Aujourd’hui l’association « Un œil sur la Palestine » part à Nazareth sur les traces des Palestiniens d’Israël qui, malgré l’occupation, ont choisi de rester sur les terres de leurs ancêtres. Récit.
Plus de trois heures nous séparaient de notre destination du jour : Nazareth. Située dans le nord, cette ville est la plus importante quand nous abordons le sujet des palestiniens de 48. Au moment de la Nakba, ceux-ci sont restés et leurs vies ont basculé côté israélien. Nous sommes d’abord accueillis au Centre Culturel Mahmoud Darwish par le directeur du centre qui nous sert de quoi manger avant d’entamer une visite de la vieille ville.
Frères de tout coeur
Une association pour la préservation de la mémoire et de l’héritage culturel palestinien nous montre toutes sortes d’objets ayant appartenu au peuple de Palestine présent de manière ancestrale sur ces terres. Comme un refus de voir se diffuser la thèse d’un peuple sans terre sur une terre sans peuple. Une heure plus tard, nous arrivons en mairie de Nazareth. Nous avons rendez-vous avec Ali Salam, maire de la ville. A plusieurs reprises il nous a été dit que les habitants de Nazareth, autrement dit les Palestniens d’Israel, se sentaient palestiniens. Les Palestiniens de 48 ont pour beaucoup de famille en Palestine, parfois dans des camps de réfugiés, en Palestine ou ailleurs. Quand on les questionne sur le fait qu’ils sont israéliens et que cet Etat est un Etat qui pratique la ségrégation, ils répondent « Nous sommes sur la terre de nos familles et nous ne bougerons pas »!
Les Palestiniens d’Israël représentent 20 % de la population totale israélienne. Beaucoup dénoncent encore les discriminations qu’ils subissent, les ramenant au rang de sous-citoyens. Notre hôte a martelé son souhait de faire de sa ville une ville ouverte sur le monde, au-delà du caractère hautement religieux de cette ville qui abrite par ailleurs l’église de l’Annonciation. Nazareth est habitée par 65 % de musulmans, 25 % de chrétiens. Selon Ali Salam, ces habitants, de différentes religions vivent toutefois en parfaite harmonie. Israel s’en mêle forcément et gère d’une main de fer la dynamique de cohabitation en interdisant notamment à l’école tout livre qui ne donnerait pas la bonne version concernant les évènements de 1948…
Une résistance non violente
Ces Palestiniens dont les habitants de Nazareth sont solidaires, nous allions les rencontrer le lendemain à Nabi Saleh. Nabi Saleh est un village palestinien de 600 âmes non loin de Ramallah. Chaque vendredi, les habitants se mobilisent autour du comité populaire. Il s’agit de dénoncer l’occupation et la colonisation rampantes.Situé en zone B sous contrôle sécuritaire israélien. Ce village fait face depuis quelques années à une nouvelle colonie : celle de Hamish. Dans cette partie du monde, penser colonisation c’est faire face à un calvaire éprouvant, c’est un quotidien composé de base militaire, routes de contournement, et checkpoints… Basem Tamimi, l’un des responsables de cette lutte, nous accueille chez lui et nous livre son sentiment sur la situation politique. Basem, a été emprisonné à neuf reprises. Sa femme a été arrêtée et placée en détention administrative, pour avoir, selon l’armée d’occupation, pénétré une zone militaire fermée. Lors de cette interpellation, elle a été blessée et présente encore de visibles séquelles… Beaucoup de villages aux prises avec la colonisation ont opté pour la résistance non violente. Manifestations, procédures devant la Cour Suprême israélienne… telles sont les armes développées ici et ailleurs pour faire entendre les revendications légitimes de populations maintenues sous une occupation de plus en plus présente, de plus en plus violente.
Lors de cette manifestation, nous nous retrouvons à quelques mètres des soldats déployés à proximité de la route qui mène à la colonie d’Hamish. Le cortège avance au rythme des slogans sans concession pour l’occupant. Fait particulier ce vendredi, tout le monde s’est vu offrir un carton rouge, que chacune et chacun devait brandir devant les soldats. Le où la demande de suspension d’Israël de la FIFA -à la demande de la fédération palestinienne de football- devait être étudiée. Nous approndrons plus tard que la fédération palestinienne a finalement retiré sa demande… Mépris et trahison, sont ce qu’ont dû ressentir les manifestants présents ce jour-là, majoritairement des enfants qui n’ont pas hésité à aller au-devant des soldats armés de ce bout de carton. Malgré le caractère non violent de la manifestation, des grenades lacrymogènes, lancées par les soldats israelien ont inhalés tout ces résistants.