Quand le wali d’Alger, Abdelkader Zoukh, enterrait les projets de la diaspora

Sous le rêgne dAbdelaziz Bouteflika, le réseautage mercantile avait pris une telle ampleur que l’expertise des enfants de la diaspora avait été négligée et leurs représentants spoliés.

Un témoignage de Nidam Abdi, ancien journaliste à Libération et expert en transition numérique

Dans le domaine des études de faisabilité, les cabinets de conseil étrangers avaient jusqu’à 2017 raflé pour 11 milliards de dollars sur le marché du plus vaste pays d’Afrique. Pourtant, les compétences universitaires en Algérie ou dans la diaspora ne manquent pas.

Des factures non réglées

Consultant-éditeur de la plate-forme www.territorialchallenges.com, dédiée à la transition numérique et énergétique des collectivités locales, j’avais initié entre 2016 et début 2017, un projet de voyage d’une douzaine d’experts pour conseiller le Wali d’Alger, Abdelkader Zoukh et les responsables de son administration.

A ce jour, la facture de 3.199.300 DA (24.000 euros) n’a pas encore été réglée par la Wilaya. Plus grave, les douzeexperts franco-algériens n’ont jamais pu proposer leurs conseils dans la gestion des inondations, de l’efficacité énergétique des bâtiments, des déchets, des smart grids (réseaux intelligent de l’électricité), des télécoms (5G), de la mobilité intelligente, de la cybersécurité et la santé digital… Un loup se cachait dans le projet.

Le modèle indien

Au départ l’idée était séduisante. Sélectionner des ingénieurs et scientifiques indépendants, actifs dans des universités françaises sur des domaines en lien avec les attributions de la Wilaya d’Alger, afin de conseiller les directeurs de ses établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC).

La formule a déjà fait ses preuves ailleurs et si on prend pour exemple l’Inde, de nombreuses municipalités du pays de Gandhi, bénéficient des expertises de scientifiques et ingénieurs de la diaspora appartenant notamment aux grandes universitaires américaines. Devant la diminution des dotations des collectivités locales, il est devenu judicieux de créer des passerelles avec des scientifiques aux conseils indépendants et pertinents à moindre coût que de faire appelle à des cabinets de consulting connus pour leur gourmandise financière et leurs suggestions incertaines.


Ainsi, se qui devait être une simple mission de mise en relation sous l’autorité du Wali d’Alger, de chaque expert franco-algérien avec son référent responsable d’une Epic, s’est transformé en un projet de création d’un bureau d’étude algérois attribué à Maître Baghdad Hemaz, un avocat inscrit au barreau de Paris et ami de longue date de Abdelkader Zoukh.

Une amitié qui remonte aux années d’études à l’Ecole Nationale d’Administration..

Des passerelles pertinentes

Pourtant, en revenant comme moi dans leur pays d’origine, certains experts franco-algériens avaient le rêve de créer des relations entre leur universités en France et les services de la Wilaya d’Alger. Certains mêmes avaient des contacts à Alger pour associer des collègues des universités de la capitale. Trouver des remèdes à l’érosion du béton sur le bâti en bord de mer, optimiser et rendre efficace la collecte des déchets dans le grand Alger, consolider les infrastructures informatiques de la Wilaya par une politique efficace de cybersécurité, monter des projets concernant l’utilisation du numérique en matière d’aide à la personne, ellaborer un plan pour retirer des bâtiments de la capitale les câbles télécoms qui ne sont plus nécessaire et en l’haidissent encore la ville blanche, développer des solutions de feux tricolores pour une gestion intelligente de la circulation…
Au lieu de celà et laisser à chaque expert la possibilité de travailler directement avec l’Epic concernée par son savoir faire, on a fait miroiter à ces ingénieurs et scientifiques la création d’un bureau d’études à qui la Wilaya d’Alger allait transmettre à leur intention des projets d’études.

Trois ans après, les douze experts franco-algériens n’ont pas poursuivre leurs projest. Comme ci, toute l’opération n’a servi qu’à valoriser un avocat d’affaire qui n’a aucune expérience en gestion de collectivité territoriale et dont la seule légitimité est d’être un proche du premier responsable de la région algéroise.

L’expertise plutôt que l’affairisme


Aujourd’hui, le nouveau gouvernement algérien, découvre le désastre financier de la corruption et du réseautage entre autorités publiques et intermédiaires affairistes.

Il s’agit pour les nouvelles autorités algériennes, dans les bouleversements suscités par le Hirak de reconnaitre l’expertise et de réhabiliter la diaspora .

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