessera la répression intérieure, la guerre, le terrorisme et le programme nucléaire. La seule garantie de paix et de stabilité dans la région, libre de guerre, d’effusion de sang et de course aux armements, est un Iran démocratique, laïque et républicain – un résultat que le peuple iranien est déterminé à atteindre.

 

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L’Iran est devenu un « narco-Etat terroriste » https://mondafrique.com/agenda-culture/liran-est-devenu-un-narco-etat-terroriste/ Wed, 07 Feb 2024 16:03:13 +0000 https://mondafrique.com/?p=104739  Le journaliste Emmanuel Razavi, dont une partie de la famille a été massacrée en Iran, affirme que le régime de Téhéran s’est transformé en une véritable mafia, se livrant au trafic de drogue, d’armes, d’or, et même à la prostitution. Des accusations largement étayées.   En 1979, le magazine Times n’hésite pas à qualifier l’ayatollah Khomeini d’« homme […]

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 Le journaliste Emmanuel Razavi, dont une partie de la famille a été massacrée en Iran, affirme que le régime de Téhéran s’est transformé en une véritable mafia, se livrant au trafic de drogue, d’armes, d’or, et même à la prostitution. Des accusations largement étayées.  

En 1979, le magazine Times n’hésite pas à qualifier l’ayatollah Khomeini d’« homme de l’année », alors que selon Emmanuel Razavi, auteur de « La face cachée des mollahs », il s’agit d’un « psychopathe ». Qui ne pouvait mettre en place qu’un système aboutissant au « chaos et à la violence » (*). Le journaliste, spécialiste du Moyen-Orient, collaborateur de Paris Match, rappelle que ce religieux ne cachait guère ses intentions. N’avait-il pas écrit que « la guerre sainte signifie la conquête des territoires non musulmans », et que « nous n’avons d’autre solution que de renverser tous les gouvernements qui ne reposent pas sur les purs principes islamiques, et sont donc corromps et corrupteurs » ?  

Toutefois cet ouvrage ne parle guère d’islam et de religion, mais bien davantage de liens avec des mafias en Amérique du Sud et en Russie, de « syndicat du crime », avec à sa tête un parrain, l’ayatollah Ali Khamenei, qui a succédé à l’ayatollah Khomeini. Pour Emmanuel Razavi, les mollahs et les gardiens de la révolution islamique ne s’intéressent guère au bonheur du peuple iranien. Leur principale préoccupation étant de maintenir la terreur afin de continuer à s’enrichir. Le journaliste ne parle pas en millions mais en milliards de dollars. Cette mafia se sait néanmoins sur un siège éjectable. « Quelque 10 milliards de dollars auraient quitté l’Iran au cours des derniers mois de l’année 2022, en raison de l’inquiétude face à la contestation anti-régime », écrit-il. Des milliards qui prendraient la direction de la Turquie, des Émirats arabes unis, du Qatar, de Oman, de la Géorgie, du Kazakhstan, du Turkménistan. Mais aussi du Venezuela.      

Qui pourrait renverser les mollahs ?

L’auteur nous livre une information inédite. Alors que l’Organisation des moudjahidines du peuple iranien (OMPI) était tenue, jusqu’à présent, à l’écart par le reste de l’opposition, notamment par les royalistes, Mustafa Hijri, le leader du Parti démocratique du Kurdistan d’Iran (PDKI) « s’est rapproché de Maryam Radjavi », à la tête de l’OMPI, ajoutant qu’il s’agit  d’« une alliance qui interroge ». Maryam Radjavi serait critiquée par une majorité d’Iraniens qui lui reprochent de s’être mis « sous la protection de Saddam Hussein au début des années 1980 ».        

 

Emmanuel Razavi rappelle également les liens souvent inconnus entre les Frères musulmans égyptiens, sunnites, avec les mollahs iraniens chiites. Ces liens ont été noués par le philosophe iranien Ali Shariati, l’inspirateur de la révolution islamique, mais qu’il ne connaîtra pas, étant mort en Angleterre en 1977. Et par Navvâb Safavi, le fondateur des Fedayins de l’Islam, une organisation chiite. Ce dernier avait rencontré à Jérusalem en 1953 Syyid Qutb, le principal penseur de la Confrérie, auteur de A l’ombre du Coran, pendu par Nasser en 1966. « A dire vrai, l’influence de Qutb est telle chez les clercs de la mouvance khomeiniste qu’en 1984 un timbre à son effigie est imprimée par la République islamique d’Iran », raconte le rédacteur de « La face cachée des Mollahs ».

