Centrafrique - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/centrafrique/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Fri, 12 Apr 2024 09:38:33 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg Centrafrique - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/centrafrique/ 32 32 Camera embarquée avec une patrouille de Wagner en Centrafrique https://mondafrique.com/video/camera-embarquee-avec-une-patrouille-de-wagner-en-centrafrique/ Fri, 12 Apr 2024 09:32:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=107186   Depuis 2018, la présence du groupe Wagner en République Centrafricaine suscite la controverse. Il est critiqué pour ses activités discutables, les allégations de violations des droits de l’homme, son expansion militaire en l’absence des forces françaises, et ses relations floues avec la Russie. La présence de Wagner soulève des préoccupations quant à son impact […]

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Depuis 2018, la présence du groupe Wagner en République Centrafricaine suscite la controverse. Il est critiqué pour ses activités discutables, les allégations de violations des droits de l’homme, son expansion militaire en l’absence des forces françaises, et ses relations floues avec la Russie. La présence de Wagner soulève des préoccupations quant à son impact sur la sécurité, la stabilité et les droits de l’homme en Centrafrique.

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La Centrafrique va accueillir la première base militaire russe en  Afrique https://mondafrique.com/confidentiels/afrique/la-centrafrique-va-accueillir-la-premiere-base-militaire-russe-en-afrique/ Thu, 08 Feb 2024 21:17:17 +0000 https://mondafrique.com/?p=104830 Bien que jusqu’à présent la Russie se soit distinguée en tant que grande puissance militaire sans présence officielle sur le continent africain, cette situation est sur le point d’évoluer radicalement. En effet, Moscou s’apprête à rompre avec cette tradition en rejoignant le cortège des nations extra-africaines qui ont déjà implanté leurs bases sur le sol […]

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Bien que jusqu’à présent la Russie se soit distinguée en tant que grande puissance militaire sans présence officielle sur le continent africain, cette situation est sur le point d’évoluer radicalement. En effet, Moscou s’apprête à rompre avec cette tradition en rejoignant le cortège des nations extra-africaines qui ont déjà implanté leurs bases sur le sol africain, souvent sans définir clairement leurs objectifs ultimes.

Un article de notre partenaire  The North Africa Journal

Depuis que la Russie a commencé sa guerre contre l’Ukraine, on nous a dit que Moscou se dirigeait vers le désastre. En écho aux points de vue des gouvernements occidentaux, des groupes de réflexion et de leurs analystes, de nombreux médias nous ont dit que la Russie n’aurait pas l’endurance nécessaire pour soutenir une campagne prolongée alors que l’Occident finançait et armait l’Ukraine. Mais si les actions de la Russie en Afrique sont des indicateurs de son niveau actuel d’endurance, Moscou semble plus revigorée que jamais. Ses actions se font sentir partout sur le continent, laissant entendre que sa campagne en Ukraine ne perd pas de son élan, comme certains voudraient nous le faire croire.

La Russie rejoint le club des pays ayant des bases en Afrique

Fait intéressant, la Russie est peut-être la seule grande puissance militaire à ne pas avoir de base militaire en Afrique. Mais cela est sur le point de changer. La Russie va rejoindre une longue liste de pays non africains qui ont déjà établi des bases sur le continent, la plupart sans objectif final clair.

Rien qu’à Djibouti, nous constatons la présence de bases militaires accueillant des troupes des États-Unis, de la France, de la Chine, de l’Allemagne, de l’Espagne, de l’Italie, de la Grande-Bretagne et de la Turquie. Même le Japon a une présence à Djibouti, la seule empreinte étrangère japonaise en dehors du Japon. Ironiquement, ces troupes étrangères à Djibouti, situées exactement là où les Houthis créent toutes sortes de problèmes et perturbent le commerce maritime mondial, semblent être totalement impuissantes à empêcher les attaques des Houthis contre les navires dans le détroit de Bab el-Mandeb. Toute cette puissance de feu et pour quoi ?

Base Saoudienne à Djibouti

Voici une autre découverte amusante : l’Arabie saoudite, qui est située presque en face de Djibouti, a également une base militaire là-bas. Pourtant, la distance entre la région saoudienne d’Abha et Djibouti n’est que d’environ 450 miles. Et pourtant, les Saoudiens ont jugé important de dépenser des sommes énormes pour avoir une base de l’autre côté du détroit. Pour quoi exactement ? Plus stratégique, cependant, les Émirats arabes unis ont également une base opérationnelle avancée à l’aéroport d’Al-Khadim près de Marj en Libye. De là, nous savons que les Émirats arabes unis fournissent un soutien réel au seigneur de guerre libyen de l’est, Khalifa Haftar, dans sa guerre contre son propre peuple.

Le continent avec le plus grand nombre de troupes étrangères

De toute évidence, l’Afrique est le continent avec le plus grand nombre de troupes étrangères, et pourtant il abrite les nations les plus instables du monde. Pourquoi autant de bases ? De toute évidence, leurs missions ne semblent pas se concentrer sur la protection des routes commerciales, comme on nous l’a dit, étant donné ce que nous voyons dans le détroit de Bab el-Mandeb. Est-ce de la fierté nationale ? Une façon de montrer que les nations riches peuvent « projeter » leur influence ? Les mots clés ici sont « projeter l’influence » car comme on dit en marketing, l’image est souvent ce qui importe le plus pour construire une perception. La France avait de nombreuses bases dans le Sahel et nous avons vu comment les choses se sont terminées.

Devrions-nous donc être surpris qu’une autre puissance aussi importante que la Russie, qui travaille sans relâche pour influencer les nations non occidentales alors qu’elle mène des guerres militaires, économiques et diplomatiques avec l’Occident, veuille se joindre à la fête ? Au cours des derniers mois, il y a eu des rumeurs folles selon lesquelles la Russie s’intéressait à la construction d’une base militaire en Afrique, la première du genre. Mais alors que nous entrons dans l’année 2024, ce qui n’était que spéculation devient rapidement une réalité.

La Centrafrique, un pays instable  

Une base militaire russe en République centrafricaine (RCA) est désormais plus susceptible de se concrétiser que jamais. Les autorités de Bangui ont même désigné des terrains à Berengo, à environ 80 kilomètres de la capitale Bangui, pour que les Russes y stationnent jusqu’à 10 000 soldats. La nouvelle est très importante, car comme on insiste souvent dans l’immobilier, tout dépend de « l’emplacement, l’emplacement et l’emplacement », et l’emplacement de l’Afrique centrale ne peut pas être plus central. Les troupes russes auront la capacité de surveiller ce qui se passe en Afrique de l’Ouest, à l’est, au nord et au sud à peu près à égale distance entre le nord et le sud et plus rapidement d’est en ouest.

Mais pour la Russie, la République centrafricaine (RCA) ne sera pas une promenade de santé. Le pays est parmi les nations les plus instables du monde. C’est mortel, avec des groupes politiques, régionaux et ethniques utilisant la force et la violence pour régler des comptes et des différends. Alors que la Russie voudrait utiliser la base de Bangui pour soutenir ses opérations à travers l’Afrique et même au-delà, elle devra d’abord faire face à la situation explosive et à l’instabilité totale en RCA.

Bangui le meilleur choix pour Moscou

Premièrement, pourquoi la RCA ? Le président de la RCA, Faustin-Archange Touadera, est un fervent partisan de la Russie. Sa sécurité personnelle est assurée par des officiers du groupe Wagner. Les Russes ont été critiqués dans la protection de Touadera. Il a même déclaré en juillet 2023 que « la Russie avait aidé à sauver la démocratie de la RCA et à éviter une guerre civile ». Outre le fait que la Russie ait pu facilement convaincre Touadera de stationner ses troupes là-bas, la situation géographique de la RCA en fait un emplacement idéal pour une base avec une ambition continentale. La distance entre Bangui et Johannesburg est de moins de 2 200 miles. La distance géographique (route aérienne) entre Bangui et Tripoli en Libye est d’environ 2 000 miles. La distance entre Bangui et Djibouti à l’est est de 1 757 miles. Partout, c’est encore plus proche. Ainsi, l’armée russe aura un accès rapide aux points chauds de l’Afrique et de la péninsule arabique, étant donné que les avions de chasse supersoniques peuvent voler à plus de 1 000 miles par heure. Faites le calcul !

Une base chez Bokassa

Cela fait des mois que la création d’une base militaire russe en RCA a été annoncée par diverses sources médiatiques. Le média russe Sputnik a récemment révélé que les autorités centrafricaines ont réservé un site dédié à la Russie près de Bangui. Barengo, le futur site de la base russe, est là où se trouve un aéroport international, mais le site dispose déjà d’un ensemble de casernes qui pourraient être transformées en partie de la base. C’est aussi à Berengo que se trouvait la cour de l’éphémère Empire Centrafricain crée par Jean Bedel Bokassa dit Bokassa 1er.  En plus du groupe Wagner, la Russie compte environ 1 900 instructeurs en RCA, aidant l’armée et d’autres services de sécurité et protégeant le président.

