Comores - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/comores/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Tue, 17 Dec 2024 22:12:28 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.3 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg Comores - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/comores/ 32 32 Une chronique de 2O16 sur Mayotte, une mascarade politique https://mondafrique.com/libre-opinion/mayotte-laddition-salee-dune-mascarade-politique/ Tue, 17 Dec 2024 15:34:23 +0000 http://www.mondafrique.com/?p=6833 Mayotte, petite île de l’Océan indien au large de Madagascar en proie ces dernières années à de violentes émeutes est devenue le cent-unième département français en 2011 après une succession de référendums organisés par la France visant à travestir le droit international. Un article d’Antoine Viart que Mondafrique publiait … en 2016 La manipulation du […]

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Mayotte, petite île de l’Océan indien au large de Madagascar en proie ces dernières années à de violentes émeutes est devenue le cent-unième département français en 2011 après une succession de référendums organisés par la France visant à travestir le droit international.

Un article d’Antoine Viart que Mondafrique publiait … en 2016

La manipulation du concept de libre détermination des peuples à disposer d’eux-mêmes commence lors du premier référendum de 1976 portant sur la question de l’indépendance. Le référendum couvrant l’ensemble de l’archipel des Comores fait alors l’objet d’une stratégie bien singulière : la France insiste pour compter les votes de Mayotte indépendamment de l’ensemble des autres îles des Comores, ouvrant ainsi la voie aux sanctions de l’ONU et à la sécession de l’île pourtant rattachée à un ensemble géographique, identitaire, culturel et historique cohérent (ce que l’on appelle une nation faut-il le rappeler). Mayotte qui, à 65% refuse l’indépendance (contrairement au trois autres îles de l’archipel) pour rester sous le giron français, obtient ce que quelques dirigeants français manipulateurs et bouffis de prestige colonial souhaitaient également, un statut de territoire d’outre-mer.

Quelles sont les conséquences sur le plan juridique ? la Constitution de la République Islamique des Comores considère Mayotte comme appartenant à sa souveraineté territoriale. Sa Loi du 2 mai 2011, vient confirmer Mayotte comme Préfecture de l’Union des Comores. Il ne s’agit pas là d’une lubie mais d’une position en cohérence avec la résolution 33/85 de l’ONU du 12 novembre 1976 qui rejette « toute autre forme de référendums ou consultations qui pourraient être organisés ultérieurement en territoire comorien de Mayotte par la France ».

Peut-on aujourd’hui parler de prescription ? La résolution 49/18 de l’Assemblée générale des Nations Unies de 1994 réaffirmait la souveraineté de l’Etat comorien sur Mayotte et la Départementalisation de 2011 était jugée par le Président des Comores ainsi que par l’Union Africaine – sous l’égide du Secrétaire Général des Nations Unies, « nulle et non avenue ».

La France viole ainsi le droit international en arrachant Mayotte à son archipel comorien. Condamnée plus de vingt fois par l’ONU et l’Union Africaine, avec l’approbation des partenaires européens, cette occupation reste illégale.

Veto français

Pourquoi alors cette situation n’a t’elle pas fait l’objet d’une résolution du Conseil de Sécurité qui aurait alors eu force d’application ? On voit mal la France se sanctionner elle-même et son droit de veto neutralise d’emblée l’instrument.

Mais cela va plus loin, l’intégration de Mayotte au territoire français est non seulement contraire au droit international, elle bafoue également le droit français. La République ne peut s’augmenter de portions de territoire par le vote unilatéral d’une entité extranationale ou territoriale. Il faut, selon l’article 3 de la Constitution, l’assentiment du peuple français dans son entier. Les habitants de Mayotte constituent-ils un peuple à part entière ? Ils sont comoriens selon le droit international et sans revenir sur l’imprécision du terme « peuple », pourquoi ne pas avoir demandé au peuple français s’il souhaitait le rattachement de Mayotte à la France ?

En résumé, les actes juridiques des référendums de 1976 et celui de mars 2009 relatif à la départementalisation (laquelle est devenue effective le 01er mars 2011) sont des actes juridiquement inconstitutionnels et par conséquent nuls de plein droit.