(*) « La face cachée des Mollahs. Le livre noir de la République islamique d’Iran », Les éditions du Cerf, février 2024, 226 pages.

 

 

 

 

 

 

 

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Le Premier ministre du Niger en visite à Moscou, Ankara et Téhéran https://mondafrique.com/international/le-premier-ministre-du-niger-en-visite-a-moscou-ankara-et-teheran/ Mon, 15 Jan 2024 09:33:22 +0000 https://mondafrique.com/?p=103240 Une importante délégation nigérienne s’envole lundi pour Moscou. Cette tournée diplomatique la conduira ensuite en Serbie, en Turquie et en Iran, a appris Mondafrique de source proche du gouvernement.  Le Premier ministre Lamine Zeine est accompagné, notamment, des ministres de la Défense, du Pétrole, de la Jeunesse et des Sports, de l’Agriculture, du Commerce et […]

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Une importante délégation nigérienne s’envole lundi pour Moscou. Cette tournée diplomatique la conduira ensuite en Serbie, en Turquie et en Iran, a appris Mondafrique de source proche du gouvernement. 

Le Premier ministre Lamine Zeine est accompagné, notamment, des ministres de la Défense, du Pétrole, de la Jeunesse et des Sports, de l’Agriculture, du Commerce et de la Santé. 

Décidées à diversifier leurs partenaires, les autorités souhaitent explorer des coopérations tous azimuts, dans le domaine de la défense mais aussi de l’agroalimentaire, de l’énergie, des équipements de santé et du pétrole. Le pétrole brut produit dans l’est du Niger sera très bientôt disponible à l’exportation à partir du port en eau profonde de Sèmè, au Bénin. 

La délégation gouvernementale voyagera à bord du Mont Gréboun, l’avion présidentiel, dont l’équipage est désormais entièrement nigérien. 

Depuis leur arrivée au pouvoir, le 26 juillet dernier, les officiers nigériens ont clairement énoncé leur volonté de se libérer de la tutelle française et, plus généralement, occidentale. Ils ont obtenu le départ du contingent français et annoncé que tous les accords de coopération militaire seraient revisités à la lumière des intérêts du Niger. Les Etats-Unis, qui disposent d’une importante base de drones à Agadez, dans le nord du pays, ont été informés de cette volonté de souveraineté mais leurs intérêts militaires ne sont pas remis en cause pour le moment. 

Le Niger est toujours sous blocus de la Communauté économique ouest-africaine, suite aux sanctions d’une sévérité sans précédent ordonnées contre Niamey après le renversement du Président Mohamed Bazoum. Des discussions ont toutefois pu commencer en vue d’une sortie de crise. Les médiateurs désignés par la CEDEAO, les Présidents togolais et sierra-léonais, seront sans doute reçus à Niamey une fois la mission de retour, à la fin du mois. 

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« L’axe de la Résistance » iranien face à Israël https://mondafrique.com/a-la-une/laxe-de-la-resistace-face-a-israel/ Tue, 31 Oct 2023 02:03:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=99162 L’attaque dévastatrice du Hamas le 7 octobre a changé la donne au Moyen-Orient. Le dossier israélo-palestinien, relégué au second plan depuis au moins une dizaine d’années, est brutalement revenu au cœur de la géopolitique régionale. Alors que la guerre en cours entre le Hamas et Israël enhardit les mandataires de l’Iran dans la région, tous les acteurs […]

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L’attaque dévastatrice du Hamas le 7 octobre a changé la donne au Moyen-Orient. Le dossier israélo-palestinien, relégué au second plan depuis au moins une dizaine d’années, est brutalement revenu au cœur de la géopolitique régionale.

Alors que la guerre en cours entre le Hamas et Israël enhardit les mandataires de l’Iran dans la région, tous les acteurs impliqués (étatiques ou non étatiques) manœuvrent dans un jeu de pouvoir très complexe qui peut conduire à une guerre régionale à part entière ; mais un tel scénario peut être évité par une fin négociée.

Vers une « unité des fronts »

Nous sommes entrés en territoire inconnu, car les objectifs politiques et militaires israéliens n’ont pas été définis de façon claire, ce qui rend cette guerre de vengeance différente de toutes les opérations israéliennes précédentes contre le Hamas, que ce soit en termes de durée, d’objectifs ou de nombre de victimes des deux côtés.

