Depuis les années 2000, le secteur du transport public a connu une grande dégradation de la qualité des services, la crise structurelle qui sévit dans ce secteur n’ a fait que s’accentuer davantage depuis la révolution où l’instabilité politique et économique du pays, illustrée entre autre par une situation budgétaire difficile et une baisse des investissements extérieurs, a conduit à certaines complications dans la mise en œuvre d’un plan de développement.
Les politiques suivies étaient orientées sur le développement des infrastructures routières et de la voiture particulière, négligeant l’entretien et le développement des systèmes de transport collectif. De cette manière, entre 2007 et 2014, le pays est passé de la 60e à la 118e place en termes de performance logistique, selon le classement de la Banque Mondiale.
Les ministres de Transport qui se sont succédés jusque là à l’instar de Anis Ghedira et de Radhouane Ayara évoquent souvent un problème de sol, et soutiennent qu’il est techniquement « très difficile de prévoir des tunnels » dans le Grand Tunis. On parle toujours d’une Certes stratégie qui a été élaborée en ce sens pour améliorer les conditions du transport en commun, mais jusque là rien de concret. On a même annoncé l’année 2018 comme étant celle du transport et on a promis le transport en commun deviendra le choix idéal du citoyen pour lui faciliter ses déplacements. Il n’en est toujours rien.
Encombrement, retard, insalubrité
Au contraire, le calvaire des usagers continue dans une flotte de la TRANSTU qui devient presque archaïque ; des retards fréquents, des embouteillages et la surcharge des bus et des métros de la même société.
« Prendre le métro à Tunis pour se rendre à son travail est devenu un vrai parcours du combattant : les voyageurs sont entassés les uns sur les autres et la plupart ne tiennent même pas debout, sans parler des odeurs nauséabondes et de l’état lamentable des métro qui sont sales et mal entretenus », Sabeur, 27 ans.
Des métros qui tombent souvent en panne et des bus dont les portes ne se ferment pas du fait de la surcharge, telle est l’image d’un pays en sous développement à laquelle on a droit chaque jour dans la capitale Tunis. Des arrêts zappés par le chauffeur qui ne peut plus ouvrir les portes de son appareil, des portes de métro cassées et beaucoup de bricolage.
« Souvent le métro qui arrive déjà saturé ne s’arrête plus dans les stations qui suivent tout simplement car les portes sont bloqués par des voyageurs debout ou des gamins qui forcent les portes pour pouvoir monter à bord du métro. La situation est infernale pour une femme qui prend le métro chaque jour pour allée à la fac comme moi », Asma, 23 ans.
Cependant, la principale problématique du transport public routier est qu’il n’assure que 30% du volume du transport en commun contre plus de 75% en 1977 (pour le Grand Tunis).
Et ce ne sont pas seulement les bus qui sont concernés, beaucoup de voyageurs en train que nous avons interloqué ont évoqué les retards à répétition, la perte du temps à cause des arrêts inexpliqués et même un danger qui guette la sécurité des voyageurs à cause de la vétusté des trains.
» Il arrive au train que je prends quotidiennement de Borj Cedria à Tunis vu que je fais la navette de s’arrêter pendant plus d’une heure à une seule gare, sans que les agents de la Sncft expliquent aux voyageurs la raison de cet arrêt», Majdi 36 ans
Braquages et harcèlement sexuel
Plusieurs braquages ont eu lieu dans des lignes de métro dans le grand Tunis, l’année dernière, un conducteur de métro ligne 5 a été agressé et ce n’était pas le premier braquage dans le genre. En effet, en dépit du déploiement occasionnel de quelques agents de sécurité dans les métros, les agressions et le braquages sévissent toujours.
En janvier dernier, des inconnus armés ont braqué les voyageurs de la ligne de métro N°1 reliant Tunis à Ben Arous, au niveau de la cité Ennour, et vandalisé le tram, causant une perte estimé à 33.000 dinars tunisiens (DT).
Et la tâche devient plus difficile lorsqu’on est une femme, en plus du retard et de la surcharge ont peut être victime de harcèlement à tout moment : mains baladeuses, injures, attouchements.
Une étude du Centre de Recherches, d’Etudes, de Documentation et d’Information sur la Femme (CREDIF) a révélé que 53.5% des 3000 femmes sondées ont révélé avoir été victimes de violence dans les espaces publics, en particulier les transports en commun.
Afin de stopper ce fléau, le CREDIF en collaboration avec l’Union européenne, le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) et la TRANSTU a lancé la campagne #Mayerkebch, qui signifie qu’il n’y a pas de place pour le harceleur dans les transports en commun.
Toutefois, en dépit du lancement de Ladite campagne, les femmes continuent à être harcelées fans les transports publics au vu et au su de tous.
par Mounira El Bouti