Plaidant en faveur de l’accord, les autorités centrafricaines affirment que cette base bénéficiera à l’armée centrafricaine, qui devrait recevoir une formation supplémentaire de la part des instructeurs russes. En plus de la formation militaire, les autorités de Bangui comptent sur les soldats russes pour des tâches de sécurité étendues telles que « renforcer la sécurité territoriale », une expression qui signifie probablement que les soldats russes sont impliqués dans les conflits internes. Pour un pays confronté à des rébellions armées partout, les Russes devraient aider le gouvernement centrafricain à survivre et à reprendre une partie du territoire perdu aux divers groupes insurgés.

Accords militaro-sécuritaires avec l’Afrique

Outre la RCA, la forte présence de forces étrangères d’Amérique du Nord et d’Europe et de plus en plus d’Asie et même de nations du Golfe en Afrique, a incité la Russie à conclure des accords militaires et des accords de coopération sécuritaire avec de nombreux pays africains, tout en soulignant la nécessité d’établir des bases militaires sur le continent. Selon un rapport du ministère allemand des Affaires étrangères, Moscou souhaite avoir six bases militaires sur le continent, ciblant l’Égypte, l’Érythrée, Madagascar, la République centrafricaine, le Soudan et la Libye. Jusqu’à présent, la présence russe sur le continent s’est faite par le biais du groupe de mercenaires Wagner opérant en République centrafricaine, au Mali, au Soudan et en Libye.

Difficultés en perspectives

Mais à quoi la Russie est-elle confrontée en RCA ? Le nombre croissant de groupes rebelles armés en RCA a intensifié leurs attaques sur le territoire centrafricain et continue de menacer le rétablissement d’une vie politique normale dans ce pays. Des affrontements avec les forces gouvernementales ou des milices affiliées sont susceptibles d’augmenter dans les mois à venir.

Un aperçu de ces groupes rebelles nous permet de mieux évaluer les forces actives dans l’insurrection.

 

 

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L’incroyable constellation des groupes armés en Centrafrique https://mondafrique.com/a-la-une/lincroyable-constellation-des-groupes-armes-en-centrafrique/ Sat, 27 Jan 2024 08:40:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=93561 Les groupes rebelles armés qui se multiplient ont intensifié leurs attaques sur le territoire Centrafricain et menacent encore et toujours le rétablissement d’une vie politique normale dans ce pays.       Les accrochages avec les forces gouvernementales ou des milices affiliées pourraient augmenter ce mois-ci. Un tour d’horizon de ces groupes rebelles permet de […]

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Les groupes rebelles armés qui se multiplient ont intensifié leurs attaques sur le territoire Centrafricain et menacent encore et toujours le rétablissement d’une vie politique normale dans ce pays.
 
 
 
Les accrochages avec les forces gouvernementales ou des milices affiliées pourraient augmenter ce mois-ci. Un tour d’horizon de ces groupes rebelles permet de mieux évaluer les forces en présence.
 
Des membres du mouvement Coalition des patriotes pour le changement (CPC), en janvier 2021. AFP – ALEXIS HUGUET
 
La Coalition des patriotes pour le changement (CPC) :
 
Créée en décembre 2020 à la veille de l’élection présidentielle centrafricaine, avec l’objectif de renverser le président Touadéra et de chasser les russes de Wagner, la CPC réunit les groupes armés les plus puissants du pays, à savoir  le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC), le mouvement Retour, réclamation et réhabilitation (3R), l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC), le Mouvement patriotique pour la Centrafrique (MPC) et les deux principales factions anti-balaka (Mokom et Ngaissona). D’autres mouvements tels que le PNRC ou la coalition Siriri n’ont pas officiellement rallié cette coalition mais gravitent autour via des alliances et une mobilité des miliciens d’un groupe à l’autre.
 
L’initiateur et principal coordonnateur de la CPC est l’ancien président centrafricain François Bozizé, bien que ce leadership soit parfois contesté. La coalition comprend aussi deux importants chefs de guerre sous sanction onusienne, Nourredine Adam, du Front Populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) et Ali Darassa de l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC). 
 
La CPC a été très active dans les mois qui ont suivi sa création. La coalition a tenté de perturber le scrutin présidentiel du 27 décembre 2020 et a même lancé, en janvier 2021, une attaque sur Bangui, qui a été repoussée. L’échec de cette attaque est en partie dû au manque de coordination entre les différents groupes armés de la coalition. S’en est suivi une contre-offensive menée par les forces centrafricaines et leurs alliés russes et rwandais, qui a chassé les rebelles de plusieurs grandes villes, les repoussant vers les zones frontalières avec le Tchad, le Soudan, le Sud-Soudan et la RDC, et vers le triangle Ouadda, Sam-Ouandja, Ouanda-Djallé.
 
Malgré ce repli, la CPC s’est restructurée à partir de fin 2022, augmentant les attaques contre les forces gouvernementales, notamment avec des nouvelles méthodes encore jamais observées en Centrafrique. Les attaques non revendiquées de bases des FACA et de Wagner, notamment à Ndele et Bossangoa, avec des drones artisanaux, sont sans doute à mettre au crédit de la CPC. Malgré sa structure unifiée, la CPC peine encore à se coordonner, offrant une certaine marge de manœuvre aux groupes la constituant.
 
 

Les groupes constituant la CPC « 

À la demande de la France, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté des sanctions à l’encontre du chef de l’UPC, l’un des groupes armés les plus puissants de Centrafrique, le général Ali Darassa
 
 L’Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC)
 
Principalement active dans le centre et sud-est de la RCA (préfectures de la Ouaka, Basse-Kotto, Haute-Kotto, Mbomou, Haut-Mbomou), l’UPC est dirigé par Ali Darassa, également chef militaire de la CPC. L’UPC, majoritairement composé de peuls, prétend défendre cette communauté d’éleveurs. La force militaire du groupe est en partie due à ses effectifs de plusieurs milliers d’hommes, à son armement et à l’efficacité de son commandement militaire, ainsi qu’à son accès aux frontières avec le Sud Soudan, à partir d’où il peut s’approvisionner en armement et matériel. Le groupe a en effet pris l’habitude d’acheter des armes et des munitions dans la province Sud-Soudanaise de Tamboura.
 
L’UPC a subi un revers début 2021 avec la trahison de Hassan Bouba, numéro 2 du groupe, retourné par Wagner et le gouvernement. Actuellement ministre de l’élevage, Hassan Bouba a alimenté les autorités centrafricaines en renseignements concernant la CPC et est même parvenu à enrôler des officiers de l’UPC et leurs hommes pour se battre aux côtés de Wagner et du gouvernement.
 
La contre-offensive menée par les forces pro-gouvernementale depuis début 2021 a poussé le groupe à déplacer ses forces du centre du pays vers l’est, notamment vers les zones diamantifères au nord de Bria, ainsi que dans les sous-préfectures d’Ouadda et de Sam- Ouandja, début mai 2022.
 
L’UPC doit depuis 2023 affronter un nouvel ennemi dans le Mbomou et le Haut-Mbomou : la milice d’autodéfense Azande, qui prétend défendre la communauté locale Zandé contre les exactions de l’UPC. Pour affronter cette menace, l’UPC a noué des alliances éphémères avec des factions de la Lord Resistance Army.
 
 
Le général du FPRC Noureddine Adan et son garde du corps
 
Le Front Populaire pour la Renaissance de la Centrafrique (FPRC)
 
Présent dans le nord-est du pays (Vakaga, Bamingui, Haute-Kotto), le FPRC a aujourd’hui pour chef principal Nourredine Adam. Ses effectifs sont estimés à moins de 3000 hommes. Le FPRC connaît une sorte de renaissance depuis fin 2022, après avoir été profondément affaibli en 2019, lorsque les forces gouvernementales sont parvenus à briser l’alliance entre les deux principales communautés composant le groupe : les Roungas et les Goulas. Des représentants de la communauté Goula avaient alors fait sécession du FPRC pour s’associer à la communauté Kara et affronter les Roungas. Cette guerre avait abouti à la reddition de Abdoulaye Hissene, deuxième chef emblématique du FPRC après Nourredine Adam.
 
