Le mois béni du Ramadan

Dans sa chronique, Chérif Lounès, universitaire et acteur du dialogue inter religieux, rappelle les bienfaits du jeûne durant la période du Ramadan qui vient de débuter

Depuis quelques années le jeûne du mois de Ramadan suscite parfois quelques réactions négatives, alors que c’est un acte spirituel qui ne demande qu’à être pratiqué dans la discrétion sans excès et dans le respect de l’autre.

Une publicité parfois agressive

Il est vrai qu’on assiste dans cette période à quelques dérives notamment sur le plan commercial et on oublie de prendre en compte que c’est avant tout un mois d’abstinence et de retenue. Comme pour le thème du « halal » et son exploitation abusive, nous voyons par exemple se multiplier des publicités commerciales qui utilisent comme fond pour leur propagande le nom de « Ramadan ». On feint d’ignorer que la religion ne devrait pas servir à ce genre d’initiatives dont le but est bien de faire du gain et des profits.

L’importance du jeûne 

Le jeûne (siam) du mois de Ramadan fait partie des cinq piliers de l’Islam avec la profession de foi «il n’y a de Dieu que Dieu et Mohamed est son Prophète», la prière, l’aumône obligatoire et le pèlerinage à la Mecque pour ceux qui le peuvent. 

C’est lors de ce mois de Ramadan que le Prophète de l’Islam eut ses premières révélations du texte coranique par l’intermédiaire de l’ange Gabriel (Djibril). 

Le jeûne est un point commun avec le rituel des autres religions monothéistes et le Coran mentionne que cette obligation fondamentale avait été également imposée aux générations antérieures (Juifs et Chrétiens) : « Ô vous qui croyez! le jeûne vous est prescrit comme il a été prescrit à ceux qui vous ont précédés. -Peut-être craindrez-vous Dieu-».  Coran, chapitre II, verset 183. (1)

La Bible mentionne plusieurs jeûnes. Comme par exemple celui de Moïse sur le mont Sinaï, d’Eli et de Jésus. Le jeûne chrétien de 40 jours consistait à ne faire qu’un seul repas et la Tradition juive a maintenu la pratique de 25 jours de jeûne répartis tout le long de l’année. Le jeûne en islam quant à lui dure un mois jusqu’à la fête de la rupture appelée aussi la petite fête. Il s’accomplit pendant le mois du Ramadan qui est le neuvième mois du calendrier musulman. Ce mois commence avec l’apparition de la nouvelle lune (qui se décale d’année en année) et il peut donc se placer à des périodes différentes du calendrier selon l’époque où l’on se trouve. C’est ainsi qu’il se pratique dans toutes les saisons. 

Les obligations du jeûne

Le jeûne est obligatoire pour tous les musulmans à l‘exception des enfants jusqu’à l’âge de la puberté. Par contre, les malades et les voyageurs en sont dispensés sous certaines conditions notamment de rendre d’autres jours de jeûne dans l’année ou en compensation de nourrir des pauvres. Le jeûne est observé du lever au coucher du soleil. Pendant tout le mois de Ramadan, le musulman ne peut rien absorber (pas de nourriture, pas de boisson), ni s’adonner aux plaisirs des sens (ne pas fumer, ne pas avoir de relations charnelles). Il doit se comporter et s’exprimer avec courtoisie et respect à l’égard d’autrui (pas d’insultes, pas de méchanceté, pas d’animosité…). Cette patience et ce renoncement face aux tentations expriment le triomphe de l’esprit, par la maîtrise de soi, sur les désirs du corps. Durant le jeûne, le travail ou les études ne s’interrompent pas et les affaires courantes de la vie quotidienne se poursuivent dans un esprit de retenue, de pardon et de respect d’autrui. Il n’est pas question de pratiquer un jeûne d’un ascétisme sévère

Spiritualité, pardon et solidarité 

Le mois de Ramadan est perçu par les musulmans comme un mois béni. Il s’accompagne d’une intense spiritualité faite de prières surérogatoires (non obligatoires) durant la nuit chez soi ou à la mosquée. Parallèlement, la fraternité, le pardon, la solidarité et l’échange se développent parmi les fidèles, et s’affirme avec force le refus de l’injustice par les gestes d’aumônes pour les déshérités.

Le musulman aspire à accéder au paradis par la porte nommée « Rayan » réservée aux seuls jeûneurs selon une parole du Prophète. Le moment de la rupture du jeûne (iftar), qui marque la fin de l’abstinence de la journée, donne lieu à des réjouissances avec la confection de mets délicieux et les repas du soir sont parfois animés.  

Les bienfaits du jeûne

Mis à part la difficulté d’adaptation des deux ou trois premiers jours, tout musulman supporte le jeûne sachant que c’est un bienfait tant sur le plan spirituel que corporel comme l’affirme le livre saint de l’Islam: «Jeûner est un bien pour vous. Peut-être le comprendrez-vous.» Coran, chapitre II, verset 184. (1)

Cet aspect des bons effets du jeûne sur la santé est reconnu et il existe des thérapies basées sur cette pratique. De nombreux ouvrages médicaux le consacrent et nombre de publications scientifiques le recommandent.