A Bordj Bou Arreridj, épicentre des mobilisations populaires en Algérie, un véritable climat de terreur a été instauré par les autorités locales à l’encontre des militants, activistes et acteurs du Hirak.
Bordj Bou Arreridj avait abrité depuis février 2019 les plus belles et émouvantes mobilisations populaires pour réclamer le changement du régime algérien. Or un climat de terreur s’est imposé à la suite d’un accident suspect qui a couté la vie à l’avocat Tarek Zedam. Ce dernier qui a voué sa vie à la défense de la cause des détenus d’opinion dans cette wilaya a été fauché mortellement lundi dernier par une voiture alors que l’infortuné avocat faisait paisiblement du vélo.
La voiture a, ensuite, disparu mystérieusement laissant planer le doute sur les circonstances troublantes de ce drame. Tarek Zedam a perdu la vie laissant derrière lui toute une population sous le choc. Il faut dire que ce supposé “accident mortel” est survenu dans des conditions très opaques. Et pour cause, le jeune avocat âgé de 34 ans a été percuté violemment par une voiture de marque Volkswagen «Polo» de couleur blanche». L’automobiliste a pris ensuite la fuite laissant Tarek Zedam gisant dans une marre de sang sur le bas côté.
Le défunt Tarek Zedam était un avocat militant du Hirak et très connu pour sa défense acharnée des libertés publiques et individuelles des Algériens partisans du changement du régime politique.
Circulez, il ‘y a rien à voir
Plusieurs sources médiatiques mal indentifiées ont rapporté que l’automobilisme ayant percuté Tarek Zedam s’est rendu aux services de sécurité. Ces sources ont évoqué un jeune homme de 30 ans résidant dans la ville de Bordj Bou Arreridj. Mais sans aucune autre précision. Comment ce drame s’est déroulé et s’agit-il réellement que d’un simple homicide involontaire doublé d’un délit de fuite ? Aucune source sécuritaire ne veut répondre clairement à ces questions. On ne sait même pas si une enquête sérieuse a été ouverte par la police ou la gendarmerie de Bordj Bou Arreridj.
Ce mystère vient alourdir une ambiance très tendue dans cette ville de l’est du pays connue pour être l’un des bastions du Hirak populaire. Certaines sources n’hésitent pas à parler d’un “véritable complot” fomenté par les services de sécurité et la justice pour empêcher le retour du Hirak. Une thèse qui se confirme un tant soit peu avec les violences policières commises lors de la nouvelle affaire du militant Laalami Chems Eddine dit Brahim. Mercredi soir, ce dernier ainsi que son frère Moussa Laalami qui est mineur (âgé de 17 ans) ainsi que Mourad Chelika ont été tous placés sous mandat de dépôt à la suite de leur présentation en comparution immédiate devant le tribunal de Bordj Bou Arreridj.
Une brutalité orchestrée
Les séances de cette comparution immédiate ont été caractérisées par de très fortes tensions entre le collectif des avocats de la défense et les magistrats du tribunal. Les avocats se sont bonnement retirés pour dénoncer “le comportement, intimidations et dérapages du juge d’instruction lors de l’audition des prévenus”, a déploré le comité national de libération des détenus d’opinion (CNLD). La veille, à savoir le mardi dernier, Laalami Chems Eddine dit Brahim a été hospitalisé à la suite de son arrestation musclée par les services de sécurité. Ses frères ont été également violemment interpellés.
Ces violences policières témoignent d’une certaine brutalité orchestrée pour terrifier la population locale et la dissuader de reprendre les manifestations du Hirak.