En lui remettant la pourpre cardinalice, le 19 novembre dernier, le Pape François savait que l’archevêque de Bangui Dieudonné Nzapalainga était la seule autorité morale capable de faire revenir la Centrafrique sur le chemin de la paix.
A l’origine de la création de la plateforme religieuse avec des protestants et des musulmans, celui-ci multiplie les actions auprès des camps de déplacés et les visites des territoires martyrisés par les ex milices Seleka et antibalaka. Ne s’est-il pas rendu à Bria, à Bangassou, Bambari et Kaga-Bandoro, sans escorte de la mission de l’Onu, la Minusca, pour soulager les victimes, croyantes ou pas. Il est le bienvenu, sans protection spéciale, jusque dans le quartier du pk5 de Bangui, devenu une enclave musulmane dans la capitale.
Le rassembleur
Tous ses déplacements suscitent l’enthousiasme populaire et des appels pour faire réagir le gouvernement et un président occupés à demander des milliards de dollars pour des programmes qu’ils ne verront probablement jamais aboutir, comme ce fut le cas avec les anciennes Tables rondes de Bruxelles.
Le reconciliateur-cardinal prêche en n’hésitant pas à admonester les corrompus, à exiger des actions positives du gouvernement jugé trop immobile et à vilipender les hors-la-loi de toute nature. Sa prochaine action sera encore oecuménique en amenant à Rome, le 17 décembre prochain, trois jeunes musulmans, protestants et catholiques pour les présenter au Pape François dont il est devenu un familier très écouté. Le cardinal Nzapalainga, plus jeune membre du Collège cardinalice du haut de ses 49 ans, est probablement appelé à devenir le digne successeur de Barthélémy Boganda, le père de la nation centrafricaine.