L’islamisme en embuscade dans une Algérie privée de liberté

Dans la nuit de lundi à mardi, une dizaine enseignantes mutées dans une région reculée de l’extrême-sud de l’Algériz  ont été violentées par des extrèmistes dans leur lieu de résidence, au sein du lycée où elles exercent. À l’image d’une société qui bascule dans un islamisme rampant de plus en plus visible à l’approche  des législatives du 12 juin..
 
Des dandidates sans visage sur une affiché électorale des élections du 12 juin
 
Entre le marteau de la dictature militaire et l’enclume de l’islamisme, la société algérienne étouffe dans l’indifférence de la communauté internationale.. Alger la blanche qui se transforme en Alger la bleue ! Ce vendredi 20 mai, une fois de plus, le pouvoir algérien a sorti ses impressionnants bataillons de policiers pour empêcher la marche du Hirak à Alger. Arrestations arbitraires, harcèlements judiciaires contre les journalistes et les militants pour la démocratie, menaces contre les partis politiques qui ont annoncé leur intention de boycotter les élections législatives du 12 juin :  l’Algérie du président Tebbboune ressemble fort à la Birmanie des miltaires.
 
 Profitant de la pandémie du Covid19 qui mine les puissances occidentales, la dictature militaire  redouble de férocité dans sa « gestion des foules ».   
« Si le pouvoir parvient réellement à mettre fin aux manifestations hebdomadaires, il n’aura fait, au bout du compte, que casser le thermomètre à défaut de faire baisser la fièvre » écrit le site d’informations TSA. 
 
Malmenée, la société civile algérienne doit aujourd’hui affronter un  régime policier prêt à tout pour étouffer toute forme de contestation et des islamistes en embuscade infiltrés aussi bien dans less rangs des « hirakistes » que dans les arcanes du pouvoir. 
 
DIX ENSEIGNANTES VIOLÉES PAR DES INTEGRISTES  
 
Un fait-divers ô combien emblématique est venu rappeler une triste évidence : pendant que le pouvoir militaire affronte les mouvements de protestation de la société civile, les intégristes continuent de sévir partout où le chaos et le vide s’installent. 
À Bordj-Badji-Mokhtar, des hordes d’intégristes ont attaqué d’une manière barbare des institutrices. Selon des témoignages recueillis par leurs familles, le supplice des institutrices a duré deux heures.  Une véritable razzia comme dans les temps les plus obscurs de la Jahiliya. Les jeunes femmes ont été dépouillé de leur argent, ordinateur, téléphones portales et bijoux.
L’horrible attaque qui a suscité l’indignation dans tout le pays est d’autant plus révoltante que le syndicat des enseignants avait déjà alerté les autorités. «  Cette agression  lâche et inhumaine  est la quatrième du genre à viser le nouveau lycée n°10 », selon  le coordinateur du Syndicat national des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Meriane. Sur sa page Facebook l’enseignant syndicaliste ne cache pas sa colère : « Des enseignantes agressées et violées à Bordj-Badji-Mokhtar dans leurs logements de fonction, deux d’entre elles ont été poignardées et se trouvent à l’hôpital ».
Encore traumatisée par la décennie noire, la société algérienne est à nouveau confronté à ses vieux démons. 
 
DAECHISATION DE LA SOCIETÉ
 
Alors que son autorité est bafouée dans l’extrême sud du pays, dans cette zone où les intégristes de la région semblent avoir trouvé leur nouvelle base, le pouvoir algérien garde le silence. 
 
Silence gêné ou silence complice ? Les avis sont partagés, pour ne pas dire tranchés. 
Pour les uns, le spectre du retour de l’islamisme armé donne plus de marge de manoeuvre au pouvoir pour réprimer toute sorte de protestation ou d’opposition. Pour les autres, c’est un signe de délitement de l’Etat. 
 
Ce qui devient de plus en plus évident, hélas, est que l’intégrisme s’infiltre partout dans la Nouvelle Algérie,  y compris parmi les candidats aux législatives du 12 juin organisées par le pouvoir en place. Si la campagne d’affichage bat son plein, ce que retiennent les algériens c’est le retour en force du phénomène des candidates « sans visage ». Des candidates dont la photo n’apparait pas sur les affiches de campagne. A la place du visage, le hidjab islamique ! 
Sur les réseaux sociaux,  le slogan officiel de la campagne électorale, « Fais entendre ta voix » , a été remplacé par « Montre ton visage ». La dérision est l’arme des pauvres. 
 
 RÉGIME SCLÉROSÉ CONTRE OPPOSANTS NUMÉRIQUES 
 
La comédienne Adila Bendimerad fait le parallèle entre ces affiches sans visages et l’agression sauvage des enseignantes à Bordj Badji Mokhtar ; « Ce qui s’est passé avec les dix enseignantes a un lien direct avec ce genre d’affiches » qui « répondent à la même logique » écrit-elle sur sa page Facebook.
 
Résumons :  Le pouvoir est plus que jamais sourd, aveugle et féroce, les islamistes plus que jamais présents et arrogants,  et le camp démocrate de plus en plus fissuré par une guerre civile larvée entre pro-hirak et anti-hirak. 
Pour le soixantième anniversaire de son indépendance, l’Algérie ne fait pas dans la demi-mesure. Au moins reconnaissons-lui ça.