Depuis le 18 avril 2018, le Royaume d’Eswatini a abandonné le nom de Swaziland, qui était jusque-là, la dénomination que la colonisation anglaise avait donnée à ce royaume enclavé où règne Mswati III, un dictateur décomplexé qui organise chaque année un défilé de femmes dénudées et de préférence très jeunes .
Bordé sur sa partie orientale par le Mozambique, Eswatini est incrusté dans l’Afrique du sud dans les provinces de Kwazul-Natal et Mpumalanga, peuplées majoritairement de Zoulous dont les Swazi sont culturellement très proches.
Un Etat méconnu et atypique
A n’en point douté, Eswatini est l’un des États les moins connus d’Afrique, voire de la planète. Cette monarchie absolue, rappelant l’Ancien régime français, plonge ses racines dans l’histoire précoloniale, tout en participant à la vie internationale de ce XXI siècle. Eswatini n’a-t-il pas été candidat pour présider l’Union africaine à la suite de l’Égypte, en 2020, contre son grand voisin qu’est l’Afrique du sud ?
Ce pays d’environ 1,5 million d’habitants a une superficie équivalente à la Wallonie belge (17 000 km2). Eswatini peut faire valoir ses paysages sublimes et sa faune exceptionnelle qui en font une sorte de Réserve que les touristes fortunés visitent dans le cadre d’un circuit incluant les Parcs nationaux sud-africain
Proche du peuple Zoulou, les Swazi ont en partage quelques aspects culturels, notamment en ce qui concerne les questions de genre. Le Zoulou sud-africain Jacob Zuma et ses démêlés judiciaires accrus par ses considérations sur la gente féminine doit bien faire rire le Roi Mswuti III, qui avec ses quinze épouses officielles, ses dizaines de maîtresses et promises a tout simplement à sa disposition une justice ignorant les principes élémentaires qui fondent sa fonction.
Une monarchie absolue
Le roi Mswati III, âgé de 51 ans, règne sans partage sur son peuple depuis 33 ans. En monarque absolu, il a interdit aux partis politiques de participer aux élections. Il nomme le premier ministre, les ministres, les hauts fonctionnaires et les juges. Il est interdit d’attaquer la monarchie en justice et les opposants sont considérés comme des ennemis du pays voire des terroristes. Les 65 députés sont nommés par le roi soit directement pour la plupart soit avec son agrément formel pour quelques autres, selon son bon vouloir.
Près de 10 % des ressources du budget du pays sont consacrées aux dépenses du monarque et aux largesses qu’il accorde à ses épouses et courtisans. A contrario, plus de 75 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et les services publics sont à l’abandon. A l’indice du développement humain du Pnud, Eswatini est à un trompeur 125 ême rang grâce à la la générosité internationale. La balance des paiements est structurellement déficitaire. L’ agriculture et l’agrobusiness sont les principaux secteurs d’exportation tandis les importations essentielles à la vie courante du pays viennent surtout d’Afrique du sud.
La danse des roseaux
A part les quelques milliers de privilégiés dont certains expatriés, les habitants de ce pays sont des sujets et non pas des citoyens. L’ Union africaine qui prône » l’Afrique aux Africains » organisera au printemps 2020, dans la capitale Mbabane, la réunion ordinaire des ministres des Affaires étrangères de ses Etats membres, en guise de consolation pour le roi Mswati III qui ne put être élu à la tête de l’organisation continentale.
Les frasques de Mswati III ont largement dépassé les frontières de son pays. Il est un collectionneur de véhicules de luxe à rendre jaloux Teodorin Obiang Nguema Mansue, le Vice-président de Guinée Equatoriale qui dût se séparer récemment de la vingtaine de bolides qu’il avait imprudemment entreposés en Suisse. Mswati III a enrichi son parc automobiles, en octobre 2019, de 19 Roll Royces dont des Cullinan et de dizaines de BMW X3,X5 et série 5 pour environ 15 millions de us dollars. Ce petit caprice royal avait néanmoins suscité des manifestations de fonctionnaires, qui ont leur traitement de misère gelé depuis de nombreuses années.
Eswatini vient parfois dans l’actualité médiatique mondiale avec la fameuse Danse des roseaux. Chaque année, fin août-début septembre, des dizaines de milliers de fillettes et jeunes filles vierges rejoignent la ville de la Reine-mère pour témoigner de leur virginité, dûment vérifiée préalablement. Le grand jour est ce défilé très coloré quand ces jeunes filles dansent un Roseau à la main, seins nus et court vêtues de tissus chatoyants pour témoigner leur allégeance au Roi et, pourquoi pas, être choisie par lui pour faire partie de ses épouses ou fiancées. Curieusement, en cette période de recherche de la parité et de défense des droits des femmes, la Danse des roseaux passe sous tous les radars humanitaires.
Sida, un record local
Ainsi va le royaume d’Eswatini, dont le taux de prévalence du VIH-SIDA avec ses 26 % est le plus élevé au monde, où les notions de démocratie, d’État de droit ou de développement sont inconnues mais qui fait l’objet de reconnaissance et de soutiens de l’Union africaine, de l’Union européenne et du Pnud.
Ce qui n’empêche pas la princesse Sikhanyiso, première fille du roi, d’être connue à l’international où elle mène une carrière de chanteuse mais aussi de diplomate. Elle a étudié dans les plus grandes écoles britanniques, possède un diplôme aux États-Unis et un Master en communication de l’Université de Sydney. Dans son pays, elle est la ministre des Télécommunications, tout en étant membre du conseil d’administration de MTN Swaziland, l’entreprise de télécommunication mobile du pays.
Les chansons de la princesse sont en anglais, afin que le monde entier puisse comprendre. Elles ont pour thème principal le régime totalitaire de son père dont elle fait les louanges. Le clip de sa chanson Hail Your Majesty (Vive Sa Majesté) a été vu plus de 120 000 fois sur YouTube.
En lisant cet article, je comprends mieux pourquoi l’esclavage a fleuri dans le passé. Les « rois » africains vendaient leurs propres sujets, jeunes et vigoureux, aux esclavagistes blancs en contre parie de pacotille.