- Mondafrique https://mondafrique.com/societe/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Mon, 21 Jul 2025 07:38:53 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.8.2 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg - Mondafrique https://mondafrique.com/societe/ 32 32 Batailles coloniales (4/5), la chute du Royaume Kongo en 1665  https://mondafrique.com/a-la-une/grandes-batailles-3-la-chute-du-royaume-kongo/ https://mondafrique.com/a-la-une/grandes-batailles-3-la-chute-du-royaume-kongo/#respond Mon, 21 Jul 2025 05:34:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=52901 Le 29 octobre 1665 lors de la bataille d’Ambuila, les charges furieuses des guerriers africains viennent se briser contre le carré formé par les Portugais. C’est la disparition du Royaume Kongo, cinq lettres magiques qui claquent, résonnent, comme un immense coup de tambour venu des profondeurs de l’Afrique.   Un récit d’Eric Laffite    En 1482, […]

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Le 29 octobre 1665 lors de la bataille d’Ambuila, les charges furieuses des guerriers africains viennent se briser contre le carré formé par les Portugais. C’est la disparition du Royaume Kongo, cinq lettres magiques qui claquent, résonnent, comme un immense coup de tambour venu des profondeurs de l’Afrique.  
Un récit d’Eric Laffite 
 
La carte du Royaume du Kongo. La capitale figure sur un affluent du Congo, la Lunda.

En 1482, dix ans avant que Christophe Colomb ne découvre l’Amérique, le navigateur portugais Diego Cao au service du roi Jean II est aussi à la recherche d’une route maritime pour rallier les Indes, mais en descendant les côtes de l’Afrique.Passées celles du Gabon, il est pris dans les forts courants d’une « soupe jaunâtre, ocre et rouille »*, charriant une masse de déchets végétaux et de troncs d’arbres. A l’évidence un estuaire, avec cette particularité, qu’immense, il s’étale sur 17 kilomètres de large. L’explorateur fait jeter l’ancre sur la rive sud de ce qui s’avérera être l’un des plus grands fleuves du continent africain : brièvement baptisé « Rio Podoroso « fleuve puissant », il est finalement appelé Zaïre, déformation du nom que lui donnent les autochtones « Nzadi », soit « grande rivière ». 

C’est le fleuve Congo d’aujourd’hui. 

Diego Cao fait poser un « Padreo », bloc de pierre de 500 kilos surmonté d’une croix et amené de Lisbonne  afin d’attester que le lieu est désormais sous l’autorité de Jean II du Portugal.

Des hommes blancs « sortis de l’eau »

Jamais un Européen n’était descendu aussi bas en Afrique vers le sud et Diego Cao et ses marins sont incontestablement les premiers à entrer en contact avec les représentants du Royaume du Congo. Un hale de mystère enveloppe ce royaume dont la capitale « Mbanza Kongo », se trouve loin de l’océan et  difficilement accessible. Très vite pourtant, le contact est noué entre les Kongos et ces hommes blancs « sortis de l’eau », parlant une langue qu’on ne comprenait pas ». Des ambassadeurs (qui sont aussi des otages…) sont échangés. 

Il faut s’imaginer l’aventure humaine : des membres de l’aristocratie Kongo embarquent alors à bord d’un galion pour rallier Lisbonne, tandis que les « volontaires » portugais désignés par Diego Cao s’enfoncent pour de longs mois, sinon au cœur des ténèbres, dans les profondeurs d’une Afrique centrale alors totalement inconnue, et avec pour destination la capitale du Kongo. On restera longtemps sans nouvelles d’eux… 

Les sources écrites manquent pour dater précisément la naissance d’un Royaume parfois qualifié d’Empire au regard de son étendue.Une certitude, en cette fin du XVe, il est à son apogée et c’est alors la structure politique sociale la plus puissante d’Afrique centrale. Elle couvre un immense territoire qui, du Nord au Sud, s’étend du sud du Gabon au nord de l’Angola et d’Ouest en Est, de l’Atlantique à Kinshasa. Cet Etat, car s’en est un, dispose d’une administration, il collecte l’impôt, de sa monnaie, le nzimbu(sous forme de coquillage), de son aristocratie, d’une capitale.

Diego Cao et ses marins sont incontestablement les premiers à entrer en contact avec les représentants du Royaume du Congo

Erasmus universitaire kongo-portugais 

L’Etat Kongo est formé d’une demi-douzaine de provinces, et on estime que la monarchie règne sur 500 000 à 1 million de sujets.  Un Etat suffisamment solide en tout cas pour ne pas être emporté ou balayé par l’arrivée des Portugais et du premier coup d’arquebuse. Longtemps, les Portugais vont se contenter de disposer d’un comptoir à Luanda (actuelle capitale de l’Angola) sur l’Atlantique, mais sans pénétrer à l’intérieur du pays où ils n’exercent aucune autorité, et dont l’accès reste soumis au bon vouloir des Kongos. De fait, les relations sont plus que cordiales et mutuellement intéressées entre Portugais et Kongos. On commerce de l’ivoire, des métaux, des vivres. Et bientôt des esclaves. 

Très vite, l’aristocratie Kongo se convertit au catholicisme. Conversion sincère ? Opportunisme ? Il est clair que la classe dominante Kongo trouve bien des avantages à commercer, à s’instruire, s’armer auprès des Portugais : « On se fait baptiser en masse , non pas parce qu’on a renoncé à la sorcellerie, mais au contraire parce qu’on y croit dur comme fer. Le crucifix, considéré comme le plus puissant fétiche pour chasser les mauvais esprits, devient très apprécié », remarque David Van Reybrouck.*Côté portugais, on se félicite de commercer avec cet allié solide dont la souveraineté permet d’écarter d’éventuels concurrents européens. 

Dès 1491, le Mani (roi) Nzinga Nkuwuse se convertit, prend le nom de « Don Juan » 1eret signe un traité d’alliance avec Lisbonne. Il est imité par la famille royale, les proches du pouvoir. Le christianisme devient religion d’Etat, la capitale Mbanza Kongo est rebaptisée São Salvador. Se met aussi en place une sorte d’Erasmus universitaire entre le Kongo et le Portugal tout à fait extraordinaire.

Don Juan 1er, premier souverain du Kongo à se convertir en 1491 au catholicisme. Son fils Henrique sera nommé Évêque.

Des relations avec le Vatican 

Le fils du Roi, dont « Henrique » (11 ans), ainsi qu’une partie de l’élite Kongo part ainsi étudier à Lisbonne. On y apprend le latin (!) les sciences, la théologie, etc. A tel enseigne qu’Henrique rentre au pays en qualité d’évêque, le premier homme noir à occuper cette charge. Des relations diplomatiques d’Etat à Etat s’établissent entre le Vatican et le Royaume, et une correspondance écrite s’installe entre le pape et le Mani Kongo. Celle-ci permet parfois d’arbitrer certains conflits inévitables avec « l’allié » portugais. 

En 1606, au terme d’un périple mouvementé de quatre années vers Rome, Nsaku, « marquis de Vunda » , devenu prêtre sous le nom de Dom Antonio Manuel, présente ses lettres de créance au pape Paul V. Il est le premier ambassadeur africain de l’histoire accrédité auprès du Saint-Siège.Une chose ne passe pas. La monogamie imposée par l’Eglise. 

Celle-ci remet en cause le système d’alliance sur lequel repose l’autorité du Mani Kongo vis-à-vis de ses vassaux, lesquels sont désormais « prince » « duc » ou « baron ». Malgré cela, entre 1491 et 1620, le Kongo et le Portugal entretiennent des relations relativement cordiales. A l’occasion, les Kongos profitent de cette alliance pour étriller sévèrement leurs voisins. En 1568, le Kongo est envahi par les Yaka, une peuplade guerrière venue du sud. La capitale est prise, mise à sac, finalement reprise en 1571 mais avec le renfort d’un fort contingent de conquistadors… 

Cette « entraide » est alors réciproque. Les guerriers Kongos permettent aux Portugais d’étendre leur comptoir de Luanda, port qui devient la capitale d’une colonie qui, au fil des ans, monte en puissance. 

Avec la découverte du Brésil, sa colonisation, Lisbonne a besoin de main d’œuvre. La traite négrière qui se met en place, source de profit et de luttes continuelles déstabilise profondément la région. 4 millions d’esclaves (!) auraient été ainsi « exportés » de la région de 1500 à 1850. Les « razzias » se multiplient. Au détriment des ennemis des Kongos, dans un premier temps… 

Mais l’emprise portugaise s’affirme au fil des ans, des décades. 

 L’appel aux armes d’Antonio 1er,  

Les Kongos trouvent une respiration avec l’arrivée en 1602 des Hollandais (protestants et donc des hérétiques) venus commercer sur les rives du Congo. Puissance maritime et commerciale, la Hollande constitue un précieux contrepoids aux ambitions et à l’appétit grandissants des Portugais. Les monarques Kongo jouent de cette rivalité pour maintenir leur souveraineté. En 1641, les Hollandais occupent Luanda après en avoir chassé les Portugais. 

Un sursis de courte durée. La fin de la guerre de Trente ans (1649) signe le retour en force des Portugais à Luanda. Ils imposent alors toute une série d’exigences nouvelles : aucun européen ne doit désormais entrer au Kongo sans passer par Luanda. La « liberté » totale du commerce est imposée, soit l’interdiction pour le Kongo de prélever des taxes sur le commerce portugais. Les conquistadors s’emparent de l’île de Luanda d’où l’Etat Kongo tire sa monnaie, le Zimbu. 

Lisbonne soutient enfin toutes les velléités d’indépendance des vassaux ou des rivaux du royaume Kongo.   C’est désormais une véritable guerre froide qui régit les relations entre les deux Etats. C’est sous le règne de Mvita ya Nkanga alias « Antonio 1er »(1661-1665) que se joue l’acte ultime de ce long travail de sape. 

En 1665, les Portugais réactivent une vieille exigence, celle de l’accès aux mines de cuivre de MBembe, et alors perçues comme un possible eldorado. Réponse sèche d’Antonio 1er : « ces mines n’existent pas et que même si elles existaient, il ne les devrait à personne». 