 
Resté discret sur le plan militaire depuis quelques années, Nourredine Adam, qui appartient à la communauté Rounga, est redevenu actif en 2022, en recrutant un millier d’hommes au Soudan et en y acquérant des véhicules et du matériel militaire, acheminé ensuite au nord de Birao. Il est notamment parvenu à recruter d’anciens éléments mécontents des Rapid Support Forces (RSF), milice paraétatique soudanaise, des membres de la tribu des Rizeigat fidèle à l’ancien commandant Janjawid Moussa Hilal, ainsi que des éléments arabes Misseriya. Nourredine Adam est aussi parvenu à se réconcilier avec des chefs de guerre de la communauté Goula, notamment ceux appartenant au groupe armé RPRC. C’est le cas de Mohamed Ali alias B13 ou Abdelrahman Tourkach. Tom Adam, alias Ben Laden, s’était aussi rapproché de lui, avant d’être tué par des éléments du contingent rwandais de la Minusca en juillet 2023. Ces renforts matériels et humains ont permis à Nourredine Adam de lancer plusieurs attaques en 2023 dans la Vakaga, notamment à Gordil, Sikikedé et Ndah, des localités entourées de mines d’or. En janvier et février notamment, son groupe y a infligé de lourdes pertes aux FACA et aux mercenaires de Wagner. Il est aussi parvenu à prendre en otage une vingtaine de FACA, libérés par la suite.
 
Retour, réclamation et réhabilitation, un des plus puissants et mieux armés de la RCA
 
 
Retour, Réclamation et Réhabilitation (3R)
 
Le groupe Retour, Réclamation et Réhabilitation (3R), présent au nord-ouest du pays (Nana-Mambere, Ouham-Pende, Ouham-Fafa, Lim-Pende) et dirigé par Sembé Bobbo est l’un des plus puissants et mieux armés de la RCA. Ses effectifs dépassent les 3000 éléments. Le groupe est l’un des plus actifs du pays, avec des attaques lancées très régulièrement.
 
Son leader d’origine, Sidiki Abass est décédé en 2021 à la suite d’une attaque contre l’un de ses convois. Son remplaçant Sembé Bobo est un tchadien affilié au chef de guerre Baba Laddé, qui a passé une partie de sa vie à Maroua, au Cameroun. Les 3R se revendiquent comme défenseurs des éleveurs Peuls. Ils ont régulièrement infligé des pertes aux FACA (Forces armées centrafricaines) et à Wagner, notamment via des engins explosifs improvisés et mines qui ont fait leur apparition dans le conflit centrafricain fin 2020. Le groupe multiplie les actions de guérilla, mais a également lancé des attaques d’une ampleur plus importante, comme celle sur le poste de douane de Béloko, principal point de passage de la frontière avec le Cameroun, en janvier 2023.
                                
 
Antibalaka pro-CPC
 
La mouvance antibalaka pro-CPC, majoritairement composée de Gbaya, de Sara et de Mandja, a été affaiblie par l’arrestation des chefs de ses deux principales branches, Maxime Mokom et Patrice Edouard Ngaïssona. C’est désormais l’ancien président François Bozizé qui coordonne ces miliciens, avec l’assistance de ses fils, notamment Jean-Francis, et de quelques figures historiques comme Igor Lamaka.
 
Le 3 mars, François Bozizé, par ailleurs coordonnateur de la CPC a quitté le Tchad pour partir en exil en Guinée Bissau. Les autorités tchadiennes ont également arrêté Maxime Mokom, représentant d’une des deux ailes principales du mouvement antibalaka, en février 2022, et l’ont déféré un mois plus tard devant la Cour pénale internationale à La Haye pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Mokom y a rejoint Ngaïssona, chef de l’autre aile principale du mouvement, déféré à la CPI début 2019.
 
 
 
Le Parti du Rassemblement de la Nation Centrafricaine (PRNC)
 
Officiellement représenté par Nourd Gregaza, le PRNC a été créé en 2019 par des éléments Goulas du RPRC (pro-gouvernemental) mécontents de l’application de l’accord de paix signé à Karthoum. Le groupe, militairement dirigé par Mohamed Ali alias « B13 » s’est rapproché de la CPC en 2022 et a participé à plusieurs prises d’otages, comme l’enlèvement de deux personnels de l’ONU ainsi qu’un agent de l’État en novembre 2022. Des généraux du mouvement comme Tom Adam alias Ben Laden (tué en juillet 2023) ont aussi participé à la prise d’otage d’une vingtaine de FACA en mars 2023. Auparavant, le PNRC avait participé à la guerre contre le FPRC au côté des groupes pro-gouvernementaux MLCJ et RPRC en 2020.
 
Le Mouvement Patriotique pour la Centrafrique (MPC)
 
Créé en 2015, le MPC est présent dans le centre et le nord du pays (Ouham Fafa, Nana Grebizi). Son principal leader est Mahamat al-Khatim, actuellement stationné au Tchad. Le potentiel de nuisance du groupe est aujourd’hui entravé par les rivalités internes et l’incapacité de son chef à exercer un contrôle sur ses combattants, dont certains se battent néanmoins dans les rangs de la CPC. Le groupe compterait moins de 1000 hommes, après la reddition au gouvernement d’un de ses chefs principaux, Hassan Abdramane
 
 
La coalition Siriri
 
La branche armée de la coalition Siriri a été créée en 2022 par Moustapha et Abakar Sabone qui cherchaient ainsi  à s’octroyer une place aux côtés des instances dirigeantes de la CPC. Le groupe est composé d’anciens combattants du FDPC, sans chef depuis l’arrestation d’Abdoulaye Miskine, ainsi que de mercenaires tchadiens et soudanais, dont d’anciens membres des forces de défense et de sécurité soudanaise. Ses effectifs qui ont atteint un millier d’hommes, ont néanmoins fortement diminué, à cause de problèmes de financement, le groupe ne parvenant pas à contrôler des sources de revenus régulières.
 
Le mouvement a compté à son acmé, début 2023, près d’un millier de combattants répartis au nord du pays entre la Vakaga et le Bamingui-Bangoran. Il a reçu fin 2022 un soutien logistique de la part de Shukort Allah, un officier de l’armée soudanaise proche de Musa Hilal, grand rival du général Hemetty. Il a été impliqué dans des combats contre les FACA et Wagner dans la Vakaga, notamment en janvier et février 2023.  

Groupes armés pro-gouvernementaux

 
 
Russes noirs 
 
Les Russes noirs sont d’anciens miliciens, majoritairement anti-balaka et UPC, qui ont fait défection pour devenir auxiliaires des mercenaires de Wagner sur le terrain. Leurs effectifs sont très mouvants mais pourraient atteindre 3000, dirigés par une multitude de chefs. Ils ont pris part à plusieurs massacres dans le Ouaka, notamment à Boyo et Bokolobo. Plusieurs témoignages les accusent d’être impliqués dans l’exécution de neuf ressortissants chinois travaillant dans une mine d’or à Chimbolo.
 
Chez les Russes noirs anciens anti-Balaka, on retrouve le Général Royal, qui officie entre Bakala et Lougba, le Général Akra autour de Tongo Bakary, le Général Dix-Roues autour de Boyo, le général Sossengue autour de Tagbara, et les généraux Marcelin Orogo et « Jojo » à Bambari et alentours, Des combattants de Bambari ont fait défection après l’arrestation de leur chef, le général Edmond. Les anciens UPC ayant rejoint les Russes noirs sont dirigés par trois chefs, le colonel Kiri, “Sanda”, et “Salambaye”. 
 
Anti-Balaka pro-Touadera
 
Certaines factions anti-balaka n’ont pas été recrutées en tant que « Russe noir » mais travaillent néanmoins pour le camp gouvernemental. C’est le cas des Anti-balaka de l’Ombella M’Poko- région d’origine du président Touadera- qui reçoivent leurs ordres d’un député du MCU. Actifs dans la zone entre Kemo et Damara, ils sont dirigés par Dimitri Ayoloma et Benjamin Ingdandji. Dimitri Ayoloma s’était illustré lors de la marche de la CPC sur Bangui, en janvier 2021, en affrontant les rebelles à Grimari en coordination avec les FACA.
 
 
Rassemblement Patriotique pour le Renouveau de la Centrafrique (RPRC)
 
Le RPRC est un groupe armé actuellement pro-gouvernemental, présent dans la Vakaga, créé en 2015, et principalement composé de membres de la communauté Goulas. Les principaux représentants de cette milice sont l’actuel ministre des transport Gontran Djono Ahaba et le Ministre de la justice Arnaud Djoubaye Abazene. 
 