Cimetière marin

Ils relèvent, par contre, d’une annexion illégale aux conséquences douloureuses comme l’instauration en 1995 du « visa Balladur » supprimant la liberté de circulation entre Mayotte et le reste de l’archipel des Comores. Par cette disposition, aujourd’hui consolidée par le statut de Département, c’est un véritable mur de Berlin aquatique qui se dresse au milieu de l’archipel. Désormais les membres d’une même famille, selon qu’ils soient aux Comores ou à Mayotte devront obtenir un visa pour se rendre visite ou, à défaut, être considéré comme « clandestins ». Fumeux : si Mayotte n’était pas occupée illégalement on ne parlerait pas de clandestins pour qualifier les comoriens qui sont en réalité chez eux à Mayotte. Résultat, 20.000 reconduites à la frontière, 150.000 « clandestins », un Canal du Mozambique considéré comme l’un des plus important cimetière avec plus de 10.000 noyées comoriens. Belle performance !

Pourquoi le gouvernement français n’informe par les Français ? Mayotte est une structure sociale musulmane (à 95%) où l’état civil était/est encore géré par les Cadi, les juges de paix sont musulmans est souvent illettrés, la polygamie est restée une pratique courante, la loi restreint l’héritage des femmes à la moitié de celui dévolu aux hommes, le code civil est en arabe, les noms de famille sont pratiquement inexistants. Seuls 45% des mahorais parlent français et entre 30 et 40% sont analphabètes.

Mayotte au prix fort

Pourquoi cette néo-colonisation ? Du côté mahorais on comprendra que la promesse du développement économique et social et son cortège de prestations sociales ait pu influencer leur volonté de demeurer rattaché à l’ancienne puissance coloniale. Du coté de l’Etat français, les arguments manquent cruellement. L’argument du port en eaux profondes pour accueillir des bâtiments de la marine française a perdu son sens avec l’abandon du projet jugé (enfin) trop couteux par l’administration. La volonté de surveiller et d’écouter le Canal du Mozambique par l’implantation d’une station d’écoute (sur un lopin de terre 500 m2) du réseau satellitaire français d’espionnage des communications ne justifie pas, non plus, la tactique de départementalisation. Des conventions militaires auraient permis, comme ailleurs, la présence militaire française.

Il est à craindre que les raisons soient à chercher dans les habitudes historiques d’une volonté de prestige de la présence française dans les quatre océans en devenant la deuxième puissance mondiale par sa superficie en matière de Zone Economique Exclusive derrière les Etats-Unis. Mais là encore, le constat est clair. Les ressources halieutiques sont limitées et l’équilibre biologique déjà fragile. Il n’existe nuls minerais ou pétrole à exploiter.

La douloureuse vérité est que Mayotte ne produit rien, elle coute. Selon le rapport de la Cour des comptes, les dotations de l’Etat au Département s’élèvent sur 5 années (de 2010 à 2014 inclus) à 682 M€ et les dotations de l’Etat (hors Fonds intercommunal de péréquation/ FIP) aux Communes à 461 millions d’€. On atteint ainsi la somme vertigineuse de 1,114 milliard€/ consacré à une population de 220 000 habitants selon les dernières estimations de l’INSEE.

La manne financière ne s’arrête pas en si bon chemin. Le statut de Département de la république Française doublée de sa situation géographique et de ses « handicaps structurels » permettra à Mayotte, après un important lobby des parlementaires français, d’obtenir le statut de Région ultrapériphérique. Ce « régime d’association » à l’ensemble européen apporte à l’île 475 millions d’Euros sur la période 2014-2020, soit 15 fois plus que sous l’ère des Fonds Européens de Développement/FED auquel Mayotte était éligible avant sa départementalisation. Ramené au prorata de la population, c’est donc 7354€/ par habitant de subventions publiques sur 5 ans.

Et paradoxalement, à quoi assiste-t-on ?

Si Mayotte n’était pas illégalement occupée par la France, ses habitants ne seraient pas 13 fois plus riche que les Comores et ne seraient probablement pas en train d’accumuler les grèves générales et émeutes diverses depuis 2011 contre l’Etat français auquel ils ont pourtant demandé leur rattachement.

Amnésie

Que l’intersyndicale (CGT, FSU, CFDT, etc.) organise une grève générale contre la vie chère et pour un alignement du montant des prestations sociales sur celui de la métropole -tout de suite et maintenant- alors qu’un plan de rattrapage structurel (et donc progressif) est en cours (voir le budget exposé plus haut), témoigne tout à la fois d’une forme d’amnésie (de la réalité socioéconomique et juridique de l’Union des Comores et des autres pays voisins) et d’une tendance boulimique à l’assistanat.

Certes l’introduction de l’Euro, au milieu d’un environnement économique régional parmi les plus dégradé au monde a introduit de sérieux biais sur le cout des biens et services de l’île. Certes cette élévation du coût de la vie n’est pas de nature à entretenir la paix sociale. Mais que les habitants de Mayotte oublient de mesurer la chance socio-économique d’être rattaché (par ailleurs illégalement) à la France me paraît moralement bien plus questionnable.

