Une formidable vague hostile à l’Immigration en Occident

Dans la plupart des pays européens et américains, les partis hostiles à l’immigration, souvent d’extrème droite ont le vent en poupe

Les migrants traversant la Méditerranée: plus de 300% cette année

Alors que la France émerge groggy d’une semaine d’émeutes ethniques au cours desquelles des dizaines de véhicules, de nombreuses mairies et écoles ont brulé, c’est au tour des Pays Bas d’entrer en crise. En crise politique seulement. Mark Rutte, Premier ministre néerlandais, a annoncé, vendredi 7 juillet, la démission de son gouvernement, les partis formant sa coalition se montrant incapables de s’entendre sur la politique d’accueil des réfugiés. « Ce soir, nous sommes malheureusement parvenus à la conclusion que les différends étaient insurmontables. Pour cette raison, je vais prochainement présenter ma démission au roi au nom de tout le gouvernement », a déclaré Mark Rutte, lors d’une conférence de presse.

Le conflit a semble-t-il porté sur le refus des partis chrétiens de la coalition (Christen Unie et le D66) d’instaurer un quota du nombre d’enfants en provenance de zones de conflits pouvant obtenir l’asile aux Pays-Bas. Conscient des réticences de plus en plus fortes des Néerlandais vis-à-vis de la politique d’accueil des migrants africains et nord africains, il n’est pas exclu que Mark Rutte ait choisi de dissoudre pour mieux se représenter en candidat de la fermeté par rapport aux migrants.

Des partis anti-immigrés ont récemment pris le pouvoir dans différents pays d’Europe.

Le rapprochement de l’Italie d’extrème droite et du régime tunisien est due notamment à une commune hostilité aux vagues d’immigration venues de l’Afrique sub saharienne

L’axe Giorgia Meloni/Kaïs Saïed

En Italie, en septembre 2022, Giorgia Meloni – que l’on a souvent comparé à Marine Le Pen – a fait le plein des voix sur le thème de la défense des  frontières nationales. Giorgia Meloni, présidente du parti Frattelli d’Italia (frères d’Italie), allié à la Ligue de Matteo Salvini et à Forza Italia de Silvio Berlusconi, appelle ainsi à travailler avec les autorités maghrébines, notamment le régime tunisien,  pour réduire considérablement le nombre de traversées de la Méditerranée, proposant ainsi un blocage naval des candidats à l’exil en Afrique du Nord. Giorgia Meloni entend également relancer la natalité des Italiens « de souche » qui est l’une des plus basses en Europe.

En Finlande, une nouvelle formation nationaliste et anti-immigration est arrivée au pouvoir. Après plus de deux mois d’âpres négociations, Petteri Orpo, candidat du parti conservateur de la Coalition nationale (centre droit) et vainqueur des dernières élections finlandaises , a noué en juin 2023,  un accord de coalition avec le Parti des Finlandais de Riikka Purra , hostile à l’immigration et eurosceptique. Classée à l’extrême droite, la formation était arrivée deuxième lors des élections législatives d’avril dernier avec 20,1 % des voix, un score record.

En octobre 2022, en Suède, Jimmie Akesson, chef des Démocrates suédois, (extrême droite), le premier ministre conservateur, Ulf Kristersson, la présidente des chrétiens-démocrates, Ebba Busch, et le chef du parti libéral, Johan Pehrson, ont annoncé la formation d’un gouvernement de coalition, à Stockholm. Les violences et l’insécurité liées à l’immigration ont rendu les sociaux démocrates minoritaires en Suède.

La banalisation de l’extrême droite

Aujourd’hui, les Polonais du PiS et les élus du Fidesz, le parti du premier ministre hongrois, Viktor Orban voient surgir de nouveaux alliés en Italie, en Suède, en Finlande et aux Pays Bas pour dénoncer l’insécurité liée à l’immigration et le wokisme en matière d’égalité des droits et de défense des minorités.

En Belgique, l’extrême droite flamande incarnée par le parti Vlaams Belang (VB, Intérêt flamand) est créditée de 25 % des voix, et parait bien placé pour remporter les élections générales de 2024. 

En Autriche, le Parti de la Liberté, parti anti-immigration, est dominant dans les sondages.

En Espagne, le candidat du Parti populaire conservateur a une chance de gouverner s’il arrive à nouer un accord de gouvernement avec Vox, un parti anti-immigration présenté comme un parti d’extrême droite. Des accords de ce type ont été réalisés à l’occasion d’élections locales.

L’Allemagne elle, résiste encore. Les chrétiens-démocrates de la CDU excluent tout rapprochement avec le parti d’extrême droite AfD (Alternative für Deutschland). « Tant que je serai président de la CDU, il n’y aura pas la moindre coopération avec ce parti à la fois xénophobe et antisémite », a assuré Friedrich Merz, le 4 juin 2023, sur la chaîne ZDF. Mais ce sont les électeurs qui décident et les sondages accordent à l’AfD une part des votes deux fois supérieure à ce qu’elle était il y a un ans, à savoir 18 à 20% des voix.

Les Canadiens inquiets

L’Amérique du Nord n’est pas épargnée par la vague anti-immigration. Environ la moitié des Canadiens pensent que le nouvel objectif du gouvernement d’accepter un demi-million d’immigrants par an est trop élevé pour un pays de 40 millions d’habitants. La Canadiens – selon les sondages réalisé par Léger, une société de recherche basée à Montréal – craignent que le plan n’entraîne une demande excessive de logements, de santé et de services sociaux, selon un sondage.

Au Royaume-Uni, qui a assoupli les règles pour attirer davantage de diplômés universitaires de l’étranger afin de combler les pénuries de compétences, près de la moitié des personnes pensent que la migration légale est trop élevée, selon un sondage réalisé en mars par Public First, un cabinet de conseil en recherche.

De récents sondages montrent que 60% des Australiens sont favorables à un plafonnement de l’immigration laquelle entraîne une hausse des coûts liés au logement.

Aux États-Unis, où un grand pourcentage de la population s’oppose depuis longtemps  à l’immigration, les attitudes se sont durcies au cours de la dernière année: le pourcentage des Américains satisfaits du niveau d’immigration aux États-Unis est tombée à 28% en février, le chiffre le plus bas en une décennie, contre 34% un an plus tôt, selon les sondages Gallup.

Une clôture en Finlande

En Europe, certains gouvernements n’hésitent pas à ériger des barrières sur terre et sur mer afin d’endiguer la migration illégale. La Finlande construit une clôture de haute technologie de 250 kilomètres le long de sa frontière avec la Russie, tandis que le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis  a déclaré en mars  que son pays achèverait une clôture en acier de 180 kilomètres le long de sa frontière avec la Turquie pour empêcher les passages illégaux.

Ces tendances de fond se heurtent aux demandes des entreprises grandes et petites de maintenir les frontières ouvertes. Ce besoin d’immigration a pour but de répondre aux pénuries de main d’œuvre de certains secteur industriels (BTP…) ou de services (livraison…), mais aussi de peser sur les salaires qui, sans concurrence, iraient « trop » haut.

Les émeutes actuelles témoignent de l’abandon des banlieues par la République

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