Le RPRC a vu sa capacité fortement diminuée en 2022 après une scission du mouvement provoquée par l’assassinat de Zakaria Damane, emblématique chef militaire du groupe. Après avoir mené ses troupes dans les affrontements contre le FPRC, Damane avait décidé de se concentrer sur ses activités minières et de trafics d’armes, refusant de participer davantage à la stratégie des autorités centrafricaines d’alimenter le conflit entre Goula et Rounga. Ce refus a provoqué des dissensions avec son chef à Bangui, le ministre Djono Ahaba et a finalement abouti à l’assassinat de Damane par des mercenaires de Wagner. Ce meurtre a poussé de nombreux combattants du RPRC à rejoindre la CPC à partir de juillet 2022, après des réunions de coordinations entre représentant du RPRC, du FPRC et de l’UPC. Le mouvement fait partie des quatre groupes armés ayant annoncé leur dissolution en décembre 2022, bien que cette déclaration n’ait pas eu d’effet sur le terrain.
 
Pour rappel, RPRC a été utilisé par le gouvernement à partir de 2019 pour attaquer les positions du FPRC et affaiblir ce groupe dans la Vakaga. Le groupe est parvenu à profiter du conflit communautaire entre Rounga et Goula qui a éclaté cette même année pour recruter de nombreux combattants du FPRC issus de la communauté Goula. Le FPRC est sorti très affaibli des combats, et l’un de ses chefs principaux, Abdoulaye Hissene, s’est rendu au camp gouvernemental.
 
 
Mouvement des Libérateurs Centrafricains pour la Justice (MLCJ)
 
Le MLCJ est un autre groupe armé pro-gouvernemental mené par Gilbert Toumou Deya, actuel ministre en charge du désarmement. Le groupe, dominé par l’ethnie Kara, est présent autour de Birao, et a participé, aux côtés du RPRC, aux affrontements contre le FPRC en 2019-2020. Il a connu une défection importante en 2022, celle de son chef militaire Mahamat Deya, qui a rejoint la CPC.  A l’instar du RPRC, le MLCJ a signé son acte de dissolution en 2022, sans que cela soit suivi d’effet sur le terrain.
 
Milice Azandé Ani Kpi Gbe,
 
Ce groupe dont le nom signifie « la communauté Zandé a trop souffert/ a connu trop de morts » a été officiellement créé en 2023, et prétend protéger la communauté Zandé, majoritaire dans les préfecture du Mbomou et Haut-Mbomou, qui subit depuis des années les exactions de l’UPC et de la LRA. Cette milice qui compterait plus d’un millier d’hommes armés de fusils automatiques, issus des communautés Zandé de Centrafrique, de RDC et du Sud-Soudan, est selon plusieurs sources soutenue et financée par des députés de la majorité présidentielle, afin d’affaiblir l’UPC dans sa zone. La milice a ouvert les hostilités contre l’UPC en mars, avec l’attaque de la ville de Bambouti, frontalière avec le Sud-Soudan. Elle a récemment lancé une attaque contre les positions de l’UPC à Mboki.
 
Autres groupes pro-gouvernementaux
 
D’autres groupes, retournés par le gouvernement et largement inactifs depuis plusieurs années, ont annoncé leur dissolutions en mars 2023 : le FPRC/branche Abdoulaye Hissene, le FDPC/branche Jean Rock Sobi, le MPC/branche Hassan Adramane, la Seleka rénové, et Révolution et Justice.
 

Autres groupes armés

 
L’armée de résistance du Seigneur (LRA)
 
La LRA est considérée comme un des milices les plus meurtrières au monde. Selon l’ONU, elle a tué plus de 100.000 personnes et enlevé plus de 60 000 enfants en Centrafrique, Congo, Ouganda et Soudan du Sud pour en faire des combattants. Elle a été créée aux alentours de 1986, dans le but de renverser le régime présidentiel de Yoweri Museveni d’Ouganda. Son leader Joseph Kony a été inculpé par la CPI en 2005. Divisée en plusieurs sous-entités depuis 2011, le groupe armé a été considérablement réduit et ne représente aujourd’hui plus que 200 membres. Ces derniers mois, des alliances locales ont été signalées entre soldats de la LRA et de l’UPC. Cette coopération visait à repousser la milice Azandé, notamment à Mboki.
 
 
Les groupes armés tchadiens
 
Au moins deux groupes armés tchadiens se sont installés en RCA avec la passivité complice des autorités centrafricaines. Jusqu’ici, ces groupes n’ont pas mené d’actions armées sur le territoire centrafricain, mais sont accusés de vouloir déstabiliser le Tchad.
 
Le premier groupe, le MRST, compterait plus de 1000 hommes, en majorité des membres de la communauté Sara du sud du Tchad, stationnés près de Paoua. En avril dernier, ce groupe est accusé d’avoir mené plusieurs attaques en territoire tchadien, dans la région du Logone Oriental, poussant les autorités tchadiennes à installer une base militaire “robuste” à Goré, non loin de la frontière centrafricaine. En mai dernier, les militaires tchadiens ont annoncé avoir mené une opération conjointe avec l’armée centrafricaine pour neutraliser ce groupe. Plusieurs combattants présumés, ainsi que des civils, ont été tués lors de cette opération. Si les autorités centrafricaines arborent une collaboration de façade avec le Tchad sur le sujet, plusieurs sources évoquent à minima une passivité, voire un soutien de Bangui et de Wagner à cette rébellion.
 
Un autre groupe qui ne compterait qu’une centaine d’hommes, le RPJET, s’est installé dans la Vakaga, dans des grottes autour de Hadjar Fatnah, non loin de Birao. Il est notamment composé de membres de communautés du nord du Tchad et serait en contact avec des groupes rebelles tchadiens stationnés dans le Tibesti. Le chef de ce groupe se trouverait actuellement en France.
 
Le RPJET a publié cette année une demande officielle d’installation sur le territoire centrafricain, que la ministre centrafricaine des affaires étrangères a publiquement refusé. Néanmoins le groupe est toujours stationné non loin de Birao et a reçu quelques armes de Wagner, qui occupait jusqu’en juin dernier une base militaire avancée dans la zone. Malgré la proximité de Birao avec la frontière tchadienne, N’djamena n’a pas été autorisée à y envoyer ses militaires, comme à Paoua.

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Anicet Georges Dologuélé, « Touadera verrouille le système centrafricain » https://mondafrique.com/decryptage/anicet-georges-dologuele-touadera-verrouille-le-systeme-centrafricain/ Wed, 27 Sep 2023 08:58:01 +0000 https://mondafrique.com/?p=92565 Des opposants centrafricains au président de leur pays, Faustin-Archange Touadéra, se sont retrouvés le 25 septembre 2023 à Paris pour y dénoncer le « verrouillage des institutions », et la « répression systématique » en RCA. Anicet-Georges Dologuélé, qui a présidé cette séance, a assuré qu’ils comptent « bien continuer la lutte politique pour le bien-être des Centrafricains », malgré […]

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Des opposants centrafricains au président de leur pays, Faustin-Archange Touadéra, se sont retrouvés le 25 septembre 2023 à Paris pour y dénoncer le « verrouillage des institutions », et la « répression systématique » en RCA. Anicet-Georges Dologuélé, qui a présidé cette séance, a assuré qu’ils comptent « bien continuer la lutte politique pour le bien-être des Centrafricains », malgré l’entrée en vigueur d’une nouvelle Constitution en Centrafrique.Anicet Georges Dologuélé, président du parti politique l’URCA, dénonce l’obstination et la brutalité du président Faustin Archange Touadéra dans sa volonté de faire adopter une nouvelle Constitution en Centrafrique.

Voici un entretien qu’il a donné à un site centrafricain qui nous apermis de le reprendre

Votre parti est membre du Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution, BRDC, un regroupement des partis politiques de l’opposition réunis en vue de défendre la Constitution du 30 mars 2016 dont le président Touadéra ne veut plus. Après les théories et discours, il a passé à l’acte depuis le 30 mai dernier en convoquant, par décret, le corps électoral pour se prononcer sur le projet d’une nouvelle Constitution. Selon vous Anicet Georges Dologuélé, député et ancien Premier ministre, ce processus est-il légal? 