J’ai toujours été subjugué par les syndicats, ces entités de la société civile dont le mandat est de défendre les intérêts de leurs membres (un peu d’ailleurs comme l’administration publique et les élus qui n’ont généralement de cesse que de défendre/ développer les privilèges sur lesquels ils sont confortablement assis ou qu’ils considèrent avoir chèrement conquis, c’est selon). Il me semble particulièrement irresponsable de la part de l’intersyndicale de paralyser Mayotte alors qu’il n’y a jamais eu autant d’argent public versé. J’y vois une vue très courte, un recroquevillement de la pensée complexe qu’exige le site et la situation de l’île. Un peu de comparaison des réalités régionales et un effort de perspective historique et juridique limiterait sans doute le débordement d’une démagogie par nature simplifiée et non pertinente.

Le slogan tant scandé par la foule émeutière du « vive les indigènes libres de la république ! » me paraît une magnifique ode au racisme anti-blanc (on enregistre une augmentation vertigineuse des agressions contre les métropolitains) avec en son cœur cette brillante contradiction entre la République une et indivisible, et l’idée d’une indigénéité libre qui a voté six années plus tôt le rattachement à ladite République… Il fallait le trouver, preuve que cette néo-colonisation d’un nouveau genre (référendum partiel et sécessionniste contre un Etat-nation) apporte son cortège de déceptions et de malaises identitaire.

De quel droit la France se maintient-elle à Mayotte ? De quelle amnésie souffre les mahorais pour oublier le droit international et l’illégitimité de leur statut ?

Merci au pouvoir politique pour cette grande farce jamais expliquée aux Français parce que tout à fait injustifiable et inacceptable.

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Comores : la revanche attendue de l’Iran https://mondafrique.com/international/comores-revanche-attendue-de-liran/ Wed, 18 May 2016 15:59:23 +0000 http://www.mondafrique.com/?p=7120 Allié de l’Arabie saoudite au cœur de l’Océan indien, les Comores pourraient désormais tendre la main à l’Iran suite aux présidentielles qui ont consacré la victoire, début mai, non pas d’un, mais de deux anciens chefs d’Etat. Dix ans après la fin de sa présidence, le colonel Assoumani Azali, ex putschiste qui a régné sur […]

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Allié de l’Arabie saoudite au cœur de l’Océan indien, les Comores pourraient désormais tendre la main à l’Iran suite aux présidentielles qui ont consacré la victoire, début mai, non pas d’un, mais de deux anciens chefs d’Etat.

Dix ans après la fin de sa présidence, le colonel Assoumani Azali, ex putschiste qui a régné sur ce petit archipel de 750 000 habitants entre 2002 et 2006, fait son grand retour aux affaires, emportant dans ses bagages son principal bras droit durant la campagne, l’ex chef d’Etat Ahmed Abdallah Sambi. Connu pour sa proximité avec les autorités de Téhéran, ce religieux formé en partie en Iran et surnommé « l’Ayatollah » par ses adversaires avait aidé la grande puissance chiite à renforcer sa présence dans le pays sous sa présidence de 2006 à 2011.

Les années Téhéran

Signe de ce réchauffement des relations entre Moroni et Téhéran, l’Iran avait ouvert sa propre ambassade dans la banlieue de la capitale comorienne en 2010. Un symbole de poids qui avait entrainé dans son sillage la création de plusieurs organismes alimentés par des capitaux iraniens. C’est le cas de la Fondation culturelle « Tybiane » dédiée notamment à la promotion de l’islam ou encore des centres médicaux du Croissant vert iranien qui dispensent des soins gratuits aux plus démunis. En 2010, l’organisation caritative « The Imam Khomeiny Relief Foundation » qui met en place des activités de formation professionnelle s’est par ailleurs installée dans un immeuble du nord de la capitale bâti, à l’origine, sur financement européen.

VRP choyé de Téhéran qui considère les Comores comme un tremplin stratégique vers l’Afrique australe et du sud, Sambi est rapidement récompensé pour ses loyaux services. Des subsides versés depuis l’Iran à travers la Société Anonyme de la Grande-Comore (SAGC), héritière d’une société coloniale française en charge de gérer les terres du pays alimentent, pendant plusieurs années, la confortable fortune que se constitue l’ex chef de l’Etat. A l’époque, l’opposition affirme que la formation de sa garde personnelle est en partie assurée par les « Pasdaran » iraniens. Enfin, lors de la dernière campagne électorale en 2016, des rumeurs circulent dans les cercles diplomatiques faisant état de l’envoi de financements depuis l’ambassade iranienne à Madagascar au profit du candidat Azali.

