Opposant constant et courageux à la dictature du général Ben Ali, Slim Bagga est décédé dans la nuit du 29 au 30 aout dans un tragique accident de voiture. Voici notre hommage à Slim, le compagnon des bons et mauvais jours
L’Audace, ce journal tunisien en langue française qui paraît à Paris de 1994 à 2007, puis à Tunis depuis le 15 février 2011, fut ta raison de vivre. Tu l’as toujours conçu comme un « vrai quotidien d’information », à l’opposé des organes de presse gouvernementaux du régime Ben Ali. C’est toi qui faisais paraitre, au péril de ta vie, les révélations sur la corruption d’État qui caractérisait le régime du président Zine el-Abidine Ben Ali, notamment les affaires liées aux clans familiaux de sa femme Leïla Trabelsi et leur entourage.
Ton journal fut suspendu en septembre 2007 après 153 numéros, en raison d’un chantage exercé par le président Ben Ali sur le gouvernement français menacé de voir interrompue la coopération anti terroriste entre les deux pays si L’Audace paraissait encore. Tu as poursuivi ton combat sur un blog sans concessions
Tu fus certainement un des artisans du changement révolutionnaire de janvier 2011 et tu n’as jamais cessé de croire, entre deux accès de colère qui dopaient ta plume toujours acérée, à la transition démocratique qui s’est jouée en Tunisie.
Jamais tu ne fus gagné par le découragement qui a pu atteindre, ces derniers mois, beaucoup de démocrates tunisiens confrontés à la faillite économique, aux risques sécuritaires et au délitement de la société.
Journaliste encore et toujours
Depuis le départ de Ben Ali, tu as préféré poursuivre ta vie de journaliste plutôt que de rechercher une confortable sinécure comme beaucoup d’anciens opposants. Toujours tu t’es affirmé comme un censeur vigilant et scrupuleux des dérapages possibles du processus démocratique, plus féroce parfois pour tes amis que pour tes ennemis.
Journaliste malgré tout, tu as su tissé des liens de confiance avec les principaux dirigeants de cette nouvelle Tunisie, de Moncef Marzouki (du moins jusqu’à son accession à la présidence), à Beji Caïd Essebsi ou Rached Ghannouuchi.
Sur les réseaux sociaux ce matin, même certains barons de Ben Ali, que tu avais attaqués sans ménagement sous la dictature, te rendent hommage aujourd’hui, tant ta personnalité était attachante, ton courage reconnu et ta fidélité exemplaire.
Adios, Slim, l’ami fidèle….
Nous disons à « Mondafrique » notre profonde tristesse et affection à la famille de Slim, avec une pensée particulière pour Idyl, sa fille bien aimée et pour son père, si fier de lui au delà de leurs différends. Nous reviendrons ces jours prochains au parcours exemplaire de cet ami de la liberté que fut Slim Bagga
VOICI CI DESSOUS LE DERNIER PAPIER QUE SLIM AVAIT ECRIT POUR MONDAFRIQUE EN JANVIER 2018