Tandis que les Portugais mobilisent leur armée, Antonio 1er lance, le 13 juin 1665, un vibrant appel aux armes à : « Toute personne, qu’elle soit noble ou artisan, riche ou pauvre, toute personne capable de porter une arme, venant de tous les villages et bourgs…[sera] obligée de se présenter dans les dix jours qui suivent auprès de[ses] commandants, gouverneurs, princes, comtes, marquis,etc. […] et de partir défendre nos terres, biens, enfants et femmes, vie et liberté que les Portugais veulent s’accaparer et assujettir ».

Les guerriers d’Antonio 1er sont majoritairement armés d’arcs, de javelots et d’épées

 Le dernier combat

La confrontation a lieu le 29 octobre 1665 à Ambuila, à mi-chemin de São Salvador et de Luanda. Des deux côtés, on a fortement mobilisé : 500 soldats portugais et 7000 supplétifs autochtones du côté de Luanda. « 100 000 hommes » côté Kongo. Chiffre peu réaliste mais qui vient  tend à illustrer l’exceptionnelle mobilisation des Kongos. 

Antonio 1er jouit d’une incontestable supériorité numérique, mais son armée est bien moins dotée en armes à feu. Ses guerriers sont majoritairement armés d’arcs, de javelots et d’épées. En face, les conquistadores ont des mousquets et surtout deux canons. Ils bénéficient d’une organisation militaire éprouvée. De fait, les charges furieuses des guerriers Kongo viennent se briser contre le carré formé par les Portugais. 

La lutte est acharnée. Le combat va durer entre six et huit heures au cours desquelles, par vagues successives, les Kongos se jettent inlassablement à l’assaut du carré portugais. Lequel ne cède pas. 

Au soir de cette bataille, c’est une catastrophe absolue pour les Kongos qui laissent 5000 cadavres sur le terrain. Le roi Antonio 1eren fait partie, il est décapité. Avec lui, deux de ses fils et plus de 500 nobles de la Cour passent de vie à trépas. C’est tout l’Etat congolais qui est décapité de sa caste dirigeante. Il ne s’en remettra pas. Après être parvenu à maintenir sa souveraineté deux siècles durant face aux colonisateurs, le royaume du Kongo s’enfonce alors dans l’anarchie et la guerre civile. On s’y dispute un pouvoir qui n’existe plus.

Demeure le nom « Kongo », qui aura été, depuis, adopté depuis par deux Etats. 

* Les citations sont extraites du remarquable livre de David Van Reybrouck, « Congo. Une Histoire », Flammarion 2014 et disponible en poche.
 
https://mondafrique.com/grandes-batailles-2-lemir-abd-el-kader-vainqueur-des-francais-en-1845/

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Batailles coloniales (3), Horace Vernet, peintre de la conquête de l’Algérie https://mondafrique.com/a-la-une/lalgerie-selon-le-peintre-horace-vernet/ https://mondafrique.com/a-la-une/lalgerie-selon-le-peintre-horace-vernet/#respond Mon, 14 Jul 2025 03:26:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=103911 Horace Vernet (1789 - 1863) est le peintre favori de Louis-Philippe lors de la Monarchie de juillet (1830-1848). Avec la conquête de l’Algérie, il lui commande entre autres le tableau magistral "La prise de la smala d’Abdel Kader" et les Salles africaines du Château de Versailles. Artiste  officiel, grand voyageur, il traverse le siècle, romantique à ses débuts puis peintre d’histoire avec un talent de narrateur. Certains  le considéraient comme « l’Alexandre Dumas de la peinture ».

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Horace Vernet (1789 – 1863) est le peintre favori de Louis-Philippe lors de la Monarchie de juillet (1830-1848). Avec la conquête de l’Algérie, il lui commande entre autres le tableau magistral « La prise de la smala d’Abdel Kader » et les Salles africaines du Château de Versailles. Artiste  officiel, grand voyageur, il traverse le siècle, romantique à ses débuts puis peintre d’histoire avec un talent de narrateur. Certains  le considéraient comme « l’Alexandre Dumas de la peinture ».

Caroline Chaine

Une chasse au lion, à cheval et à dos de chameau. Dans le désert. Massacre d'animaux sauvages
La chasse au Lion, Horace Vernet, 1836

Né au Louvre dans une famille de peintres de cour, son grand-père, Joseph Vernet est  peintre de marine sous Louis XV connu pour ses ports de France, et Carl, son père chez qui il fait son apprentissage est peintre militaire sous l’Empire. Apprécié par Napoléon et sa famille, Horace devient romantique lors de la Restauration, très lié à Théodore Géricault et commence sa carrière comme directeur de l’Académie de France à Rome en 1829. Un poste très prestigieux où il peint Le Pape Pie VIII porté à la basilique Saint-Pierre, (1829, Château de Versailles) à l’origine destiné à Charles X. Lorsque Louis Philippe accède au pouvoir, il lui commande Louis Philippe quitte le Palais royal pour se rendre l’Hôtel de Ville, le 31 juillet 1830 (1832, musée national du château de Versailles et de Trianon). Il est dès lors son peintre officiel.

La conquête de l’Algérie au château de Versailles

En 1830, Vernet  effectue son premier voyage en Algérie.  A partir de 1832, à la demande de Louis-Philippe, il  y retourne régulièrement et réalise en six ans les neuf grandes toiles des trois salles d’Afrique du château de Versailles. Neuf toiles qui documentent l’avancement des troupes françaises et leurs succès militaires sous les ordres des fils du Roi jusqu’à la conquête finale en 1848. Entre autres,  la prise de la smala d’Abdel Kader par les troupes françaises conduite par le jeune Duc d’Aumale le 16 mai 1843 (1843-45) qui glorifie l’armée française dans une toile de 21 mètres de long  et près de 5 mètres de haut.

En 1837, après leur présentation au Salon, les toiles sont installées définitivement dans les  trois salles d’Afrique du Château de Versailles, celle de Constantine (photo), de la Smala et du Maroc qui sont exceptionnellement ouvertes.  En effet les 3 salles africaines qui étaient jusqu’à présent  occupées par les expositions temporaires,  pourraient être désormais accessibles en permanence

Prise de la Smala d’Abd-el-Kader par le duc d’Aumale à Taguin, le 16 mai 1843, Horace Vernet, 1843-1845 (Détail)

Des écrans géants 

Dans ces formats immenses, Vernet  représente davantage la vie militaire et ses bivouacs que la bataille. Le pittoresque prend le pas sur le drame. La Prise de Tanger, restée inachevée du fait de la Révolution de 1848,  est présentée pour la première fois au public. Elle est révélatrice de sa manière de travailler. Il commence par un point ou un côté puis continue jusqu’à couvrir la toile. « C’est sans doute cette totale présence de l’artiste dans son sujet qui lui permet d’y insuffler une telle vie, avec un instinct du décor et de la dynamique des figures qui anticipe véritablement le cinématographe. Les grandes toiles de la conquête de l’Algérie sont des écrans géants faits pour des travelings étourdissants » pour  Laurent Salomé, Directeur du musée national des châteaux de Versailles et de Trianon. Sa manière deviendra plus dramatique pour les commandes de la guerre de Crimée en 1853 qui opposait la Russie à une coalition anglo-franco-ottomane.

Prise de la Smala d’Abd-el-Kader par le duc d’Aumale à Taguin, le 16 mai 1843, Horace Vernet, 1843-1845

Orientalisme et imaginaire colonial

Au-delà de ces grandes batailles, il alterne dans une veine orientaliste les sujets civils et religieux. Grand chasseur, avec La Chasse au lion au Sahara, 1836,  (photo, Londres, Wallace collection), il associe dans un genre plus anecdotique l’exotisme et la violence du combat. Les hommes capturent les lionceaux avant de tuer la lionne. Avec Agar chassé par Abraham, 1837 (photo,Nantes, Musée des Arts), il reprend les vêtements des bédouins pour représenter des personnages bibliques et en fait dans un livre (Des rapports qui existent entre le costume des anciens hébreux et celui des arabes modernes, 1837) une théorie qui fit scandale à l’Académie des Beaux Arts. Dans  Première messe en Kabylie, 1854, Lausanne, musée cantonal des Beaux Arts,il  réunit l’armée française et les autochtones. Une messe qui aurait réveillée sa foi.

Ayant acheté des terres en Algérie, il y revient jusqu’en 1862 avec un long séjour de 2 ans en 1855.  Il voyagera aussi en Angleterre, en Italie pour plusieurs séjours, en Russie en 1836 et 1843, à Berlin en 1838, à Malte, en Egypte en 1839 et en Crimée en 1854.

Agar chassé par Abraham, Horace Vernet, 1837

 

Roman royal et pillage de l’Algérie

Louis Philippe ouvre en 1837, dans une perspective de réconciliation nationale et voulant inscrire son règne dans l’histoire, la Galerie des Batailles, un musée de l’Histoire à « toutes les gloires de France » de Tolbiac en 496 à Wagram en 1809. Vernet y reçoit 3 commandes en plus de celle le représentant avec ses cinq fils sortant par la grille d’honneur de Versailles après avoir assisté à  une revue militaire le 10 juin 1837. 
Lors des opérations militaires en Algérie, certains  officiers polytechniciens font des recherches sur les ruines romaines. Une Commission scientifique créée en 1839, s’inspirant de l’expédition d’Egypte de Bonaparte, réunit des antiquités qui sont placées au Louvre à côté des antiquités égyptiennes dans le Musée algérien inauguré par le Roi Louis-Philippe en 1845. Le Duc d’Orléans, fils aîné de Louis Philippe, envisage de transporter l’arc de triomphe romain de Djemila érigé en 216 en l’honneur de Caracalla pour l’installer à Paris entre l’Arc du Carrousel et la place de la Concorde. Le projet fut abandonné à sa mort en 1842. Dès 1858,  sont créés dans chaque ville, des musées municipaux et le musée  algérien au Louvre sera fermé en 1895  après des débats houleux autour du dépouillement de l’Algérie, de la qualité des pièces et des difficultés de les entretenir dans des musées locaux.