Duel des titans

Clairement affiché, ce tropisme iranien irrite au plus haut point le pouvoir saoudien qui se pensait en terre conquise dans cette petite République islamique composé à 99% de musulmans sunnites. La tension monte encore d’un cran lorsque Sambi décide de décorer l’émir du Qatar du Grand Croissant de l’Ordre du Croissant Vert des Comores à l’occasion de l’une de ses visites. Riyad, qui s’inquiète à l’époque de voir grossir l’influence de son voisin qatari, parrain des frères musulmans que les saoudiens conspuent, prend ces honneurs pour une provocation.

La monarchie ne restera froissée qu’un temps. L’arrivée au pouvoir du président Ikililou Dhoinine aux Comores ramène l’archipel dans le giron de Riyad. En parvenant à rembourser 80% des 55 millions de dollars de prêts versés par le Fonds saoudien de développement (FSD) à l’Etat comorien, les autorités du pays donnent des gages de bonne volonté. Progressivement, le vent tourne.

En 2013, le royaume saoudien répond à l’influence iranienne en installant sa propre ambassade à Moroni avant de signer un accord de défense avec l’Etat comorien. Célébrant la nouvelle entente avec l’archipel, Riyad accorde un don de 40 millions de dollars dont une partie sert à couvrir les arriérés de salaires des fonctionnaires comoriens. De quoi convaincre Moroni d’emboiter le pas aux Emirats arabes unis, au Bahreïn et au Soudan qui rompent, à la suite de l’Arabie saoudite, les relations diplomatiques avec l’Iran en janvier 2016. Une décision motivée par l’attaque de plusieurs missions diplomatiques saoudiennes par des manifestants qui protestaient contre l’exécution du dignitaire religieux chiite saoudien, cheikh Nimr al-Baqer al-Nimr. Dans la foulée, l’ambassadeur iranien à Moroni est appelé par le ministère des affaires étrangères comorien à « prendre toutes les dispositions appropriées pour quitter le territoire national dans les meilleurs délais ». Un temps rangé du côté des partenaires privilégiés des Comores, l’Iran est finalement mis hors jeu.

Porté à la tête de l’Etat le duo Azali-Sambi pourrait, à nouveau, renverser la donne.

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Comores, des électeurs rappelés aux urnes à la suite d’irrégularités https://mondafrique.com/politique/comores-electeurs-rappeles-aux-urnes-a-suite-dirregularites/ Mon, 09 May 2016 23:57:09 +0000 http://www.mondafrique.com/?p=7005 Après deux tours d’une présidentielle marquée par de fortes tensions politiques, l’Union des Comores, petit archipel de 750 000 habitants au large de Madagascar, s’apprête à refaire voter une partie de sa population. Sur décision de la Cour constitutionnelle, 13 bureaux de vote ciblés par des actes de vandalisme lors du deuxième tour à Anjouan, la deuxième île la […]

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Après deux tours d’une présidentielle marquée par de fortes tensions politiques, l’Union des Comores, petit archipel de 750 000 habitants au large de Madagascar, s’apprête à refaire voter une partie de sa population. Sur décision de la Cour constitutionnelle, 13 bureaux de vote ciblés par des actes de vandalisme lors du deuxième tour à Anjouan, la deuxième île la plus peuplée du pays, rouvriront leurs portes aux électeurs le 11 mai.

Bévues

« Des urnes ont été détruites, des personnes chassées des bureaux et empêchées de voter au deuxième tour du 10 avril » affirme un observateur sur place. En tout, près de 11 000 électeurs inscrits dans 23 bureaux d’Anjouan n’ont pu sereinement se rendre aux urnes ce jour là dénonce le camp du candidat du pouvoir, Mohamed Ali Soilihi, donné battu d’environ 2000 voix selon des résultats provisoires contestés. Après délibération, la Cour constitutionnelle n’a cependant décidé de refaire voter que dans 13 bureaux, « certaines urnes ayant pu être rapatriées par les autorités » explique-t-on dans l’entourage présidentiel.

Depuis ces incidents, les accusations fusent alors que chaque voix peut faire pencher la balance d’un côte ou de l’autre. Les partisans de Mohamed Ali Soilihi imputent la responsabilité du « saccage » de plusieurs bureaux de vote au colonel Azali Assoumani, favori de l’élection appuyé par son puissant bras droit, l’ex président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi. Dans les cercles proches du pouvoir, on affirme notamment que le colistier d’Azali, Moustadrane Abdou, qui dispose de nombreux relais sur l’île aurait manoeuvré en coulisses pour fomenter l’agitation.

