La dramatique fermeture record des écoles en Afrique

Deux enseignants devant une école à Malalabi, (Tahoua), au Niger. Le Conseil norvégien pour les réfugiés soutient l'éducation pour les enfants des personnes déplacées internes et réfugiés dans le village.

Plus de 14 000 écoles sont actuellement fermées à cause de l’insécurité en Afrique de l’Ouest et centrale, déplore lundi le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC). Des centaines de milliers d’enfants dans la région se voient ainsi privés de leur droit à l’éducation.

« L’éducation est en état de siège en Afrique de l’Ouest et centrale. Le ciblage délibéré des écoles et le déni systémique de l’éducation en raison des conflits ne sont rien de moins qu’une catastrophe. Chaque jour où un enfant n’est pas scolarisé est un jour volé à son avenir et à celui de sa communauté », a déclaré Hassane Hamadou, directeur régional du NRC pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. « Nous appelons d’urgence toutes les parties au conflit à cesser les attaques et l’occupation des écoles et à veiller à ce que l’éducation soit protégée et considérée comme une priorité. »

Le Sahel est particulièrement concerné, notamment le Burkina Faso et au Mali, où les écoles sont ciblées par des groupes armés djihadistes, ainsi que le Cameroun et la République démocratique du Congo (RDC), en proie à des rébellions.

Au Cameroun, les effets cumulés de trois crises humanitaires simultanées ont entraîné 1,4 million d’enfants en âge d’être scolarisés dans un besoin urgent d’aide à l’éducation en 2023. En RDC, la violence et les tensions intercommunautaires ont conduit à la fermeture de 1 457 écoles depuis le début de l’année 2024, affectant plus de 500 000 élèves et 12 700 enseignants. Des groupes armés continuent d’occuper des bâtiments scolaires, les utilisant à des fins militaires et perturbant davantage l’éducation. 

Des progrès au Mali, au Burkina Faso et en République centrafricaine

Toutefois, au Mali et en République centrafricaine (RCA), le nombre d’attaques contre l’éducation a diminué entre 2022 et 2023, en raison de la baisse de la violence dans certaines régions de ces pays. Au Burkina Faso, environ 1 300 écoles ont rouvert cette année dans plusieurs zones contrôlées par le gouvernement, permettant à des milliers d’enfants de retourner en classe.

« La réouverture des écoles au Burkina Faso et la diminution des attaques contre l’éducation au Mali et en République centrafricaine montrent que des progrès sont possibles », a déclaré M. Hamadou. « Nous devons poursuivre sur cette lancée pour que tous les enfants aient accès à une éducation de qualité, sûre et inclusive. »

Les attaques incessantes contre l’éducation et les fermetures d’écoles qui en résultent ont des conséquences considérables, en termes de droits pour les enfants mais aussi en termes de développement socio-économique pour les pays. Les filles sont exposées à des risques accrus de mariage forcé et d’exploitation et les garçons au recrutement par des groupes armés. 

Dans 24 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, plus de 14 364 écoles ont fermé en raison de la violence armée, en hausse par rapport à 2023, rapporte le Groupe de travail sur l’éducation en situation d’urgence pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.