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La rhétorique des responsables israéliens, dont certains ont nié l’existence de civils innocents à Gaza, comme l’a fait le président de l’État hébreu, a oscillé entre une position maximaliste et minimaliste, allant de l’appel à une occupation totale de Gaza malgré les avertissements du président américain à la création d’une zone tampon et à la « simple » destruction de l’infrastructure du Hamas.

 

 

Le 7 octobre, au moment où le Hamas déclenchait son opération sans précédent, Mohammed Deif, le commandant militaire de sa branche armée a appelé tous les Arabes et musulmans et, spécialement, l’Iran et les États et organisations qu’il domine, à se lancer dans une guerre totale contre Israël. Il a cité, dans cet ordre, le Hezbollah libanais, l’Iran, le Yémen, les milices chiites irakiennes et la Syrie. Il a proclamé ce jour comme « celui où votre résistance contre Israël converge avec la nôtre », dans ce que l’on appelle « l’unité des fronts », qui est une stratégie de dissuasion initiée par le Hezbollah.

Cette stratégie de dissuasion consiste à coordonner, politiquement et militairement, les réponses de toutes les milices mandataires de l’Iran dans la région et à se rassembler pour se soutenir mutuellement si l’une d’entre elles est attaquée. La multiplicité des fronts dominés par les milices par procuration de l’Iran peut dissuader les adversaires de Téhéran de passer à l’action… ou au contraire accélérer la descente de la région dans un chaos total.

Tensions majeures à la frontière libanaise

Après le 7 octobre, la situation sécuritaire s’est rapidement détériorée à la frontière libanaise d’Israël, du fait d’escarmouches de plus en plus intenses entre Tsahal et le Hezbollah.

De plus, deux nouveaux éléments intéressants sont apparus sur le front libanais. Pour la première fois depuis la fin de la guerre civile, nous avons assisté à la réémergence « temporaire » des forces Al-Fajr, la branche militaire de la Jamaa Islamiya. Cette milice libanaise islamiste sunnite, qui a été dissoute en 1990, a annoncé qu’elle participait aux hostilités au-delà des frontières libanaises israéliennes « en défense de la souveraineté libanaise, de la mosquée Al Aqsa et en solidarité avec Gaza et la Palestine ». Le 29 octobre, elle a lancé des missiles depuis le Liban vers Kiryat Shmona, dans le nord d’Israël. Cette milice combat de façon quasi-indépendante du Hezbollah (même s’il existe une coordination militaire entre les deux organisations).

En outre, le Hamas et le Jihad islamique palestinien au Liban ont publié des communiqués assumant l’entière responsabilité de plusieurs attaques contre Israël. Ils ont lancé ces attaques depuis les territoires libanais, rappelant les années où le sud du Liban était dominé par les activités militaires de l’OLP palestinienne (à partir de 1969), au point d’être surnommé « Fatah Land ».

Leur participation aux hostilités est encore limitée, mais elle est importante en termes symbolique. Il est clair que le Hezbollah coordonne les activités de toutes les milices opérant à la frontière libanaise pour envoyer un message clair : la zone est ouverte à toutes les factions islamistes et non islamistes, invitées à se joindre, même symboliquement, à la lutte contre Israël dans le but d’exprimer leur solidarité avec Gaza. En d’autres termes, le Hezbollah déclare que ce combat n’est pas sectaire, mais qu’il unit les musulmans et concerne tous les Arabes et les musulmans.

Ce message d’unité musulmane contre Israël intervient après des années de sectarisation du Moyen-Orient. Le Hezbollah n’a mené que des attaques limitées contre Israël depuis la fin de la guerre israélo-libanaise de 2006, et est intervenu militairement en Syrie pour appuyer le régime de Damas, combattant alors dans le camp opposé au Hamas, lequel s’était porté au soutien du camp anti-Assad.

Cette prise de position avait valu au Hezbollah de devenir très impopulaire aux yeux des populations sunnites de la région. En se joignant à la lutte contre Israël, le Hezbollah se réaffirme aux yeux de l’ensemble des Arabes de la région non pas en tant qu’acteur sectaire, mais plutôt en tant que groupe révolutionnaire islamique qui vise à mettre fin à l’arrogance israélienne.

