Les gangs et autres bandes criminelles ont investi Nouakchott sans que les dossiers de crimes, cambriolages, viols soient élucidés. Un article de Cheikh Aidara sur le site « l’Authentique »
Les braqueurs de la banque Attijari de Bouhdida (juin 2018) courent toujours avec leur butin. Beaucoup d’autres crimes sont restés des énigmes non élucidés, comme le meurtre du professeur Cheikh Ould Hormatallah (mai 2018) ou plus récemment celui du jeune cambiste Ould Berrou, enlevé, poignardé puis brûlé.
C’est le cas encore de ces dizaines de disparitions mystérieuses d’enfants, de jeunes filles, la recrudescence des vols à mains armées en plein jour, des cambriolages organisés avec effraction, suivis souvent de viols crapuleux.
La police ne sait plus à quel saint se vouer et les citoyens sous quelle citadelle se cacher, tellement la criminalité semble être l’activité la plus lucrative dans un pays où le taux de chômage des jeunes frisent les 70%, face à l’échec de toutes les politiques d’emploi.
Aujourd’hui la population mauritanienne dans les grandes villes, Nouakchott, Nouadhibou, Rosso n’est plus la seule visée. Des localités jusque-là épargnées, celles de l’intérieur du pays, ne sont plus en sécurité face à une criminalité qui a étendu ses tentacules partout.
Kiffa,Tintane, Aïoun, Timbédra, et récemment Sélibaby, à l’extrême pointe orientale et sud du pays, ont été frappées par des vagues d’insécurité et de viols d’enfants. Toute la Mauritanie semble aujourd’hui vivre dans une psychose sous l’assaut de bandes criminelles de plus en plus hardies, de plus en plus professionnelles, à l’heure où les appareils sensés les contenir s’empêtrent dans l’incompétence, l’absence de jugeote et de flair. Le gibier criminel semble ainsi avoir toujours une longueur d’avance sur ses traqueurs.
Cette peur latente et insidieuse qui sévit dans le pays a de quoi légitimer cette levée de boucliers et ces milliers de voix qui crient contre l’insécurité, face à une terreur nationale qui a étalé ses tentacules partout, jusqu’aux hameaux les plus reculés, bousculant des habitudes de vie bâtie jusque-là sur la quiétude et un sentiment de plénitude sécuritaire.
Il est hélas fort probable que d’ici peu de temps, les campagnards qui avaient jusque-là l’habitude de dormir sous la belle étoile en laissant portes et fenêtres ouvertes n’aient plus cette même insouciance.
Conséquence de cet état de fait, ce sont les risques de voir s’organiser une justice parallèle, la justice personnelle et celle de la rue, avec une population de plus en plus surarmée pour se défendre et défendre leur famille, à l’heure où l’Etat semble avoir démissionné de ses pouvoirs régaliens, incapable qu’il est d’assurer la sécurité publique et garantir la paix sociale.
La Mauritanie, pays islamique, ne l’est en réalité que de façade. On n’y coupe ni les mains des voleurs, encore moins y exécuter les pires criminels sanguinaires. C’est un havre de paix pour les criminels de tout acabit qui ne courent comme risque, même au pire de leurs forfaits, qu’un séjour dans une prison où on ne leur demandera que de dormir, manger, s’engraisser, le temps de trouver une combine pour sortir et recommencer.
Nouakchott est en passe de devenir la capitale la plus dangereuse du continent, au vu du rythme des crimes et délits qui y sont recensés chaque jour et chaque nuit. Pas un quartier n’est épargné, même si les trois quart de la population sont aujourd’hui armées, avec un marché d’arme aussi florissant qu’en Floride.
On y trouve toutes sortes d’armes, armes de poing, type 9 mm, des pistolets de fabrication turque ou russe, des Kalachnikov, des Seminov… Il y en a pour toutes les bourses. Certains vous vendent même une arme plus l’autorisation de son port. En face, de plus en plus de criminels aussi se ravitaillent dans ce marché d’armes. On est assis sur une poudrière.