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Notre carnet de route Tunisie (3/6), Heureux comme un juif à Djerba https://mondafrique.com/societe/notre-carnet-de-route-tunisie-3-heureux-comme-un-juif-a-djerba/ Fri, 11 Jul 2025 02:57:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=113395 Une petite communauté juive qui se sent d’abord tunisienne vit en paix et en harmonie avec la population arabe à Djerba. C’est un des derniers exemples de cette cohabitation tranquille entre juifs et arabes qui a existé en Tunisie, du moins avant que beaucoup de sépharades ne quittent le pays lors de l’Indépendance du pays, […]

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Une petite communauté juive qui se sent d’abord tunisienne vit en paix et en harmonie avec la population arabe à Djerba. C’est un des derniers exemples de cette cohabitation tranquille entre juifs et arabes qui a existé en Tunisie, du moins avant que beaucoup de sépharades ne quittent le pays lors de l’Indépendance du pays, malgré la main tendue de Bourguiba, le fondateur de la Tunisie moderne. Dans les années qui suivirent, la Tunisie a toujours conservé cettre tradition hospitalière et fraternelle avec les communautés juives.

Jean Hugues Lime

Pour accéder à l’ile de Djerba, le cout du bac s’élève à 30 centimes d’euro. Comment faire fonctionner cinq ferrys quotidiens avec des tarifs aussi bas?  J’ai refait intensément les calculs avant d’abandonner toute tentative de comprendre l’économie tunisienne. C’est en tout cas, au terme de mon périple, un des mystères de la Tunisie.

L’île de Djerba est parsemée de grosses villas cossues qui expriment toute la satisfaction du propriétaire et annoncent sa réussite flamboyante. Elles poussent ici ou là, un peu au hasard comme de gros dés blanc d’un jeu de hasard à la dimension de Djerba,. Autant de dés, autant de maisons. Sur les toits plats, un écheveau de piliers de béton, des promesses de murs non tenues, des commencements de construction, des idées de maison. Ici, une chevelure de fer à béton en guise de toiture. Chaque maison est un chantier en instance. Le niveau supérieur est la promesse d’un agrandissement de la famille.

Le père, qui est aussi le propriétaire, espère toujours que ses enfants viendront habiter au-dessus de chez lui. Autant d’étages que d’enfants, jusqu’à former une sorte de mille-feuille où il pourra loger tout son clan.

L’Histoire est omniprésente. Chaque touriste consomme 700 litres d’eau par jour dans une île en proie à l’intense sécheresse. Si bien qu’on envisage de remettre en route les vieilles citernes romaines de l’Antiquité dont certaines fonctionnent encore.

Ce n’est pas un hasard si je vais hériter d’une chambre qui fut, un soir, celle de Bourguiba. Son fantôme va-t-il revenir me hanter? La Tunisie est hantée par son passé

Soirée foot arrosée

Le café de l’hôtel est très prisé de la population car c’est un des rares endroits dans l’île où on peut y boire de l’alcool. Très vite le café est archi comble. Le serveur apporte à toutes les tables, un énorme seau à glace rempli de 5 ou 10 bières que les clients dégustent tout au long de la soirée. On dirait que le but est de boire le plus grand nombre de bières possibles.

Cela me rappelle les cafés enfumés de mon enfance avec son odeur âcre de tabac.

Les Tunisiens fument comme quatre.

Le café est rempli des mêmes hommes qui fument les mêmes cigarettes et boivent la même bière. À une table, cinq ou six copains boivent et mangent entre eux. Les femmes sont absentes. Cela me rappelle le service militaire : des types entre eux, vivants ensemble, tous pareils, tous du même âge, disant la même chose, formant un réseau social en quatre dimensions avant l’heure. Ils sont tous du même avis, du même genre, du même niveau, et s’efforcent de se ressembler encore plus sans doute pour ne pas se sentir exclus du groupe en un phénomène perpétuel d’identification à un modèle abstrait apaisant et protecteur.

Séjour de match de foot. Le Tunisien rentre de son travail vers 16h. Il reste à la maison de 16h à 18h. puis il file rejoindre ses copains au café. Là, il regarde ensemble le match de foot et devise sur l’avenir du monde, le destin et la nature humaine.

Dans le bar, ils grignotent du pop-corn, des frites minuscules et descendent 10 bières chacun. Les canettes vides s’accumulent dans un seau à glace comme les trophées de leur puissance à avaler des litres de bière.

J’ai surpris une dame, qui attendait sagement, à l’extérieur du café, le retour de son mari.

Le quartier juif de Hara Kebira

Après le match de foot nous retournons manger quelques brochettes dans le quartier juif de Hara Kebira, une petite commune au centre de l’ile constituée de quelques rues. Les juifs ne représentent plus en Tunisie que 0,1 pour cent de la population totale. Hare Kebira est une des dernières communautés juives  orthodoxes en pays arabe, une sorte de survivance. Les femmes portent une perruque, les hommes une kippa.

Sur les panneaux des commerçants, on lit des prénoms comme David ou Samuel mais les plats et les prix sont les mêmes. Le brick à l’œuf est à 60 centimes. Les jeunes filles en cheveux déambulent gaiement par trois dans la rue, tandis que les garçons, à cheval sur leur pétrolette, ne cessent de bourdonner autour d’elles afin de se faire remarquer.

Tout le monde parle l’arabe tunisien dans le quartier.

Hara Kbira (« grand quartier » en arabe) est un des quartiers juifs de Djerba

Nous parlons avec David, le marchand de brochettes. Tout de suite il nous explique en tant que Tunisien, qu’il se désolidarise de la politique d’Israël qui ne peut selon lui que répandre le poison de l’antisémitisme dans le monde. Et d’expliquer que les Juifs vivent en Tunisie depuis 2000 ans. Ils vivent en parfaite harmonie avec les musulmans. Il n’y a rien à voir ici avec ce qui se passe en Israël. Juif et musulman ont la même carte d’identité tunisienne. Il me montre sa carte d’identité.

Juif et musulman ont les mêmes droits. Chaque communauté vit selon ses désirs, ses préceptes, ses goûts. Ils sont cousins. Tous appartiennent à la même famille des Sémites depuis deux mille ans. Cette guerre de Gaza leur apparaît d’un autre âge. Les juifs vivent leurs traditions comme les vivaient sans doute leurs ancêtres depuis deux mille ans, en parfaite harmonie avec leurs cousins musulmans. L’antisémitisme n’y a pas cours puisque Juifs et Arabes ont la conscience aigue en Tunisie d’être tous deux sémites

La veille du Shabbat

Nous sommes la veille de Shabbat, la ruelle fort agitée. Les voisins vont et viennent, font leurs derniers achats presque en courant, leurs dernières emplettes en prévision du Shabbat. Tout le monde se parle, s’interpelle, s’appelle par son prénom. On se croirait presque dans une scène du Shtetl, du Violon sur le Toit transposé au Proche-Orient.

Le soleil va bientôt se coucher. Les commerces s’apprêtent à fermer jusqu’au dimanche. Mon chauffeur de taxi et moi sommes tout de suite repérés comme étrangers à la communauté.

On atterrit en désespoir de cause chez le dernier boulanger-pâtissier encore à peu près ouvert. Celui-ci nous reçoit comme deux chiens dans son jeu de quilles. Il nous regarde si fortement de travers malgré notre : shabbat shalom: rituel en entrant qu’on a l’impression d’être des pique-assiettes qui se sont invités à un mariage.

 il montre des signes d’empressement à se débarrasser de nous, comme si nous étions des intrus dans son petit monde tranquille et heureux. Qu’est-ce qu’on vient faire au juste puisqu’on est pas juif? A-t-on de mauvaises intentions ? Qui sommes- nous? Pourquoi venons-nous là justement, ce soir-là ?

Le boulanger nous toise de la tête aux pieds, nous “scanne”, demande d’un air excédé ce qu’on veut. Il est pressé de fermer. Pour se donner une contenance, on commande deux petites mille feuilles qu’il jette dans une boîte à gestes saccadés, prenant un ton de plus en plus excédé..

 Le prix d’un mille feuille est un dinar 50. On me l’a vendu 3 dinars 50. Trois fois le prix.Les Tunisiens de Djerba ont une capacité de résilience économique.

Comme les six autres ghriba dispersées à travers le Maghreb, elle se dresse isolée en rase campagne, à un kilomètre du village d’Erriadh (Hara Sghira), l’une des deux bourgades juives que compte l’ile et qui n’était habité jusqu’au xxe siècle que par des Cohanim, ce qui, selon les légendes locales, corrobore le fait que la Ghriba ait été fondée par des prêtres venus de Jérusalem.

Le touriste mal venu à la Ghriba

Nous approchons de la synagogue de la Ghriba. Le coin est désert, sinistre comme l’abord d’un cimetière. Impossible d’aller plus loin. Les abords de la synagogue sont transformés en bastion défendu par des gardes armés prêts à tirer à la moindre alerte. Quand nous descendons de la voiture, nous sommes tout de suite regarder comme des suspects. Le fameux pèlerinage qui attire des Juifs du monde entier a été annulé à la dernière minute. Le garde me demande si je suis juif avant de nous conseiller de nous éloigner aussitôt. Nous ne sommes pas les bienvenus.

L’année dernière, l’attentat perpétré à Djerba, à la synagogue de la Ghriba, a coûté la vie à quatre personnes dont un Français ainsi que des fidèles et des membres des forces de sécurité tunisiennes. Dans cette même synagogue en 2002, le pèlerinage annuel juif, un attentat-suicide avait fait 21 morts. La Tunisie a été traumatisée. Des kamikazes se font sauter avec leur charge de dynamite en pleine ville. Le pays a beaucoup souffert des attentats du Bardo, qui a ruiné le tourisme pour longtemps.

Les premières victimes de cet islam violent sont les musulmans confrontés au fanatisme, à l’hystérie, à la souffrance gratuite, à la cruauté aveugle. 

En France nous avons connu six guerres de religion bien sanglantes, de Marie de Médicis à Louis XIV. Avec étripage, égorgement, viol, destruction. Tout cela pour l’amour de Dieu. Il a fallu attendre le 19e siècle pour voir se réconcilier les différents courants religieux, extrémistes catholiques et protestants qui aujourd’hui font bonne figure.

