Des milliers d’Ivoiriens venus de différentes communes d’Abidjan mais aussi de l’intérieur du pays ont participé, le samedi 7 décembre 2024, à la croisade du pasteur Chris Ndikumana organisée au cœur d’Abidjan, dans la commune de Yopougon.
Correspondance à Abidjan, Bati Abouè
Une partie de la ville d’Abidjan a été bloquée dès les premières heures du samedi 7 décembre en raison de gigantesques mouvements de foule qui convergeaient vers Yopougon-Songon sur la route de Dabou, où se tenait la croisade religieuse de Chris Ndikumana. Ceux qui voulaient être au plus près du pasteur rwandais avaient, pour leur part, dormi, la veille, dans des conditions sommaires sur les lieux du meeting qui a rassemblé, selon les organisateurs, plus de 300 mille personnes.
Chris Ndikumana, 51 ans, de nationalité burundaise est devenu un pasteur itinérant célèbre après avoir créé une application qu’on peut acquérir gratuitement mais qui lui permet d’enregistrer des prières chrétiennes pour ses 500 mille auditeurs quotidiens. Il est également propriétaire d’une chaîne de webtv dénommée kanguka qui est entièrement monétisée. Cette chaîne produit des émissions dites « de réveil spirituel » afin de permettre aux chrétiens par le biais du Saint-Esprit de réaliser la volonté de Dieu, dit Chris Ndikuma.
Le temps de Jésus
« Je suis convaincu que c’est le temps du réveil et Jésus veut récupérer beaucoup d’âmes pour le royaume de Dieu », a coutume de dire ce pasteur plutôt sympathique qui séduit les foules par sa simplicité. « C’est un homme simple qui ne se met pas à la place de Jésus », lui reconnaissent la plupart de ses fidèles qui le préfèrent aux pasteurs qui se prennent pour Dieu lui-même.
Le pasteur itinérant burundais a une autre qualité. Il abhorre la dîme et les offrandes alors que la propension des pasteurs évangéliques pour l’argent des fidèles est devenue un impondérable du pastorat moderne. Il existe néanmoins un épais mystère autour de ce sujet, car les croisades évangéliques de Chris Ndikumana dit Kangouka demandent le déploiement d’une logistique digne des stars de la musique alors qu’on ne sait pas comment elles sont financées.
L’argent du Pasteur
A Abidjan, les organisateurs ont déblayé à coup de graders et de pelleteuses un terrain de deux hectares sur lesquels la croisade a été organisée. Il en outre fallu y installer un énorme podium et un dispositif acoustique de premier plan qui exige forcément des moyens financiers conséquents. Cela dit, aucune information ne fuite habituellement sur ce sujet. Tout comme sur le financement du Pasteur burundais.
En revanche, son association reçoit des dons des fidèles du monde entier qui le suivent à travers ladite application. Ces dons sont soit mensuels ou uniques et sont acheminés à l’association du pasteur par des plateformes de transfert d’argent modernes et à l’abri des regards indiscrets tels que Paypal, Interac et Zelle.
Entre autres bienfaits supposés de cette faconde religieuse d’Abidjan, de nombreux participants à la croisade disent avoir été guéris. Une femme est allée sur le podium pour expliquer au micro qu’elle souffrait d’une hernie discale mais qu’après avoir entendu les prières du pasteur burundais, son mal a disparu. Parfois, ce sont des tiers qui reconnaissent que leur voisin ou sœur a été guéri ou s’est bien senti après avoir écouté les prières d’accompagnement de ce Pasteur.
La foi des pauvres
La recherche de guérison miraculeuse est généralement la finalité qui pousse les Africains à se fidéliser à une communauté religieuse. Le sachant, les pasteurs trompent souvent leurs fidèles avec des miracles trafiqués. Parfois pour apparaître comment des gens qui connaissent la vie de nouveaux fidèles, ils collectionnent des informations qui vont ensuite leur permettre de prétendre connaître la vie du chrétien qui ne sait pas encore que toutes les conversations qu’il a eues à l’accueil seraient communiquées au pasteur qui est déjà en plein prêche.
Les conditions sociales difficiles, résultat de plusieurs années de crise de gouvernance dans les pays africains, génèrent en effet une grande pauvreté chez les populations qui, pour tenter de s’en sortir, confient leur sort aux pasteurs et à des « hommes de Dieu ». Grâce à leurs dons ou dîmes, ces derniers mènent ensuite un train de vie comparable à ceux des ministres de leur pays pendant que les fidèles, eux, continuent de sombrer dans la maladie et la mort.
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