AGD : Beaucoup d’encre a coulé sur le sujet et d’éminents juristes -dont ceux de la Cour Constitutionnelle- ont démontré à suffisance que cette démarche pour imposer une nouvelle Constitution aux Centrafricains était aux antipodes de la légalité et des intérêts nationaux. Si les intentions de Faustin Archange Touadéra avaient été nobles, une démarche consensuelle aurait au minimum été tentée, sachant que l’absence du Sénat représentait un obstacle juridique insurmontable déjà identifié et clairement notifié par la Cour Constitutionnelle. Mais il ne vous a pas échappé que le Président de la République n’avait cure de nos états d’âme républicains. Il avance avec obstination et brutalité, obligeant l’ANE à organiser en 2 mois un scrutin qui en aurait nécessité au moins 6, utilisant le papier avec entête de la Présidence de la République pour nommer le Directeur de campagne du MCU, contraignant les Présidents des Institutions républicaines à marcher sur leur indépendance pour être membres de l’équipe de campagne du MCU, soumettant tous membres du Gouvernement, les Présidents des Institutions républicaines et les hauts fonctionnaires de l’Etat à un barème de cotisation pour le financement de la campagne référendaire du MCU. Les locaux de l’Assemblée Nationale, deuxième Institution de la République, sont aujourd’hui transformés sans aucun état d’âme en Quartier Général de campagne du MCU. On nage dans le totalitarisme ! Les opérations électorales (impression et acheminement des bulletins, transport des urnes, etc.) et les supports de campagnes (tee shirts, affiches et autres autocollants) seraient à la charge d’un partenaire bilatéral bien identifié, que vous devinez aisément. Comme vous l’avez constaté, le vote d’une étrange Loi sur la tokénisation des ressources naturelles, minières, forestières et foncières avait été imposé à marche forcée aux députés de la majorité, pour permettre notamment de débloquer les fonds nécessaires à l’organisation de ce référendum constitutionnel. Cette loi est l’une des pires jamais votées dans notre pays depuis son indépendance, en cela qu’elle livre tout le sol et le sous-sol de notre pays à l’appétit vorace de toute la pègre de la planète, au détriment des citoyens et des intérêts du pays. En définitive, notre pays ne nous appartient plus et le Président de la République s’auto constitue en mercenaire à la solde d’autres mercenaires pour dépecer la dépouille de la République centrafricaine. Ceux-ci ont intérêt à le maintenir au pouvoir pour pérenniser leurs activités criminelles. Mais les militants de l’URCA n’abandonnent pas le combat. Que ce soit à l’intérieur du BRDC, en partenariat avec les plateformes de la Société civile et les personnalités politiques engagées dans cette lutte, ou simplement en tant que parti politique de l’Opposition, nous œuvrerons à faire échec à ce projet néfaste pour notre pays et à défendre la Constitution du 30 mars 2016.

Au sujet de ce référendum constitutionnel, l’ambassadrice des Etats-Unis en Centrafrique s’est exprimée. 

AGD : Des réactions ont été enregistrées de la part de certains grands pays et de certaines organisations comme l’Union Africaine et l’ONU. Vous noterez qu’elles sont entourées d’une telle précaution diplomatique que leur interprétation suscite des réactions contrastées. Ce qui me paraît décisif, c’est l’expression de ce que je perçois au quotidien comme le ras le bol des Centrafricains.  C’est notre responsabilité de provoquer d’encourager les Centrafricains à manifester leur opposition à ce référendum.

Le projet de la nouvelle Constitution n’est pas encore rendu public. Mais selon certaines indiscrétions proches du pouvoir, une copie a été envoyée au chef de l’opposition. C’est à vous qu’il a été envoyé ?

AGD : La grande escroquerie de ce référendum  (mais ces gens-là n’en sont pas à leur première escroquerie), c’est qu’on ne sait toujours pas sur quoi il va porter puisque le texte de la nouvelle Constitution, qui avait été préparé dans le plus grand secret par une commission jugée illégale par une décision de la Cour constitutionnelle, continue d’être conservé dans le coffre-fort du MCU. Vous savez, quand vous donnez un biberon à boire à un bébé, il l’avale sans savoir ce qu’il y a dedans. C’est le sort que Touadéra réserve aux centrafricains, qu’il ne trouve certainement ni suffisamment matures, ni suffisamment respectables pour leur faire lire et analyser le texte de cette nouvelle Constitution.

Durant les deux dernières élections présidentielles, vous êtes arrivé en deuxième position. Et pour le président Touadéra, ses alliés russes et sa famille politique, vous constituez une menace pour eux. C’est la principale raison de la rédaction d’une nouvelle Constitution que de réviser l’actuelle en insérant certaines dispositions pour exclure les binationaux, dont vous, d’être candidats à l’élection présidentielle. Comment allez-vous allez faire pour faire échouer ce référendum ? Vous allez battre campagne pour le NON ? Ou quelle consigne allez-vous donner à vos militants ? 

AGD : Il y a une fébrilité au sein de ce pouvoir qui me surprend, chaque fois qu’il est question de ma modeste personne. Certainement que l’actuel Chef d’Etat n’est pas à l’aise parce qu’il sait ce qu’il sait sur les conditions de son accession et de son maintien au pouvoir. Ceci dit, j’ai effectivement la nationalité française depuis presque 30 ans, simplement parce que j’ai épousé une Centrafricaine née en France, de père et de mère centrafricains mais qui, par le droit du sol,  était également française. Les liens du mariage m’ont naturellement permis d’acquérir cette deuxième nationalité dont je n’ai aucune raison de rougir. Je revendique donc ma bi nationalité avec fierté. J’étais déjà binational avant de devenir ministre des Finances puis Premier Ministre de mon pays. J’avais été nommé à ces hautes fonctions d’Etat par le Président Ange Félix Patassé, que personne ne pourra jamais traiter de pro-français. J’étais toujours binational quand en 2016 Charles Malinas, alors Ambassadeur de France en Centrafrique, avait été à la manœuvre en complicité avec les autorités de Transition,  dans une logique de « Tout sauf Dologuélé » pour voler ma victoire et la remettre à l’actuel locataire du Palais de la Renaissance. J’étais perçu comme trop indépendant d’esprit, trop déterminé à faire évoluer mon pays vers le développement,  apparemment trop bien organisé pour y arriver (certains diraient trop nationaliste) et certainement plus difficile à manipuler. Alors, le choix avait été porté sur Faustin Archange Touadéra, qui paraissait plus facile à contrôler. Les craintes de Charles Malinas et de notre Maman nationale de l’époque n’étaient certainement pas infondées, puisque leur poulain est aujourd’hui complètement contrôlé par un grand pays qui a malheureusement pris tout le monde de vitesse.  Oui, je suis binational, mais ce n’est pas un binational qui a vendu notre pays en menus morceaux aux étrangers comme nous le constatons tous aujourd’hui; ce n’est pas un binational qui a fait passer le nombre de groupes armés de 6 à 15 et qui a assisté, dans une indifférence des plus cyniques, au massacre de plusieurs dizaines milliers et à l’exil de près d’un million de nos compatriotes   par ces groupes armés dont les chefs étaient ses partenaires en affaires ; ce n’est pas un binational qui a pillé le trésor public, détourné plus de 1000 milliards d’aide financière à notre pays et installé dans les plus hautes fonctions des criminels économiques étrangers à qui il a généreusement donné la nationalité centrafricaine ; ce n’est pas un binational qui a plongé notre pays dans l’abîme ; ce n’est pas un binational qui a compromis durablement l’avenir de notre jeunesse ; ce n’est pas un binational qui cherche à rester absolument au pouvoir pour brader encore et encore la souveraineté de notre pays et y occasionner plus de morts et de miséreux. Aujourd’hui, le problème ne se trouve pas dans le nombre des nationalités dont dispose un candidat. Le bon candidat doit naturellement être de nationalité centrafricaine, mais surtout être et en capacité de diriger notre pays et de le conduire vers le progrès et le développement. Aujourd’hui, des centaines de cadres centrafricains à travers le Monde remplissent ces conditions tout en étant des binationaux. Certains envisagent déjà d’être candidats aux élections générales de décembre 2025. Cette génération des 35-55 ans est celle qui va prendre en main la gestion de notre pays dans les années à venir, dans une logique évidente de renouvellement naturelle d’une classe politique vieillissante. Je partage avec vous un constat sans appel : depuis plus de trois décennies, la quasi-totalité des nombreux centrafricains qui naissent, grandissent, étudient et démarrent leur vie professionnelle à l’Etranger sont des binationaux. Ils représentent aujourd’hui les ressources humaines les mieux formées dont doit s’enorgueillir notre pays. C’est eux qui prendront un jour en main la destinée de notre pays. A-t-on le droit de les y empêcher et de priver notre pays de ce trésor ?

Ainsi, vous constatez avec moi que, dans l’unique dessein d’empêcher la candidature de deux ou trois adversaires politiques à l’élection présidentielle de 2025 et en particulier celle d’un certain Anicet Dologuélé, le Président Touadéra est déterminé à instrumentaliser une nouvelle Constitution. Ce faisant, il interdira à toutes ces centrafricaines et à tous ces centrafricains de qualité ou en devenir, dont certains collaborent pourtant déjà avec lui, de briguer le moindre mandat électoral ! Il aura décidé à lui tout seul que notre pays ne pourra jamais tirer profit des compétences et des expériences accumulées par ces brillants compatriotes, notamment dans les fonctions de Président de la République, de députés de la Nation, de sénateurs,  de maires, de conseillers régionaux, etc. C’est énorme ! C’est injuste ! C’est un vrai désastre pour l’avenir de notre pays.