 

Véritable musée à ciel ouvert, Djerbahood est un lieu authentique, investi par des artistes venus du monde entier. Le village d’Erriadh à Djerba (Tunisie) a accueilli successivement en 2014 et 2021, plus de 150 artistes d’une trentaine de nationalités différentes

Street-art au coeur de Djerba

Au coeur de l’Ile, le Village d’Erriadh possède le musée à ciel ouvert de Djerbahood, le seul exemple de street-art en Tunisie.

 

 

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Batailles coloniales (2), le massacre à la mitrailleuse au Soudan en 1898 https://mondafrique.com/societe/grandes-batailles-volet-1-massacre-a-la-mitrailleuse-au-soudan-en-1898/ Mon, 07 Jul 2025 02:35:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=52596 Outre-Manche, le nom d’Omdurman est synonyme de chevauchée héroïque. Le 2 septembre 1898, une bataille sanglante oppose 25000 britanniques et supplétifs à 60000 guerriers soudanais Un article d’Eric Laffitte « Le plus remarquable triomphe jamais remporté par les armes de la science sur les barbares » (Winston Churchill,  correspondant de guerre). C’est bien à Omdurman, une  […]

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Outre-Manche, le nom d’Omdurman est synonyme de chevauchée héroïque. Le 2 septembre 1898, une bataille sanglante oppose 25000 britanniques et supplétifs à 60000 guerriers soudanais

Un article d’Eric Laffitte

Le Plan du champ de bataille d’Omdurman.

« Le plus remarquable triomphe jamais remporté par les armes de la science sur les barbares » (Winston Churchill,  correspondant de guerre).

C’est bien à Omdurman, une  bourgade perdue dans le désert soudanais, qu’en cette fin du XIXe siècle, la guerre s ‘apprête à changer définitivement de visage pour entrer dans l’ère industrielle. A l’époque peu, y compris chez les militaires, peu d’experts perçoivent l’enjeu de cette boucherie à la mitrailleuse.

 

lOfficier et correspondant de guerre, William Churchill à Omdurman.

Winston Churchill aux premières loges.

Tel n’est pas le cas de Winston Churchill à la fois acteur et observateur de ce carnage comme correspondant de guerre.
« Cigars, whisky and… no sports », tel serait le « conseil santé » dispensé par Winston Churchill pour vivre, comme lui, jusqu’à 90 ans.
Une blague ! En réalité, le jeune Winston est un sportif accompli, cavalier hors pair, adepte du polo, discipline favorite de l’aristocratie britannique et des troupes d’élite de cavalerie.
Aux Indes, quelques mois seulement après Omdurman, c’est avec deux côtes cassées, que Winston marque trois des quatre buts qui permettent à son régiment – le 4e hussard – de remporter enfin, et pour la première fois depuis 62 ans que cette compétition acharnée existe, le trophée. Un séisme au sein du Raj britannique !
Ce vendredi 2 septembre 1898, dans la morne plaine qui s’étale du Nil à Khartoum, capitale du Soudan, Churchill est d’ailleurs déjà blessé à l’épaule. Situation qui lui interdit de se servir de son sabre lors de ce qui s’avérera être la dernière charge d’ampleur de la cavalerie britannique. IPour l’occasion , il monte« un poney de polo arabe à la robe blanche » et commande un peloton de 25 lanciers.
Un chef de guerre Mahadiste.
Pour rien au monde Churchill n’aurait voulu rater ce combat. Problème, personne ne veut de lui sur le champ de bataille et surtout pas Lord kitchener, le chef du corps expéditionnaire qui a pour mission d’écraser la révolte Mahadiste qui enflamme le Soudan depuis deux décennies. Quinze ans plus tôt, les mahadistes, qui doivent leur nom à leur premier chef, appelé le « Mahdi » (le Guide), se sont emparés de Khartoum et ont promené au bout d’une pique la tête tranchée du général anglais Charles Gordon qui défendait la place.
Pour Londres, il s’agit de laver l’affront mais surtout de s’assurer le contrôle d’une région devenue stratégique depuis l’ouverture du canal de Suez par les Français en 1869 et sur lequel la perfide Albion a vite mis la main… dès 1875.
En dépit de la disparition de son chef initial, le mouvement mahdiste a instauré une sorte de califat islamiste qui couvre le Soudan, le sud Soudan et une partie de l’Ethiopie. C’est clairement l’Egypte qui est désormais menacée.

 

 La charge du  21eme lancier à Omdurman, la dernière historiquement de l’armée britannique, laisse sur le champ de bataille 12 000 cadavres dans le camp ennemi,

12 000 cadavres indigènes, 47 morts anglais

À 24 ans, Churchill mène lui, de front, une carrière politique, de journaliste et d’officier.
Il est alors perçu comme un abominable arriviste, mais c’est sa plume au vitriol que redoutent avant tout les chefs militaires dont il n’hésite pas à critiquer vertement l’action : « Une affaire réglée avant même d’avoir été examinée », écrit alors Douglas Haig, le chef d’état-major de Kitchener à propos de la candidature de Churchill au poste de correspondant de guerre du Morning Post. Lequel, au prix de mille intrigues, parvient à s’imposer au dernier moment et décrira dans un article retentissant, le « plus remarquable triomphe jamais remporté par les armes de la science sur les barbares ».
L’armée britannique a remonté le Nil et c’est dos au fleuve, soutenus par une artillerie fluviale, que 8 000 soldats britanniques et 16 000 supplétifs égyptiens affrontent à Omdurman 60 000 soldats derviches réputés « fanatisés ». Omdurman est à l’époque un insignifiant village sur la rive est du Nil blanc à quelques kilomètres seulement de Khartoum. La confrontation dans le désert va tourner au massacre. L’armée du califat est mise en déroute. Au prix d’un bilan effarant dans sa disproportion. En quelques heures, l’armée des mahadistes laisse sur le champ de bataille 12 000 cadavres, plus 13 000 blessés et 5 000 prisonniers.
Côté anglais, on dénombre 47 morts et 382 blessés… !
Un pur massacre.
 

Les « armes de la science ».

La presse britannique s’enflamme et célèbre la charge héroïque du 21 lancier. Laquelle a bien eu lieu, mais n’est pour pas grand chose dans cette écrasante victoire. Tous les laudateurs de la bataille, journalistes, peintres, illustrateurs, font l’impasse sur l’élément fondamental, cause première de cette hécatombe. A Omdurman, la guerre vient de changer d’époque, mais personne ne s’en aperçoit. A l’exception du turbulent lieutenant Churchill, comme le signale son évocation des « armes de la science ».Une cécité collective qui, nous le verrons, ne sera pas sans conséquences dramatiques.
De son côté, Churchill privé de sabre, revendique avoir abattu quatre rebelles. Au pistolet, à pied, et dans un quasi corps à corps.
Dans ses souvenirs, on retiendra une fascination certaine pour la guerre. Trente ans plus tard, il écrit : « En parlant de bon temps, comment est-ce qu’on peut trouver mieux. A cheval, à l’aube, a portée de fusil d’une armée qui avance, avec une vue d’ensemble et en lien avec le quartier général ».

 

Absente de toutes les peintures ou illustration célébrant la victoire des britanniques, la fameuse mitrailleuse « Maxim » qui fit des ravages et annonce l’ère de la guerre industrielle.

 

Le carnage des mitrailleuses « Maxim »

Du « bon temps » dont il ne feint toutefois pas de masquer aussi l’horreur : et de revoir ses camarades du 21e lancier « transpercer les blessés après la charge en appuyant de tout leur poids sur la lance pour faire passer la pointe à travers les épais vêtements que portaient les derviches cloués au sol. A mesure que la pointe pénétrait, les derviches se débattaient avec leurs pieds et leurs mains. Un soldat s’était vanté de sa sollicitude en n’enfonçant que dix centimètres dans l’homme qu’il achevait en disant : « Il devrait me remercier d’être tombé sur un type sans malice comme moi » Et encore : « un sinistre défilé fit son apparition : chevaux qui crachaient le sang en marchant sur trois pattes, hommes qui titubaient sur leurs pieds, qui saignaient à cause d’atroces blessures, des lances à hameçon plantées dans le torse, les bras et le visage taillés en pièces, les boyaux à l’air, hommes qui suffoquaient, criaient, s’écroulaient, expiraient ».
Mais l’élément fondamental qui explique le massacre, c’est l’emploi de la mitrailleuse. Les Britanniques disposent ainsi de 52 mitrailleuses « Maxim ». 
Capable de tirer 600 coups à la minute, c’est une « arme nouvelle », introduite lors de la guerre de sécession. Depuis perfectionnées, les mitrailleuses « Maxim » vont littéralement hacher les rangs serrés des guerriers mahdistes lancés à l’assaut des tuniques rouges.
Des guerriers armés eux pour la plupart de sabres, de lances et parfois de quelques vieux fusils.
Sans le savoir, Omdurman marque le passage des combats traditionnels à la guerre industrielle.
Mais le plus étonnant, c’est que les Britanniques aveuglés par le culte de leurs héroïques charges de cavalerie, n’en tirèrent non seulement aucune leçon, et devinrent bientôt les principales victimes de cet aveuglement collectif.
Moins de 20 ans après, Omdurman éclate en effet la guerre de 14.
C’est lord Kitchener qui a préparé pour l’essentiel l’armée britannique qui entre dans la première guerre mondiale.
 

Un haut commandement « quasi criminel »
 

C’est Douglas Haig, l’un des adjoints de ce même Kirchner à Omdurman, qui en décembre 1915, devient commandant en chef des forces britanniques en France.
Haig a les idées bien arrêtées. Il est contre l’emploi des mitrailleuses qui « affaiblit l’esprit offensif ». Dans le même esprit, il est contre l’introduction du casque en acier.
« Ce qui comptait avant tout, à ses yeux, c’était le sabre et le cheval ». « Il faut accepter par principe que le fusil, si efficace soit-il, ne puisse pas remplacer l’effet produit par la vitesse du cheval, le magnétisme de la charge et la froide terreur de l’acier», rapporte en le citant Wade Davis, auteur d’un remarquable ouvrage « Les soldats de L’Everest » qui narre le parcours d’une génération d’alpinistes qui, pour exorciser l’horreur des tranchées, s’est lancée à la conquête du toit du monde.
Davis qui n’hésite pas à qualifier de « quasi criminel » le haut commandement britannique.