Quel en était le besoin ? La popularité dont jouit l’ex chef d’Etat Ahmed Abdallah Mohamed Sambi sur l’île d’Anjouan dont il est originaire devait permettre au candidat Azali de l’emporter sans fraude. C’était sans compter sur le clivage économique et social encore prégnant sur l’île entre les populations des zones urbaines (« kabaïla » – nobles) et celles des zones rurales (« matsaha » – paysans) où se situent la plupart des bureaux vandalisés. Très populaire dans la capitale Mutsamudu, « Sambi » est bien moins influent dans l’arrière pays d’Anjouan. « C’est parce qu’ils n’étaient pas sûrs de l’emporter qu’ils ont mis les bureaux à sac » affirme une source proche du pouvoir. Faux, répond l’opposition qui assure que les saccages ont eu lieu suite à une tentative des autorités en place de bourrer les urnes.

Aux actes de vandalisme s’ajoute le décalage entre le nombre de votants, 204 113, et les suffrages exprimés plus les nuls, 205 410, soit une différence de 1293 voix « fantômes ». De quoi faire réagir l’Union africaine et les Nations Unies qui, dans un langage très diplomatique, se sont dites « inquiètes et attentives », appelant au « respect des lois ».

Reste que depuis l’annonce de la tenue de nouvelles élections dans 13 bureaux de vote, les candidats en compétition se sont lancés dans une chasse effrénée aux électeurs. Et ce, par tous les moyens. Sur place, plusieurs observateurs ont signalé des tentatives de confiscation de cartes électorales en échange de rémunérations. « A ce stade, c’est l’achat de conscience qui fait la différence » lâche avec cynisme un journaliste comorien présent sur place.

Le Golfe aux avants-postes 

Familiers du pouvoir, les deux adversaires en lice ont accumulé, lorsqu’ils étaient en poste, d’importants moyens leur permettant de battre campagne. L’un, Mohamed Ali Soilihi, en tant qu’ancien ministre des Finances et candidat du pouvoir bénéficiant des moyens de l’Etat ; l’autre, Azali Assoumani, en tant qu’ancien président.

Surtout, ce dernier bénéficie de l’appui déterminant de l’ex chef d’Etat Sambi, lui aussi assis sur une confortable fortune. Aux Comores, chacun garde en mémoire l’affaire de la vente de plusieurs milliers de passeports comoriens en 2008 dans les pays du Golfe aux « bidouns« . Des Bédouins considérés comme des citoyens de seconde zone dans leur patrie, où ils sont privés de documents d’identité. Selon un source bien informée, le montant du juteux négoce initié sous la présidence de Sambi, notamment par l’intermédiaire de son neveu et directeur de cabinet de l’époque, Mohamed Bacar Dossar, s’élèverait à quelques 360 millions de dollars. Toujours selon la même source, une vingtaine de millions aurait servi à rémunérer un émissaire syrien, Bachar Kiwan, en charge d’élaborer le contrat avec les pays du Golfe. Le reste s’est évaporé.

Proche des autorités iraniennes avec lesquelles il entretient des liens de confiance depuis plus de vingt ans, Sambi est par ailleurs soupçonné d’avoir reçu, pendant plusieurs années, des financements venant de Téhéran à travers la Société Anonyme de la Grande-Comore (SAGC), structure héritière d’une société coloniale française chargée de la gestion des terres du pays. Plus récemment, des rumeurs circulent dans les cercles politiques comoriens faisant état d’un transfert de subsides depuis l’ambassade d’Iran à Madagascar destinées à financer la campagne de 2016.

Autant de suspicions qui jettent un peu plus d’huile sur le feu d’une campagne électorale observée attentivement par le pouvoir saoudien qui voit d’un mauvais oeil l’éventuel retour d’un allié de l’Iran au pouvoir.

 

 

 

 

 

 

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OPA de l’Iran sur le pétrole comorien https://mondafrique.com/confidentiels/paris-sinquiete-dune-opa-de-liran-petrole-comorien/ Thu, 21 Apr 2016 14:36:07 +0000 http://www.mondafrique.com/?p=6689 Aux Comores, archipel de trois îles à l’ouest de Mayotte, les résultats provisoires des élections doivent encore être validés par la Cour constitutionnelle. Mais les milieux diplomatiques français s’inquiètent déja des conséquences du scrutin sur l’exploitation des possibles ressources pétrolières et gazières du pays. Depuis 2013, le potentiel en hydrocarbures des Comores suscite en effet les convoitises. « Des tests […]

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Aux Comores, archipel de trois îles à l’ouest de Mayotte, les résultats provisoires des élections doivent encore être validés par la Cour constitutionnelle. Mais les milieux diplomatiques français s’inquiètent déja des conséquences du scrutin sur l’exploitation des possibles ressources pétrolières et gazières du pays.

