L’expo « Divas arabes, d’Oum Kelthoum à Dalida » que propose l’Institut du Monde Arabe à Paris rend autant hommage aux stars légendaires de la chanson et du cinéma qu’aux pionnières oubliées des mouvements féministes en Orient
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Enfin les usées rouvrent à Paris et l’Institut du Monde Arabe à qui ont doit de magnifiques expositions ne rate pas le coche. Des films, photos, disques, articles de journaux sont exposés comme les traces d’une brève et excitante séquence arabe aujourd’hui oubliée. Parmi les pièces de choix: les robes de l’Astre de l’Orient, la cantatrice Oum Kelthoum !
On peut admirer aussi les tenues fantasques de la non moins fantastique Sabah, voir tous les passeports de Warda, et découvrir les affiches originales des films avec la chanteuse Fayrouz… Du glamour, des paillettes, bien sûr, mais pas que. Ces objets et documents racontent aussi l’histoire de la renaissance culturelle arabe du début du 20ème siècle.
La dernière « Nahda »-, ce qu’on a appelé la renaissance-arabe, a été portée par des femmes, nous rappelle l’expo en guise de préambule. Productrices, techniciennes, stars, elles ont largement contribué à la mise en place de l’industrie du divertissement dans le monde arabe. Au théâtre comme au cinéma, à Beyrouth comme au Caire.
Si cela a été possible dans les années 1920 à 1940, c’est parce que l’époque a été aussi celle de la naissance du féminisme arabe. Pour la première fois dans des sociétés patriarcales, les femmes s’invitaient dans les débats politiques et les luttes d’indépendance. La première partie de l’expo rend hommage aux pionnières des industries culturelles et aux combats des premières féministes
Warda, Asmahan et Feyrouz
Avec cet éclairage inédit, on comprend mieux la naissance des stars sacrées de la chanson et du cinéma; on peut alors passer à la deuxième partie de l’expo qui rend hommage aux figures iconiques : Oum Kalsoum, Warda, Asmahan et Feyrouz (musique). Mais aussi Hind Rustom, Faten Hamama, Leila Mourad, Souad Hosni, Samia Gamal ( cinéma, music-hall, danse).
Qu’inspirent ces divas désormais légendaires aux artistes d’aujourd’hui?
C’est la troisième et dernière partie de cette riche exposition. On peut découvrir entre autres vidéos, le travail de l’artiste iranienne Shirin Nesbat autour d’Oum Kalsoum, et de l’artiste égyptien Youssef Nabil sur la danse du ventre et avec Tahar Rahim et Selma Hayek.
Enfin, si le cabinet des curiosités de l’illustratrice franco-libanaise Lamia Ziadé offre de quoi alimenter sa nostalgie arabe, la dernière pièce de l’expo, une installation musicale et holographique de deux Djs à la mode, Randa Mirza et Waël Kodeih, nous permet de sortir avec un peu d’optimisme : Les lumières laissées par ces divas avant-gardistes continuent d’éclairer les chemins empruntés par les nouveaux créateurs du monde arabe.
Une fort belle exposition dont la seule faute de goût est d’avoir introduit au forceps- pour des raisons qui relèveraient plus de marketing- la pauvre Dalida. La chanteuse de Montmartre est certes une italienne née en Egypte- comme Claude François ou Georges Moustaki, mais franchement, sa vie, son oeuvre, n’ont aucun rapport avec le propos de cette expo.
Divas arabes, de Oum Kalthoum à Dalida, Institut du Monde arabe, du 27 janvier 2021 au 25 juillet 2021 www.imarabe.org/fr/expositions/divas-arabes
https://www.youtube.com/watch?v=sYUqPTpc_R8