Ce recadrage correspond à l’image qu’il se faisait de lui-même. Le Hezbollah se considère en effet comme un modèle pour le Hamas et d’autres forces islamiques qui luttent contre Israël. Malgré leurs divergences sur la guerre en Syrie, ils ont restauré leurs relations en août 2007 et les hauts commandants du Hamas, comme Ismaël Haniyeh (le chef du bureau politique du Hamas) et Yahia Sinwar (chef du bureau politique du Hamas à Gaza), ont publiquement remercié l’Iran pour son aide précieuse en matière de financement, de logistique et d’approvisionnement en armes.

Le rôle des Houthis du Yémen

L’attaque du Hamas est survenue à un moment au Moyen-Orient où les États-Unis ont tenté d’étendre les accords de paix d’Abraham (qui ont permis ces dernières années, un rapprochement entre Israël et plusieurs États arabes, sous la férule de Washington) à l’Arabie saoudite.

Ces accords, qui visent à établir les bases d’une nouvelle architecture de sécurité au Moyen-Orient afin d’assurer une meilleure sécurité régionale aux alliés des États-Unis, sont désormais menacés, et la normalisation entre Israël et Riyad semble à présent une perspective fort improbable.

L’échec annoncé de ce réchauffement est d’autant plus dommageable pour Washington que les Chinois ont, il y a quelques mois, enregistré un succès diplomatique majeur en négociant une détente entre l’Arabie saoudite et l’Iran, après de longues années de soutien de Téhéran aux milices yéménites houthies qui combattaient l’Arabie saoudite au Yémen. Dans le cadre de ce rapprochement entre Riyad et Téhéran, des pourparlers se sont tenus entre les houthis et les Saoudiens pour soutenir le processus de paix au Yémen.

 

 

Les Houthis sont une autre partie de l’axe iranien dans la région. Leur ascension en tant qu’acteur politique et militaire yéménite les a enhardis. Ils ont déclaré qu’ils étaient prêts à se joindre au Hamas dans une guerre totale contre Israël pour défendre Gaza et la mosquée Al-Aqsa. En guise de démonstration de force, ils ont lancé le 19 octobre trois missiles de croisière et des drones qui ont été interceptés par un destroyer américain en mer Rouge. Selon les États-Unis, ces missiles se dirigeaient « potentiellement vers Israël ». L’attaque est en soi symbolique, mais elle envoie un message politique fort qui réaffirme la primauté stratégique des liens des Houthis avec « l’Axe de la résistance » soutenu par l’Iran et signale la volonté de la milice de s’engager militairement dans des guerres ou des tensions régionalisées ou internationalisées.

Cela a été clairement défini dans le discours de leur chef. Les Houthis disposent d’un formidable arsenal de missiles à longue portée qui seraient capables de frapper Israël. Tous ont été soit saisis à l’État yéménite en 2014, soit acheminés par l’Iran.

Les attaques de missiles lancées par les Houthis ont coïncidé avec d’autres attaques menées par des milices chiites soutenues par l’Iran, visant des bases américaines et des garnisons accueillant des soldats américains en Irak et en Syrie. L’Iran a stratégiquement externalisé le risque de confrontation directe avec les États-Unis et Israël via son Axe de la Résistance : quand de telles attaques ont lieu, sa responsabilité n’est pas directement engagée. Ce positionnement accroît son influence dans les négociations directes et indirectes ainsi que son influence régionale.

Une guerre totale est-elle possible ?

Pour conclure, tous les acteurs semblent marcher sur une corde suspendue au-dessus du cratère d’un volcan. Ils attendent tous d’en savoir plus sur les objectifs politiques et militaires de la guerre israélienne à Gaza et de pouvoir évaluer les capacités de résistance du Hamas à l’attaque dont il fait l’objet.

Si l’armée israélienne enregistre des pertes importantes, la position stratégique de l’axe soutenu par l’Iran s’améliorera, sans frais pour Téhéran mais à un coût terrible pour la population de Gaza et à Hamas.

Mais que se passerait-il si Israël menaçait l’existence même du Hamas après une invasion terrestre ? Les intenses escarmouches aux frontières libanaises d’Israël se transformeraient-elles alors en une guerre à part entière ? L’Iran se joindrait-il aux hostilités ? Et si Israël se sentait renforcé par le soutien inconditionnel de l’Occident à son droit à se défendre et considérait cette solidarité comme un blanc-seing pour frapper l’Iran, dont l’ambition nucléaire effraie les responsables de l’État hébreu ? Dans un tel cas de figure, et face à la riposte de Téhéran, les États-Unis utiliseront-ils leurs destroyers dans la région de la Méditerranée orientale pour attaquer l’Iran et défendre Israël ?