Depuis 2013, le potentiel en hydrocarbures des Comores suscite en effet les convoitises. « Des tests sismiques ont été effectués et la présence d’un roche-mère similaire à celle du Mozambique voisin a été identifiée » relève un connaisseur du dossier. Les premiers permis d’exploration ont été octroyés à des sociétés junior en 2014. Désormais, plusieurs majors, dont le français Total, l’américain Exxon ou encore le brésilien Petrobras lorgnent sur ce trésor possible qui pourrait toutefois leur échapper.

A travers « la Société nationale iranienne du pétrole » (SNIP), l’Iran bénéficie d’un allié de taille dans l’archipel. Formé à Téhéran, de confession chiite dans un pays sunnite à plus de 95%, Ahmed Abdallah Sambi, ex chef d’Etat et puissant allié du candidat Assoumani Azzali déclaré vainqueur du scrutin par la CENI, pourrait faire la part belle aux intérêts iraniens dans l’archipel. Pour plusieurs observateurs, l’alliance entre ces deux hommes qui n’ont jamais été proches est d’ailleurs liée aux intérêts pétroliers. « C’est un partenariat de circonstance qui donne la garantie à Azzali que les Iraniens s’engageront dans l’affaire. Avec toutes les retombées économiques imaginables pour un chef d’Etat… » confie une source dans l’entourage de la présidence. De son côté, Azzali a noué depuis quelques années de solides relations avec la Chine. De quoi sérieusement préoccuper Paris.

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Achirafi Said Hachim : “Je n’écarte pas un coup d’Etat orchestré par le pouvoir aux Comores” https://mondafrique.com/politique/achirafi-said-hachim-je-necarte-pas-un-coup-detat-orchestre-par-le-pouvoir-aux-comores/ Mon, 29 Jun 2015 14:24:57 +0000 http://www.mondafrique.info/?p=1191 Archipel de l’Océan indien, les Comores traversent, à moins d’un an des présidentielles, un climat de forte instabilité marqué par la montée de l’islam radical et les risques de putsch Archipel de quatre îles situé au sud-est de l’Afrique, dans l’Océan indien, les Comores, ancienne colonie française, se prépare à vivre une élection présidentielle très […]

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Archipel de l’Océan indien, les Comores traversent, à moins d’un an des présidentielles, un climat de forte instabilité marqué par la montée de l’islam radical et les risques de putsch

Achirafi-Saïd-Hachim-10Archipel de quatre îles situé au sud-est de l’Afrique, dans l’Océan indien, les Comores, ancienne colonie française, se prépare à vivre une élection présidentielle très disputée en 2016. Pas moins d’une dizaine de candidatures sont déjà recensées alors que la date exacte du scrutin reste encore à déterminer. Issue des négociations de sortie d’une longue crise politique, la Constitution adoptée en 2001 prévoit une présidence tournante des îles à la tête de l’Union des Comores qui regroupe Anjouan, Mohéli et la Grande Comore.

Dans un entretien accordé à Mondafrique, Achirafi Said Hachim, 62 ans, ancien ministre de l’Intérieur du président Mohamed Taki (1995-1998) revient sur sa décision de briguer la prochaine élection présidentielle sous les couleurs de la Convention pour l’alternance démocratique et l’interaction mutualiste aux Comores (C.A.D.I.M). Il analyse la candidature controversée de l’ancien président comorien Ahmed Abdallah Sambi (2006-2011) puis se prononce sur les conditions de préparation de l’échéance électorale. L’ancien ministre de la Réforme administrative, qui bénéficie de plusieurs soutiens en France, exprime ses craintes sur la montée de l’islam radical et les risques d’un coup d’Etat militaire, à l’initiative du pouvoir actuellement en place à Moroni et de l’ex-président Assoumani Azali (2001-2006).

Mondafrique. A seulement quelques mois du scrutin présidentiel, quelle est votre appréciation de la situation pré-électorale ?

Achirafi Said Hachim (ASH). La situation pré-électorale me paraît totalement confuse. On parle d’une vingtaine de candidatures sans qu’on sache qui sont ces candidats, quels sont leurs programmes. On parle aussi de la candidature de l’ancien président Abdallah Sambi.

