Alors qu’Emmanuel Macron reçoit les responsables du Centre français du Culte Musulman (CFCM) pour élaborer avec eux une hypothétique charte de l’Islam , les autorités françaises ferment les yeux sur la gestion clanique et lucrative des responsables de la deuxième religion de France.
« Il faut que tout change pour que rien ne change ». Cette citation est extraite du livre « le Guépard » , paru à titre posthume en 1958, et unique roman de l’écrivain et aristocrate italien Giuseppe Tomasi di Lampedusa. Ce jugement résume parfaitement l’attitude des politiques français face à la nécessaire réforme de l’Islam de France dont l’organisation chaotique encourage toutes les dérives extrémistes..
La Mosquée de Paris qui, sur le plan protocolaire, représente les musulmans de France, et dont les responsables pilotent, avec d’autres, le Conseil Français du Culte Musulman, est l’exemple le plus criant de la gestion approximative de l’Islam en France. Sans que le ministère français de l’Intérieur et … des cultes, ne se soit jamais préoccupé de remettre un peu d’ordre dans cette pétaudière. Et pour cause, certains fonctionnaires de la Mosquée sont devenus au fil des années d’excellents et utiles contacts pour le renseignement français.
Cette vénérable institution ne vit aujourd’hui que grâce aux subsides de l’Algérie. Chaque année, le gouvernement algérien débloque en faveur de la Mosquée un budget, qui dépasse les trois millions d’euros. Sans compter les rallonges budgétaires pour la réalisation de projets parfois hypothétiques.
Ces fonds en tout cas financent des salaires très confortables des patrons de la Mosquée qui atteindraient, d’après les sources de Mondafrique, de l’ordre de 15000 euros par mois. Le nouveau recteur, Chemseddine Hafiz, qui comme avocat défendait les intérêts de nombreux organismes algériens en France, en bénéficierait, ainsi que son fidèle Mohamed Louanoughi, un ancien caporal chef promu « Directeur Général » de la Mosquée, malgré ses liens avérés avec les services algériens.
« Zakats » et taxes Hallal
A ces hauts salaires viennent s’ajouter des subventions consenties par des Etats, des organisations et des hommes d’affaires qui croient venir en aide à l’Islam. Sans oublier les dons des fidèles qui approvisionnent les deniers du culte, les recettes de la zakat, cette « aumône »qui est un des piliers de la pratique religieuse et enfin les profits de la taxe halal.
La direction de la Mosquée rendrait à Paris quelques services à des hauts responsables, civils et militaires, algériens en échange des protections en haut lieu à Alger. La longévité de Dalil Boubakeur, qui régné pendant 28 ans, ou la promotion récente de Chemseddine Hafiz, l’ancien avocat de la Société des Habous, dont il était vice-président, le parcours fulgurant de Mohamed Louanoughi, le numéro deux de la Mosquée depuis des lustres, sont les meilleures preuves de l’efficacité de ce système singulier..
Sauve qui peut !
Quand à Alger a soufflé, au début de 2019, le vent du changement qui a précipité le départ de Bouteflika, la Société des Habous, réunie le 11 janvier 2020, a poussé vers la sortie, un Dalil Boubakeur usé et malade qui s’était compromis avec Bouteflika. Cette coquille vide chargée officiellement de la gestion de la Mosquée a désigné, sans débat, ni élection, maitre Chelseddine Hafiz, qui a toujours entretenu de bonnes relations avec les politiques français, notamment avec Nicolas Sarkozy.
Dalil Boubakeur est resté « président d’honneur » et a obtenu la promesse du maintien de tous ses privilèges : versement de son salaire, maintien de sa voiture de service, prêté par l’ambassadeur d’Algérie en France et mise à disposition d’un chauffeur nommé par un Louanoughi devenu le véritable vice roi de la Mosquée.
Malgré les résistances que ce coup de force a provoquées à Alger, Hafiz et Louanoughi sont restés en place grâce au soutien de Mohamed-Lamine Missaïd, l’ancien chef de cabinet de Sellal nommé auprès du président Tebboune après son élection le 12 décembre dernier.
Pour conforter une situation fragilisée notamment à Alger où ils ne faisaient pas l’unanimité, le nouveaux maitre de la Mosquée se firent les champions de « l’Islam de France ». Ils promirent de prendre la tête du mouvement destiné à rompre avec « l’Islam consulaire » et se dirent favorables à la nomination de femmes au poste d’imam. IL s’agissait de servir aux Français le discours qu’ils attendent et d’acquérir un début de crédibilité dans les medias et dans les milieux laïques.
Peu importe que nos Tartuffes continuent à adouber des imams détachés d’Algérie, strictement arabophones et qui sont prêts à tous les arrangements possibles pour obtenir de tels détachements. Tant pis si les étudiants formés à l’Institut Ghazali, l’école coranique fondée par la Mosquée, n’a pu bénéficier d’un recrutement pour diriger la prière.
Avec ou sans charte, l’Islam de France tel qu’il végète actuellement possède encore, hélas, de beaux jours devant lui. Emmanuel Macron va plaider ce lundi devant les responsables du CFCM la nécessaire « lutte contre l’islamisme », cet épouvantail médiatique, en gagnant ainsi deux ou trois points dans les sondages.
Dans un prochain article, Mondafrique s’intéressera aux nouvelles relations de la Mosquée de Paris avec les Emirats Arabes Unis, une grande démocratie, comme chacun sait, et un pays porteur d’un Islam éclairé, comme veulent le croire certains ministres et proches d’Emmanuel Macron.