A Naplouse au nord de Jérusalem, les militants d' »Un Oeil pour la Palestine » découvrent l’histoire sordide d’une population décimée par l’armée israélienne lors de la seconde Intifada (2000-2005).
Ce mardi matin nous étions attendus au siège de L’OLP par Ghassan Shakaa. L’accueil était chaleureux : ils ont tenus à nous servir café et gâteaux venus directement de Naplouse. Après que notre hôte nous a rappelé succinctement la situation à Jérusalem, à Gaza, et en Cisjordanie, nous lui avons fait part du scepticisme de nombre de Palestiniens quant à l’action de l’OLP pour améliorer leurs conditions de vie. Il nous a expliqué qu’ils n’avaient pas vraiment de pouvoir et qu’ils étaient victimes de l’occupation israélienne avec toutes ses conséquences.
Naplouse, la douloureuse
En effet tous les projets de constructions d’infrastructures sont d’une façon ou d’une autre dépendants du bon vouloir de l’Etat israélien. C’est notamment le cas à Naplouse, notre prochaine destination, où un projet de distribution d’eau est dans l’attente, depuis plusieurs années, du feu vert israélien pour commencer à fonctionner. Nous quittons donc Ramallah pour Naplouse. Sur la route, nous apprécions le magnifique paysage montagneux de la Palestine.
Lors de la seconde intifada, l’armée israélienne a envahi Naplouse. De nombreuses familles ont été massacrées. Pour exemple Hamed de « Human supporters association » nous raconte l’histoire d’une famille qui a été entièrement décimée pendant son sommeil par le passage d’un tank. Les corps n’ont été retrouvé sous les décombres de leur maison qu’après le retrait des soldats de la ville. D’imposants portraits de martyrs jalonnent la vieille ville, rappelant l’histoire douloureuse de Naplouse. Les habitants ont déposé les armes mais cultivent la mémoire comme un dernier rempart face aux intrusions quotidiennes de l’armée dans la ville et face aux colonies qui l’entourent.
L’art pour resister
L’invasion a été traumatisante pour la population. C’est pourquoi un groupe de jeunes a décidé de créer « Human Supporters Association », une association qui soutient les enfants en difficulté scolaire. L’association leur enseigne entre autres à être positifs et productifs dans la société à travers l’art et la culture : musique, danse, peinture… La résistance par l’art s’ancre progressivement en Palestine, notre prochaine étape nous le confirmera. Jonathan nous reçoit au « Jenine Freedom Theater » installé au cœur du camp de réfugiés de Jenine. Il nous raconte avec passion sa rencontre avec Juliano Mer Khamis et Zacharia, les cofondateurs du premier théâtre palestinien.
Aujourd’hui, les troupes se produisent dans plusieurs villes à travers le monde. Bientôt ils seront à Montreuil, en France. Les pièces traitent de la colonisation et de ses impacts sur la société, elles sensibilisent l’opinion internationale à la situation des palestiniens.
Pour Jonathan , il y a mille façons de résister en Palestine, nulle besoin de les hiérarchiser, elles sont complémentaires. Il nous parle de quatre occupations : celle d’Israël, celle de l’autorité palestinienne, celle du libéralisme économique, et celle contre laquelle il est plus difficile de lutter, celle qui est est nous, l’intériorisation de l’oppression.
Nous finissons cette journée par le camp de réfugiés de Tulkarem. Ibrahim nous reçoit chez lui. Il est ami avec l’un d’entre nous et se montre d’emblée accueillant et décontracté. Guitare à la main, accompagné de Salim, ils nous chantent l’espoir et la dignité qui animent les Palestiniens. Il nous parle ensuite de son village d’origine Miska, près de Jaffa (Palestine de 1948) et de son envie de – droit au – retour sur les terres de sa famille. Comme l’envie d’aller de nouveau à Jerusalem. D’avoir ce droit de se rendre dans cette ville dont Israël le prive lui et des milliers de Palestiniens. La dernière fois qu’il a pu s’y rendre, il avait 6 ans…