À ce stade, impossible d’apporter de réponse tranchée à toutes ces questions. Nous pouvons seulement constater que la région semble se diriger vers une nouvelle phase où la sectarisation des politiques étrangères des acteurs régionaux sera reléguée au second plan, la détente entre l’Iran et l’Arabie saoudite se consolidera, la question palestinienne s’imposera pour longtemps au premier plan, et les milices mandataires iraniennes s’affirmeront de plus en plus.

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Hossein Amir Abdollahian: « l’Iran ne peut pas rester les bras croisés » https://mondafrique.com/confidentiels/hossein-amir-abdollahian-liran-ne-peut-pas-rester-les-bras-croises/ Mon, 16 Oct 2023 09:20:54 +0000 https://mondafrique.com/?p=98352 Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, a entamé vendredi une tournée diplomatique au Liban et au Qatar pour suivre les derniers développements de la guerre en cours dans la bande de Gaza et évaluer la situation au Liban-Sud. »L’Iran ne peut pas rester les bras croisés » , a martelé le chef de la […]

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Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, a entamé vendredi une tournée diplomatique au Liban et au Qatar pour suivre les derniers développements de la guerre en cours dans la bande de Gaza et évaluer la situation au Liban-Sud. »L’Iran ne peut pas rester les bras croisés » , a martelé le chef de la diplomatie iranienne dans une interview à la chaine qatarie al-Jazeera

« Les bombardements sur Gaza doivent immédiatement cesser », lance le chef suprême iranien Ali Khamenei dans un discours rapporté par Reuters. « Les responsables israéliens devraient être jugés pour leurs crimes », a-t-il également déclaré. « Ceux qui vivent dans les colonies israéliennes occupées ne sont pas des civils, ils sont majoritairement armés », ajoute l’ayatollah Khamenei.

Le ministre iranien à Doha

Le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian s’est rendu, ce 15 octobre, à Doha où il a rencontré le chef du Hamas. L’essentiel pour le ministre iranien était de convaincre les Qataris de débloquer les fonds qu’ils possèdent au Qatar. Début septembre, Washington avait, dans le cadre d’un accord conclu en août avec l’Iran sur un échange de prisonniers, débloqué 6 milliards de dollars de fonds iraniens destinés à de l’aide humanitaire. La somme avait alors été transférée vers des comptes détenus au Qatar.

Or depuis l’attaque du Hamas contre l’Etat hébreu, les Etats-Unis soupçonnent l’Iran d’avoir aidé l’organisation terroriste à préparer son attaque contre Israël. Des responsables américains font pression sur le Qatar pour empêcher l’Iran d’accéder à 6 milliards de dollars déposés au Qatar, qui avaient été bloqués par Washington

Ce que contestent les Etats-Unis « ne peuvent pas revenir » sur l’accord de transfert. 

Un détour par Beyrouth

Au Liban où Hossein Amir Abdollahian Abdollahian avaait fait une halte vendredi sur le chemin de Doha, il a rencontré le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Selon plusieurs médias, ils ont discuté des responsabilités partagées et des positions à prendre par rapport aux « événements historiques et aux développements dangereux à Gaza ». Et de poursuivre: « L’action du mouvement Hamas est une réaction à la politique de Netanyahu (Premier ministre israélien, NDLR) et aux crimes d’Israël ». 

M. Abdollahian s’est ensuite réuni avec son homologue libanais, Abdallah Bou Habib, au ministère des Affaires étrangères. Le ministre iranien a déclaré qu’il était « convenu avec M. Habib de la nécessité d’une cessation immédiate des « crimes de guerre » commis par Israël contre les civils à Gaza », lors d’une conférence de presse conjointe qui a suivi la réunion. « Nous sommes prêts à organiser une réunion extraordinaire de l’Organisation de la coopération islamique », a-t-il annoncé.

Les Américains mis en cause

M. Abdollahian s’est par ailleurs dit étonné de la position des États-Unis qui « appellent toutes les parties à la retenue alors qu’ils sont en train d’envoyer des armes et d’apporter un soutien militaire à Israël ». M. Bou Habib a, pour sa part, assuré que « le Liban n’a jamais cherché la guerre », mettant en garde contre une escalade qui « pourrait enflammer la région et menacer la paix et la sécurité ». « Il est essentiel que la communauté internationale comprenne qu’il ne peut y avoir de stabilité dans la région sans une solution à la question palestinienne », a-t-il ajouté.

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