C’est dans ces dispositions d’esprit qu’après des mois de préparation, Haig lance les troupes anglaise à l’assaut du front allemand sur la Somme qu’il s’agit de briser une fois pour toutes après des mois de guerre de position.
Le 1er juillet 1916 au matin, à 7h30, 66 000 troupiers britanniques s’élancent ainsi à l’assaut des tranchées allemandes dont les troupes bien protégées sont bardées de mitrailleuses.
Avec pour ordre de marcher « au pas » ( !).
La première heure et peut être les premières minutes, il y eut plus de 30 000 morts et blessés.
Ce fut le plus grand désastre de l’histoire militaire britannique. 19 240 morts et plus de 35 000 blessés à la fin de la journée.
Un dernier mot a propos d’Omdurman. Plusieurs exégètes de Churchill estiment que c’est grâce à son expérience soudanaise, et ayant ainsi eu l’occasion d’observer de près le fanatisme religieux alors en cours dans la région, que le futur Premier ministre a pu discerner la nature toute aussi fanatique de l’idéologie nazie, tandis que trois Premiers ministres britanniques des années 30, Mac Donald, Baldwin et Chamberlain n’y virent, peu ou prou, que du feu.
 
Sources principales :
« Biographie de Churchill », d’Andrew Roberts. Perrin éditions. 2020
« Les soldats de l’Everest », de Wade Davis. Les Belles Lettres éditions. 2016
 

 

 

 

 

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Batailles coloniales (1), Abd El-Kader anéantissait les Français en 1845 https://mondafrique.com/a-la-une/grandes-batailles-2-lemir-abd-el-kader-vainqueur-des-francais-en-1845/ https://mondafrique.com/a-la-une/grandes-batailles-2-lemir-abd-el-kader-vainqueur-des-francais-en-1845/#comments Mon, 30 Jun 2025 01:25:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=52708 Après trois jours et trois nuits de combat du 23 au 26 septembre 1845, l’Émir Abd El-Kader inflige une défaite militaire cuisante aux Français à Sidi Brahim  Une enquête d’Eric Laffitte        « Les chasseurs d’Orléans se font tuer mais ne se rendent jamais«  Bien que les troupes françaises colonisent l’Algérie depuis quinze ans, la […]

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Après trois jours et trois nuits de combat du 23 au 26 septembre 1845, l’Émir Abd El-Kader inflige une défaite militaire cuisante aux Français à Sidi Brahim 

Une enquête d’Eric Laffitte

       « Les chasseurs d’Orléans se font tuer mais ne se rendent jamais« 

Bien que les troupes françaises colonisent l’Algérie depuis quinze ans, la conquête militaire en 1845 est loin d’être acquise. L’âme de la résistance s’appelle alors Abd el-Kader, considéré comme le père de l’indépendance de l’Algérie. Chef politique et religieux, militaire de premier ordre, il a levé une armée de de 10000 fantassins, 2000 cavaliers. Les troupes françaises s’échinent à l’éliminer. En septembre de cette même année, le lieutenant-colonel de Montagnac à la tête d’une colonne de 421 soldats croit cette heure arrivée. 

Au terme de trois jours et trois nuits de combats acharnés autour de Sidi-Brahim, un hameau perdu à la frontière marocaine, seulement 16 de ses hommes parviendront, hagards, à regagner leur base. On tient là, avec « Camerone » pour la Légion étrangère, une des plus belles défaites de l’armée française. 

Quant au vainqueur, Abd el-Kader, cet implacable ennemi des Français, il héritera quelques années plus tard de la légion d’honneur…

  

Un chef fougueux et aventureux… 

« On voudrait mourir comme cela pour perpétuer l’honneur dans notre armée », commentera à chaud un officier au récit de ces journées tragiques. Quinze jours plus tôt, mi-septembre 1845, le lieutenant-colonel de Montagnac qui tient garnison à Djemaa Ghazaouet (aujourd’hui Ghazaouet) reçoit l’information d’un caïd local selon laquelle Abd el-Kadera franchi la frontière marocaine (derrière laquelle il s’abrite régulièrement) et séjourne dans sa tribu. Une occasion inespérée de mettre la main sur le chef rebelle… 

Les renseignements fournis par l’informateur sont en réalité biaisés notamment sur l’importance des effectifs qui accompagnent Abd el-Kader. Par ailleurs, Montagnac a reçu la consigne stricte de sa hiérarchie de ne pas lancer d’opération avec ses effectifs insuffisants. Montagnac, décrit comme « un chef fougueux, violent, aventureux, mais fort courageux », n’en tient pas compte et mord à l’hameçon que le caïd lui a lancé. 

Le 21 septembre, à 22 heures, à la tête de cinq compagnies du 8ebataillon de chasseurs d’Orléans (ancêtres des chasseurs alpins), d’un escadron du 2e de hussards (60 cavaliers), et de quatre escouades de carabiniers, soit une troupe de 421 hommes, il se lance à la recherche du camp d’Abd el-Kader afin de « surprendre » ce dernier. 

Dans la nuit, après une marche d’une quinzaine de kilomètres, les Français repèrent les feux du camp ennemi, une force alors estimée entre 1000 et 2000 hommes. 

10 000 guerriers  algériens

Le 23 septembre, à l’aube, laissant une petite partie de ses troupes garder le bivouac et son ravitaillement, Montagnac marche à la rencontre de l’ennemi. Une nouvelle progression pénible d’une demi-douzaine de kilomètres. Les chasseurs à pied peinent à suivre les cavaliers.

La rencontre entre les deux forces adverses a lieu dans la matinée. 

Mais en lieu et place des mille à deux mille hommes attendus, c’est sur l’armée au grand complet d’ Abd el-Kader que tombe Montignac. Près de 10 000 guerriers dont 5 000 cavaliers. 

A la tête de ses hussards, Montagnac sabre au clair, charge la cavalerie ennemie. Les Français sont très vite submergés et anéantis.

Les Français luttent désormais pour leur survie

 Trois heures de corps à corps 

Montignac est mortellement blessé. Il n’est déjà plus question de capturer Abd el-Kader. Les Français luttent désormais pour leur survie. Les hussards massacrés, c’est au tour des chasseurs à pied de recevoir la charge de la cavalerie arabe. Le combat au corps à corps va durer trois heures. 

Du bivouac, la 2e compagnie tente de se porter au secours de la colonne encerclée. Elle ne fait pas deux kilomètres avant d’être assaillie à son tour de tous côtés par une nuée de guerriers descendus des crêtes. Son chef est tué, l’officier en second, le capitaine Dutertre blessé, est fait prisonnier.I l n’est pas encore midi ce 23 septembre quand, sur les 421 hommes engagés, il n’en reste plus que 82 ! 

Péniblement, les survivants parviennent à se réfugier au marabout de Sidi-Brahim, situé à 1 km du bivouac. Soit une petite enceinte où sont plantés deux figuiers entourés d’un mur de pierre. Durant trois jours les rescapés, sans vivres, sans eau, vont soutenir le siège et les assauts de l’armée d’ Abd el-Kader. Pour tenir, la troupe boit sa propre urine, celle des quelques chevaux encore présents. Pour faire « passer », on la coupe avec quelques gouttes d’absinthe. On coupe aussi les cartouches en deux, puis en quatre, pour avoir plus de coups de fusil à tirer.

Un chasseur  d’Orléans en Algérie, ancêtre des Chausseurs Alpins.

« Merde à Abd el-Kader ! » 

Pour en terminer et épargner la vie ses hommes, Abd el-Kader tente de négocier. Selon les usages de l’époque. Ainsi fait-il avancer l’officier Dutertre à qui il promet de trancher la tête s’il ne lance pas un appel à la reddition.Dutertre exhorte au contraire ses camarades à résister « jusqu’ à la mort ». C’est son dernier cri, sa tête roule aussitôt dans la rocaille. 

Le clairon Rolland frise de connaître le même sort. Egalement prisonnier, on lui intime de sonner la retraite pour décourager les derniers combattants. Au péril de sa vie, il sonne alors la charge. Finalement épargné, il parviendra à s’évader quelques mois plus tard. 

Evoquons encore le capitaine de Géraux qui organise la résistance dans le réduit et qui invite à se rendre, répond en écho à Cambrone à Waterloo : « Merde à Abd el-Kader, les chasseurs d’Orléans se font tuer mais ne se rendent jamais« .Le siège du marabout se poursuit ainsi les 24 et 25 septembre. 

Côté assaillants, on sait que faute de vivres et surtout d’eau, la résistance ne peut pas s’éterniser. On attend donc que celle-ci s’épuise. Les assiégés caressent eux l’espoir, durant ces deux journées du 24 et du 25 septembre, qu’on va se porter à leur secours. Ce qui ne se produit pas. A l’aube du 26 septembre, à bout de force et dans l’impasse, les 82 survivants s’élancent à 6 heures du matin, baïonnette au canon, et dans une charge furieuse, parviennent à briser l’encerclement. 

Leur espoir ? Rallier leur garnison de Djemaa Ghazaouet située à 15 km.S’engage alors une marche dantesque pour la petite troupe à demi-morte de soif et composée de nombreux éclopés. Les 82 soldats vont parcourir les 15 km en formation « au carré » afin de résister au attaques de l’ennemi qui surgit de tous côtés. 

Passé l’effet de surprise, en effet, les forces d’Abd el-Kader qui s’étaient éparpillées en attendant la chute du marabout rappliquent en hâte pour participer à l’ultime curée.

Kilomètre après kilomètre, vaille que vaille, en dépit des nouveaux morts, des nouveaux blessés, « le carré » tient. Il parvient jusqu’à l’extrémité du plateau de Tient. A deux kilomètres seulement à vol d’oiseau de la garnison. 

Cavalier Hussard en Algérie

11 survivants 

Ne reste plus qu’un profond ravin à franchir. Au bas duquel coule un ruisseau, l’oued El Mersa. Mais alors, la tentation est irrésistible. Le carré se disloque et les hommes s’y précipitent pour boire. Avec comme conséquence immédiate, celle d’un nouvel et ultime assaut. 