Le président Touadéra n’est plus un président légitime démocratiquement. Les voix se sont levées pour demander sa démission. Le fauteuil présidentiel est constitutionnellement vide. Comment agir désormais ?

AGD : Par un communiqué de presse en date du 26 octobre 2022, l’URCA avait pris à témoin la communauté nationale et internationale sur le constat que la démocratie était devenue impossible en RCA du fait des agissements du régime en place. Tirant les conséquences de ce constat, l’URCA avait réclamé la démission de Faustin Archange Touadéra des fonctions de Président de la République centrafricaine et demandé qu’une procédure de mise en accusation pour parjure et haute trahison soit initiée à son encontre auprès de la Haute Cour de Justice. Ce Monsieur a en réalité perdu sa légitimité depuis bien longtemps et occupe illégalement un fauteuil présidentiel dont il ne veut plus jamais se séparer. D’autres ont essayé avant lui et ont quitté la scène politique par la petite porte…Wait and see !

Question n°6 : Honorable Dologuélé. Pendant que vous tergiversez au sein du BDRC, l’équipe de campagne référendaire du président Touadéra est à pied d’œuvre. Il faut faire quelque chose et vite pour barrer la route à ce référendum. A ce jour, deux pistes de solutions sont actuellement connues. Celle exprimée par l’ancien président de Transition Alexandre Ferdinand Nguendet exigeant la démission de Touadéra avant le 1er juillet et celle portée par l’ancien président François Bozizé, appelant à l’union des forces militaires autour de lui, à la CPC. Laquelle selon vous est réaliste à ce jour 

AGD : Je ne permettrai pas de porter de jugement de valeur sur des solutions dont je n’ai pas la maîtrise.

Quel serait votre avenir politique si la nouvelle Constitution est votée et promulguée malgré tout ?  

AGD : Ce n’est pas à Faustin Archange Touadéra de décider de mon avenir politique,  même si l’éventualité de ma candidature lui donne des cauchemars, qu’il n’arrive plus à camoufler. Son entourage l’encouragerait même très fortement à m’éliminer physiquement. Mais avec tout le respect que je lui dois, ce monsieur n’a plus rien à faire à la tête de mon pays. Qu’il termine son mandat et qu’il parte ! Il a déjà fait tant de mal à des millions d’êtres humains, à des millions de nos compatriotes ! Quant à mon avenir politique, je déclare avec humilité qu’il appartient aux centrafricains et à Dieu.

Aussi, j’invite mes compatriotes à se lever comme un seul homme pour dire NON à la dictature, NON au pillage de nos ressources, NON au bradage de notre souveraineté, NON à ce régime de criminels de tous bords.

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Entre Touadera et Macron, le courant ne passe pas https://mondafrique.com/confidentiels/entre-touadera-et-macron-le-courant-ne-passe-pas/ https://mondafrique.com/confidentiels/entre-touadera-et-macron-le-courant-ne-passe-pas/#comments Mon, 18 Sep 2023 07:27:28 +0000 https://mondafrique.com/?p=96785 Le président Faustin Archange Touadéra a opposé une fin de non recevoir à Emmanuel Macron, lors de sa visite à Paris. Le dirigeant français aurait en effet fait pression sur son homologue centrafricain , en évoquant un éventuel retrait des instructeurs russes comme condition à un rapprochement entre la France et la Centrafrique. Mais Faustin […]

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Le président Faustin Archange Touadéra a opposé une fin de non recevoir à Emmanuel Macron, lors de sa visite à Paris.

Le dirigeant français aurait en effet fait pression sur son homologue centrafricain , en évoquant un éventuel retrait des instructeurs russes comme condition à un rapprochement entre la France et la Centrafrique. Mais Faustin Archange Touadéra a répondu qu’il traitait « avec le pouvoir russe dans le cadre d’un accord de défense et de formation entre États », avant d’ajouter que le reste « n’était pas son affaire », selon toujours RFI.
« On ne pose pas des conditions dans nos relations bilatérales et le président de la République l’a répété hier : nous sommes jaloux de notre souveraineté », a d’ailleurs affirmé Albert Yaloke Mokpeme, porte-parole de la présidence centrafricaine après cette rencontre

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Centrafrique, les dérives autoritaires du président Touadéra https://mondafrique.com/politique/centrafrique-pas-de-retraite-pour-le-clan-touadera/ Sat, 01 Jul 2023 17:21:03 +0000 https://mondafrique.com/?p=92649 Le dernier rapport de l’ONG The Sentry « Les architectes de la terreur » publié le 27 juin 2023 détaille avec minutie le pacte conclu entre le régime actuel du régime de Faustin-Archange Touadéra et le groupe paramilitaire PMC Wagner pour capter les dividendes de l’Etat centrafricain à des fins privées.  En plus de documenter […]

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Le dernier rapport de l’ONG The Sentry « Les architectes de la terreur » publié le 27 juin 2023 détaille avec minutie le pacte conclu entre le régime actuel du régime de Faustin-Archange Touadéra et le groupe paramilitaire PMC Wagner pour capter les dividendes de l’Etat centrafricain à des fins privées. 

En plus de documenter les atteintes aux droits de l’homme commises en vue de développer l’emprise sur le pouvoir et des réseaux de prédation économique et financière, The Sentry apporte un éclairage édifiant sur la chaîne de commandement du régime centrafricain, l Touadéra, décideur ultime, veillant à ne pas laisser de traces…

Selon The Sentry,  Touadéra et des individus de son entourage proche exercent à la fois une forte influence sur la chaîne de commandement militaire centrafricaine et instrumentalisent l’armée et ses partenaires étrangers pour leurs intérêts propres. Touadéra prend rarement des décisions publiquement, mais reste toujours le décideur ultime. Une autorité politique autrefois influente a déclaré à The Sentry : « Le pouvoir est concentré dans les mains de Touadéra et de quelques conseillers qui sont écoutés [par le président] et qui peuvent agir. Il [Touadéra] l’a montré plusieurs fois, il est celui qui prend les décisions ». Un ancien cadre du parti présidentiel MCU a déclaré à The Sentry que le président centrafricain « a un système où il décide de tout mais il n’est jamais responsable de rien », ne laissant essentiellement aucune trace.

Lorsqu’il donne des ordres, « Touadéra passe toujours par des intermédiaires », a déclaré un officier militaire centrafricain de haut rang à The Sentry, ajoutant que lorsqu’un ordre vient d’Arthur Bertrand Piri, neveu de Touadéra ; Sani Yalo, financier et conseiller spécial de Touadéra ou Alfred Service, ancien directeur général de la garde présidentielle, « ça vient du président directement, il n’y a pas à douter ou à discuter ».

La terreur banalisée

Les 11 sources militaires interrogées par The Sentry ont toutes confirmé que les opérations militaires menées notamment à Bangui sont supervisées par la chaîne de commandement militaire centrafricaine, et plusieurs d’entre elles ont confirmé qu’en fin de compte, c’est le président et son entourage qui donnent les ordres. En 2021, Touadéra a déclaré à Jeune Afrique que les forces de sécurité « font leur travail et effectuent des missions de ratissage dans Bangui, pour démasquer tous ceux qui détiennent illégalement des armes ». Ces missions de ratissage sont évoquées dès février 2021, lorsque la station centrafricaine Radio Ndéké Luka rapporte que « depuis plusieurs semaines, des inconnus sont abattus aux environs du cimetière de Ndrès » à Bangui. « Chaque matin, c’était un tombeau à ciel ouvert », a confié une autorité politique à The Sentry.

Une source militaire qui a participé à ces opérations a ajouté que « les corps sont amenés au camp militaire. Certains corps sont amenés au cimetière à Ndres ». Une autorité politique liée à l’entourage proche de Touadéra a noté que « ces exactions c’est fait pour protéger son pouvoir », ajoutant que toute personne disposée à dénoncer les exactions et les meurtres recevait des instructions strictes de la présidence : « Il faut se taire ».

De nombreux observateurs ont pu minimiser le rôle de Touadéra tant sur les exactions du groupe Wagner que sur ses dérives autoritaires et la prédation économique et financière de son régime affirmant qu’il n’était que « l’otage du groupe Wagner ». Force est de constater que Touadéra est non seulement un partenaire zélé du groupe paramilitaire russe mais le chef d’orchestre d’un clan qui renforce sa mainmise sur les leviers de l’Etat failli pour en capter les dividendes.

Le clan présidentiel aux manettes

 « Ils disent qu’ils sont là [au pouvoir] pour l’éternité », accuse l’homme de la rue à Bangui. En langue sango, « l’éternité » se traduit   » Kpou na Knpou « . Pour ce faire,  Touadéra s’appuie sur ses fidèles, sa famille et son groupe ethnique. Le président centrafricain  s’est constitué un noyau dur de fidèles, dont ses neveux Arthur Piri et Rameaux-Claude Bireau, le colonel Wananga, Fidèle Gouandjika, Évariste Ngamana et Sani Yalo. Ce cercle a œuvré pour modifier la Constitution afin de permettre à Touadéra de rester au pouvoir au-delà de 2026.