M. Une candidature du président Sambi qui semble faire débat?

ASH. C’est exact ! La candidature du président Sambi pose problème en ce qu’elle semble contrevenir au principe de la tournante à la tête de la présidence de l’Union entre les trois îles. Le président Sambi ayant accompli son mandat au nom d’Anjouan, il ne peut en principe pas se présenter à cette élection puisque la présidence doit normalement revenir en 2016 à un ressortissant  de la Grande Comore. Mais le président Sambi tient absolument à se présenter. Un choix que conteste les grands comoriens en disant que c’est leur tour. En tout état de cause, il appartiendra le moment venu à la Cour constitutionnelle de se prononcer sur  cet imbroglio. Je présume que la Cour va certainement invalider la candidature de Sambi. Pour ma part, je n’ai jamais été très favorable à la Constitution en vigueur qui divise le pays île par île et consacre de ce fait le séparatisme. Je m’engage d’ailleurs si j’étais élu à procéder à une refondation totale des institutions comoriennes.

M. Justement quelle chance avez-vous d’être élu alors que vous reconnaissez  vous-même que le scrutin s’annonce très disputé avec probablement plus d’une dizaine de candidats ?

ASH. Je me distingue des autres candidats en lice par mon intégrité. En une trentaine d’années de vie politique, je n’ai jamais été mêlé au moindre scandale de corruption ou de détournement des deniers publics. On peut certes me reprocher d’avoir soutenu tel ou tel régime,  mais jamais on ne me reprochera personnellement d’avoir trempé dans une affaire. D’autre part, à la différence de plusieurs autres candidats, moi j’ai un projet de société refondateur articulé notamment autour de la lutte sans merci contre la corruption et de l’indépendance du pouvoir judiciaire. Sur ce point, je constate que le passage au pouvoir des présidents Azali [NDLR : 2001-2006], Sambi [2006-2011] et Ikoulou [ 2011-2016] n’a pas véritablement fait bouger les choses. J’ambitionne aussi d’appeler les Comoriens à un référendum sur les institutions qui doivent pour moi être totalement refondées.

Aujourd’hui,  les Comoriens sont partagés entre les partisans d’une République confédérale et ceux qui soutiennent une République unie et solidaire. Je vais leur donner la parole à travers une consultation référendaire, si j’étais élu. Pour moi, l’enjeu principal de la prochaine élection sera  de permettre aux Comoriens de désigner à la tête de l’Etat un homme dont ils connaissent les pratiques. Un homme attaché à la bonne gouvernance et à la démocratie.

M. L’insularité pèse lourdement sur les politiques de développement du pays, enclavé dans l’Océan indien, aux larges du Canal du Mozambique. Pour vous, comment s’y prendre pour surmonter cet handicap ?

ASH. Je note d’abord avec grand regret que les Comores connaissent une pauvreté et une misère préoccupantes que l’on ne saurait imputer à la seule insularité. Force est de reconnaître que les différents gouvernements ont échoué sur les questions économiques. Il faut donc en tirer des leçons et inverser la tendance en commençant d’abord par éradiquer la corruption qui gangrène toutes les arcanes du pouvoir. Il faut ensuite lutter également avec fermeté contre l’évasion et la fraude fiscales. Nous devons aussi régler définitivement la question énergétique, sachant qu’aucun développement n’est envisageable sans énergie. Je me suis d’ailleurs rendu récemment au Sénégal, en compagnie de mon ami Me Norbert Tricaud,  pour voir comment les Sénégalais ont pris en charge la question énergétique et comment nous pouvons nous inspirer de leur approche.

Pour moi, l’un des leviers du développement des Comores, c’est sa diaspora. Il faut l’encourager à investir autant qu’elle peut dans son pays d’origine. Selon des chiffres de la Banque centrale des Comores, la diaspora transfère actuellement près de 8 milliards de franc comorien chaque année. Nous devons faire en sorte que cet argent soit mieux utilisé en l’orientant par exemple vers des créneaux économiquement rentables. A terme, il nous faudra négocier  des accords de coopération avec les pays d’accueil de la diaspora comorienne afin qu’elle revienne plus facilement s’installer et créer des structures économiques. Pour cela, il  faudra, d’une part,  lui simplifier toutes les démarches administratives et, d’autre part, lui assurer une meilleure représentation au gouvernement et au parlement.