S’en suit un corps à corps désespéré. Il n’y a plus de munitions. On s’étripe à l’arme blanche : sabre contre poignard ou baïonnette. 15 chasseurs et un hussard parmi les 80 échappés le matin de Sidi-Brahim parviendront à rallier le camp. 5 de ces 16 rescapés décèdent de leurs blessures dans les heures, les jours qui suivent. Onze survivants donc sur un effectif initial de quelque quatre cent hommes partis moins d’une semaine plus tôt capturer Abd el-Kader.  

Parmi eux, pas un officier, pas un sous-officier n’ a survécu. Hélas pour Abd el-Kader, il ne transforme pas l’essai. Au terme de quinze ans de guérilla, il est finalement contraint de se rendre en 1847. 

 Reconnaissance internationale

D’abord emprisonné en France, il est finalement gracié par Louis Napoléon Bonaparte suite à une campagne menée dans l’opinion publique française et notamment par Victor Hugo. Puis le nouvel empereur des Français, Napoléon III, le dote d’une pension de 100 000 francs.Abd el-Kader part vivre en Syrie où il mène l’existence d’un intellectuel se consacrant à la théologie, à la philosophie. 

En juillet 1860, de violentes émeutes anti-chrétiennes éclatent en Syrie. Les Druzes y massacrent plus de 3000 chrétiens à Damas. Abd el-Kader, dont l’autorité morale est grande à Damas, s’interpose et place les chrétiens de la ville sous sa protection personnelle. Son intervention, parfaitement efficace, sauve ainsi la vie de milliers de chrétiens. Un geste qui connaît un retentissement international. 

 D’Amérique, Abraham Lincoln lui envoie une paire de revolvers incrustés d’or. De Buckingham, les Britanniques, un fusil précieux. Le Vatican le décore de l’ordre de Pie XI, etc.  

En France, à l’implacable ennemi d’hier, « aux mains tachées du sang des héros de Sidi-Brahim », l’on décerne la plus haute distinction. Il est fait Grand-croix de la légion d’honneur ! Abd el-Kader meurt à Damas en 1883, ses cendres reposent aujourd’hui au cimetière d’El Alia à Alger où – à quelques exceptions près – il est considéré comme le héros national. Les ossements des soldats français tombés à Sidi-Brahim ont été rassemblés au « tombeau des braves » au château de Vincennes à Paris. 

 « Francs chasseurs, hardis compagnons,

voici venu le jour de gloire »
 
L’hymne des chasseurs alpins en vigueur aujourd’hui date de la bataille de Sidi Brahim.
 
 
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L’héritage du dodo (volet 2), la menace du réchauffement climatique https://mondafrique.com/societe/lheritage-du-dodo-volet-2-le-rechauffement-climatique/ Sat, 28 Jun 2025 21:07:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=136265 La crise climatique n’avance pas seule : elle est indissociable de la crise de la biodiversité. Pour s’y plonger, suivons la figure du dodo, cet oiseau endémique de l’île Maurice désormais éteint (voir le premier épisode). Dans l’épisode 2 de cette excellente série de nos confrères de « The conversation », on se plonge dans les conséquences […]

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La crise climatique n’avance pas seule : elle est indissociable de la crise de la biodiversité. Pour s’y plonger, suivons la figure du dodo, cet oiseau endémique de l’île Maurice désormais éteint (voir le premier épisode).

Dans l’épisode 2 de cette excellente série de nos confrères de « The conversation », on se plonge dans les conséquences du changement climatique pour la biodiversité.


L’Héritage du dodo, c’est une bande dessinée pour tout comprendre à la crise du climat et de la biodiversité. Chaque semaine, on explore la santé des écosystèmes, on parle du réchauffement climatique mais aussi de déforestation, de pollution, de surexploitation… On y découvre à quel point nous autres humains sommes dépendants de la biodiversité, et pourquoi il est important de la préserver. On s’émerveille devant la résilience de la nature et les bonnes nouvelles que nous offrent les baleines, les bisons, les loutres…

On décortique les raisons profondes qui empêchent les sociétés humaines d’agir en faveur de l’environnement. On décrypte les stratégies de désinformation et de manipulation mises au point par les industriels et les climatosceptiques. Le tout avec humour et légèreté, mais sans culpabilisation, ni naïveté. En n’oubliant pas de citer les motifs d’espoir et les succès de l’écologie, car il y en a !

Retrouvez ici le deuxième épisode de la série consacré au changement climatique et à ce satané CO2.

Ou rattrapez le premier épisode ici !

  1. Illustrateur, vulgarisateur scientifique, Université Paris-Saclay

  2. Directeur de recherche CNRS, Université Paris-Saclay


 

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« L’Héritage du dodo » (volet 1), l’oiseau mythique de l’île Maurice disparu https://mondafrique.com/societe/lherirage-du-dodo-volet-1-biodiversite-mon-amour/ Sat, 28 Jun 2025 02:04:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=136195 La crise climatique n’avance pas seule : elle est indissociable de la crise de la biodiversité. Pour s’y plonger, suivons la figure du dodo, cet oiseau endémique de l’île Maurice désormais éteint. Découvrez en exclusivité, chaque mercredi, les 10 épisodes de la BD concoctée par Mathieu Ughetti et Franck Courchamp. Mathieu Ughetti Illustrateur, vulgarisateur scientifique, Université […]

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La crise climatique n’avance pas seule : elle est indissociable de la crise de la biodiversité. Pour s’y plonger, suivons la figure du dodo, cet oiseau endémique de l’île Maurice désormais éteint. Découvrez en exclusivité, chaque mercredi, les 10 épisodes de la BD concoctée par Mathieu Ughetti et Franck Courchamp.


L’Héritage du dodo, c’est une bande dessinée pour tout comprendre à la crise du climat et de la biodiversité. Chaque semaine, on explore la santé des écosystèmes, on parle du réchauffement climatique mais aussi de déforestation, de pollution, de surexploitation… On y découvre à quel point nous autres humains sommes dépendants de la biodiversité, et pourquoi il est important de la préserver. On s’émerveille devant la résilience de la nature et les bonnes nouvelles que nous offrent les baleines, les bisons, les loutres…

On décortique les raisons profondes qui empêchent les sociétés humaines d’agir en faveur de l’environnement. On décrypte les stratégies de désinformation et de manipulation mises au point par les industriels et les climatosceptiques. Le tout avec humour et légèreté, mais sans culpabilisation, ni naïveté. En n’oubliant pas de citer les motifs d’espoir et les succès de l’écologie, car il y en a !l

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Le destin brisé des femmes en Iran https://mondafrique.com/moyen-orient/135928/ Sat, 21 Jun 2025 08:41:50 +0000 https://mondafrique.com/?p=135928 Avant la révolution islamique, les femmes iraniennes avaient conquis de nombreux droits, souvent en avance sur le reste du monde musulman. Mais ces progrès restaient fragiles et inégalement partagés. Retour sur une histoire faite d’élan, de régression et de résistance.  Belinda Ibrahim, Ici Beyrouth Dans les années 1960 et 1970, l’Iran se transforme en profondeur. Le […]

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Avant la révolution islamique, les femmes iraniennes avaient conquis de nombreux droits, souvent en avance sur le reste du monde musulman. Mais ces progrès restaient fragiles et inégalement partagés. Retour sur une histoire faite d’élan, de régression et de résistance. 

Belinda Ibrahim, Ici Beyrouth

Dans les années 1960 et 1970, l’Iran se transforme en profondeur. Le régime du Shah, dans une volonté de moderniser le pays, lance une série de réformes connues sous le nom de «Révolution blanche». Les femmes sont au cœur de ces changements: elles obtiennent le droit de vote en 1963, peuvent accéder aux études supérieures, entrer dans la fonction publique et s’affranchir de nombreuses contraintes légales.

Dans les grandes villes comme Téhéran, Ispahan ou Chiraz, on voit des femmes sans voile dans la rue, au volant de leur voiture, dans les universités, à la télévision ou même au Parlement. Certaines deviennent juges, diplomates ou ministres. L’image de la femme iranienne moderne, éduquée et active s’impose alors comme un symbole de progrès.

Mais cette modernité, aussi réelle soit-elle, ne touche pas toute la population. Dans les zones rurales et les villes plus conservatrices, les mentalités traditionnelles restent profondément ancrées. Le poids de la religion, du patriarcat et des inégalités économiques rend l’accès aux droits bien plus difficile. Beaucoup de familles continuent de marier leurs filles à un très jeune âge, à leur interdire l’école ou le travail et à exercer un contrôle strict sur leur liberté.

De plus, ces réformes sont souvent perçues comme imposées d’en haut, sans véritable dialogue avec la société. Elles manquent d’ancrage populaire, ce qui les rend fragiles. Pour certaines, la modernité du Shah semble davantage une façade politique qu’un changement réellement partagé par tous.

Lorsque la révolution islamique éclate en 1979, de nombreuses femmes se mobilisent. Elles espèrent un changement en profondeur, plus de justice sociale, la fin de la corruption et une société plus égalitaire. Ces femmes viennent de tous les milieux: étudiantes, intellectuelles, religieuses, militantes de gauche ou de droite. Elles marchent aux côtés des hommes pour faire tomber un régime qu’elles jugent oppressif et inégalitaire.

Mais une fois le Shah renversé, l’espoir fait place à une autre réalité. Très vite, le nouveau pouvoir islamique commence à restreindre leurs droits. Le port du voile devient obligatoire dans les institutions, puis dans tous les lieux publics. Le nouveau régime impose une séparation stricte entre hommes et femmes à l’école, au travail, dans les transports.

Le droit familial est entièrement modifié: les femmes perdent des droits en matière de divorce, de garde des enfants, et leur témoignage en justice ne vaut plus celui d’un homme. L’accès à certains métiers leur est interdit. En peu de temps, elles sont reléguées à la sphère domestique, exclues des postes de décision et soumises à de nouvelles règles qui limitent leur liberté de mouvement, de parole et de pensée.