Touadéra s’est progressivement recentré sur les membres de la communauté Ngbaka Mandja, notamment depuis qu’il a révélé son intention de modifier la Constitution, cette tendance s’est étendue à l’armée. Le groupe ethnique de Touadéra a ainsi été le principal bénéficiaire des campagnes de recrutement militaire débutées en 2020 et qui n’ont fait que s’intensifier depuis le début de la contre-offensive envers le groupe rebelle CPC. 

Dans son rapport de 2021, le Groupe d’experts de l’ONU sur la RCA souligne que « le recrutement de la garde présidentielle était une procédure discrète, et non ouverte, et visait des jeunes du quartier du Président, Boy-Rabe, situé dans le quatrième arrondissement de Bangui, Des fidèles de son église baptiste de Ngoubagara) et des membres de son groupe ethnique (Mbaka-Mandja) sont également mobilisés. Des éléments anti-balaka connus ont également été recrutés.

Sources: 

https://thesentry.org/reports/architectes-de-terreur/

CENTRAFRIQUE : La garde présidentielle se replie sur les proches de Touadéra – 06/02/2023 – Africa Intelligence

Rapport final du Groupe d’experts sur la République centrafricaine reconduit dans son mandat par la résolution 2536 (2020) du Conseil de sécurité (S/2021/569) – Central African Republic | ReliefWeb

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Best Of Wagner (volet 2), bitcoin et or en République centrafricaine https://mondafrique.com/decryptage/wagner-bitcoin-et-or-en-republique-centrafricaine/ Mon, 26 Jun 2023 22:55:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=69267 Après les premières avancées de Wagner en Afrique en 2021 (voir le papier en dessous), Mondafrique s’itéresse à un des pays les plus pauvres au monde, la Centrafrique, qui en 2022 pourrait devenir un paradis des cryptos grâce à Vladimir Poutine? Voici une analyse  d’Éric Percheron, chercheur associé à l’IRIS que nous sommes heureux de  […]

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Après les premières avancées de Wagner en Afrique en 2021 (voir le papier en dessous), Mondafrique s’itéresse à un des pays les plus pauvres au monde, la Centrafrique, qui en 2022 pourrait devenir un paradis des cryptos grâce à Vladimir Poutine? Voici une analyse  d’Éric Percheron, chercheur associé à l’IRIS que nous sommes heureux de  publier avec l’accord de nos amis du « Nouvel Economiste »



La République centrafricaine (RCA) fut pendant des années l’un des bastions de l’influence française en Afrique. Enclavé et sans accès maritime, ce pays plus grand que la France n’a jamais pu trouver un point d’équilibre démocratique ou les conditions d’une paix interne qui favoriserait son développement, malgré des ressources naturelles importantes – notamment en or – et un positionnement au cœur du continent. Lesquelles ressources ont de longue date entretenue un coupable intérêt des régimes militaires qui se sont succédé depuis l’indépendance acquise en 1960.

La RCA est très régulièrement épinglée comme l’un des pays les moins favorables pour y faire des affaires, l’un des plus corrompus au monde, sans réelle capacité d’émergence économique, et en tout état de cause dans une situation de guerre civile depuis 2013. La France a décidé fin 2021 de réorganiser sa présence militaire et son assistance financière en RCA, après avoir porté à bout de bras la sécurisation du pays dans le cadre de l’opération Sangaris de 2013 à 2016. Le coût estimé aurait atteint 200 millions d’euros en année pleine, sans même parler du coût humain que les combattants de ladite force ont dû supporter.

L’or de RCA, valeur refuge pour la Russie
Alors même que les forces françaises géraient au mieux les conditions de leur retrait, le président Faustin-Archange Touadéra semblait avoir pris ses dispositions pour la suite de ses mandats (élu en 2016 et réélu en 2020) puisque dès 2018, puis 2020, il avait fait appel aux services de la tristement célèbre milice Wagner, qui étendrait par la suite son influence sur neuf pays africains, dont le Mali, se retrouvant de fait en conflit avec les soldats de l’opération Barkhane sur la même zone.

Pourquoi diable ces miliciens, à l’aise dans le génocide et les tortures de tous ordres pour le compte du régime russe, allaient-ils déployer leurs macabres capacités dans des pays parmi les plus pauvres du monde ? Les leaders de cette milice, au premier rang desquels on compte le “cuisinier de Poutine”, Evgueni Prigojine, qui fait l’objet de sanctions financières de la part des Occidentaux, y trouveraient-ils un intérêt, justement dans un contexte de mise en œuvre de sanctions et de gels d’avoirs ?

“Dans le contexte actuel de mise en œuvre des sanctions contre le régime russe, la valeur refuge du métal jaune retrouve tout son sens, dans la mesure où le Kremlin pourra toujours se procurer des ressources non monétaires (donc non gelées) via ce métal”

“Il est l’or, Monseignor.” Nous avons tous en tête cette réplique culte de ‘La folie des grandeurs’, qui fleure bon l’ORTF et le choix entre deux chaînes. Mais finalement, c’est bien cet intérêt qui meut le système Wagner. Comme bien entendu, le pouvoir en RCA n’a pas les moyens d’assurer la sécurité de son régime, son externalisation auprès de Wagner (avec succès, puisque la milice a repoussé les groupes armés rebelles) a été organisée autour d’un deal qui déléguait à Wagner dans un premier temps la perception des droits de douane (!), puis finalement laissait les barbouzes tirer un profit direct des ressources minières, au premier rang desquelles… l’or.

Dans le contexte actuel de mise en œuvre des sanctions contre le régime russe, la valeur refuge du métal jaune retrouve tout son sens, dans la mesure où le Kremlin pourra toujours se procurer des ressources non monétaires (donc non gelées) via ce métal. L’or constitue, en tant que tel, un moyen performant et anonyme de pouvoir commercer avec l’extérieur pour un pays banni du système financier international. La position de la RCA lors du vote de condamnation de la violation d’intégrité territoriale de l’Ukraine par la Russie à l’ONU montre bien qui a contracté avec Wagner. Parmi les pays qui ont décidé de se taire lors du vote on retrouve… la RCA et le Mali.

Allons un cran plus loin.

La RCA à la pointe de l’innovation financière mondiale
Le 27 avril 2022, la RCA officialisait le bitcoin comme monnaie “de référence”, aux côtés du franc CFA. Et Touadéra de considérer que “cette démarche place la RCA sur la carte des pays les plus visionnaires au monde”.

Mais avec un fait sidérant : les transactions en bitcoin seront exonérées d’impôt. La RCA renonce de ce fait à un principe régalien de maîtrise de sa monnaie (certes jusqu’à présent, le franc CFA privait la RCA d’une part de ses prérogatives, mais il était garant du maintien de réserve de valeur) et de la détermination de sa politique budgétaire. Stupéfiant également : la RCA prétend presque faire ainsi d’un pays dans lequel 15 % seulement de la population a accès à l’électricité, une nouvelle et merveilleuse Cité d’or.

Pourquoi le bitcoin ? Pas pour le bien-être de la population locale, dont le besoin premier avant de commencer à “miner” serait déjà de disposer d’un IDH qui ne le place pas à l’avant-dernière place dans le monde.

“Fait sidérant : les transactions en bitcoin seront exonérées d’impôt. La RCA renonce de ce fait à un principe régalien de maîtrise de sa monnaie et de la détermination de sa politique budgétaire. À qui profitera cette décision ? Après tout, la Russie est l’un des pays les plus en pointe dans le domaine des cryptos”

À qui profitera cette décision ? Peut-être à une organisation qui, in fine, peut ne pas se contenter de spolier les ressources aurifères d’un pays en développement ? Peut-être au donneur d’ordres de cette organisation, qui a tout de même besoin de pouvoir commercer autrement qu’avec des valises de lingots ? Après tout, la Russie est l’un des pays les plus en pointe dans le domaine des cryptos, au même titre que la Corée du Nord, l’Iran, Cuba ou le Venezuela, autant de pays qui font l’objet de sanctions américaines et doivent donc trouver une alternative au dollar.

Il peut sembler évident que le régime de Touadéra aura eu une lecture très “intellectuelle” de ce que peut être un bitcoin, ou toute autre monnaie crypto – y compris les supposés “stable coins”. Il est dommageable, et évidement en premier lieu pour la population de la RCA, que ce choix irraisonné ai été fait. Il porte en lui les germes d’un abandon du pouvoir régalien que le gouvernement était encore en capacité d’assumer (il est facile d’exercer, plus délicat d’assumer).