Nous devons même aller plus loin et envisager que des enfants de parents comoriens nés en France, qu’ils soient ingénieurs, médecins, architectes, pharmaciens ou économistes,  puissent revenir dans le pays d’origine exercer. La finalité étant d’intégrer la diaspora dans la nation comorienne et lui faire prendre une part active dans sa construction. Je dois finalement dire que l’insularité n’est pas une fatalité, si nous actionnons les bonnes manettes pour le développement et la lutte contre la pauvreté aux Comores.

M. Vous, qui prônez des relations privilégiées avec la France, quelle est votre position sur Mayotte, cette île des Comores sur laquelle  votre pays revendique  sa souveraineté mais qui avait  choisi de rester française lors du référendum de 1974,  contrairement à Anjouan, Mohéli et la Grande Comore ? 

ASH. Je suis Comorien et ma position dans ce dossier est claire : Mayotte doit revenir aux Comores. Mais je n’en fais pas une préoccupation première. Je constate d’ailleurs que Mayotte a atteint aujourd’hui un niveau de développement qui la distingue des trois autres îles. Dans ces conditions,  demander aux Mahorais de nous rejoindre, c’est peine perdue. En revanche, on peut accélérer le niveau de développement des trois autres îles afin qu’elles rattrapent Mayotte. Cette approche rendra plus facile le retour de Mayotte dans le giron des Comores. Nous pouvons y arriver en développant d’excellentes relations avec la France.

M. Vous insistez beaucoup sur la nécessité de bâtir des relations de qualité avec Paris. Mais que dites-vous des relations des Comores avec ses voisins immédiats, notamment ceux de la Commission de l’Océan indien (COI) ?

ASC. Il va de soi que nos partenaires naturels sont les pays de la COI avec lesquels nous avons une communauté d’intérêt. Notre environnement commun est doté de ressources halieutiques et d’un fort potentiel touristique ; nous devons travailler ensemble pour en tirer le meilleur profit. Nous devons aussi agir ensemble conjurer la menace islamiste.

M. Vous soutenez qu’il existe aujourd’hui une menace islamiste aux Comores ?

ASC. On ne peut affirmer sans aucune hésitation qu’elle existe. Déjà lors des attentats perpétrés en novembre 2013 contre le centre commercial de Nairobi West gate,  on avait compté un Comorien parmi les assaillants. Ensuite, sous le président Sambi, le pays a entretenu d’étroites relations avec des régimes radicaux comme l’Iran, la Libye, la Syrie. L’islam radical a su profiter de cette période et le danger de cette radicalisation existe aujourd’hui encore. Toute la question est de savoir comment le combattre, comment conjurer la menace terroriste?

M. On imagine que vous avez des pistes, vous qui vous préparez à briguer la présidence…

ASC. Je pense que la première chose à faire, c’est aider la démocratie à s’installer durablement dans le pays afin que le développement suive. Il nous faut également nous en tenir aux fondamentaux de notre religion musulmane, surtout aux Comores où l’on pratique un islam sunnite tolérant et non violent. Je suis partisan de cet islam-là qui interdit la haine des autres.

M.  Vous affichez une certaine confiance,  comme si tout était réglé et que le scrutin présidentiel va se passer dans la sérénité et la transparence. Ne risquez-vous pas d’être surpris ?

ASC. Je souhaite comme tous les autres candidats que le scrutin ait lieu à la date qui sera retenue. Moi, je m’y prépare. Mais si par extraordinaire, il ne se tenait pas suivant le calendrier électoral, ce sera de la seule faute du pouvoir actuel.

Je note du reste que le régime a tenté récemment un coup de force en empêchant des députés élus de siéger et en faisant obstruction à la désignation d’un député de l’opposition à la présidence du parlement.  Cela veut dire que ce gouvernement est capable de fraudes électorales. Mais, tout dépend du rapport de force qu’on lui imposera avec le soutien de la communauté internationale.

M. Vous accréditez donc la rumeur de coup d’Etat qui a circulé au moment de cet incident à l’Assemblée nationale ?

ASC. J’ai des craintes légitimes qu’un coup d’Etat soit perpétré. Le rapprochement entre le colonel Assoumani Azali et le régime, pour soit disant combattre l’ancien président Sambi,  ne me semble pas de bonne augure.  S’ils ne réussissent pas à lutter contre Sambi par les moyens démocratiques, je crains qu’Azali fomente un coup d’Etat au prétexte de sauver la démocratie et la transparence. Ce choix serait une forfaiture et j’espère qu’ils n’y arriveront pas avec l’affaiblissement de l’alliance entre le régime et Azali qui est attaqué de toutes parts.

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