Abandonné sur le tarmac de Genève depuis la disparition du leader palestinien en 2004, le jet termine son existence en pièces détachées. Un article de Ian Hamel
Pourquoi aucun pays arabe ni aucun musée n’a-t-il souhaité exposer le Jetstar 2 qui a transporté Yasser Arafat de 1998 jusqu’à sa disparition en 2004 ? L’appareil, construit en 1979, pourrissait depuis plus d’une décennie dans un coin de l’aéroport de Cointrin à Genève. Au début de ce mois, La Tribune de Genève révélait qu’une entreprise britannique avait été mandatée pour démanteler l’avion et récupérer les pièces détachées. Ce jet, avec quatre réacteurs à l’arrière, et pouvant transporter dix personnes, a d’abord appartenu à la compagnie aérienne irakienne. 1979 est justement l’année où Saddam Hussein accède à la présidence du pays. Le leader de l’OLP entretient alors de bonnes relations avec le maître de Bagdad. Il va lui apporter son soutien lors de l’invasion du Koweït et la première Guerre du Golfe.
Feu l’aéroport de Gaza
En 1998, l’Irak le cède à la Palestine. Le Jetstar 2, repeint en blanc, avec trois bandes noire, rouge et verte, symbolise « l’indépendance des territoires palestiniens et de leurs dirigeants, libres de leurs mouvements », raconte le quotidien suisse. Malgré tout, l’appareil est immatriculé en Algérie. Quant à l’aéroport de Gaza, il n’a eu qu’une existence éphémère. Ouvert le 24 novembre 1998, inauguré par Yasser Arafat et par Bill Clinton, il a été financé par l’Allemagne, l’Arabie Saoudite, l’Égypte, l’Espagne et le Japon, à hauteur de 90 millions de dollars. En 2001, l’aviation israélienne détruit la station radar et la tour de contrôle. L’année suivante, des bulldozers ravagent la piste d’atterrissage. Depuis, Israël impose un embargo aérien à la bande de Gaza.
Sans queue ni ailes
Il semble qu’après la disparition d’Abou Ammar le 11 novembre 2004, le Jetstar 2 a encore été utilisé pendant quelques semaines ou quelques mois. Il est alors immatriculé au Liban. Avant d’être abandonné sur la piste de l’aéroport de Cointrin. L’avion est alors acheté par une discrète société suisse, qui ne le fera pas voler.
Le problème, c’est qu’une place de parking sur un aéroport coûte de l’argent (7,50 francs suisses par jour par tonne et l’engin pèse 21 tonnes). Les factures s’accumulent. Finalement le jet offert par Saddam Hussein à Yasser Arafat finit tristement à la casse. La Tribune de Genève publie une photo du Jetstar 2 reposant sur le ventre, sans queue ni ailes, ni roues ni train d’atterrissage