Quitte à se damner, Faust sera porté par l’élégance de Berlioz, pas par ce malaise qui vient avec Wagner.

Best of Wagner (Volet 1), une pieuvre russe en Afrique dès 2021

 

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Le Président Touadera brigue un 3eme mandat non constitutionnel https://mondafrique.com/confidentiels/le-president-touadera-brigue-un-3eme-mandat-non-constitutionnel/ Tue, 06 Jun 2023 09:05:30 +0000 https://mondafrique.com/?p=91325 Le président centrafricain tent ede passer en force pour un troisième mandat en faisant adopter par référendum une nouvelle constitution qui mettrait, selon une jolie expression du conseiller spécial de Touadera, « les compteurs à zéro »Un référendum constitutionnel prévu en République centrafricaine pourrait restreindre davantage l’espace civique et risque de compromettre les progrès démocratiques réalisés depuis 2015 dans […]

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Le président centrafricain tent ede passer en force pour un troisième mandat en faisant adopter par référendum une nouvelle constitution qui mettrait, selon une jolie expression du conseiller spécial de Touadera, « les compteurs à zéro »

Un référendum constitutionnel prévu en République centrafricaine pourrait restreindre davantage l’espace civique et risque de compromettre les progrès démocratiques réalisés depuis 2015 dans le pays, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.
Le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, a annoncé le 30 mai 2023 sur Facebook qu’il convoquait un référendum portant sur une nouvelle constitution. Bien que le texte n’ait pas encore été rendu public, le changement de constitution pourrait permettre à Faustin-Archange Touadéra de rester président après 2025, date à laquelle son mandat actuel arrivera à son terme. Fidèle Gouandjika, ministre et conseiller spécial du président, a déclaré à l’AFP qu’un référendum ne permettrait pas à Touadéra de briguer un troisième mandat, mais que « les compteurs seront remis à zéro » et que le président pourrait se représenter.

« Ce référendum intervient au moment où des institutions gouvernementales, notamment la police, ont menacé des militants de la société civile et empêché des manifestations de l’opposition politique », a déclaré Carine Kaneza Nantulya, directrice adjointe de la division Afrique à Human Rights Watch. « Le président Touadéra devrait annoncer publiquement qu’il encourage un débat libre et équitable sur le bien-fondé de ce changement de constitution et permettre à ses détracteurs de s’exprimer librement et ouvertement ».

Dans sa déclaration, Faustin-Archange Touadéra a indiqué que la constitution actuelle, ratifiée en 2016, « ne reflète pas suffisamment les aspirations profondes du peuple centrafricain » et qu’il ne pouvait pas rester « insensible aux demandes pressantes et légitimes du Peuple souverain de doter notre pays d’une nouvelle constitution ». Le référendum devrait avoir lieu le 30 juillet prochain.

Les principes directeurs de la constitution de la République centrafricaine ont été initialement énoncés dans les recommandations du Forum de Bangui de 2015, une série de consultations nationales tenues afin de définir une transition politique après les violences à grande échelle en 2013 et 2014. Les recommandations incluaient la suppression du mandat illimité du chef de l’État ainsi que la nécessité de mettre un terme à l’impunité, au tribalisme, à la corruption et aux coups d’État.

L’idée du référendum est apparue pour la première fois en mars 2022, quand le gouvernement, dans le cadre d’un dialogue national conçu comme un outil de réconciliation avec l’opposition, a décidé de promouvoir une modification de la constitution afin d’ouvrir la voie à un troisième mandat présidentiel. Alors que le débat sur un référendum constitutionnel s’intensifiait, le gouvernement a empêché les partis d’opposition de protester contre le changement proposé, tout en autorisant ses partisans à organiser des rassemblements, parfois sous protection policière.

Malgré la résistance de l’opposition et les déclarations de plusieurs membres de la communauté internationale faisant part de leurs préoccupations, le président Touadéra et son parti ont continué à plaider en faveur d’une modification de la constitution, en proposant notamment la mise en place d’un comité technique chargé de recommander les changements nécessaires. La Cour constitutionnelle a jugé qu’un tel comité était inconstitutionnel. En réponse, Faustin-Archange Touadéra a destitué la présidente de la Cour, déclenchant une crise judiciaire qui continue de menacer la légitimité de la Cour.

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Le groupe Wagner pille la forêt centrafricaine https://mondafrique.com/confidentiels/le-groupe-wagner-pille-la-foret-centrafricaine/ Thu, 18 May 2023 09:28:35 +0000 https://mondafrique.com/?p=90426 Alors que le Conseil européen a entériné ce mardi matin la nouvelle règlementation contre les produits issus de la déforestation, deux enquêtes publiées en parallèle montrent comment le groupe Wagner parvient à exporter, y compris en Europe, du bois de Centrafrique. Des informations de RFI   Des essences brunes-rouges de sapelli, un bois fin d’Afrique […]

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Alors que le Conseil européen a entériné ce mardi matin la nouvelle règlementation contre les produits issus de la déforestation, deux enquêtes publiées en parallèle montrent comment le groupe Wagner parvient à exporter, y compris en Europe, du bois de Centrafrique. Des informations de RFI

Des essences brunes-rouges de sapelli, un bois fin d’Afrique centrale utilisé en menuiserie, ont été vendues au Danemark et en France par l’entreprise Bois rouge, affirme l’organisation britannique Earthsight, qui documente des crimes contre l’environnement. En 2022, l’entreprise a été le septième exportateur de bois centrafricain vers l’Union européenne : elle y a vendu 465 m3 de bois de sapelli. 

Les liens de Bois rouge avec Wagner ont été révélés dans une enquête internationale en juillet dernier, mais depuis, l’entreprise s’est adaptée. En décembre, elle a changé de nom pour devenir Wood International Group, une compagnie toujours basée à Bangui qui a hérité des permis et du numéro fiscal et douanier de Bois rouge, selon CBS. Avec les organisations All Eyes on Wagner et Dossier Center, la chaîne américaine a suivi le parcours d’une cargaison de bois, des forêts de la Lobaye au port camerounais de Douala. 

« L’entreprise a changé de nom parce qu’on l’a exposée, ce qui a mis à mal ses affaires. Elle s’est séparée de la directrice de l’époque parce que l’idée est de continuer ses affaires tout en étant cachée. Tout leur circuit logistique a également été revu et ils ont placé des écrans entre eux et l’arrivée au Cameroun », détaille Lou, de All Eyes on Wagner.

L’exploitation intensive menée par Bois rouge contrevient à la règlementation européenne. C’est pour cela que l’entreprise cible désormais des marchés ayant des règles plus souples, en Asie et dans les pays du Golfe. Elle a aussi pour conséquence de contraindre les populations locales pygmées à quitter leurs terres ancestrales. 

 
 

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Les Russes dénoncent les fausses informations de Mondafrique https://mondafrique.com/confidentiels/les-russes-denoncent-les-fausses-informations-de-mondafrique/ https://mondafrique.com/confidentiels/les-russes-denoncent-les-fausses-informations-de-mondafrique/#comments Tue, 25 Apr 2023 10:10:50 +0000 https://mondafrique.com/?p=89613 ‼️L’édition électronique de Mondafrique a publié un article au titre retentissant « Les mercenaires du groupe Wagner ont été impliqués dans l’assassinat de travailleurs chinois en République centrafricaine ». De la désinformation pour les medias russes dont Mondafrique donne un extrait publié à Bangui. 🔹Cet article est un exemple de référence de désinformation visant à créer une […]

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‼L’édition électronique de Mondafrique a publié un article au titre retentissant « Les mercenaires du groupe Wagner ont été impliqués dans l’assassinat de travailleurs chinois en République centrafricaine ». De la désinformation pour les medias russes dont Mondafrique donne un extrait publié à Bangui.

🔹Cet article est un exemple de référence de désinformation visant à créer une fausse impression auprès des lecteurs sur la présence russe sur le continent africain. Les auteurs de l’article ne citent aucun fait précis et se réfèrent uniquement à quelques « témoins interrogés ». Les auteurs n’ont pas mentionné que des instructeurs russes avaient aidé à évacuer les corps des mineurs chinois décédés. C’est grâce à l’aide des Russes que les blessés ont été sauvés. De plus, veuillez noter que la publication est contraire aux données de l’enquête et aux déclarations des responsables de la RCA.

🔹Évidemment, le but de la publication est d’enfoncer un coin dans les relations amicales entre la Russie et la RCA, d’une part, et la Russie et la Chine, d’autre part. Nous considérons qu’il est inacceptable d’attaquer des instructeurs russes en République centrafricaine, ainsi que des tentatives de semer la discorde dans les relations russo-chinoises.

 

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