Le 8 mars 1979, pour la Journée internationale des droits des femmes, des milliers d’Iraniennes manifestent contre le port obligatoire du voile. Elles scandent: «La liberté n’est ni orientale ni occidentale, elle est universelle». Cette manifestation, pourtant pacifique, est réprimée. C’est un tournant: les femmes comprennent que leurs espoirs de révolution égalitaire ne seront pas exaucés. Beaucoup se sentent trahies. Celles qui avaient contribué à renverser la monarchie se retrouvent muselées.hUn combat jamais éteint

Quarante ans plus tard, les femmes iraniennes sont toujours debout. Malgré les interdits, malgré la censure, elles continuent de lutter, jour après jour. Elles étudient, travaillent, écrivent, enseignent, élèvent leurs filles dans l’idée que les choses peuvent changer. Elles utilisent les réseaux sociaux, les arts, les universités comme lieux de résistance.

En 2022, la mort de Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs parce que ses cheveux dépassaient de son voile, provoque une immense vague de colère. Le slogan «Femme, Vie, Liberté» devient le mot d’ordre d’une génération. Partout dans le pays, des jeunes filles brûlent leur voile, manifestent, prennent la parole, défient les lois.

Ces gestes ne sont pas nouveaux. Ils s’inscrivent dans une longue histoire de luttes féminines, commencée bien avant 1979. Les mères et les grands-mères de ces jeunes femmes avaient connu des libertés que la révolution islamique leur a retirées. Cette mémoire se transmet, alimente le courage et l’endurance des plus jeunes.

Même face à la violence, aux arrestations, à la prison ou à la mort, les femmes iraniennes restent au premier rang de la contestation. Elles ne réclament pas des privilèges, mais l’égalité. Elles ne veulent pas renverser la société, mais y prendre leur juste place.

Encadré: Le saviez-vous ?

Farrokhroo Parsa fut la première femme ministre en Iran, en 1968, nommée à l’Éducation. Elle se battait pour la scolarisation des filles. Après la révolution, elle fut arrêtée, jugée par le nouveau régime islamique et exécutée en 1980. Elle est devenue un symbole de la régression violente que les femmes ont subie.

Le destin des femmes iraniennes est profondément lié à celui de leur pays. Elles ont été les premières à bénéficier des avancées, les premières à en être privées, et aujourd’hui, elles sont les premières à se lever pour réclamer la liberté. Leur combat, enraciné dans le passé, continue de dessiner l’avenir.

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Du Congo au Ghana, le requin est le poisson le moins cher du marché https://mondafrique.com/societe/du-congo-au-ghana-le-requin-est-le-poisson-le-moins-cher-du-marche/ Mon, 09 Jun 2025 05:40:40 +0000 https://mondafrique.com/?p=135352 Loin de l’image du carnassier des Dents de la mer, rappelle l’excellent site « The Conversation », les requins sont des proies pour les humains bien plus que des prédateurs. Pêchés, notamment pour leurs ailerons, ces poissons sont une ressource essentielle pour de nombreuses communautés côtières, mais aussi des victimes de la pêche illégale, et même du trafic […]

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Loin de l’image du carnassier des Dents de la mer, rappelle l’excellent site « The Conversation », les requins sont des proies pour les humains bien plus que des prédateurs. Pêchés, notamment pour leurs ailerons, ces poissons sont une ressource essentielle pour de nombreuses communautés côtières, mais aussi des victimes de la pêche illégale, et même du trafic de drogue.

Doctorante en sciences politiques, Université de Tours


Les requins comptent parmi les créatures les plus mystérieuses qui peuplent l’océan. Cibles de nombreux clichés – avant tout celui du mangeur d’hommes –, ce sont en réalité des poissons très éloignés de l’animal vorace que nous avons imaginé. Le plus souvent timides, furtifs et inoffensifs pour l’être humain, ils constituent une énigme même pour les scientifiques. Chaque interaction permet cependant de lever davantage le voile d’ignorance qui les entoure.

Une autre réalité nous échappe finalement davantage : celle des hommes et femmes tributaires des requins, qui inspirent parfois des jugements hâtifs et simplistes. Cet article entend dissiper les a priori que nous pouvons nourrir à propos de ces travailleurs de la mer qui exploitent les requins.

La pêche durable et équitable constitue à cet égard l’un des thèmes clefs de la Conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc) qui s’ouvre ce lundi 9 juin, à Nice (Alpes-Maritimes). Le vendredi 13 juin, j’y interviendrai sur la pêche au requin dans une conférence intitulée « De la pêche à la criminalité transnationale organisée : comprendre la “symbiose criminelle” ».

Où sont pêchés les requins ?

Lorsque l’on parle des requins et du commerce visant leurs ailerons, on pense souvent à la Chine. Certes, ce pays concentre encore la majeure partie du marché des ailerons de requin, mais la consommation chinoise a nettement diminué ces dix dernières années, à l’instar de celle des Taïwanais et des Singapouriens.

D’autres pays sont par ailleurs à l’origine de la demande en ailerons de requin, notamment la Thaïlande, le Vietnam et le Japon. Si l’écrasante majorité des ailerons prélevés dans le monde est donc envoyée en Asie, les navires pêchant le requin ne sont pas nécessairement sous pavillon asiatique. Ainsi les marins espagnols comptent-ils parmi les principaux pêcheurs de requins à l’échelle mondiale et sont les premiers exportateurs européens d’ailerons (97 % du marché).

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Ils prélèvent la plupart de ces squales loin des côtes européennes, notamment au sein du golfe de Guinée, dans les zones économiques exclusives (ZEE) d’États africains avec lesquels l’Union européenne a conclu des accords de partenariat de pêche durable (APPD). À l’échelle du continent américain, c’est le Costa Rica qui s’impose comme le principal pourvoyeur d’ailerons, devant le Pérou, l’Uruguay et le Mexique. Les squales y constituent en effet 40 % des prises de la pêche commerciale.

Au caractère diffus de ce commerce s’ajoute toutefois une autre complexité : l’existence parallèle d’un trafic d’ailerons de requin mondial. Différentes zones d’expédition de ces ailerons de contrebande sont identifiables à travers le monde, mais celles qui cumulent le plus de saisies en volume sont le Pacifique tropical oriental, une région maritime qui s’étend du Pérou au Mexique, et le golfe de Guinée, élargi à quelques États d’Afrique de l’Ouest. Une analyse des saisies mondiales d’ailerons de requin que j’ai menée démontre que ces deux zones totalisent respectivement 47 % et 31 % des saisies globales d’ailerons de contrebande entre 2019 et 2025.

Non, les pêcheurs ne prélèvent pas seulement les ailerons

Cette pratique, appelée « finning », est interdite dans la plupart des pays du monde. Dans l’Union européenne, le règlement n°605/2013 impose depuis 2013 aux navires européens et à ceux pêchant dans les eaux européennes de débarquer les requins avec « les nageoires naturellement attachées au corps ». De fait, si le finning constituait la norme dans de nombreuses pêcheries entre les années 1980 et 2000, cette pratique est désormais marginale.

Encore très répandu en Amérique latine il y a une quinzaine d’années, le finning y a nettement diminué sous la pression des réglementations et des sanctions accrues, d’une part, et compte tenu de la forte réduction de la valeur des ailerons, d’autre part. Dans la réserve marine des Galápagos, le finning et la pêche ciblant les requins ont tous deux disparu dès les années 2005-2007 au profit de la pêche au thon. Au Costa Rica, la pêche au squale perdure, mais les dernières poursuites pour finning remontent à 2011, contre deux navires chinois ainsi que des bateaux costaricains ayant mutilé des requins encore vivants. Deux mille squales sans ailerons avaient alors été découverts par des plongeurs dans l’aire marine protégée (AMP) colombienne de Malpelo.

Ailerons de requins coupés, dans des caisses de pêche et à même le sol
 
Ailerons de requin fraîchement coupés sur un quai de Puntarenas (Costa Rica).

Lors d’un entretien effectué en 2024, les garde-côtes du Pacifique chargés, entre autres, de la surveillance de l’AMP de Malpelo ont confirmé la diminution du finning à bord des embarcations de pêche illégale, les dernières saisies remontant à 2022. Certes, des requins comptent bel et bien parmi les prises illégales, mais sont généralement conservés entiers par les contrevenants. Lors d’observations sur des points de débarquement de pêche au Costa Rica et en Équateur, j’ai en effet constaté que les ailerons étaient systématiquement coupés après leur débarquement.

Si le kilo de viande de requin a moins de valeur que le kilo d’ailerons, le poids total de la viande rapporte plus aux pêcheurs et nourrit à la fois le marché national et international, notamment vers l’Espagne. En Amérique latine, le dernier constat de finning médiatisé date de septembre 2023, lorsqu’un navire fut appréhendé dans l’AMP panaméenne de Coiba avec 226 prises illégales et 602 ailerons de requin.

Deux femmes dans un marché, derrière une bassine remplie de morceaux de poisson fumé

Dans le golfe de Guinée, les pêcheurs locaux débarquent toujours le requin entier. Les ailerons sont généralement exportés vers l’Asie, mais la viande se consomme localement : le requin est souvent le poisson le moins cher du marché. Du Congo-Brazzaville au Ghana, en passant par Sao Tomé-et-Principe et jusqu’en Amérique latine, il permet ainsi à des populations modestes d’accéder à des protéines animales. En Colombie, le tollo est au cœur de la cuisine des communautés afrodescendantes de Buenaventura. L’huile de foie de requin fait d’ailleurs partie de la médecine traditionnelle des communautés côtières du Pacifique colombien et équatorien.

Le trafic de drogue dope la pêche au requin

En septembre 2020, 6 tonnes d’ailerons de requins, 18 000 plants de marijuana et 15,6 kg de marijuana transformée ont été saisis lors d’une opération ciblant des trafiquants de drogue résidant aux États-Unis. Ces narcotrafiquants avaient diversifié leurs activités criminelles au profit d’autres trafics, dont la contrebande d’ailerons. Cet exemple constitue un cas de convergence criminelle – concept utilisé par de nombreux criminologues pour caractériser les liens entre différentes activités ou réseaux criminels.

Au-delà de l’opportunité que constitue le trafic d’ailerons de requin pour diversifier des revenus, voire blanchir de l’argent, on constate que les squales comptent parmi les nombreuses victimes collatérales du trafic de drogue.

