L’activisme du conseiller Islam de Macron, Hakim El Karoui

Après la rédaction de plusieurs rapports kilométriques sur l’Islam pour l’Institut Montaigne, et la remise de nombreuses notes à Emmanuel Macron lui-même, Hakim El Karoui se tourne vers la « société civile » musulmane.
Chargé par l’Elysée de réfléchir à l’organisation de l’Islam en France, Hakim El Karoui qui, dans une vie antérieure conseillait Ben Ali, l’ancien président tunisien mis à mal par le printemps arabe en 2011, a fait plusieurs tournées des grandes mosquées et des organisations islamiques pour s’expliquer sur ses propositions les moins convaincantes. Son dernier périple a pour but de convaincre ces responsables de participer à la réunion fermée qu’il compte organiser le 25 novembre à Paris.
El Karoui en tournée 
L’émissaire d’Emmanuel Macron est concurrencée par la tournée de Muhammad Marwan, le président du Collectif contre l’islamophobie qui a soumis aux responsables musulmans un questionnaire sur les bilans contrastés de « l’organisation » de l’Islam depuis Sarkozy. Les réponses sont plus franches que celles obtenues par les Instituts de sondage ou par les enquêteurs de l’Institut Montaigne. Une majorité de personnes interrogées jugent sévèrement le CFCM et ne croient plus à « l’organisation » de l’islam par le haut. D’abord mal vu de l’administration, Marwan a fini par être reçu au Bureau Central des Cultes du ministère de l’Intérieur où son enquête est prise au sérieux au moins autant que celles de l’Institut Montaigne.
El Karoui s’est rendu à plusieurs reprises dans la région lyonnaise, sans doute en raison du succès de la mise en place d’un « Conseil théologique des imams » regroupant une quarantaine d’imams non consulaires. Mais si l’accueil a été courtois, l’invitation  à participer à la rencontre du 25 novembre n’emballe pas ceux que l’on surnomme les « primats des Gaules » musulmans. Sans doute en raison de leur participation active aux « assises départementales de l’Islam de France » organisées à la demande du précédent ministre de l’Intérieur, Gérad Collomb, qui avait émis plus d’une réserve sur les propositions et initiatives de Hakim El Karoui
Succès mitigé dans le 93
Les mosquées de la Seine-Saint-Denis ont été honorées également de la visite du banquier ex bénaliste. Mais seul M’hamed Henniche a donné son accord pour assister à la réunion du 25 novembre. Cela a aggravé le dissentiment entre cet ex-porte-parole de l’UAM 93 et les membres du bureau de l’association qui lui reprochent son rôle d’agent électoral privilégiant les relations personnelles avec des hommes politiques, qui n’ont que le mot de laïcité à la bouche, mais sont intéressés par la pêche aux voix dans les salles de prière
Henniche s’était déjà signalé quand il fut le seul à se rendre rue de la Boétie pour assister aux « Etats Généraux de l’Islam de France » convoqués par Jean François Copé, alors secrétaire général de l’UMP. Lequel  avait été boycotté par les musulmans les plus modérés en souvenir de son anecdote du « pain au chocolat » qui aurait arraché par un élève musulman observant le jeûne du Ramadan à son camarade non musulman. Seulement voilà: le Ramadan cette années-là était tombé en plein mois d’août, au milieu des vacances scolaires!
L’adoption de Tarek Oubrou  
Hakim El Karoui s’est rendu surtout à Bordeaux pour conférer avec Tarek Oubrou qu’il cherche à faire nommer « grand imam » de France-ce poste n’ayant aucun fondement dans la tradition musulmane. Oubrou de son côté cherche à élargir le cercle de son influence au delà de la trentaine d’imams qui croient un peu à ses projets de « réforme » du…Coran.
Pour sa part, la Mosquée de Paris semble disposée à envoyer un représentant à la réunion du 25 novembre. Le recteur, Dalil Boubakeur, s’apprêterait à prendre sa retraite après la réponse favorable apportée par les autorités algériennes aux conditions financières qu’il a présentées l’an dernier. L’augmentation du cours du baril serait à l’origine de l’acceptation des fortes exigences de cet hable négociateur.
Ses principaux adjoints s’affairent à jouer les faiseurs de recteur en dressant la liste des candidats à sa succession. Avec une nette préférence pour ceux qui accepteraient de les maintenir en place, malgré leurs indélicatesses avérées…
Peut mieux faire
En définitive, l’évolution de Hakim El Karoui est globalement positive depuis ses premiers rapports pour l’Institut Montaigne. Il est passé d’un interventionnisme administratif dans les affaires d’une religion qui attend depuis plus d’un siècle l’application de la loi de 1905, à des velléités de « Choura » (consultation) de responsables religieux qu’il avait superbement ignorés. Cette évolution mérite d’être saluée, même si le principal mobile semble être le manque d’empressement des responsables destinataires de ses notes à donner une suite officielle à ses recommandations.
Ainsi le CFCM, qui reste l’instance représentative de l’Islam en France ne participera pas à la réunion qu’il organise le 25 novembre  .

1 COMMENTAIRE

  1. Hakim est sur les traces de Malika Belarbi qui n’arrêtait pas d’être nommé à un poste de secrétaire d’Etat depuis le début du septennat de Sarkozy, lequel lui avait préféré Rachida Dati. Les sarkozystes lui conseillèrent de créer une structure « musulmane » pouvant rapporter des voix à l’UMP aux élections intermédiaires difficilement gagnables. C’est alors qu’avec l’aide du Qatar, la sous-préfete hyper-diplomée organisa un dîner pour proposer la création d’un « CRIF musulman ». Le projet échoua quand le secret n’a pas été gardé et Belarbi préféra s’installer à Doha. Hakim n’a eu ni portefeuille ministériel (qu’il aurait mérité), ni mandat électif. C’est alors qu’il s’est mis à convaincre les responsables de mosquée dociles à participer à sa réunion du 25. 11 où il compte proclamer l’AMIF (Association musulmane de l’Islam de France). L’AMIF connaîtra-t-elle le même sort que le « CRIF musulman »?

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