Aujourd’hui, les militants de l’association « Un œil sur la Palestine » découvrent la vallée du Jourdain, une des régions les plus fertiles de l’Est de Cisjordanie et de loin celle qui subit les plus sévères restrictions israéliennes.
Nous sommes arrivés à Jericho sous plus de 40 degrès à l’ombre, ce qui ne nous a pas découragés à nous rendre sur le site le plus touristique de la ville, à savoir le Mont des Tentations. Nous n’allions pas le regretter. Arrivés sur place, nous avons non seulement visité un monastère orthodoxe encastré dans la roche, mais nous avons également pu bénéficier d’une vue imprenable sur la ville de Jericho et ses alentours.
C’est un tout autre paysage qui nous attendait cet après-midi-là. Nous avions rendez-vous avec Rashed, membre de l’association Jordan Valley Solidarity. On est passé en quelques secondes de la zone A en principe contrôlée par les Palestiniens, à la zone C, entièrement sous contrôle israélien. La Vallée du Jourdain est presque exclusivement en zone C. C’est un accueil chaleureux que nous ont réservé Rashed et ses proches, lesquels avaient prévu de quoi nous désaltérer.
Un potentiel entravé
Debout â côté d’une carte de la vallée du Jourdain, Rashed nous a expliqué les enjeux liés à l’occupation par Israël de cette partie du territoire. La vallée du Jourdain est connue pour être une région très fertile, et riche en eau. C’est entre autres pourquoi Israël se les est approprié à la fin des années 90. Appropriation facilitée par les Accords d’Oslo qui dont défini les 3 zones, A, B, et C. C’est à partir de là que les colons ont commencé à s’installer. En même temps que l’armée qui a construit de nombreuses bases pour les protéger. Rashed nous raconte alors le quotidien difficile des Palestiniens dans cette zone : intimidations, arrestations, destructions de maison sous des prétextes sécuritaires, coupures d’eau et d’électricité… La question du boycott s’est invitée dans la discussion. Rashed pointe alors une contradiction. Si pour lui la question du boycott des produits d’Israël et des colonies ne souffre d’aucun débat, il nous indique que beaucoup de Palestiniens travaillent et donc dépendent de ces mêmes colonies. Malgré ce contexte difficile, Rashed et les communautés de la vallée n’ont pas renoncé à résister. En effet, ils ont beaucoup de projets, notamment en direction des femmes. Pourtant, les fonds dont ils disposent sont dérisoires au vu des besoins de la population.
Il est apparu évident à nos yeux que vivre dans ces conditions arides et en plein désert est déjà en soi un acte de résistance, mais plus encore lorsque les colons s’approprient les moyens de subsistance sur ces terres. Ce jour-là, Rashed nous a donné une véritable leçon de dignité.