Entre 2009 et 2017, les deux principaux cartels mexicains ont ainsi fait transporter des centaines de kilos de cocaïne dans des requins congelés avec la complicité d’entreprises costaricaines spécialisées dans la transformation et l’exportation de poissons.

Dans d’autres cas, des pêcheurs latino-américains ont été contrôlés avec de la cocaïne et de nombreux requins à bord, la pêche servant alors d’alibi. Sous la pression des difficultés économiques et de l’insécurité liée au narcotrafic, nombre de bateaux de pêche équatoriens finissent en effet par emprunter la « route du désert » : ils quittent l’Équateur en direction des Galápagos, à près de 1 000 km, pour ensuite rejoindre l’Amérique centrale, étape clé vers le marché nord-américain. Au large de l’archipel, de nombreux navires ravitaillent également en carburant ceux qui transportent de la drogue.

Une fois la drogue ou l’essence livrée, un passage à proximité de la réserve des Galápagos permet de cibler des bancs de requins et de justifier sa sortie en mer. Si l’Équateur a interdit la pêche au requin depuis 2007 et que seules les prises « accidentelles » sont officiellement tolérées par Quito, les squales constituent jusqu’à 80 % des prises débarquées au port de Jaramijo.

Toutefois, ces requins ne camouflent pas systématiquement des trafics : quand les poissons les plus prisés (espadons, thons…) ne mordent pas, les pêcheurs tendent à cibler les squales pour gagner de quoi payer les frais engagés. La drogue et l’épuisement des ressources entraînent donc ces bateaux toujours plus près de la réserve des Galápagos, voire de celle de Malpelo.

Dans un port, plusieurs hommes travaillent autour des caracasses de requins sur le sol. L’un d’eux est penché pour couper les ailerons de requin
 
Découpe des ailerons des requins débarqués au port de Jaramijo (Équateur). 

Vous avez peut-être déjà mangé du requin sans le savoir

Au-delà de la fameuse soupe d’ailerons de requin, le squale est un mets que l’on retrouve dans différents plats traditionnels, y compris lorsque ceux-ci ne sont pas ouvertement censés en contenir. Au Costa Rica, les populations côtières ne s’y trompent pas, mais les touristes et les habitants des grandes villes, comme San José, ne font pas toujours la différence entre un filet de dorade ou de requin juvénile. Nombre d’entre eux ignorent en outre que le fameux ceviche de poisson contient souvent du requin.

Même chose en Équateur, où la majeure partie de la viande de requin est exportée vers la Sierra (région de Quito). Le plus souvent, on fait passer la viande de requin pour du filet de maigre (appelé localement corvina) vendu au moins cinq fois plus cher que les squales. Cette arnaque permet une plus-value importante au détriment du consommateur.

Si vous n’avez pas consommé de requin au cours d’un voyage en Amérique latine, vous en avez probablement déjà mangé en Europe.

Les Espagnols affectionnent le cazón adobado (« chien mariné », le chien en question n’étant autre que du requin-hâ), tandis que les Portugais apprécient la caldeirada de pata roxa, ou « civet de patte violette » (du nom local de la roussette).

Les Allemands et les Autrichiens préparent quant à eux le Kalbfleisch à base de « veau de mer » – l’appellation commerciale de la maraîche, ou requin-taupe commun, que l’on trouve en France dans le veau de mer à la provençale.

Beaucoup d’étals européens proposent en outre de l’aiguillat commun, appelé rock salmon ou dogfish en Grande-Bretagne, saumonette en France et Schillerlocken en Allemagne. Ce poisson est toutefois classé « vulnérable » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Comme en Amérique latine, la plupart des espèces de requins commercialisées en Europe le sont sous des surnoms susceptibles d’induire en erreur les consommateurs, dont certains mangent ainsi du requin sans le savoir.

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Le mouton de l’Aïd au Maroc, un luxe devenu inaccessible https://mondafrique.com/societe/le-mouton-de-laid-au-maroc-un-luxe-devenu-inaccessible/ Sat, 07 Jun 2025 04:21:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=135262 Le roi du Maroc, Mohammed VI, qui a le statut de « commandeur des croyants » musulmans dans son pays, a appelé la population à ne pas sacrifier le mouton lors de la fête de l’Aïd qui aura lieu au début du mois de juin, en raison d’une diminution du cheptel liée à la sécheresse qui a fait […]

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Le roi du Maroc, Mohammed VI, qui a le statut de « commandeur des croyants » musulmans dans son pays, a appelé la population à ne pas sacrifier le mouton lors de la fête de l’Aïd qui aura lieu au début du mois de juin, en raison d’une diminution du cheptel liée à la sécheresse qui a fait grimper les prix. « Notre pays affronte des défis climatiques et économiques qui ont eu pour conséquence une régression substantielle du cheptel », a noté le roi dans un discours lu par le ministre des affaires religieuses, mercredi 26 février, à la télévision publique.

www.capinfo.ma

 Bien que le gouvernement ait affirmé que l’objectif de cette politique de soutien à l’importation des moutons était d’alléger le fardeau des citoyens à l’approche de l’Aïd al-Adha, les données révèlent que ces politiques n’ont pas donné les résultats escomptés. Cela a conduit les partis politiques et les observateurs des affaires politiques et sociales à exprimer leur mécontentement, au milieu de doutes croissants sur les véritables intentions de cette aide.

Déclarations contradictoires

La majorité gouvernementale marocaine traverse une crise politique aiguë entre ses composantes en raison de déclarations contradictoires sur cette aide à l’importation de bétail. Au départ, Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau et secrétaire général du Parti de l’Istiqlal, a révélé des informations sur cette politique, affirmant que le montant alloué à ce soutien s’élevait à 1,3 milliard de dirhams, bénéficiant uniquement à 18 importateurs. Il a vivement critiqué la manière dont cette aide a été distribuée, blâmant le gouvernement pour son incapacité à influencer les prix du marché. Selon lui, le prix des moutons est resté élevé pendant l’Aïd al-Adha, impactant négativement les citoyens qui espéraient une baisse des prix.

Rachid Talbi Alami, président de la Chambre des représentants et membre du bureau politique du Rassemblement national des indépendants (RNI), a rapidement réagi aux déclarations de Baraka. Il a affirmé que les chiffres avancés étaient erronés, précisant que le nombre réel des importateurs bénéficiaires était d’environ 100, et non 18, et que le coût total de l’opération n’avait pas atteint 1,3 milliard de dirhams, mais seulement 300 millions.

Talbi Alami a insisté sur le fait que l’aide gouvernementale avait été distribuée de manière raisonnable et basée sur des chiffres réels. Selon lui, ces exonérations visaient à assurer un approvisionnement en moutons à des prix abordables dans le cadre de la stratégie gouvernementale de lutte contre la flambée des prix et de facilitation de l’achat des moutons pour l’Aïd al-Adha.

De son côté, Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS), est intervenu dans le débat en apportant de nouvelles données basées sur des documents gouvernementaux officiels. Dans un article publié sur sa page Facebook, il a révélé un document montrant que le montant des exonérations fiscales pour l’importation des moutons et des bovins s’élevait à près de 13,3 milliards de dirhams. Il a ajouté que 277 importateurs avaient bénéficié de ces exonérations, y compris les importateurs de moutons et de bovins.

D’après Benabdallah, ces données proviennent des documents fournis par le gouvernement en réponse à une demande du PPS en octobre 2024, dans le cadre des discussions sur le projet de loi de finances 2025. Selon ce document officiel, les pertes budgétaires dues aux exonérations sur les bovins résultaient principalement de la suppression des droits d’importation appliqués aux bovins domestiques du 21 octobre 2022 au 31 décembre 2024, ce qui a coûté 7,3 milliards de dirhams au Trésor public, en plus de 744 millions de dirhams de TVA prise en charge par l’État.

Concernant les moutons, le gouvernement a également annulé les droits d’importation et la TVA depuis février 2023, ce qui a coûté au budget général 3,86 milliards de dirhams et 1,16 milliard de dirhams respectivement. Dans ce cadre, 144 importateurs ont bénéficié de ces exonérations entre février 2023 et octobre 2024.

Pour l’importation des moutons destinés à l’Aïd al-Adha 2024, Benabdallah a indiqué que 474 312 moutons avaient été importés, avec une subvention forfaitaire de 500 dirhams par tête, ce qui a coûté à l’État 237 millions de dirhams.

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Une gestion gouvernementale chaotique : échec et justifications

Avec l’intensification du débat sur l’aide à l’importation du bétail, les observateurs soulignent de plus en plus l’inefficacité du gouvernement dans la gestion de ce dossier sensible, qui n’a abouti qu’à un gaspillage des fonds publics sans impact tangible sur le pouvoir d’achat des Marocains. Certains y voient le dernier coup porté à l’ancien ministre Mohamed Sadiki, qui a perdu son poste à cause de cette crise. De plus, l’aveu explicite de l’échec de cette politique par Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget, ne fait que renforcer les accusations contre le gouvernement, accusé d’être incapable de réguler le marché ou de garantir la justice sociale qu’il prône dans ses discours officiels.

Cet aveu, suivi de déclarations contradictoires au sein même de la majorité gouvernementale, soulève des questions légitimes sur les responsabilités politiques de cet échec. En effet, la crise ne s’est pas limitée à l’Aïd al-Adha, mais a mis en lumière des dysfonctionnements structurels plus profonds dans la gestion économique et sociale. Entre les chiffres divergents avancés par Nizar Baraka et Rachid Talbi Alami, et les révélations basées sur des documents officiels de Nabil Benabdallah, il apparaît clairement que le gouvernement lui-même est incapable de fournir une version unifiée et convaincante sur les montants réellement dépensés pour ce soutien, alimentant ainsi les doutes sur la transparence de sa gestion.

Certains observateurs estiment que ces contradictions offrent une opportunité de repenser les mécanismes de soutien à l’importation du bétail et de renforcer la transparence des déclarations gouvernementales, surtout à l’approche des élections. Chaque parti cherche désormais à exploiter cette crise pour orienter le débat public sur la justice sociale et les inégalités économiques.

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