Pour la Fondation Franz Weber de Suisse la disparition en janvier d’un éléphanteau à la naissance au zoo de Zurich apporte une nouvelle preuve qu’il faut cesser de capturer des éléphants sauvages, ils ne supportent pas d’être confinés.
Ian Hamel
C’est encore un coup redoutable pour le prestigieux zoo de Zurich, qui s’étend sur 28 hectares, et qui a inauguré en 2014 le parc d’éléphant Kaeng Krachen, qui permet notamment d’observer le plus grand mammifère terrestre nager à travers une vitre donnant sur un des bassins. En janvier, Farha, 17 ans, a donné naissance à un éléphanteau. Mais celui-ci, trop faible, est mort quelques instants après sa naissance. Le problème, c’est que c’est le 6ème jeune éléphant à avoir perdu la vie depuis 2020 à Zurich.
En juin et juillet 2022, trois éléphanteaux d’Asie sont morts dans le même zoo du virus de l’herpès. D’abord Umesh, 2 ans, puis sa sœur Omysha, 8 ans, puis Ruwani, une autre éléphante, âgée de 5 ans, sans contact avec les deux premiers. « Tous ont été emportés de façon foudroyante par ce virus qui déclenche une hémorragie interne et une défaillance des organes, expliquait l’AFP, en captivité ce virus est la principale cause de décès des éléphants âgés de deux à huit ans ».
20 ans de vie en captivité
La Fondation Franz Weber (FFW) enfonce le clou en rappelant qu’en avril et août 2020, deux autres éléphanteaux étaient morts piétinés par les autres éléphants. Pour le docteur Keith Lindsay, biologiste, spécialiste en éléphants, ces décès « sont non naturels et induits par les conditions de détention du zoo ». A l’état sauvage, les éléphants ne piétineraient pas et ne donneraient pas de coups de pieds répétés aux nouveau-nés. « En captivité, les éléphants développent souvent des comportements inappropriés, voire agressifs, en raison des conditions auxquels ils sont soumis », affirme-t-il.
Mais le combat de la FFW dépasse largement le zoo de Zurich, qui n’est très certainement pas le parc zoologique le plus critiquable dans le monde. La Fondation se bat pour que ces animaux, réputés très intelligents, ne soient tout simplement plus confinés dans des zoos. Zurich n’est absolument pas un cas unique. Une autre étude, évoquée dans Géo, révélait que 40 % des éléphanteaux vivant dans les zoos au Royaume-Uni mouraient avant l’âge de 5 ans. Et que les éléphants nés en captivité auraient une durée de vie moyenne d’un peu plus de 20 ans, contre 50 ans dans la nature… Les raisons de ces morts précoces ? L’obésité par manque d’activités.
Stopper les exportations
Pour Vera Weber, présidente de la FFW, « Le seul endroit adapté pour eux est leur habitat naturel […] les efforts et les moyens financiers colossaux déployés par les zoos pour reproduire les éléphants en captivité seraient bien plus utiles pour la protection de l’espère dans son habitat naturel ». C’est d’ailleurs ce que défend la Convention sur le commerce international des espèces sauvages menacés d’extinction (CITES) : celui de stopper au moins provisoirement les exportations d’éléphants d’Afrique.
Seulement voilà, la capture d’éléphants sauvages représentent un gros business, notamment pour le Zimbabwe et la Namibie. Ce ne sont pas seulement les zoos occidentaux qui sont demandeurs, mais aussi ceux de Chine et des Pays du Golfe. D leurs côtés, les parcs zoologiques ne sont pas prêts non plus à se passer de l’une de leurs principales attractions. Celui de Zurich accueille près de deux millions de visiteurs chaque année. L’absence des gros pachydermes lui ferait perdre combien de tickets d’entrée ?