Après un voyage de dix jours de Jérusalem à la vallée du Jourdain en passant par Hébron, les militants livrent chacun leurs impressions émues.
Anissa : Une terre de contrastes, des villes hors du temps, des visages marques par la résistance, la patience, l’espoir jamais éteint, le sens d’une vie, Rached de la vallée du Jourdain, le fils de Bassem, Filna, Aida, et toutes les autres, une promesse, l’identité, les filles du groupe, des rendez – vous manques, des regrets déjà, Madjid, la douce Emna, Patrice, une poussière dans l œil de la Palestine, et une question lancinante au milieu d’un interrogatoire muscle : comment ne pas oublier et trahir ceux-là ? La vie est belle, frère, wallah.
Yasmine : Rien, absolument rien ne prépare à un voyage en Palestine, ce n’est que sur place que j’ai pu constater la complexité de la situation, un séjour intellectuellement et humainement exceptionnel, des rencontres enrichissantes, un peuple digne et chaleureux malgré l’atrocité de l’occupation. Les mots ne suffiront pas à vous transmette mon ressenti ! N’hésitez pas à venir jeter un oeil sur la Palestine.
Lamia : J’ai voulu voir de mes propres yeux, et j’ai vu. J’ai vu que le peuple de Palestine souffre mais qu’il est debout, digne et qu’il résiste. Incroyables tous ces témoignages, toutes ces leçons de force et de courage qui ont jalonné notre parcours ici, et ils ont été nombreux. J’ai donc écouté aussi, certes pas beaucoup parlé, mais j’ai entendu le message que toutes ces personnes rencontrées nous ont transmis. Elles ne veulent pas de nos larmes, elles nous l’ont répété à plusieurs reprises, elles attendent de nous que nous agissions, tous, chacun à notre mesure et où que nous nous trouvions, pour faire en sorte à ce que les choses avancent et qu’un jour prochain leurs enfants grandissent en toute liberté et en paix sur leur terre, cette terre d’une beauté inouïe.
Bahyia : Ce voyage a été pour moi une expérience importante. J’ai découvert un pays magnifique et rencontré des Palestiniens dignes et courageux. J’ai appris plus de choses que n’importe quel livre, article ou film n’aurait pu m’apprendre sur la situation. A plusieurs reprises les Palestiniens qu’on a rencontrés nous ont dit « Nous n’avons pas besoin de vos larmes mais de vos actes auprès de vos dirigeants afin de lutter pour une Palestine libre ». Je partais avec une image assez imprécise de la situation je repars avec en tête la certitude de m’engager plus encore pour la Palestine.
Sihem : Au-delà de la particularité de l’atmosphère et de la beauté de cette terre sainte j’ai découvert une vie des Palestiniens, cette vie dans une prison à ciel ouvert. La pression de la colonisation n’est pas uniforme mais elle est palpable partout où que l’on se trouve. Je reste tout de même optimiste de voir un jour la Palestine libre ! Il le faut.
Emna : Notre périple touche à sa fin et pour rien au monde je ne perdrai ne serait-ce qu’un soupçon de ce que j’ai pu voir entendre sentir ou ressentir. Il y a des gens qui marquent, et les Palestiniens ont marqué ma vie… Une existence qui, jusque-là, me paraissait fade et vide de sens. Eux vivent pour résister et résistent pour VIVRE. Et moi ??? Eh bien, je vais essayer de faire le bien parce que, finalement, on ne perd rien à faire le bien. Alors ce soir je suis triste. Triste que ce soit fini. Triste de laisser derrière moi ce peuple opprimé. Triste de quitter la Palestine sans savoir si, un jour, je refoulerai cette terre. J’espère y revenir…j’espère la retrouver en paix…un jour…peut-être…in sha Allah.
Madjid : Après une dizaine de séjours ici, on est forcément traversé par des sentiments contradictoires. Au fur et à mesure de mes voyages, la situation empire : colonies, obstacles à la circulation, humiliations…. Ce contraste saisissant entre ce pessimisme qui s’est emparé de moi et l’espoir incarné par les Palestiniens, qui restent debout, emplis de dignité. Ce voyage c’est avant tout la volonté pour celles et ceux qui ne sont jamais venus, de se forger leur opinion, en toute humilité. Pour ce que les Palestiniens font, pour le seul fait de vivre et dont résister sous occupation, ils ont mon indéfectible respect.
Imen : Voyager en Palestine n’est pas un voyage ordinaire, c’est une expérience unique au monde qui mêle une multitude de sentiments à la fois. Connaître la Palestine à travers le prisme médiatique est une chose, la sentir sur place en est une autre… On se rend compte de la complexité des choses, des paradoxes qui entourent la question palestinienne. Ce que j’ai vu pendant ces 15 jours intenses, nul ne peut l’ôter de ma mémoire. Les stratégies d’humiliation, les arbres arrachés, les maisons détruites, les routes interdites aux Palestiniens, la confiscation des ressources naturelles (eau), les camps de réfugiés délabrés qui côtoient l’opulence, bref, un apartheid qui ne peut provoquer que l’indignation. A côté de cela, on a un peuple créatif, qui résiste sous toutes les formes (éducation, culture, politique) et cela suscite l’admiration, l’espoir, et une remise en question de sa propre existence… Je pars avec cette sensation amère de laisser quelque chose derrière moi et surtout cette volonté de formaliser cette indignation en mobilisations concrètes ici en France.